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bibliothécaires comme du public « Observer et

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 54-57)

inventer » : l’intitulé des

journées thématiques

instaurées par la BDP

de l’Ardèche sonne

aussi comme un mot

d’ordre et une méthode

pour faire renouer les

professionnels avec

tout un champ du

savoir.

sciences, et il suffit d’étudier les fonds scientifiques de nos bibliothèques pour constater que ce n’est généralement pas un fonds essentiel dans la bibliothèque. Or, les scien- ces s’inscrivent au cœur de notre quotidien. Elles témoi- gnent des évolutions incessantes de la vie et des techno- logies. Elles constituent une fabuleuse aventure humaine faite de passions et de découvertes. Nous parlons souvent de culture littéraire, mais il existe une culture scientifique tout aussi importante : « … il n’y a pas d’avenir pour un savoir humain quel qu’il soit, en dehors de la culture, et il ne saurait être de culture, dans le monde aujourd’hui, qui tienne la science à distance… La science n’est pas un savoir désincarné, c’est le produit d’une grande aventure humaine 1. »

L

ESJOURNÉESTHÉMATIQUES

Après les premières jour- nées de formation générale et théorique, l’accent est surtout mis sur la pratique. Il s’agit de donner aux par- ticipants des outils pour se repérer dans la production éditoriale scientifique : édi- teurs spécialisés et généra- listes, collections et auteurs de référence, thématiques- cibles et thématiques-fron- tières, analyse critique de documents, etc.

Après un bref panorama de la production éditoriale scientifique depuis 2004, la journée alterne entre la pré- sentation de documents regroupés autour des « Cœurs de cible » – un thème – animée par les formateurs, et l’or- ganisation d’ateliers pendant lesquels les stagiaires eux- mêmes sont invités à analyser des ouvrages relevant eux aussi d’une thématique.

Les Cœurs de cible nous permettent de mettre en valeur des éditeurs, spécialisés ou généralistes, des collections et des auteurs qui font référence dans un domaine. Le premier Cœur de cible s’intéresse aux mathématiques. Une vingtaine de documents sont analysés. La présen- tation débute par les éditions Le Pommier 2, ce qui nous

permet d’aborder des collections supposant des niveaux de lecture différents, des intensités d’approche variées (de la lecture facile à la lecture passionnée et spécialisée). Un des objectifs principaux de la journée est de faire com- prendre aux participants qu’il existe des documentaires pour tous et pour chacun, certains énoncent l’essentiel, d’autres approfondissent. Nous inspirant de la répartition de Bertrand Calenge évoqués dans l’ouvrage Conduire

une politique documentaire 3, nous avons déterminé 5

niveaux de lecture :

• niveau 1 : lecture facile (sensibilisation, information élé- mentaire) ;

• niveau 2 : lecture moyenne (initiation, vulgarisation) ;

• niveau 3 : lecture plus difficile (lecture d’approfondis- sement) ;

• niveau 4 : lecture difficile (niveau universitaire) :

• niveau 5 : lecture très difficile (lecture réservée aux experts et spécialistes).

Ainsi, le niveau 1 est-il représenté par la collection « Les petites pommes du savoir » (Le Pommier) qui, selon l’édi- teur, entend « familiariser et réconcilier le lecteur avec la science », et présente l’intérêt de faire le tour d’un sujet en trente minutes tout en suscitant la réflexion sur des sujets actuels à l’instar de quelques collections de poche – « Découvertes » (Gallimard), « Dominos » (Flammarion), « Que sais-je ? » (Puf ) – qui demandent toutefois plus de temps ! Quant à la collection « Quatre à quatre » (Le Pommier), elle présente des ouvrages de niveau 2 à 4 comme « Science ouverte » (Le Seuil), « Regards sur la science » (Belin) ou « Le Temps des sciences » (Fayard) qui les a précédés… L’objectif de ces collections est de trai- ter un sujet sur deux ou trois niveaux de lecture. Chaque niveau compte 4 documents, amenant ainsi le lecteur à acquérir des connaissances de manière progressive.

Après ce premier Cœur de cible, la matinée s’achève par un atelier sur le thème de l’agriculture biologique. Les stagiaires choisissent un ou deux documents d’une sélection, qu’ils analysent à l’aide d’une grille constituée par nos soins. Cette grille d’analyse s’intéresse à trois aspects d’un ouvrage : la présentation de l’information – lisibilité de la typographie, présence ou non d’aides à la lecture telles que la table des matières, l’index, le lexique, proportion du texte et de l’image, fonction et pertinence des illustrations –, le contenu – vocabulaire employé, lan- gue et style, niveau de lecture, exactitude des informa- 1. Claude Allègre, Un peu de science pour tout le monde, Fayard, 2003.

2. Cf. Florence Schreiber, « Le verger aux pommes », dans ce numéro, pp. 108- 109

3. Bertrand Calenge, Conduire une politique documentaire, Éd. du Cercle de la librairie, 1999.

tions –, et enfin la place du document dans le fonds de la bibliothèque – cet ouvrage a-t-il sa place dans ma biblio- thèque ? Si oui ou si non, pourquoi ? Quelques stagiaires sont invités à présenter leur analyse, ce qui nous permet de mettre en valeur d’autres éditeurs et d’autres collec- tions qui n’ont pas encore été abordés lors des Cœurs de cible.

L’après-midi se déroule de la même façon avec un atelier sur la faune et la flore, suivi d’un Cœur de cible sur le cli-

mat. Ensuite, les stagiaires

peuvent consulter « la biblio- thèque des sciences » que nous avons constituée afin de présenter des documents sur des thématiques non couvertes par les Cœurs de cible et les ateliers. Cette bibliothèque est aussi pour nous l’occasion d’insis- ter sur la complémentarité des supports. En sciences, comme dans n’importe quel domaine documentaire, les imprimés s’inscrivent dans une collection constituée de divers supports : les revues (en sciences, elles sont très importantes pour le suivi de l’actualité), les CDroms et DVDroms dont l’interactivité

est particulièrement intéressante, et l’internet (des sites de référence sont indiqués aux participants sur les scien- ces en général ainsi que sur les thèmes traités).

P

OINTSDEPASSAGE

Un autre point important est abordé lors des différentes phases : la pluridisciplinarité, les liens qu’il peut y avoir par- fois entre l’imaginaire scientifique et l’imaginaire littéraire ou artistique en évoquant, par exemple, les livres d’André- Georges Haudricourt, Jean-Pierre Luminet, Yves Paccalet et Hubert Reeves, scientifiques, ou ceux, littéraires ou artis- tiques, de Denis Guedj, Pierre Pelot, Jacques Roubaud, les « Romans et plus » (Le Pommier), les romans de « La Dérivée » (Le Seuil), le Des nuages (dans l’art) de Bernard Chambaz, des livres qui vont passionnément vers les sciences.

Nous avons envie de faire découvrir qu’un documen- taire n’est jamais isolé en bibliothèque publique. Il est là, et il vit avec les autres documentaires, et avec d’autres domaines ou genres, littéraires, artistiques, sociétaux…

La journée s’achève avec le sentiment que l’objectif a été rempli : les stagiaires sont contents, ils disent avoir acquis des connaissances, et manifestent même l’envie de mettre en valeur le fonds scientifique de leur biblio- thèque ! Au fond, formateurs, stagiaires professionnels et bénévoles découvrent que les sciences et les bibliothèques ont plus d’un point commun. Elles sont des seuils pour approfondir et savourer le connu comme l’inconnu.

Parler de sciences dans des formations pour les pro- fessionnels et les bénévoles de notre réseau, c’est l’op- portunité d’effectuer un véri- table travail de médiation. C’est franchir des seuils et faire passer. Nous voudrions ainsi terminer sur des mots de Stephen Jay Gould, paléonto- logue : « Nous devons nous engager à rendre la science accessible… Les règles sont simples : pas de compromis sur la richesse des concepts ; pas d’impasse sur les ambiguïtés ou les zones d’ignorance ; pas du tout de jar- gon bien sû ; pas d’affadissement des idées (tous les concepts complexes peuvent s’exprimer en langage ordi- naire) ». Les enjeux sont on ne peut plus clairs !

Les sciences en bibliothèques, passionnément !

« Refuser à un seul humain l’accès à un regard aussi

clair que possible, c’est faire courir un danger à

toute l’humanité. »

Albert JACQUARD

La science à l’usage des non-scientifiques

STÉPHANIE COMBETET JEAN-GABRIEL COSCULLUELA L'amour des sciences 53

Les « semaines tests », ou sondages de la consultation des

collections imprimées de monographies, consistent à lire les codes barres des ouvrages déplacés sur une période de six jours consécutifs 1. Je ne souhaite pas faire ici une analyse détaillée des résultats de ces « semaines tests », organisées en 2003 et 2005, mais montrer à travers quelques exemples significatifs dans quelle mesure on peut tenir compte de ces résultats dans l’exercice quotidien de gestion d’un fonds, acquisitions et désherbage. En quoi ces statistiques de consul- tation peuvent aider l’acquéreur dans ses choix. L’acquéreur doute ou, du moins, devrait douter pour plusieurs raisons…

L’

OMBRED

UNDOUTE

Les missions de la Bpi et la politique documentaire qui en découle (encyclopédisme, tout public, adultes en formation, actualité...) nous laissent une marge de manœuvre importante. Le budget était jusqu’à maintenant confortable (sa diminution entraînera sans doute une sélection accrue). En l’absence de prêt, comment connaître les souhaits des lecteurs ?

Les questions au bureau d’information constituent une indication mais n’émanent que de 30 % des lecteurs. Ceux qui osent demander ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble des usagers 2. Les questions sur le cahier des lec- teurs sont souvent des demandes de rachat. Les suggestions

peuvent être le fait d’individualistes confondant bibliothèque et librairie gratuite. L’usure des ouvrages témoigne de l’inté- rêt des lecteurs mais n’en est qu’un indice tardif.

Ces raisons de douter sont encore plus grandes en sciences et techniques, les bibliothécaires n’ayant pas ou très peu de formation scientifique – les concours de bibliothèques sont faits par des historiens ou des littéraires pour des historiens ou des littéraires –, ils ont encore moins de connaissances en techni- ques. Ils s’appuient donc pour sélectionner des ouvrages sur la notoriété des auteurs (scientifiques renommés, professeurs, journalistes) ou le sérieux des éditeurs, lequel n’est pas forcé- ment éternel, ceux-ci tendant à publier d’abord ce qui se vend. Ils consultent les catalogues d’autres bibliothèques – mais la Bpi est unique par sa taille et son public – et s’appuient sur les bibliographies des manuels ou des revues scientifiques.

Ces critères ne sont pas suffisants pour ôter tout doute de l’esprit de l’acquéreur, c’est pourquoi nous étions particuliè- rement favorables à ces sondages de consultation appelés « semaines-tests ».

Q

UELSENSEIGNEMENTSPOURQUELSUSAGES

?

D’une façon générale, nous avons appris que le fonds de sciences et techniques était très consulté (il arrive en 2005 en 2e position derrière le secteur Art et loisir), ce qui n’était pas

évident a priori pour une bibliothèque située dans un centre d’art contemporain 3. Cette consultation était en augmenta-

La semaine test

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