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Et si le temps des défis supplantait celui des inquiétudes ? Alors que les journées sur l’édition et la librairie indépendante se multiplient, les enjeux se précisent : Internet est devenu incontournable, il

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 99-101)

s’agit de s’en faire un allié et de saisir une chance de renouveler des métiers qui – sait-on jamais ? –

pourraient même retrouver un sens affermi. La parole est aux optimistes.

1. Une présentation détaillée est disponible sur le site de la Maison du livre : http://maisondulivre.com

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La suite de l’intervention de F. Gèze a permis de faire un point sur les évo- lutions apportées par le numérique dans l’édition elle-même. Deux grands modèles de développement existent à l’heure actuelle : le e-book – ou plus largement le texte numérique lisible sur différents supports, en lien avec l’encre électronique dont le dévelop- pement technologique progresse très vite –, et les bibliothèques numéri- ques constituées de bases de don- nées, revues, livres, dont les BU sont les meilleures représentantes. C’est ainsi que La Découverte par exemple participe à la constitution du bouquet Cairn et de la librairie numérique Numilog 2.

Les éditions La Découverte dévelop- pent également un projet éditorial pour mettre à profit les atouts du numérique : le texte intégral sera mis

en ligne au moment de la parution, en association avec un site Web pro- posant des documents multimédias complémentaires (vidéos, blogs, etc.) dans l’idée de dynamiser la vente du livre en librairie. Le bouleversement pour les éditeurs est dans ce cas par- ticulièrement significatif, car ceux-ci sont amenés à se former pour utiliser ces nouvelles technologies : une cul- ture du numérique et du Web devient nécessaire pour exercer le métier. Pour F. Gèze, les intermédiaires (libraires et bibliothécaires) vont jouer un rôle fondamental dans cette révolution, en raison de la multiplica- tion des ressources qui vont néces- siter tri, classement et archivage. Les acteurs du livre surmonteront les effets du saut de générations. En ce qui concerne l’édition, le cœur du métier – choisir des textes, les met- tre en forme – ne changera pas, à la différence de la promotion et de la

distribution. Les changements issus d’Internet sont donc plus un aiguillon vers une adaptation nécessaire qu’un danger signifiant la disparition d’un métier. De plus, fait nouveau et parti- culièrement intéressant, ces change- ments nécessitent un niveau de colla- boration étroit et inédit entre éditeurs, libraires et bibliothécaires. Le défi du numérique oblige ainsi les acteurs du livre à travailler et à réfléchir désor- mais ensemble.

Après une séance d’échanges avec la salle, la fin de cette journée d’études fut consacrée à une visite du magnifi- que Musée Fenaille 3.

Sabine NAEGELEN

ABF Midi-Pyrénées

2. www.cairn.info ; www.numilog.fr

3. www.musee-fenaille.com pour une présentation détaillée.

Lorenzo Soccavo, Gutenberg 2.0, le futur du livre, avec une contribution de Constance Krebs, préf. Paul Soriano, M21 éditions, 172 p., ISBN : 2-916260-06-4

Au milieu du gué, l’auteur, prospectiviste de l’édition et créateur du blog NouvoLivrActu (www.nouvolivractu.cluster21.com) fait le point sur les « livres mutants ». La reconnaissance d’un rapport dialectique entre innovation technologique et évolution des modes de lecture – « le véritable enjeu n’est pas la survie du livre (…), c’est l’évolution des pratiques de lecture » – lui permet de dépasser les antagonismes naïfs entre nostalgiques et tenants du progrès. Avec le livre électronique, l’interactivité

fait son entrée dans un domaine où régnait jusqu’ici le sens unique. L’exemple de l’application créée entre Google Books et Google Maps et une simulation sur quelques pages laissent entrevoir la nature de cette révolution : une ramification de la lecture à l’infini dans un contexte de mobilité accrue. Un point clair est fait sur les technologies des nouveaux appareils de lecture, l’e-ink, l’e-paper, l’électronique flexible et les prototypes à l’étude chez les différents constructeurs. L’impact de ces technologies sur les stratégies de la presse préfigure ce bouleversement qui trouve une justification sérieuse et opportune dans le contexte du développement durable. Tout en accordant au livre classique un sursis de plusieurs décennies, le regard réaliste adopté ici fait du livre hybride (sur le modèle du Grand Larousse illustré accompagné d’un stylo multimédia) un produit prometteur. La conclusion est sans appel : il faut réinventer la chaîne du livre. Un long chapitre lui est consacré où le dosage entre optimisme et pessimisme devient plus délicat. Le déve- loppement d’une population « de plus en plus conso-active, avisée et participative » demande une offre attrayante et abordable : peut-on sérieusement faire ici l’économie de la notion d’aliénation ? Avec une pertinence dont manquent bien des analystes de ladite chaîne, L. Soccavo insiste sur l’exemple paradig-

matique de la révolution à l’œuvre dans l’univers musical. Son appel rejoint donc celui de J. Faucilhon (lekti-ecriture.com) : fédérer des réseaux indépendants, miser sur la spécialisation et la valeur ajoutée du service. Après un simple pointage de la problématique bibliothéconomique, Constance Krebs prend le relais sur la question de la création littéraire dont la sauvegarde a été reconnue dif- ficile. À moins qu’elle n’épouse les possibilités offertes par ces nouvelles technologies et ne renouvelle ses procédures : « remue. net draine 150 000 à 200 000 lecteurs uniques par mois, quand une revue imprimée du même ordre tire à 500 ex. »

Précis et mesuré, cet ouvrage qui sait raison garder dans un exercice difficile alimentera utilement la réflexion de tous, professionnels, simples lecteurs… et bibliophiles.

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Ce voyage est le résultat d’un contact avec l’AGBD, Association genevoise de bibliothécaires et documentalistes, forte de 300 membres, qui souhaitait nouer des relations transfrontalières avec les bibliothécaires de la région Rhône-Alpes. Il faut remercier tout par- ticulièrement Pierre Boillat, président de l’AGBD, par ailleurs bibliothécaire du Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de Genève, pour son implica- tion dans la programmation du séjour, et pour la disponibilité constante dont il a fait preuve pendant les deux jours de notre visite. La chaleur de son accueil a fortement contrasté avec les caprices d’une météo peu conforme au calendrier.

> D’Unimail à la Cité

Notre groupe comprenait une vingtaine de bibliothécaires de six départements (Ain, Isère, Loire, Rhône, Savoie, Haute- Savoie), parmi lesquels trois collègues du SCD de l’Université Lyon 2. La pre- mière journée a été consacrée à la visite des deux principales bibliothè- ques de Genève, la BU d’Unimail et la bibliothèque de la Cité. La bibliothèque d’Unimail est située dans le bâtiment qui abrite l’université Sciences humai- nes, comprenant les lettres, le droit et les sciences économiques, dont elle occupe les deux premiers étages. C’est un beau bâtiment moderne où domine le verre, organisé autour d’une « rue centrale », trait d’union entre la cité et l’université, qui offre une perspective imposante et lumineuse. Unimail s’est

construite en deux étapes : ouverture en 1992 sur 5 800 m2 avec quatre par-

tenaires, extension de 3 000 m2 en

1999 avec huit partenaires.

La bibliothèque propose 1 200 places assises, des cabines individuelles que l’on peut réserver sur rendez-vous, des carrels où les usagers peuvent travailler avec leurs ordinateurs personnels, de nombreux postes informatiques et de consultation de bases de données. Elle a développé deux services de références pointus, nommés Doc’info en sciences humaines et Ref’lex en droit. Doc’info est un service de références en présen- tiel : l’usager est au centre du service et non la collection. Ce service propose l’orientation, l’aide à la recherche biblio- graphique, la recherche d’information, la formation des usagers, la production de guides, de fascicules et de revues. La bibliothèque d’Unimail est ouverte au public 82 heures par semaine !

La bibliothèque de la Cité est l’équi- pement central du réseau de lecture publique genevois, qui comprend sept bibliothèques et une médiathèque, deux discothèques et cinq bibliobus. Ouverte en 1991, elle est située au cœur de la vieille ville, grâce à une architecture astucieuse qui utilise parfaitement le relief du terrain. La qualité des matériaux et équipements utilisés pour l’aménage- ment intérieur, moquette, rayonnages, éclairage, contribue à donner aux diffé- rents services une ambiance feutrée pro- pice au plaisir de la lecture. La bibliothè- que de Genève a signé des conventions avec les villes de Thonon, Annemasse,

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