• Aucun résultat trouvé

d’histoire et d’un XX e siècle chaotique, surmonte ses multi ples fractures par la seule solution intelligente possible : celle

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 74-76)

du partage du Savoir.

L’AUTEURde cet essai est conserva- teur général honoraire des biblio- thèques. Ancien directeur régional des affaires culturelles, il a été aussi chargé de la direction du Musée National d’Afrique et d’Océanie (MAAO), puis directeur du Pôle Européen Universitaire et Scientifique, des Universités de Grenoble. Militant de l’éducation populaire, il a été Président de l’Association Peuple

et Culture.

E

D

. L

A PENSÉE SAUVAGE

: BP 141, F 38002 Grenoble Cedex

e-mail : lapenseesauvage@free.fr

« IL VAUT TOUJOURS MIEUX VENDRE UNE SPHÈRE POUR CE QU’ELLE EST » LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE, PARLONS-EN !

Deux groupes en présence, les membres du premier possédant des connaissances concernant un domaine de savoir, ceux du second ne les possédant pas. Comment « transfuser » ces connaissances de l’un à l’autre groupe ? Et dans quel but ? Informer, cultiver, éduquer, former en vue d’une utilisation éventuelle ? Ou bien pour le simple plaisir ?

Si l’on part du principe que rien ne viendra troubler le travail du vulgarisateur, parce qu’il maîtrise a priori le contenu des connaissances, c’est fichu. Il n’y aura plus alors qu’un pro- blème à résoudre: la transmission. Et voilà le vulgarisateur plongé dans de la communication, et son travail se retrouve réduit à des questions de moyens: comment « faire passer » le message ? Par quelles techniques ? Terrible formule ! Qu’est- ce, en général, qu’on fait passer ? La pilule. Pourquoi ? Parce que justement elle ne passe pas. On va forcer, ruser, ajouter des adjuvants pour masquer le goût trop prononcé. Alors que ce que nous avons à faire, c’est justement faire ressortir le goût. Non pas mettre le contenu à la portée, c’est-à-dire, par- lons franc, l’abaisser, l’édulcorer, le noyer, mais, et c’est une opération qui ne ressortit plus de la sphère des moyens, il faut se lancer dans un travail dramaturgique, épistémologique, historique. Pas mettre à la portée, mais trouver la bonne hauteur. Si l’auteur des textes n’arrive pas à trouver le sujet inté- ressant, il n’y a aucune chance qu’il puisse intéresser un quelconque lecteur ?

« Passer » et non « faire passer »

Je préfère me placer dans une autre logique. Il s’agit de mettre à profit la situation de passage pour penser autrement ce que l’on croyait totalement maîtriser. Et se demander en quoi sa compréhension a été modifiée et qu’est-ce qui m’ a été révélé par ce travail ?

Dans leurs occupations quotidiennes les scientifiques ne cessent d’inventer des mises en scènes, d’imaginer des situa- tions, de mettre au point des systèmes d’élimination, véritables tournois où s’affrontent les possibles ; ils ne cessent de passer les faits à la question, de tendre des pièges aux hypothèses, de traquer le contre-exemple. Il n’y a qu’à en rendre compte.

Entendons ce que Serge Daney nous dit : « Les passeurs ne s’occupent pas trop de ceux à qui ils passent quelque chose. Plus on va loin dans la connaissance de son public, plus on se met à son service. Mais alors, on ne passe plus rien, on devient une passoire. » (Serge Daney, Devant la recrudescence des vols de sacs à main, Éditions Aléas, 1992.)

Mon expérience m’a amené à cette double constatation. Plus on s’adresse à des publics populaires, plus on doit être profond, plus on doit atteindre l’essentiel, le fondamental, les principes. Et aussi, plus on descend loin dans les contenus techniques, plus le drame est intense, plus les enjeux sont importants, plus les passions deviennent visibles et plus les controverses sont vives. Et plus le public sera INTÉRESSÉ.

Il vaut toujours mieux vendre une sphère pour ce qu’elle est, en mettant en scène ses propriétés de symétrie tous azimuts, ses qualités de courbure, la simplicité et la beauté de sa définition, le fait que de tous les solides ayant même surface, elle est celui qui englobe l’espace le plus grand, etc., plutôt que la maquiller en un ballon de football dans l’espoir, vain, d’intéresser par cet artifice, les jeunes des banlieues à la géométrie.

Denis GUEDJ

Texte écrit pour la journée « Les sciences passionnément » à la BDP de l’Ardèche en 2003. Avec l’aimable autorisation de l’auteur. Nos remerciements à Nelly Vingtdeux, directrice de la BDP de l’Ardèche, et à Céline Carrier.

Denis Guedj.

D. R.

Denis Guedj est mathématicien et professeur d’histoire et d’épistémologie des sciences à l’Université Paris VIII. Il est également comédien, metteur en scène et auteur de plusieurs romans tournant autour des mathématiques ( Le

Le documentaire scientifique et technique pour enfants a

une longue tradition. Dès le XVIIe s., Jan Komensky, philo-

sophe et pédagogue d’origine tchèque plus connu sous le nom latin de Comenius, s’adresse aux plus jeunes dans son ouvrage l’Orbis Sensualium Pictus. Textes et images y sont associés pour transmettre une connaissance et éveiller au monde. Dans les années 1980, on assiste à un développe- ment important de l’édition des livres documentaires pour la jeunesse. Les causes en sont multiples : renouveau des sujets traités et de la forme à la faveur des progrès techni- ques, essor des traductions et volonté politique d’intégrer les sciences et techniques à la culture de chacun. La construc- tion de la Cité des sciences et de l’industrie (CSI) dotée d’une médiathèque pour les enfants traduit un acte fort. Depuis le début des années 2000, l’édition cherche de nouvelles pistes pour retrouver la croissance. En 2006, la production des ouvrages en sciences et techniques comptait 487 titres, soit à peu près le quart des documentaires jeunesse. Avec une certitude : la régression cons-

tante du tirage moyen des ouvra- ges. La production est mouvante, les rééditions et les réimpressions nombreuses. La Joie par les livres est très attentive à ce phénomène dans son travail de critique des nouveautés.

D’emblée une double exi- gence s’impose à tout auteur, qu’il soit journaliste spécialiste ou non du domaine, enseignant, scientifique, photographe... : être à la fois exact et accessible. La justesse et l’actualité du propos sont essentielles dans l’informa- tion à transmettre, tant par les textes que par les illustrations.

Le langage, le vocabulaire choisis sont garants d’une bonne vulgari- sation et doivent s’adapter au lec- teur et à la classe d’âge visés. Les enfants peuvent comprendre des notions complexes à condition de s’adresser à eux clairement, sans utiliser maladroitement un vocabulaire infantilisé et réduc- teur. Pour transmettre un savoir, il ne faut pas forcément tout dire, mais privilégier l’éveil de la curio- sité, développer le sens critique, amener à la compréhension par le biais de l’expérimentation et

– pourquoi pas – susciter le rêve. Aujourd’hui, l’édition prend en compte ces exigences de façon très inégale. Quelles grandes tendances pouvons-nous observer dans

les stratégies éditoriales ?

U

NEPRODUCTION HÉTÉROGÈNE

Phénomène commun à d’autres genres de la littérature jeu- nesse : la multiplication du nombre des collections, soit environ une bonne quinzaine de nouveaux titres depuis un an. Obéissant à une logique commerciale de rentabilité, la majorité des nouveautés sont intégrées à des collections con- tinuellement renouvelées. Peu d’ouvrages y échappent. On regrette certaines collections

Centre national du livre pour enfants Responsable de la rubrique

des documentaires sciences et techniques de La Revue des livres pour enfants

La science à croquer

Si l’édition est portée

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 74-76)

Outline

Documents relatifs