• Aucun résultat trouvé

Supériorité du Christ sur les « Puissances »

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 130-136)

3.3.1 « Les hauts cieux »

3.3.3 Supériorité du Christ sur les « Puissances »

Entre le ciel, lieu de la demeure divine, et la terre, l’Épître aux Éphésiens évoque un espace peuplé par des êtres qui ne sont ni de chair ni de sang. L’épître offre une riche variété de termes pour nommer les « Puissances » à l’œuvre dans l’univers. Nous trouvons

354

129 les dénominations355 suivantes : «

avrch

» (Principauté) (Ep 1,21 ; 3,10 ; 6,12), «

evxousi,a

» (Pouvoir) (Ep 1,21 ; 3,10 ; 6,12), «

du,namij

» (Puissance) (Ep 1,21), «

kurio,thj

» (Seigneurie) (Ep 1,21), «

pneu/ma

» (esprit) (Ep 2,2), «

o`

a;rcwn th/j evxousi,aj tou/ ave,roj

» (le Prince de l'empire de l'air) (Ep 2,2) «

dia,boloj

» (diable) (Ep 4,27 ; 6,11), «

ta. evpi. toi/j

ouvranoi/j

» (les êtres célestes) (Ep 1,10), «

ponhro,j

» (le Mauvais) (Ep 6,16), «

kosmokra,twr

» (Régisseur) (Ep 6,12), «

ta. pneumatika. th/j ponhri,aj evn toi/j evpourani,oij

» (esprits du mal qui habitent les hauts cieux). Il ne semble pas y avoir de consensus sur la manière dont l’auteur conçoit ces « puissances ». Certains y voient une référence à des éléments anthropologiques tels que la haine, le péché ou des réalités concrètes comme les pouvoirs politiques. Cependant, pour la plupart des commentateurs il est préférable d’y discerner la vision du monde telle qu’elle était présente en Asie Mineure au premier siècle de notre ère. Selon A. T. Lincoln356, par exemple, l’Épître aux Éphésiens partage la vue du cosmos de son temps et l’argument selon lequel les puissances n’ont pas d’existence extra- humaine mais sont uniquement des forces spirituelles internes à l’être humain ne tient pas.

À la vue de cette diversité, il nous semble nécessaire de nous demander en quoi leur existence nous dit quelque chose sur l’agencement du cosmos et comment le Christ se positionne par rapport à ces êtres. Les puissances sont mentionnées tout au long de la lettre. Êtres supraterrestres, elles servent à l’auteur pour exposer plusieurs argumentaires. Nous en avons retenu trois. Le premier concerne l’universalité du Salut. Le second s’intéresse à montrer le pouvoir et la Seigneurie du Christ. Quant au troisième développement, il appelle à la méfiance envers ces êtres qui peuvent exercer une influence néfaste sur l’humanité.

Les Puissances et la réconciliation universelle

À deux reprises (Ep 1,10 ; 3,10), les Puissances dans l’Épître aux Éphésiens sont présentées comme objets, au même titre que les hommes, de la bienveillance divine.

Dès la bénédiction inaugurale (Ep 1,3-14) le verset 10357 affirme que toute la création (

ta. pa,nta

) sera réconciliée en Christ. La réconciliation englobe les êtres célestes comme les êtres terrestres (

ta. evpi. toi/j ouvranoi/j kai. ta. evpi. th/j gh/j

). Selon M.-E. Boismard, l’expression a été ajoutée secondairement par le rédacteur d'Éphésiens à partir de Col 1,16358. Que cette hypothèse soit ou non fondée, il est plus intéressant de déterminer le pourquoi de cet ajout, car il a manifestement pour fonction de préciser que l'extension du «

ta. pa,nta

» est maximale. Par « tous les êtres », il ne faut pas entendre les seuls êtres humains, mais le cosmos en sa totalité. Aucune précision n’est donnée quant à la qualité des créatures désignées «

ta. evpi. toi/j ouvranoi/j

». Dans ce verset, il n’est pas nécessaire de les considérer comme ennemis du Christ ou des hommes L’auteur désire avant tout souligner l’universalité de la réconciliation opérée par le Christ.

355 Ces termes ne sont pas propres à l’Épître aux Éphésiens, cependant c’est le texte du Nouveau Testament qui concentre les plus nombreuses désignations des êtres célestes.

356

LINCOLN, The theology, 158. 357

Pour plus de détail concernant ce verset, voir 100. 358

130 Lorsque Paul indique qu’il doit annoncer le mystère (Ep 3,1-12), à savoir que les Juifs et les Gentils ont été unis en un seul corps en Jésus-Christ (Ep 3,6) il poursuit en affirmant que les « Puissances » (

tai/j avrcai/j kai. tai/j evxousi,aij

) sont également les bénéficiaires de cette connaissance (Ep 3,10)359. Elles prennent conscience de la sagesse de Dieu à travers l'Église360 qui est le lieu de réconciliation des Juifs et des Gentils. Elles sont partie prenante du « dessein éternel qu'il [Dieu] a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Ep 3,11). Malgré les termes employés (

tai/j avrcai/j kai. tai/j evxousi,aij

) qui connotent le pouvoir, l’insistance n’est pas mise sur leur hostilité mais plutôt sur leur existence à côté du monde des hommes. L’Église, corps du Christ, est appelée à jouer un rôle dans la conversion de l’univers ; nous y reviendrons ultérieurement. Le dessein de Dieu en Christ ne se limite pas à l’humanité, il englobe toute la création, donc les êtres célestes.

La souveraineté du Christ

Comme nous venons de le dire les êtres célestes sont concernés par le projet divin. Ils sont cependant hors du champ du visible. Aussi, parait-il nécessaire d’établir leur rapport au Christ. Deux versets nous renseignent à ce sujet. Ep 1,21 évoque la souveraineté du Christ et Ep 4,8 le cortège victorieux mené par le Christ.

Quatre catégories d’êtres célestes sont répertoriées en Ep 1,21. Le premier terme «

avrch

» (Principauté) désigne celui qui est à la tête et qui gouverne un royaume. Le mot «

evxousi,a

» (Pouvoir) s’entend essentiellement du pouvoir de faire quelque chose, que ce soit par l’autorité physique ou par l’autorité spirituelle. Dans le contexte précis des énumérations de puissance, «

du,namij

»361 (Puissance) rejoint le terme précédent mais souligne peut-être davantage la capacité à réaliser une action. Quant à «

kurio,thj

» (la Seigneurie), cette appellation représente sans conteste la position seigneuriale. La répétition de termes usuels dans la littérature intertestamentaire pour désigner des anges (1 Hén 61,10 ; Test Lévi 3,8) suggère l’existence de facultés et de forces surnaturelles. En Ep 1,21 ils sont, au singulier, précédés de «

pa,shj

» qui peut renvoyer soit à chacun des êtres célestes dans un sens personnel, soit à une notion abstraite de puissance cosmique. Le verset 21 est à mettre en parallèle avec le verset 19 où sont énumérées les qualités divines que sont la « grandeur », la « puissance » (

du,namij

), la « force » (

ivscu,j

) et « l’énergie » (

evne,rgeia

). La juxtaposition des deux versets indique les forces en présence. Mettant en œuvre cette incomparable puissance, Dieu a ressuscité le Christ pour le faire siéger à sa droite, dans les cieux. La session à la droite a comme conséquence la domination du Christ sur toutes les Puissances célestes. L’extension de son autorité est maximale puisqu’elle englobe « tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais

359 Au verset 9, l’auteur souligne que le Mystère de Dieu a été tenu caché pendant des siècles. «

tw/n aivw,nwn » a certainement une valeur temporelle. Mais « aivw,n » peut également posséder un caractère personnalisé. Le sens serait alors « Dieu a tenu son Mystère caché des éons ».

360 Il n'y a pas de déclaration similaire concernant l’Église et les « Puissances » dans le Nouveau Testament.

361

« du,namij » désigne dans l’Ancien Testament les « habitants des cieux » (pa,sh| th/| duna,mei tou/

ouvranou) (2 R 17,16 ; 2 R 21,3.5 ; 2 R 23,4) devant lesquels Israël ne doit pas se prosterner. Ce terme personnalisé a été repris par les différents courant du Judaïsme (1 Hén 41,9 ; Plant 14 : « dans l’air (…) se trouvent d’autres puissances »).

131 encore dans le siècle à venir » (Ep 1,21). Son nom seul, et non pas son nom en plus d'autres, est suffisant dans la confrontation avec les « Puissances » célestes. Les convertis n'ont plus besoin de vivre avec la crainte que, peut-être, un ou plusieurs « êtres » surnaturels puissent être égaux ou supérieurs au Christ.

La victoire du Christ sur les « Puissances » est évoquée de manière plus concrète en Ep 4,8 où le Christ monté362 dans les hauteurs emmène les captifs. À la lumière de la référence au psaume 68 qui relate une victoire de Dieu et d’Ep 1,21, C.E. Arnold363 propose

de voir dans les captifs des puissances démoniaques ennemies du Christ. Ce verset reprend le même motif de Col 2,15 « Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal ». Si l’on suit cette interprétation, le Christ est dépeint comme le vainqueur des forces agissant dans les cieux.

Dans ces deux extraits, l’insistance est mise sur la Seigneurie du Christ qui concerne non plus le monde sensible mais celui des êtres célestes. En Ep 1,21, l’accent est mis au travers des termes employés pour les désigner sur le pouvoir et la puissance qu’ils possèdent. Dans l’épisode concernant le cortège victorieux du Christ, ils pourraient être considérés comme des ennemis à combattre, bien que les précisions manquent quant à leur nature. Les forces en présence dépassent la compréhension humaine. La souveraineté du Christ a donc une portée cosmique. Ailleurs dans la lettre, des êtres néfastes sont clairement mentionnés.

Des puissances néfastes

Dans la description du monde selon l’auteur d’Éphésiens, il n’est pas rare de rencontrer des puissances supraterrestres qui sont les adversaires de l’humanité et qui par là même s’opposent au plan divin. Au chapitre 2, sont mentionnés le Prince de l’empire de l’air et l’éon de ce monde. En Ep 4,27364 il est fait mention du diable, dans une vérité d’ordre

général « N’offrez aucun espace au diable ». Quant au chapitre 6 il relate un combat cosmique.

Faisant suite à l’affirmation de la suprématie du Christ sur les « Puissances » (Ep 1,21), les premiers versets du chapitre 2 évoquent le monde avant le temps messianique. Ep 2,1-3 reflète la condition humaine avant l’action divine qui nous a « fait revivre » avec le Christ (v. 5). Les versets 1 et 3 exposent la conduite morale des hommes. Le champ sémantique de ces versets est celui de la mort, de la faute, du péché. Les hommes sont asservis aux puissances supra-humaines qui, à la différence d’Ep 1,21, n'apparaissent plus seulement sous les traits des énergies cosmiques, mais comme instigatrices du mal. L’identité des puissances est modifiée par des formes au génitif, comme le montrent les exemples suivants.

Le premier élément cité est «

to.n aivw/na tou/ ko,smou tou,tou

» (l’éon de ce monde). Plus qu’un espace-temps cosmique, le contexte lui insuffle l’animation d’une force

362

Pour une étude du motif montée/descente voir 122. 363

ARNOLD, Ephesians: Power and Magic, 56.

364 Nous omettrons l’étude détaillée de Ep 4,27 puisque la désignation « diable » se rencontre à nouveau au chapitre 6.

132 personnalisée365. Ici, le singulier ainsi que le parallélisme avec «

a;rcwn

» (Prince) et avec «

pneu/ma

» ne laissent pas de doute sur le caractère agissant et personnalisé de cet être. La seconde puissance mentionnée dans ce verset est le Prince de l’empire de l’air (

to.n a;rconta

th/j evxousi,aj tou/ ave,roj

). Le terme «

a;rcwn

» fait référence à un chef parmi les « puissances »366. Dans ce verset, contrairement à Ep 1,21 où il désignait un être de pouvoir, le terme «

evxousi,a

» prend le sens de royaume, de sphère d’influence367. La sphère d’influence est l’air symboliquement situé au-dessous de l'éther où se meuvent les astres et que maintient le cintre du firmament. C'est le domaine des démons, un empire intercalaire, avec son prince à leur tête. La nature de ce Prince de l’air est précisée par la suite du verset. Il est comme un esprit qui agit maintenant parmi les hommes (

tou/ pneu,matoj tou/ nu/n

evnergou/ntoj evn toi/j ui`oi/j th/j avpeiqei,aj

). Le vocabulaire cosmologique du chapitre 2 s’arrête avec «

nu/n

».

En résumé, le verset Ep 2,2 évoque un espace avec des sphères d’influence imbriquées et si certaines puissances exercent une influence sur le monde terrestre, l’amour de Dieu est la meilleure protection possible contre ces êtres hostiles. Cet amour se manifeste dans le Christ puisqu’il a fait revivre les croyants dans le Christ (Ep 2,5) et qu’il les a créés dans le Christ (Ep 2,10). Le dessein de Dieu en Christ permet aux fidèles de l’Église d’Éphèse de se garder des influences néfastes des puissances supraterrestres.

Le dernier chapitre de la lettre, après des exhortations concrètes sur la vie quotidienne, présente un nouveau passage dont le vocabulaire renvoie au monde supra- humain. Les chrétiens sont appelés à s’armer pour affronter les puissances célestes ennemies (Ep 6,10-17) et à prier en tout temps pour tous les saints et en particulier pour Paul (Ep 6,18-20). Ils sont invités à revêtir « l’armure de Dieu » pour résister « aux manœuvres du diable » (Ep 1,11). Le combat (

pa,lh

) dont il s’agit est un combat cosmique368

et l’auteur lance un appel à la résistance face à un adversaire résolu.

365

Ce terme deviendra populaire dans les milieux gnostiques. ARNOLD, Ephesians: Power and Magic,

59. BOUTTIER, Éphésiens, 99. Ailleurs dans l’épître, « aivw,n » prend diverses significations. En Ep 1, 21, il est employé pour désigner l'opposition courante entre ce monde-ci et le monde à venir. En Ep 3, 21, il a le sens d’éternité. Et en Ep 2,7; Ep 3, 9.11, le terme au pluriel a une acception plus temporelle que spatiale.

366 Certaines tournures johanniques sont proches de l’expression de Ep 2,2 : «

o` a;rcwn tou/ ko,smou tou,tou » (Jn 12, 31 ; 14, 30).

367

C.E. ARNOLD, Ephesians: Power and Magic, 60.

368 Pour ce passage, puisqu’il s’agit d’un combat avec une perspective cosmique, l’Épître aux Éphésiens paraît proche de la littérature apocalyptique (Dn 10,13.20; Ap 9,13-21 ; 19,11-21). Dans ce type d’écrits, la communauté croyante attend que Dieu livre une bataille contre les puissances célestes.

133 Le verset 12 a pour fonction d'expliquer ce

que recouvre le vocable « diable », et de montrer combien nombreux et puissants sont les adversaires. Ils sont invisibles puisqu’ils ne sont pas « de chair et de sang », expression sémitique qui désigne des êtres humains temporellement et spatialement repérables. La quadruple répétition « contre » (

pro,j

) vise à insister sur le fait que ces ennemis sont redoutables et que, parce qu’ils peuvent revêtir de multiples aspects, ils sont subtils et fourbes.

Les êtres célestes sont désignés par quatre

termes ou expressions différents, dont les deux premiers - «

avrcai,

» et «

evxousiai,,

» - apparaissent pour la troisième fois dans l’épître. En raison du contexte, ils ont dans ce verset une connotation négative. Aux Principautés et Puissances s’ajoutent « les Régisseurs de ce monde de ténèbres ». Le terme «

kosmokra,twr

» n’est mentionné ni dans la LXX ni dans les autres écrits du Nouveau Testament. Selon C.E. Arnold369 qui étudie les religions locales, ce terme est à comprendre en référence aux traditions magiques et astrologiques. Lorsque ce terme qualifie une divinité, il dénote à la fois l’omnipotence et l’universalité. Le «

kosmokra,twr

» est à la fois le maître de l’univers370 et le maître du temps. Appliqué à Sarapias, Mithra ou Artémis, il est symbolisé par le soleil. L'auteur d’Éphésiens réinterprète le sens de ce mot pour le lecteur chrétien. Il n’y a pas un «

kosmokra,twr

» mais beaucoup ; en effet le mot est au pluriel. Le «

kosmokra,twr

» n'est pas tout-puissant, mais il est placé à côté des principautés et des « pouvoirs », sous la direction du diable. Loin d'être des divinités utiles, les «

kosmokra,twr

» sont considérés comme des esprits malfaisants de « cette obscurité ». La dernière expression «

ta. pneumatika. th/j ponhri,aj evn toi/j

evpourani,oij

» campe les esprits du mal dans les « hauts cieux » qui deviennent, contrairement au reste de l’épître, une sphère intermédiaire et non la sphère suprême ou résident Dieu et le Christ. Le texte procède manifestement par accumulation et par surenchères pour signifier que le combat qui s’engage est radical.

Les chrétiens sont invités à recourir à la protection divine, car ils ne peuvent rien faire d’eux-mêmes contre des ennemis aussi nombreux et puissants. Les versets 13 à 17 opèrent également par accumulation pour décrire « l’armure de Dieu » (v. 13) qui est composée de la Vérité pour ceinture (v. 14), de la Justice pour cuirasse (v. 14), du Zèle pour chaussure (v. 15), de la Foi pour bouclier (v. 16), du Salut pour casque (v. 17), de la Parole de Dieu pour glaive (v. 17). Les chrétiens sont ainsi encouragés à ne pas laisser les « Puissances » dominer le monde sans réagir.

369 Pour C.E. Arnold, les êtres célestes dont il est question dans l’Épître aux Éphésiens renvoient aux divinités païennes. Aussi, ceux qui étaient jadis adeptes d’un culte païen ou qui plaçaient leur foi dans les pratiques magiques et qui professent maintenant la foi dans le Christ ont des instructions sur la manière dont ils doivent considérer les divinités ou les esprits dans lesquels ils avaient anciennement mis leur confiance. Les divinités païennes ne sont pas imaginaires ou sans vie, et donc sans danger, mais elles ne sont pas non plus toutes-puissantes et si elles cherchent à ramener le croyant vers sa situation antérieure, elles peuvent être combattues avec l’aide de Dieu en propageant l’Évangile de Paix (Ep 6,15) et en priant continuellement (Ep 6,18). ARNOLD, Ephesians: Power and Magic, 65.

370 Il ne semble pas qu’il ait été employé pour les empereurs romains avant le début du IIIème siècle.

o[ti ouvk e;stin h`mi/n h` pa,lh pro.j ai-ma kai. sa,rka avlla. pro.j ta.j avrca,j( pro.j ta.j evxousi,aj( pro.j tou.j kosmokra,toraj tou/ sko,touj tou,tou( pro.j ta. pneumatika. th/j ponhri,aj evn toi/j evpourani,oijÅ

Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes.

134

Des Puissances à l’œuvre

Les « Puissances » sont à l’œuvre dans l’univers de l’Épître aux Éphésiens comme dans celui des religions du premier siècle en Asie Mineure. Malgré cela, l’auteur de ce texte ne semble pas s’intéresser aux spéculations ésotériques sur leur origine, leurs distinctions hiérarchiques, leurs noms et leurs fonctions spécifiques. Et s’il utilise un vocabulaire propre à son époque, son souci est avant tout pastoral. Dans un souci d’établir l’universalité de la réconciliation finale, l’auteur englobe dans un même élan les êtres de chair et de sang et les habitants des cieux. À plusieurs reprises, il précise que le Christ a toute autorité sur les « Puissances ». Il est leur suzerain. Cependant, comme les temps eschatologiques ne sont pas encore réalisés, le combat n’est pas achevé. Aux croyants, libérés de la domination des « pouvoirs » par le Christ, de poursuivre ce combat dont la visée est la pacification de toute la création.

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 130-136)