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Le Prologue dans son rapport à l’Évangile

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 191-200)

Le Seigneur qui fonda le monde (He 1,10)

4.4 Conclusion : le Fils Dieu et créateur

5.1.1 Le genre littéraire

5.1.1.2 Le Prologue dans son rapport à l’Évangile

Si, comme le suppose la majorité des chercheurs, l’auteur a retravaillé des matériaux hymniques existants pour en faire l’ouverture de l’Évangile, la question se pose du rapport entre le Prologue et l’Évangile. Ce sujet est débattu et trois hypothèses526 ont été

proposées. Une première hypothèse, qui n’a pas trouvé beaucoup de défenseurs, et que nous ne développerons pas, conçoit l’Évangile comme un commentaire ultérieur du Prologue qui est ainsi un texte antérieur au corps de l’Évangile. Une deuxième hypothèse considère le Prologue comme un commentaire de l’Évangile et la dernière comme une ouverture sur la suite.

Le Prologue peut être lu comme un commentaire postérieur à l’Évangile, telle est la proposition de M. Theobald527. Il avance trois arguments principaux en faveur de cette thèse528. En premier lieu, le Prologue argumente à un autre niveau que l'Évangile lui-même. Il élève la réflexion et se signale par un degré supérieur d'abstraction et de généralisation. En second lieu, on ne saurait passer sous silence les décalages de nature théologique qui existent entre le Prologue et le corps de l'Évangile. Par exemple, l'accentuation de la théologie de la création et de la thématique de l'incarnation dénote un nouveau point de vue dans le développement de la théologie johannique. En troisième lieu, l'Évangile dans sa version primitive peut très bien avoir existé sans le Prologue529. La conclusion qui s'impose

524

MORGEN, M., « Eloge et Célébration du Logos : Etude des versets en « nous » dans le Prologue du Quatrième Evangile (Jn 1,1-18) » dans L'hymne antique et son public / textes réunis et édités par Yves Lehmann, Brepols, Turnhout, 2007, 35.

525

SEVRIN, J.-M., « Le poème du Logos comme prélude au récit du Fils », dans GERBER, D., KEITH, P. (sous la direction de), Les Hymnes du Nouveau Testament et leurs fonctions, LeDiv 225, Cerf, Paris, 2009, 309.

526

ZUMSTEIN, J., « Le Prologue, Seuil du Quatrième Evangile », RSR 83/2, 1995, 223-224. 527

THEOBALD, Die Fleischwerdung des Logos, 296-399. 528

THEOBALD, Die Fleischwerdung des Logos, 372-373. 529

190 pour M. Theobald est que le Prologue commente l'Évangile530 et qu'il est de fait son plus ancien commentaire.Selon lui, en écrivant le Prologue le rédacteur voulait combattre une christologie du Logos aux traits gnosticisants531. Pour l’auteur du Prologue, le Logos n’est pas une créature mythique, d’où l’insistance sur la création et sur l’incarnation. Le Logos est au côté de l’homme dans le monde.

J. Zumstein soutient une troisième hypothèse, à savoir que c’est l’évangéliste lui- même qui a opéré la mise en contexte d’un hymne primitif. Dans cette perspective le Prologue est compris comme un texte d’ouverture à valeur programmatique. Il défend son point de vue à partir de l’analyse du genre littéraire du prédiscours532. Le genre littéraire du prédiscours est une catégorie classique de la littérature antique grecque et latine. La préface doit instruire l’auditoire sur la finalité de l’œuvre, elle doit lui donner les moyens d’en comprendre l’objet et le déroulement. Avec cette définition, il doit être possible de considérer le Prologue johannique comme une préface. Le Prologue est un instrument mis en place pour diriger la lecture du récit qu’il introduit. Il s’appuie sur des références à l’Ancien Testament. Les premiers mots renvoient au récit de la Genèse (« Au commencement »). Le don de la Torah, élément constitutif d’Israël, est rappelé en Jn 1,17. La suite de l’Évangile doit être lue dans ce cadre. La fonction d’un prologue est également de mettre en place le héros, Jésus de Nazareth, le Logos fait chair. Le Logos est tour à tour mis en relation avec Dieu (vv. 1-2.18), avec la création (vv. 3-4.10), avec Moïse (v. 6), avec Jean-Baptiste (vv. 6- 8.15), avec le monde hostile (vv. 5.10-11) et avec les croyants (v.12-13.16). Le Prologue permet de définir un cadre spatio-temporel dans lequel le récit évangélique va se déployer. L'histoire qui va se jouer en Galilée et en Judée est en fait une histoire à l'échelle de la création et qui concerne l'ensemble de l’humanité. L’auteur du Prologue expose certains des thèmes qu’il développera par la suite comme la vie, la lumière, la gloire ou la vérité. Une autre des fonctions d’un prédiscours est de susciter une attente. L’hymne au Logos arrache son lecteur du monde de la quotidienneté pour le plonger dans un univers mystérieux. De par le cadre posé par le Prologue, Jésus de Nazareth doit être saisi dans son intimité avec Dieu et dans sa puissance créatrice.

Nous adopterons l’hypothèse de J. Zumstein, à savoir que le Prologue fonctionne comme une préface à l’Évangile. Cette proposition ne remet pas en cause l’idée que le Prologue a probablement été écrit après le reste de l’Évangile dont il est une porte d’entrée. Les affirmations fortes auxquelles les lecteurs sont invités à adhérer conditionnent la compréhension des actes du Fils relatés dans l’Évangile. Le Prologue est une invitation à entreprendre la lecture de la suite. Mais, au fur et à mesure que le lecteur découvre le Fils dans son ministère terrestre, un retour au Prologue lui permettra d’appréhender la grandeur et l’objectif final de la mission de Jésus.

530

Les critiques de J. Zumstein envers cette approche sont les suivantes : 1) le commentaire doit être second dans l’ordre de lecture ; 2) le Prologue n’est pas un résumé des épisodes à venir.

531 Dans sa description de l’histoire de la communauté johannique, R.E. Brown indique qu’au moment de la scission de la communauté ceux qui rejoindront la Grande Eglise apportent avec eux le Prologue et la doctrine de la préexistence. BROWN, R. E., La communauté du disciple bien-aimé, 222.

532

191

5.1.2

Le Prologue : traduction et structure

Pour entreprendre notre délimitation des péricopes concernant le Fils médiateur de la création, nous nous proposons dans un premier de temps de discuter de la critique textuelle des versets 3c.4. En effet, le verset 3 est un verset important pour notre travail et le choix de ponctuation entre 3c et 4 conduit à des interprétations différentes. Ensuite, nous donnerons une traduction possible et nous opterons pour une structure. Finalement, nous examinerons la question du moment de l’incarnation qui nous permettra de délimiter les passages dont le contexte est celui de la création.

La ponctuation des versets 3c-4

Le verset 3 renvoie sans conteste à l’acte créateur et le verset 4 aborde des motifs en lien avec la création comme la vie ou la lumière. Mais la délimitation de ces deux versets est un sujet de débat. La ponctuation était inexistante dans les anciennes éditions des textes grecs, en particulier dans les manuscrits P66533 et P75534. Selon la césure qui est choisie, le sens du passage diffère ; les Ariens ne s’y sont pas trompés quand ils ont utilisé ces versets comme argument dans leur controverse. Que ce soit parmi les Pères de l’Église ou parmi les exégètes modernes, les deux hypothèses les plus souvent citées se résument à insérer les mots «

o] ge,gonen

» (ce qui a été fait/ce qui est advenu) à la fin du verset 3 en modifiant « e[n » ou à placer «

o] ge,gonen

» en introduction du verset 4. Ils aboutissent ainsi aux hypothèses suivantes :

Hypothèse 1

pa,nta diV auvtou/ evge,neto( kai. cwri.j auvtou/ evge,neto ouvde. e[n o] ge,gonenÅ

evn auvtw/| zwh. h=n( kai. h` zwh. h=n to. fw/j tw/n avnqrw,pwn\

Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut de ce qui fut. En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes

Hypothèse 2

pa,nta diV auvtou/ evge,neto( kai. cwri.j auvtou/ evge,neto ouvde. e[nÅ

o] ge,gonen evn auvtw/| zwh. h=n( kai. h` zwh. h=n to. fw/j tw/n avnqrw,pwn

Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut.

Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

Durant les premiers siècles, les Pères de l’Église ont utilisé l’une ou l’autre ponctuation entre les versets 3 et 4 selon ce qu’ils voulaient faire partager dans leurs écrits.

533

Le manuscrit P66 date du IIème siècle, voire peut-être avant. MILLER, E. L., « P66 et P75 on John 1:3/4 », ThZ, 1985, 440-443, 440.

534

Le manuscrit P75 (fin IIème siècle) possède un point en haut avant « o] ge,gonen » et aucune ponctuation après. Aussi peut-on imaginer une pause dans la lecture. Bien que le point en haut ne puisse être une preuve de l’existence d’une ponctuation, E.L. Miller émet cependant l’hypothèse que la communauté chrétienne lisant le texte avait pris l’habitude de faire une pause dans la lecture. MILLER, Salvation-History in the

192 Il semble que la plupart des Pères aient hésité à prendre position. P. Lamarche535 mentionne, parmi d’autres, Épiphane qui, lorsqu’il fait référence au verset 3, s’arrête à «

ouvde.

e[n

» (hypothèse 2), mais lorsqu’il combat ceux qui nient la divinité de l’Esprit Saint commence le verset 4 par les mots «

evn auvtw/|

» (hypothèse 1). Cette indécision est partagée par d’autres Pères. Lorsqu’ils citent le verset 3, comme Épiphane ils s’arrêtent après «

ouvde.

e[n

» et évitent de citer le verset 4. A contrario, la plupart des écrits hérétiques des premiers siècles présentent l’hypothèse 2. À la suite de son étude, P. Lamarche ébauche quelques conclusions. Dans les premier temps il semblerait que les Pères et les copistes aient eu une préférence pour l’hypothèse 2536. L’indécision domine ensuite. Elle est, selon lui, créée par le

conflit entre l’impératif littéraire qui impose la coupe après «

ouvde. e[n

» et la réflexion théologique qui n’arrive pas à donner de sens satisfaisant au verset 4a. Du coup, la ponctuation après «

ouvde. e[n

» semble moins utilisée à partir du IVème siècle, en particulier avec Alexandre d’Alexandrie qui préfère rattacher «

o] ge,gonen

» au verset 3 (hypothèse 1).

Dans l’exégèse moderne les deux hypothèses trouvent leurs partisans537 qui

avancent des arguments linguistiques ou stylistiques en faveur de l’une ou l’autre.

Comme argument en faveur de la première hypothèse où «

o] ge,gonen

» modifie « e[n » au verset 3, nous pouvons citer le fait que l’évangéliste utilise souvent «

evn

» en début de phrase538 associé à un pronom démonstratif539. De plus, Jean use tout au long de l’Évangile de répétitions pour faire évoluer sa pensée540. Aussi, «

o] ge,gonen

» peut préciser le

verset 3 en insistant sur le fait que rien n’échappe à la création du Logos. Au niveau de la signification il est certainement plus johannique de dire que le Logos était Vie que de dire que l’univers créé était vie en lui et que cette vie était lumière des hommes. Des passages comme Jn 5,26 ont un sens approchant : «

kai. tw/| ui`w/| e;dwken zwh.n e;cein evn e`autw

» (de même a-t-il donné au Fils d'avoir aussi la vie en lui-même).

535

LAMARCHE, P., « Le Prologue de Jean», RSR LII, 1964, 497-537, 514-523. Sur les Pères de L’Église voir également LOISY, A., Le Quatrième Evangile, E. Nourry, Paris, 1921, 91.

536

Les anciennes traductions évangéliques : vieille latine, vieille syriaque, Sahidique (égyptienne), qui toutes sont l’écho d’une tradition remontant au IIème ou IIIème siècle mettent un point avant « o] ge,gonen». BOISMARD, M.E., Le prologue de Saint Jean, Les Editions du Cerf, Paris, 1953, 26.

537En faveur de l’hypothèse 1) la traduction de la TOB ; B

ARRETT, C. K., The Gospel according to St.

John, London, 1956,, 130-131 ; PAROSCHI, W., Incarnation and Covenant in the Prologue to the Fourth Gospel

(John 1:1-18), Peter Lang, Frankfurt am Main, 2006, 35. CARSON, D., A., The Gospel According to John, Inter- Varsity Press, Leicester, 1991, 118. SIMOENS, Y, Selon Jean – 2.Une interprétation , Édition de l’institut d’Études

Théologiques, Bruxelles, 1996, 33-34.

En faveur de l’hypothèse 2) Nestle-Aland ; la traduction de la BJ ; BOISMARD, Le Prologue de Saint

Jean, 26 ; BROWN, The Gospel according to John, 6. ; LAMARCHE, « Le Prologue de Jean », 523. Pour une liste des auteurs et des manuscrits en faveur de l’une ou l’autre hypothèse voir MILLER, Salvation-History in the

Prologue of John, 17-18. THEOBALD, M., Das Evangelium nach Johannes – Kapitel 1 -12, Verlag Friedrich Pusted Regensburg, Regensburg, 2009, 112.

538

BARRETT, The Gospel according to St. John, 130. PAROSCHI, Incarnation and Covenant, 35.

539 E.L. Miller souligne cependant qu’il est difficile d’en faire une caractéristique stylistique du Quatrième Évangile. En effet, l’emploi de « evn » en début de phrase se compte 18 fois sur un total de plus de 200 occurrences de « evn ». MILLER, Salvation-History in the Prologue of John, 23.

540

193 Aux arguments en faveur de cette interprétation il a été opposé que «

o] ge,gonen

» est redondant avec «

evge,neto

» et change peu la compréhension du verset. Cependant, comme nous l’avons mentionné, cet argument est également utilisé en faveur de cette ponctuation. Au niveau stylistique, si «

o] ge,gonen

» est rattaché au verset 3, la deuxième partie de ce verset est surchargée par rapport à l’ensemble. En conservant «

o] ge,gonen

» dans le verset 3 le substantif « vie » doit être le sujet de la phrase du verset 4 ce qui est improbable car «

zwh,

» n’est pas précédé par un article et est vraisemblablement un attribut. Il est donc préférable d’inclure «

o] ge,gonen

» au verset 4541.

La seconde hypothèse rattache «

o] ge,gonen

» au verset 4. Pour conforter cette hypothèse, différents arguments peuvent être avancés. Au niveau du style plusieurs éléments peuvent être relevés. L’hymne au Logos utilise la technique de « l’escalier542 » où

le mot qui termine une clause est repris dans la clause suivante. Cette technique est utilisée de manière stricte au verset 1 (

lo,goj

,

lo,goj

->

qeo,n

,

qeo.j

) et aux versets 4 et 5 (->

zwh.

,

zwh.

- >

fw/j

,

fw/j

->

skoti,a

,

skoti,a

). Aux versets 3 et 4, «

evge,neto

» et «

o] ge,gonen

» peuvent jouer le même rôle. Par contre, bien que le verbe soit identique, le temps est modifié. Aussi, si l’argument est recevable, il n’est pas une preuve absolue de ce choix de ponctuation. La longueur des clauses plaide également en faveur du rattachement de «

o] ge,gonen

» au verset 4. En effet, ajouté au verset 3, il déséquilibre ce verset qui ne serait plus formé de deux clauses de taille équivalente. Le parallélisme serait rompu. A l’opposé, le verset 4 serait introduit par une clause trop courte. De plus, lorsque l’on emploie «

ouvde. e[n

» à la place de «

ouvde,n

» pour clore une phrase, c’est généralement pour marquer une insistance543. Rien de ce qui existe ne peut exister sans l’action du Logos.

Ceux qui penchent pour la première hypothèse soulignent que considérations syntaxiques et sémantiques semblent rendre la ponctuation entre «

ouvde. e[n

» et «

o]

» hautement problématique544. Au niveau de la syntaxe, pour que le parfait «

ge,gonen

» soit sujet, il faudrait que le temps du verbe soit au présent (

evsti.n

), plutôt qu’à l'imparfait (h=n). La lecture du verbe « être » au présent apparaît dans certains manuscrits qui sont cependant peu nombreux et elle n’est certainement pas la plus probable. Sémantiquement, la difficulté de relier «

o] ge,gonen

» à ce qui suit provient du fait que cette ponctuation « ne permet pas de parler du Logos ». Si «

o] ge,gonen

» est placé au début du verset 4, comme sujet de « h=n » la tendance du Prologue à l’emploi du Logos comme sujet de «

h=n

» (Jn 1,1a-c ; 2 ; 4b ; 9 ; 10 ; 15b-c) est rompue.

En résumé, nous faisons le choix de conserver l’hypothèse 2 qui propose de mettre une césure après «

ouvde. e[n

» et de rattacher « o] ge,gonen » au verset 4. Bien que certains comme C.S. Keener545 jugent que l’argument sémantique est plus important que l’argument syntaxique, il nous parait important de conserver le parallélisme du verset 3546. D’autres

541

BOISMARD, Moïse ou Jésus, 94. 542

BROWN, The Gospel according to John, 6.

543

BARRETT, The Gospel according to St. John, 131. 544

PAROSCHI, Incarnation and Covenant, 34. 545

KEENER, The Gospel of John, 382.

546 Y. Simoens note que l’argument sur le parallélisme est affaibli par le fait que nous avons «

ouvde. e[n » et non « ouvde,n » ; SIMOENS, Selon Jean -2 ,34.

194 points sont encore à discuter, en particulier celui qui concerne la ponctuation du verset 4. Pour l’instant nous laissons la question ouverte de savoir si « o] ge,gonen » est sujet de «

zwh.

h=n

» ainsi que la discussion concernant l’antécédent de «

evn auvtw

/| »547.

Traduction

Pour traduire les premiers versets du Prologue, nous avons fait le choix de conserver, quand cela était possible, l’ordre des mots. Pour le verbe «

gi,nomai

» qui peut suppléer le verbe être et, lorsqu’il s’agit d’existence, être traduit par « fut », nous avons préféré, puisque l’auteur a employé deux verbes, maintenir cette différence en français. Nous traduirons «

gi,nomai

» par « advenir » plus proche de son sens habituel de « devenir », « surgir ». Nous reproduisons le Prologue avec la ponctuation telle qu’elle est donnée dans Nestle-Aland. 1a 1b 1c 2 3a 3b 3c 4 5 6 7 8 9

VEn avrch/| h=n o` lo,goj( kai. o` lo,goj h=n pro.j to.n qeo,n( kai. qeo.j h=n o` lo,gojÅ

ou-toj h=n evn avrch/| pro.j to.n qeo,nÅ

pa,nta diV auvtou/ evge,neto(

kai. cwri.j auvtou/ evge,neto ouvde. e[n.. o] ge,gonen

evn auvtw/| zwh. h=n(

kai. h` zwh. h=n to. fw/j tw/n avnqrw,pwn\ kai. to. fw/j evn th/| skoti,a| fai,nei( kai. h` skoti,a auvto. ouv kate,labenÅ

VEge,neto a;nqrwpoj( avpestalme,noj para. qeou/( o;noma auvtw/| VIwa,nnhj\

ou-toj h=lqen eivj marturi,an i[na marturh,sh| peri. tou/ fwto,j( i[na pa,ntej pisteu,swsin diV auvtou/Å

ouvk h=n evkei/noj to. fw/j( avllV i[na marturh,sh| peri. tou/ fwto,jÅ

+Hn to. fw/j to. avlhqino,n( o] fwti,zei pa,nta a;nqrwpon( evrco,menon eivj to.n ko,smonÅ

1a 1b 1c 2 3a 3b 3c 4 5 6 7 8 9

Au commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu, et le Logos était Dieu.

Celui-ci était au commencement auprès de Dieu.

Tout par lui advint,

et sans lui n’advint rien548

. Ce qui est advenu

en lui était549 [la] vie,

et la vie était la lumière des hommes et la lumière dans les ténèbres brille, et les ténèbres ne l’ont pas saisie. Est advenu un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean ;

il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent

par lui.

Celui-là n'était pas la lumière, mais [il parut] afin de rendre témoignage à la lumière. Il550 était la lumière véritable,

qui illumine tout homme,

547

Cf. 219. 548

Au niveau de la critique textuelle « ouvde. e[n » est remplacé par « ouvde,n » (rien) dans certains manuscrits comme le P66.

549 S’appuyant sur l’existence de témoins en faveur du premier verbe « être » au présent et pour garder une cohérence dans la phrase, M.-E. Boismard propose la traduction : « Tout ce qui est devenu en Lui est vie, et la vie est la lumière des hommes». Cependant, il n’a pas été suivi dans cette démarche. BOISMARD, Le

Prologue de Saint Jean, 25. BROWN,The Gospel according to John, 7.

550 Bien qu’il soit possible de choisir « lumière » comme sujet du verbe, la plupart des commentateurs et des traductions (BJ, TOB) retiennent comme sujet « le Logos ».

195 10 11 12 13 14 15 16 17 18 evn tw/| ko,smw| h=n(

kai. o` ko,smoj diV auvtou/ evge,neto( kai. o` ko,smoj auvto.n ouvk e;gnwÅ

eivj ta. i;dia h=lqen(

kai. oi` i;dioi auvto.n ouv pare,labonÅ

o[soi de. e;labon auvto,n( e;dwken auvtoi/j evxousi,an te,kna qeou/ gene,sqai( toi/j pisteu,ousin eivj to. o;noma auvtou/(

oi] ouvk evx ai`ma,twn ouvde. evk qelh,matoj sarko.j ouvde. evk qelh,matoj avndro.j avllV evk qeou/ evgennh,qhsanÅ

Kai. o` lo,goj sa.rx evge,neto kai. evskh,nwsen evn h`mi/n( kai. evqeasa,meqa th.n do,xan auvtou/( do,xan w`j monogenou/j para. patro,j( plh,rhj ca,ritoj kai. avlhqei,ajÅ

VIwa,nnhj marturei/ peri. auvtou/ kai. ke,kragen le,gwn\ ou-toj h=n o]n ei=pon\ o` ovpi,sw mou evrco,menoj e;mprosqe,n mou ge,gonen( o[ti prw/to,j mou h=nÅ

o[ti evk tou/ plhrw,matoj auvtou/ h`mei/j pa,ntej evla,bomen kai. ca,rin avnti. ca,ritoj\

o[ti o` no,moj dia. Mwu?se,wj evdo,qh( h` ca,rij kai. h` avlh,qeia dia. VIhsou/ Cristou/ evge,netoÅ Qeo.n ouvdei.j e`w,raken pw,pote\ monogenh.j qeo.j o` w'n eivj to.n ko,lpon tou/ patro.j evkei/noj evxhgh,satoÅ 10 11 12 13 14 15 16 17 18

venant551 dans le monde. Dans le monde il était, et le monde advint par lui,

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