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Tolypella intricata (Roth.) Leonh

Verworrene Baumleuchteralge – Tassel stonewort Synonyme: Nitella intricata (Agardh, 1824)

Description

Tolypella intricata est une plante robuste très ramifiée pouvant atteindre 50 cm de hauteur. De couleur vert-jaunâtre, souvent fertile, elle ne possède ni cortex, ni acicules, ni stipulodes. Les verticilles fertiles sont souvent réunis en larges têtes denses. Les verticilles stériles sont plus longs que les précédents, hirsutes dans la partie supérieure. L’axe principal est assez épais, environ 1 à 2 mm de diamètre. Les entre-nœuds atteignent 2 à 3 fois la longueur des phylloïdes. Les phylloïdes fertiles, au nombre de 6 à 8, sont divisés 1 à 2 fois avec généralement 3 à 4 rayons au premier nœud, 2 à 3 rayons au second nœud et une cellule terminale. Le rayon principal est composé de 5 à 7 cel-lules de longueur variable ; la dernière est courte et pointue. Les gamétanges mâles et femelles sont disposés sur les mêmes sujets (espèce monoïque), sans mucilage et parfois longuement pédicellés. Plusieurs oogones (2 à 4) sont souvent groupées autour d’une anthéridie.

L’oospore mûre est de forme ellipsoïdale, de couleur jaune doré. Elle possède 9 à 10 crêtes proéminentes, souvent ailées. Les extrémités des phylloïdes et de leurs ramifications sont coniques et aigües chez T. intricata, arrondies chez T. glomerata, ce qui permet de les diffé-rencier.

Tolypella intricata avec fructifications, observée au mois de mai dans un milieu peu profond de l’île Öland en Suède.

Photo Niklas Stroemberg 2011.

(A) Aspect général d’une pousse de Tolypella intricata ; (B) portion de phylloïde fertile avec 2 nœuds fertiles ; C) apex d’un phylloïde x 20 ; D) oospore x 20 (dessins tirés de Krause 1997 et de Moore 1986).

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Characées de la région genevoise >Tolypella intricata mentionnée aussi en Australie. Sa limite nord-européenne est située au sud de la Scandinavie. A l’est, elle suit une ligne qui va de la Baltique à la mer Noire. La localité la plus orientale se trouve en Roumanie. Au sud de l’Europe, elle est rare à proximité de la Méditerranée, sauf en Grèce. Sa

distribution est toutefois dispersée. Elle était autrefois plus répandue en Europe. En Angleterre, où elle était mention-née dans 42 stations, elle n’a plus été observée que dans six stations depuis 1970, principalement dans l’est et le sud (Gloucestershire, Oxfordshire, Norfolk, Suffolk, Somerset, Worcestershire). En France, elle n’a pas été observée en Bretagne, dans le massif central et dans le sud. Dans l’est de la France, elle a autrefois été observée en Haute-Savoie et serait actuellement présente dans une ancienne carrière de Foussemagne (Territoire de Belfort). Son aire de distribution est loin d’inclure toute l’Allemagne. Dans les stations proches de la Suisse, elle a été observée, après 1990, au nord du lac de Constance et le long de la vallée du Rhin entre Karlsruhe et Mainz.

Statut en Europe

En Europe, le degré de menace de Tolypella intricata est très élevé dans tous les pays qui l’ont évaluée.

dans la Saxe et «au bord de l’extinction» (CR) dans le Brandebourg. Elle est considérée «en danger» (EN) en Suède et dans les Balkans. Un suivi récent des populations en Grande-Bretagne a montré une régression du nombre de stations et son statut est passé de «vulnérable» (VU) à

« en danger » (EN).

Statut et priorité en Suisse

Lors des prospections récentes dont l’objectif était d’évaluer son risque d’extinction (LR), T. intricata n’a été observée, ni dans les anciennes stations, ni dans les locali-tés proches de celles-ci. Elle est donc actuellement clas-sée « éteinte» en Suisse (RE).

Tolypella intricata est une espèce prioritaire béné-ficiant d’un plan d’action en Grande-Bretagne et en Suède.

Les autres pays d’Europe n’ont pas pris de mesures spéci-fiques pour sa protection. En Suisse, le statut de la plus haute priorité nationale pour la conservation des espèces lui est attribué (priorité 1).

Distribution ancienne et récente de Tolypella intricata en Suisse.

Characées de la région genevoise >Tolypella intricata

LR RE

PRIO 1 OPN non Non protégé

Répartition en Suisse (à Genève)

Tolypella intricata a été signalée dans la région lémanique à la fin du 19ème siècle dans des fossés (carrefour de la Paumière à Conches et à Frontenex) et des mares ombragées en ville de Genève. Elle a également été observée dans deux stations de Haute-Savoie proches de Ge-nève: dans une mare du bois de Crevin (Collonges-sous-Salève) et dans des fossés à Thonon-les-Bains. Ces sites ont tous disparu, très probablement à cause de l’urbanisation.

Habitat – Ecologie

Tolypella intricata colonise des mares et des fossés, exceptionnellement des étangs per-manents et des canaux dans la zone sujette aux fluctuations du niveau de l’eau. Elle n’a pas été recensée dans les grands lacs. Elle pousse à de faibles profondeurs, généralement de 15 à 20 cm, exceptionnellement 50 cm. Elle est adaptée aux eaux froides, alcalines, claires et à faibles teneurs en nutriments. Elle disparaît rapidement des sites qu’elle colonise lorsque le niveau

tro-phique augmente. C’est une espèce annuelle très précoce.

Elle pousse dans des biotopes temporairement inondés qui s’assèchent dès le milieu du printemps ou au début de l’été (Nord-ouest de la France, Oxfordshire en Angleterre). Il semble qu’une période de sécheresse soit nécessaire au

succès de T. intricata mais on ne sait pas si la germination des oospores est due à l’assèchement ou à des facteurs secondaires comme une compétition réduite, l’oxydation du substrat et/ou sa stabilisation. Les oospores germent en automne ou au tout début du printemps. Les jeunes Distribution ancienne et récente de Tolypella intricata dans le canton de Genève.

Pousse de Tolypella intricata sur un sol argileux parmi des Elodea nutalii au Pays-Bas. Photo Charlotte van Lemel.

Characées de la région genevoise >Tolypella intricata

LR RE

PRIO 1 OPN non Non protégé

plantes formées en automne sont capables de survivre pendant l’hiver, sous la glace. En Suède et en Angleterre, les oospores sont mûres en avril et la plante disparaît au début du mois de juillet. Les oospores semblent conserver leur pouvoir de germination très longtemps ; il peut y avoir plusieurs dizaines d’années d’intervalle entre deux appari-tions. Sporadique, elle colonise un milieu et disparaît en-suite rapidement pour réapparaître lorsque les conditions sont favorables.

En Suède, elle a été recensée en compagnie de Nitella capillaris. Dans l’Oxfordshire (Otmoor), une dizaine de colonies ont été observées sur un substrat nu, avec quelquefois de faibles recouvrements de phanérogames, de petite taille généralement (Callitriche hamulata, Ranun-culus trichophyllus, Juncus articulatus, Glyceria fluitans, Agrostis stolonifera).

Pas de degré de priorité à l’heure actuelle. Si Tolypella intricata réapparaissait dans le canton, elle serait alors de priorité « très élevée ».