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L’information bibliographique professionnelle

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 48-50)

gnement. L’imbrication collections/services est un passage obligé dans un monde où l’apprentissage ouvert, destiné aux étudiants comme aux adultes en formation professionnelle permanente, est devenu un ressort de l’activité économique. Les universités ne sont encore qu’à l’orée de ce gigantesque marché. La frontière entre le pédagogique et le documentaire est devenue totalement poreuse et tend à s’évanouir. On n’aborde plus les situations pédagogiques en termes de produits spécialisés et séquencés où l’on distingue contenu pédagogique, contenu documentaire, scénarisation, procédure d’auto-évaluation, cor- rection et conseil en ligne : on associe des compétences, des productions et des documents qui s’interfacent et se combinent et dont la mise en œuvre s’adapte à la progression de l’usager de façon individualisée. Dans cette évolution, la compétence bibliothécaire est imbriquée avec les autres compétences et le vieux rêve du bibliothécaire de se trouver au cœur de l’acte pédagogique est enfin comblé. Pour cela, il doit quitter ses ter- ritoires traditionnels et changer de terrain. Ce ne sont pas ses compétences qui doivent fondamentalement être révisées : ce sont les conditions et le terrain d’exercice de celles-ci qui changent. Le bibliothécaire ne travaille plus seul, il est devenu le membre d’une équipe, au sein de la pédagogie comme de la recherche.

Les lieux de bibliothèque, quant à eux, sont toujours pro- mis à un bel avenir pour peu qu’ils se plient indéfiniment aux pratiques nouvelles des usagers pendant que le bibliothé- caire, devenu vagabond, s’associe à des projets qui s’exercent hors de la bibliothèque. Dans cette évolution, la bibliothèque, de monde clos, est devenu un objet plastique, malléable. Dans la bibliothécarisation du monde, les compétences de recherche et de mise en ligne des informations sont devenues des compétences exportables. Quand l’université s’en aper- cevra, la sphère pédagogique achèvera sa mutation.

B

IBLIOTHÉCAIRESCIENTIFIQUE

Au terme de ce bref tour d’horizon des préoccupations des bibliothèques scientifiques, on pourrait considérer que les enjeux décrits sont partagés par toute la communauté biblio- thécaire ; c’est incontestable dans les grandes lignes mais nous avons voulu souligner le contexte particulier des scien- ces dures caractérisé par l’impact majeur du numérique, la forte intégration de celui-ci dans les usages des chercheurs (plus manifeste que dans toute autre discipline) et le poids des volumes financiers en jeu, nettement plus élevé que dans les autres secteurs. À ce titre, les bibliothécaires scientifiques

sont en première ligne des changements radicaux en cours et doivent se considérer comme des explorateurs de services nouveaux, comme des innovateurs. Ils doivent s'engager dans la participation aux équipes pédagogiques et l’insertion dans les équipes de recherche. À l’heure du développement des recherches interdisciplinaires, la documentation procure une opportunité majeure comme carrefour des analyses et des recherches et le bibliothécaire documentaliste possède bien des atouts pour s’intégrer dans ce nouveau schéma. En cette période de recomposition annoncée du paysage institutionnel, de renouvellement du modèle de la communication scientifi- que et de menace économique, les bibliothécaires universitai- res ont montré leur capacité d’adaptation et d’innovation. La légitimité n’est pas qu’une affaire d’étiquette, c’est d’abord une question de résultats. Gageons que nos décideurs sauront s’en aviser pour soutenir l’effort entrepris sur le terrain.

Bibliographie :

Michel Blay, Robert Halleux, La Science classique, Flammarion, 1998.

Derek de Solla Price, Little science, Big science, Columbia University Press, 1963.

Michael Nentwich, Cyberscience : research in the age of the Internet, Austrian academy of science press, 2003.

Josette F. de La Vega, La communication scientifique à

l’épreuve de l’Internet, Presses de l’Enssib, 2000.

Les chercheurs et la documentation numérique, ss la

dir. de Ghislaine Chartron, Éd; du Cercle de la librairie, 2002.

• Bruno Van Dooren, « En finir avec la crise des bibliothè- ques universitaire », Esprit, août 1993.

• Bruno Van Dooren, « Pour une analyse prospective des bibliothèques de recherche », BBF 2006, t. 51, n° 2.

• François Cavalier, « Les acquisitions dans le contexte électronique », BBF 2006, t. 51, n° 1.

Jeremy Rifkins, L’Âge de l’accès, La Découverte, 2000.

• Bruno Latour, « From the World of Science to the World of Research ? », Science, 10 avril 1998, Vol. 280, n° 5361, pp. 208-209.

Helga Nowotny, Michael Gibbons, Peter Scott, Repenser la science : savoirs et société à l’ère des incertitudes,

Belin, 2003.

• Herbert van de Sompel, « Rethinking scholarly commu- nication », D-Lib Magazine. Vol. 10. Sept. 2004.

Le vieux rêve du bibliothécaire de se trouver au cœur de l’acte pédagogique est enfin comblé. Pour cela, il doit quitter ses territoires traditionnels et changer de terrain.

Si l’on considère l’histoire du métier de bibliothécaire, du

moins en France et depuis le début du XXe s., les multiples

réflexions sur la formation initiale ont principalement porté sur les aspects bibliothéconomiques, le niveau de l’ensei- gnement et l’organisation administrative des filières. Il faut attendre 1988 et la publication de la remarquable enquête sociologique de Bernadette Seibel 1 pour qu’apparaissent les interrogations sur la formation initiale secondaire ou supé- rieure des bibliothécaires. Deux autres études importantes suivirent, à des moments clefs de l’histoire de la profession. En quoi ces travaux apportent-ils une connaissance de la situation, et celle-ci doit-elle être considérée comme une source de difficultés dans l’exécution de nos missions ?

U

NEINTERROGATIONRÉCURRENTE

S’attachant à décrire « l’anatomie d’une profession », B. Seibel lança son enquête en 1984 sur commande des autorités de tutelle et de contrôle des bibliothèques, en s’appuyant sur une méthode solide et éprouvée. Le ques- tionnaire, destiné à un échantillon de plus de 1 000 agents de grade A et B exerçant dans les services de l’État ou des collectivités territoriales, relève des canons de la sociologie. Son dépouillement confirma ce que tout professionnel cons-

tatait alors. Si 13 % des bibliothé- caires se déclarent titulaires d’un baccalauréat de série C ou D (les sections dites scientifiques des années concernées pour les biblio- thécaires alors en exercice), la pro-

portion de diplômés de l’enseignement supérieur tombe à 3 % pour ces mêmes domaines. Se plaçant dans un contexte globalement inchangé, l’enquête de 1991 réalisée à l’initia- tive de la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) 2 aboutit à des résultats similaires dans le cadre allégé d’un échantillon de 128 personnes. Le principal mérite de ce travail réside dans la spécificité et la nouveauté de son sujet, et dans les préconisations, suffisamment pertinentes pour avoir fait l’objet de réalisations qui seront évoquées plus bas. À moins de sept années de distance, ces études se situaient dans le même cadre statutaire, que vint profondément modifier la promulgation des textes de 1991 et 1992. Il est important de rappeler que ceux-ci ont créé la situation en vigueur – qui comprend une importante refonte catégorielle par rapport à 1984-1992 – et ont surtout conduit à une réforme du recru- tement et des fonctionnaires en bibliothèque.

Musée national de la Marine

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