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CHAPITRE II MÉTHODE D’ANALYSE

1 NOTRE MÉTHODE Conception de la méthode

1.1 Analyse extratextuelle

1.1.1 Texte cible

Nord (1991 : 43) commence son analyse par celui qui envoie le message (text sender). Elle fait la distinction entre celui qui envoie le message (text sender) et le producteur du texte (celui qui écrit effectivement le message). Le rôle du premier est de se servir d’un texte pour transmettre un message, tandis que le second a pour responsabilité d’écrire le texte conformément aux instructions de l’initiateur. Étant donné que notre analyse commence par le texte cible, contrairement à la méthode de Nord, nous n’analyserons pas en premier lieu ici le ‘sender’, mais l’initiateur de la traduction que Vermeer in Venuti (2000 : 221) a désigné par ‘Translation commissioner’.

1.1.1.1 Informations relatives à l’initiateur

Les informations relatives à l’initiateur du message peuvent aider à élucider des non dits de la communication, pourtant aussi importants que ce qui est clairement énoncé.

Nous avons retenu les questions suivantes pour notre analyse : Questions :

a) Qui sont les initiateurs de la traduction ? Institutions internationales ? Églises locales ? Populations locales ?

b) Qui finance les traductions ?

1.1.1.2 Informations relatives aux intentions de l’initiateur

Nord (1991 : 16) parle des intentions de l’auteur, mais nous parlons ici plutôt des intentions de l’initiateur, pour les mêmes raisons que celles données au paragraphe précédent. Nord (1991 : 47) fait la distinction entre l’intention, la fonction du texte et son effet, en ce sens que l’intention ne garantit pas l’effet et c’est le récepteur qui

termine cette action de communication en recevant le texte pour une fonction.

L’auteur peut avoir son intention sur la fonction du texte avant que le récepteur ne l’ait reçu, tandis que la fonction effective et l’effet ne peuvent être jugés qu’après la réception. Il existe aussi une nuance entre la fonction et l’effet d’un texte. Nous considérons la fonction comme le rôle que joue le texte en réalité et l’effet comme le résultat du message sur l’audience.

Les questions suivantes serviront à analyser les intentions de l’initiateur de la traduction.

Questions :

a) Quels types d’intention associe-t-on à ce genre de texte ? (Nord, 1991 : 49) b) Y a t il une expression claire des intentions de l’initiateur ? (Nord, 1991 : 51) c) Comment peut-on déduire l’intention de l’initiateur des facteurs extratextuels ?

(Nord, 1991 : 51)

d) Quelles autres données relatives aux intentions de l’initiateur peuvent être intéressantes pour le reste de l’analyse ?

1.1.1.3 Traducteurs ou émetteurs du message

Nord (1991 : 11) compare la situation du traducteur à celle du producteur de texte cible qui doit non seulement suivre les instructions de l’initiateur de la traduction, mais également, se conformer aux normes et aux règles de la langue et de la culture cible. Nous disons que le traducteur peut aussi bien être l’auteur du texte dans le cas de l’auto-traduction. Dans ce cas, il devient et l’initiateur, et l’auteur et le producteur.

Notre analyse porte sur des traductions déjà effectuées si bien que l’analyse des caractéristiques des traducteurs est indispensable. Bien que notre corpus présente et des cas d’auto-traduction et de traductions faites par de tierces personnes, la même liste de questions peut être employée :

Questions :

a) Qui sont les traducteurs ?

b) Quelles sont leurs croyances ? Quelles sont leurs connaissances des textes bibliques ?

c) Quelles langues connaissent-ils ? Connaissent–ils les langues d’origine de la Bible ?

d) Quel est leur niveau d’instruction ?

e) Pour qui travaillent-ils ? Leur travail est-il considéré comme une aide ? Une consultation ? Un soutien ?

f) Dans quelles circonstances travaillent-ils ?

Pour le corpus oral, l’émetteur ou le traducteur est plus personnalisé, ce qui a plus d’influence sur le contenu même du message. Les questions suivantes pourront servir à compléter les précédentes:

g) Qui fait les traductions ? Est-ce le prêtre, le pasteur ou une tierce personne ? Quel est son niveau d’instruction ?

h) Quel rôle joue-t-il dans la communauté ? Est-il influent ? Est-il connu pour une adhésion quelconque sur le plan politique, religieux ou social ?

i) Quelles sont ses habitudes de célébration ?

j) Quelles sont les connaissances présumées de l’audience sur le traducteur ou/et l’auteur de la communication ?

k) Quelles autres données relatives à l’émetteur (traducteur et ou auteur) du message peuvent être intéressantes pour le reste de l’analyse ?

1.1.1.4 Informations relatives au récepteur (audience ou destinataire) Nord (1991 : 52) fait ici encore la différence entre la cible des traductions (adressees/destinataire) et le ‘recipient’, c'est-à-dire, tous ceux qui auront à lire ou à entendre le message, sans avoir été les cibles voulues par l’auteur. Pour la présente analyse, nous ne faisons pas cette distinction, dans la mesure où il nous sera difficile d’imaginer tous ceux qui auront à lire ou entendre ces messages. Le deuxième critère qui milite en faveur de cette non-distinction est qu’il s’agit de traduction vers une langue (le dioula), faiblement représentée à l’échelle mondiale, dont on peut estimer les locuteurs et leurs caractéristiques générales.

Dans toutes les approches d’analyse traductologique, le ‘adressee’ du message est très important, parce que c’est surtout par rapport à lui que sont déterminées les stratégies de communication. Les notes, dédicaces, titres et autres peuvent donner des informations le concernant. D’autres facteurs extratextuels peuvent aussi fournir des indices pour la détermination de l’audience. Nous posons les questions suivantes pour notre analyse, inspirées de Nord (1991) et de Nida and Taber (1974) :

Questions :

a) Quelle est l’audience des traductions ? (Nord 1991 : 36), (Nida and Taber, 1974 : 1)

b) Quelles sont ses connaissances présumées ? (Nord, 1991 : 56) Quelles sont ses réalités du monde ? (Nord, 1991 : 56) Quelles sont ses croyances ?

c) Quel est son niveau d’instruction ? (Sait-elle lire et écrire ?) A-t-elle des connaissances bilingues ?

d) Quelle est la forme de langage qu’elle utilise ? Écrit ou oral ? Qu’attend-elle du texte traduit ? (Nord, 1991 : 56).

Pour l’analyse du corpus oral, on pourrait compléter ces questions par les suivantes : e) Quelle est la communauté concernée ? Protestante ou catholique ?

f) Quelles sont les connaissances présumées de l’auteur vis à vis de son auditoire ?

Les images que l’émetteur et l’audience ont l’un de l’autre, peuvent être détermi-nantes à la compréhension du message.

Ces différentes questions résument l’environnement cognitif de l’audience (Gutt, 1991).

L’image que l’auteur et l’audience ont l’un de l’autre est importante pour la compréhension du texte et pour la traduction.

1.1.1.5 Analyse du médium

Le ‘médium’ peut être défini comme le moyen par lequel le texte parvient à son audience. Dans la théorie de la communication, « channel » stands for sound, waves, or print on paper’ (Nord, 1991 : 56).

Pour Nord (1991 : 57), l’analyse du médium est importante, en ce sens qu’il a un effet sur les conditions de réception, mais aussi de production de texte. L’écrit et l’oral n’ayant pas toujours les mêmes caractéristiques, la précision peut être nécessaire pour l’analyse. Il ne faut cependant pas toujours dissocier ‘discours oral’ et

‘discours écrit’ en ce qui concerne leurs caractéristiques, parce qu’il existe des textes conçus à l’oral qui se retrouvent écrits et des textes écrits qui se retrouvent utilisés à l’oral, comme les lectures à la messe et certaines homélies écrites et distribuées lors de grands événements.

En dépit de cette confusion possible, le médium est important à analyser dans le cadre des traductions, parce qu’à l’oral par exemple, les gestes qui ne sont pas verbalisés sont tout aussi importants que les paroles produites et ont besoin d’être explicités dans le texte écrit.

Dans cette partie de l’analyse, il s’agira de déterminer si le médium et la situation dans laquelle la communication a lieu, ont un impact sur le message. Il peut y avoir plusieurs types de média. En général, on distingue entre l’écrit et l’oral, mais ces deux catégories méritent d’être précisées parce que cette classification seule est toujours vague. Il y a en effet plusieurs types d’oral et d’écrit. L’oral peut être dans une situation de face à face ou par les ondes (radio et télévision), le téléphone etc.

L’écrit peut aussi être à travers un livre, un sous-titrage, un journal etc.

Parmi les types de textes oraux, ceux qui sont produits dans les situations de face à face sont plus pragmatiques et leur analyse plus concrète. Ces situations de face à face permettent de vérifier la réceptivité de l’audience et son interaction avec le diseur, tandis que par les ondes, l’émetteur est le principal acteur de la communication.

Le médium peut déterminer les présuppositions de l’interaction de communication, de même que la construction du texte : arrangement des arguments, choix des types de phrases, des éléments de cohésion, utilisation des éléments non verbaux. Dans une situation de face à face, la vue de l’auditoire peut guider les choix des mots, parce que l’émetteur aura quelques caractéristiques les concernant (identité, nombre et âge approximatifs) et pourra à tout moment ajuster son message.

Nous retenons les questions suivantes, essentiellement tirées de la méthode de Nord (1991) :

Questions :

a) Par quel médium le texte traduit arrive-t-il à son audience ? Écrit ? Oral ? b) Conventionnellement, quelles sont les attentes de l’audience, liées au médium

dans le contexte de communication précis ? (Nord, 1991 : 56)

c) Quelles autres données relatives au médium peuvent être intéressantes pour le reste de l’analyse ? (idem)

d) Par quel médium les traductions sont-elles transmises ? (idem) 1.1.1.6 Informations relatives au lieu de la communication

Ce point proposé par Nord (1991 : 60) concerne le lieu de la production du message, c’est-à-dire la position géographique de l’initiateur, le producteur ou l’auteur du texte, mais aussi le lieu de sa réception. Nous faisons une analyse relative au lieu de la communication, dans le souci de déterminer si ce lieu a pu influencer la production ou la traduction des textes.

L’analyse du lieu va du cadre socioculturel, au lieu précis de la production du message, en d’autres termes, à tous les facteurs liés au lieu et pouvant être pertinents pour la compréhension des messages.

Notre corpus ayant été collecté dans des institutions différentes ayant chacune ses traditions de communication, l’analyse du lieu permet aussi de passer en revue ces institutions et leurs traditions.

Nous posons les questions suivantes essentiellement tirées de Nord (1991 : 63).

Questions :

a) Où a lieu la communication ?

b) Le texte a-t-il été produit et transmis dans le même espace ? (idem).

c) Quels sont les thèmes socioculturels pertinents, vu le contenu et les fonctions du texte traduit?

d) Quels sont les tabous de la société ?

e) Quels sont les sujets sensibles pour la communauté ? f) Quelle place occupe la spiritualité dans la communauté ? g) Quelle est la religion dominante ?

h) Quelles autres religions existent dans la communauté ?

Les questions suivantes pourraient servir à compléter celles qui précèdent, pour l’analyse du corpus oral :

i) Dans quelle institution religieuse a lieu la traduction ?

j) Quelles sont leurs traditions ? Conventionnellement qu’est-ce qui est admis dans l’institution donnée ?

k) Quelles autres données relatives aux données orales peuvent être intéressantes pour le reste de l’analyse ?

1.1.1.7 Le temps : contexte temporel et historique

Pour Nord (1991 : 64), le contexte temporel a son importance, parce qu’il permet de situer le texte et de le comprendre ainsi, étant donné que la langue change constamment. Il permet aussi de situer quels événements parallèles (à) ou proches (de) la production du texte auraient pu avoir une influence sur le message. Il peut exister des conventions de traduction liées à l’époque de la traduction.

Cette analyse est pertinente pour toute traduction, mais davantage pour notre corpus oral qu’écrit, parce que dans le premier cas, la communication a lieu dans un contexte concret de face à face, alors que dans le deuxième cas qui correspond ici aux textes bibliques écrits, la traduction prend du temps et il s’agit d’un message ‘universel’

dont on ne peut pas prévoir le temps de réception. Néanmoins, l’intérêt de l’analyse des facteurs temporels pour le corpus écrit se justifie par le fait que la langue évolue et les mots peuvent avoir une connotation particulière à un moment de l’histoire. Il faut donc situer le texte dans son temps pour pouvoir comprendre certaines options de production ou de traduction. Les questions suivantes seront analysées :

Questions

a) Quand le texte a-t-il été écrit et transmis ? (Nord, 1991 : 67)

b) Quels indices du contexte temporel peut-on déduire des autres facteurs situationnels ? (idem)

c) Quelles conclusions peut-on tirer des indices liés au contexte temporel ? Pour le corpus oral, on peut ajouter les questions suivantes :

d) Dans quel contexte précis de temps a lieu la communication ?

e) Dans quel contexte religieux ? Est-ce à l’occasion d’un événement de l’institution religieuse ? Quel événement religieux a lieu selon le calendrier liturgique ?

f) Y a-t-il d’autres phénomènes politiques, culturels, parallèles ou proches ? g) Quelles autres données relatives au temps peuvent être intéressantes pour le

reste de l’analyse ? (Nord, 1991 : 67)

1.1.1.8 Motif de la production du texte

Pour Nord (1991 : 67), le motif de la production du texte concerne non seulement la raison de la production du texte, mais aussi l’occasion à laquelle il est produit. Ici encore, bien que Nord n’aborde que le motif de la production du texte, nous allons y joindre le motif de la traduction, parce que nous nous intéressons à une traduction déjà faite. Le motif de la traduction peut déterminer les choix des traducteurs. Les questions suivantes seront analysées sous cette rubrique :

Questions :

a) Pourquoi traduit-on ?

b) Quels indices extra ou intratextuels permettent de connaître le mobile de la production et de la traduction du texte ?

c) Le texte a-t-il été produit et traduit à une occasion spéciale ? (Nord, 1991 : 69) d) Quelles données relatives au motif de la production du texte peuvent être

intéressantes pour le reste de l’analyse ?

e) Quelles relations intéressantes peut-il y avoir entre le mobile du texte et son fonctionnement ? Quelles autres données relatives au mobile du texte peuvent être déduites des autres facteurs extra et intratextuels ?

1.1.1.9 Fonction (s) du texte

Pour Nord (1991 : 70), la fonction du texte désigne la ou les fonctions communicatives du texte dans un certain contexte. Elle est dérivée de la configuration spécifique des facteurs extratextuels. La fonction de la communication est l’un des points centraux dans la théorie du skopos. La fonction constitue un maillon essentiel de l’analyse, en ce sens que c’est elle qui détermine les stratégies de traduction. Nous posons les questions suivantes tirées de la méthode de Nord (1991 :70).

Questions :

a) La fonction visée est-elle déductible des autres facteurs extratextuels ?

b) À quelles fins utilise-t-on le texte traduit dans la communauté ? Quels facteurs extra ou intratextuels l’indiquent-ils ?

c) Comment le texte traduit fonctionne t-il ?

Ces différentes rubriques sont pour la plupart valables pour l’analyse du texte source et la comparaison, comme nous le verrons aux paragraphes suivants.