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Où et sur quels supports les mathématiques se

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 59-61)

livrent-elles au public,

spécialisé ou non ?

Si Internet a modifié

la donne, ce domaine

reste – malgré bien des

difficultés – davantage

attaché à l’édition

traditionnelle que l’on

aurait pu le penser.

M

ARTIN

A

NDLER

Laboratoire de mathématiques de Versailles Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines

Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

1. Les bibliothèques de recherche en mathématiques sont regroupées dans un réseau qui possède son site : www.rnbm.org

2. Outre les livres et articles, on pourrait mentionner les lettres, qui jouent un rôle important dans la recherche. Ainsi la Société mathématique de France en a récemment édité un recueil : Correspondance Grothendieck-Serre, SMF, Paris 2001.

3. À l’autre extrême disciplinaire, la biologie, les revues y ont une durée de vie bien plus limitée, et les grands ouvrages de référence doivent être constamment mis à jour.

4. Les mathématiciens ne publient pratiquement jamais dans les grandes revues scientifiques de référence, comme Science ou Nature, mais dans des revues spécialisées en mathématiques. Il en existe plusieurs centaines, « généralistes » (c’est-à-dire qu’elle couvrent l’ensemble des mathématiques) ou spécialisées, plus ou moins prestigieuses. Parmi les plus connues : Annals of Mathematics,

Inventiones Mathematica, Acta Mathematica, Publications scientifiques de l’Ins- titut des hautes études scientifiques.

5. Certains preprints demeurent impubliés pendant des années, soit parce que leurs auteurs estiment que la forme en est imparfaite, soit par négligence.

Les livres sont de plusieurs types, allant des ouvrages spécialisés : monographies ou livres de référence, manuels de premier cycle, ainsi que les innombrables recueils d’exercices corrigés, précis de cours et autres produits dont le rôle est plus de nature anxiolytique que pédagogique ou érudit. Laissant ces derniers de côté, il faut noter que la différence entre manuels accessibles à des bacheliers et traités spécialisés est considé-

rable, de même qu’un très bon étudiant de 1re ou

2e année ne compren-

drait rien à une confé- rence de recherche, ni à un cours de 2e année

de master.

L’édition mathéma- tique française est en mauvais état. Alors que nous avions, jusque dans les années 1960, des éditeurs actifs comme Hermann, Gauthier-Villars, Masson, les Presses universitai- res de France, la plupart d’entre eux se sont retirés de ce secteur ou ont dis- paru 6. Les causes en sont multiples : le déclin du français par rapport à l’anglais

comme langue de communication scientifique en est une ; mais il n’en faut pas exagérer l’importance, car les mathé- matiques sont aujourd’hui le seul domaine où des articles importants sont publiés en français. On devrait plutôt incri- miner la crise permanente de légitimité des universités, ainsi que la revendication étudiante post-1968 de polyco- piés gratuits qui a littéralement asséché le marché sans que cela ait permis la mise au point de textes novateurs.

Nous n’avons pas parlé jusqu’ici des livres de vulgari- sation, qui représentent un aspect très actif de l’édition française contemporaine. Si la publication de tels ouvra- ges est généralement bien considérée dans la commu- nauté scientifique 7, il faut bien comprendre qu’il n’y a

rien de commun entre un article ou un livre de vulgarisa- tion et un article ou un livre de mathématiques. Autant la frontière est floue, voire inexistante, dans les sciences humaines ou sociales 8, autant elle est tout à fait pré- cise en science. Elle ne recouvre pas non plus la diffé- rence entre un livre avancé et un ouvrage élémentaire : un livre de vulgarisation peut parler de mathématiques très avancées, en utilisant analogies ou métaphores, en montrant des applications,

en racontant le contexte humain; mais « ça n’est pas des maths » ; ou, dit autrement, il est possible d’avoir une

idée de ce qui se fait dans la recher- che actuelle, mais être incapable de résoudre le moindre exercice de mathé- matiques du niveau du baccalauréat 9. Si la BnF a mainte- nant un fonds mathématique (et plus généralement scientifi- que) tout à fait respectable, c’est loin d’être le cas pour les bibliothèques municipales ou les CDI, ce qui est dommage. Si l’on souhaite favoriser la com- préhension citoyenne des enjeux scientifiques, si l’on veut éveiller la curiosité scientifique ainsi que les vocations, il faut que les bibliothèques ouvrent aussi sur ce monde- là 10. Les ouvrages de vulgarisation sont évidemment les premiers concernés, mais il pourrait aussi y avoir de vrais livres de mathématiques bien choisis, susceptibles d’allu- mer quelques braises.

8. Les livres de Bourdieu, de Furet, pour ne prendre que deux exemples s’adres- sent à la fois à un public savant et à un large public.

9. À l’inverse, dans l’état actuel, les jeunes étudiants, y compris les meilleurs, n’ont aucun accès à la recherche actuelle en mathématiques, ce qui est dommage. Il devrait y avoir des conférences de vulgarisation organisées dans leur cursus.

10. L’association Animath (www.animath.fr) a édité deux bibliographies mathé- matiques, une pour les collèges, l’autre pour les lycées dont l’objet est précisé- ment de fournir aux bibliothécaires des suggestions d’achat.

MARTIN ANDLER La bibliothèque du mathématicien 57

Gavarni, planche pour les Contes fantastiques d'Hoffmann, Lavigne, 1843.

6. Le flambeau est en partie aujourd’hui repris par les sociétés savantes, la Société mathématique de France et la Société de mathématiques appliquées et industrielles, et quelques petits éditeurs comme Cassini. Il faut noter que le principal éditeur mathématique mondial, l’allemand Springer, publie des livres en anglais, en allemand mais aussi en français.

7. Il convient de nuancer cette affirmation : une telle activité est bien vue, certes, mais quasiment pas prise en compte de manière positive pour la carrière des individus.

• Que peut-on dire de la collabora- tion mise en place entre l’Espace des sciences et la bibliothèque après un an de fonctionnement ?

Marie-Luce Poupard : On peut dresser un premier bilan et s’in- terroger sur le côté d’ores et déjà très positif d’un tel regroupement. Mais il faut d’abord revenir en arrière : la coexistence de la Bibliothèque de Rennes avec l’Espace des sciences n’est pas nouvelle et n’est pas née avec les Champs libres. On peut donc s’appuyer sur une expérience de longue durée. Cette antériorité n’est pas négligeable dans le succès actuel de cette collaboration.

• À quand remonte votre collaboration ?

M-L. P. : En fait, à 1986. À la suite de la publication en 1983 d’un rapport officiel du ministère de la Culture, rédigé par Bernard Besret, il est apparu important de mettre en valeur la diffusion de la culture scientifique et technique à Rennes et dans la région. C’est à la suite de ce rapport qu’est né le CCSTI de Rennes, intitulé depuis « Espace des sciences » et qu’en parallèle les élus de Rennes ont décidé d’installer, dans un même lieu, une bibliothèque municipale de quartier et l’espace d’exposition du CCSTI (les locaux administratifs et de direction de chaque entité restant excentrés).

Michel Cabaret : Nous collaborons effectivement avec la Bibliothèque depuis tout juste vingt ans. Deux décennies qui nous ont permis de nous connaître, d’apprécier nos activités culturelles respectives et de dégager en commun des axes de collaboration.

• Comment s’est-elle mise en place ?

M-L. P. : Les deux entités, l’une associative – l’Espace des sciences – et l’autre municipale – la Bibliothèque –, ont été installées dans la galerie commerciale de Colombia, en plein cœur du centre de Rennes et à deux pas de l’actuel Champs libres. La volontaire proximité de ces deux entités, différen- tes dans leur fonctionnement, leur mission et leur statut, a conduit à mettre en place des collaborations autour du thème de la diffusion de la culture scientifique et technique, selon la spécificité de chacun.

La science à travers

Champs

Bibliothèque et Espace des sciences de Rennes

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