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Le cycle économique de l'édition scientifique

Dans le document 34-35 : Sciences et techniques (Page 46-48)

17. Réseau thématique de recherche avancée, Réseau thématique de recherche et de soins.

en porte-à-faux pour rechercher les cofinancements néces- saires auprès des unités de recherche au sein des universités pour les acquisitions électroniques, et elle les handicape de surcroît dans leur plaidoyer en faveur de la promotion de l’« open access », le libre accès aux résultats de la recherche auprès des communautés de chercheurs.

En effet, le modèle de la communication scientifique ouverte connue sous le label « open access » se développe suivant deux modalités : la mise en place de répertoires d’archives ouvertes et la création de revues en accès libre financées sur le « author pays model », c’est-à-dire par le paiement effectué en amont par l’auteur (son laboratoire ou son institution) des coûts de la publication.

Cette dernière modalité est soit sévèrement critiquée par les éditeurs qui y voient la fin de leur activité, soit adaptée et adoptée par certains d’entre eux pour devenir une nou- velle forme de leur activité économique (Springer, Biomed Central…). Dans ce type d’activité, le rôle joué par la biblio- thèque n’est pas évident : la réorientation des crédits d’acqui- sition de revues vers le paiement des coûts de publication ne génère pas naturellement une nouvelle sphère d’activité pour les bibliothèques ; celle-ci va plutôt se limiter à la gestion des accès fédérés et à la conservation pérenne. Par contre, dans le schéma de la constitution de répertoires d’archives ouvertes, le bibliothécaire est, spontanément, plus dans son registre. Collecter la production des membres de son institution, la met- tre en ligne, l’indexer et la conserver mobilisent ses compéten- ces traditionnelles et les font évoluer. L’accord national signé entre la CPU 18 et le CNRS consacre la contribution française au mouvement mondial des archives ouvertes en instituant une plateforme nationale de dépôt de la production des chercheurs français à partir de l’outil HAL (HyperArticle en Ligne) du Centre de communication scientifique directe du CNRS.

Pourtant, force est de constater que ce mouve- ment en faveur des archives ouvertes connaît des débuts difficiles en France et la communauté des chercheurs peine à s’approprier cet outil ; plutôt conservateurs en la matière, les chercheurs veulent essentiellement être rassurés sur la visibilité de leur production et son étalonnage au travers des revues de fort impact. Le dépôt de leur production dans un vaste répertoire n’implique pas, en première instance, de gain en termes de reconnaissance. Les chercheurs ont un compor- tement contradictoire à cet égard : ils désirent l’accès le plus libre à la production scientifique qu’ils ne veulent pas payer (cf. le schéma supra et leur faible vision économique du sujet) et,

dans le même temps, sont très attachés à l’évaluation par les pairs telle qu’elle est sanctionnée dans le système marchand des revues dont ils sont totalement dépendants. Cette contra- diction constitue le verrou des évolutions en cours mais il n’est pas inattaquable. Un des arguments forts en faveur du dépôt d’articles dans les répertoires d’archives ouvertes est précisé- ment la plus grande visibilité acquise par ceux-ci ; le Web of

Science a d’ailleurs commencé à mesurer l’impact de la produc-

tion en libre accès 19 dans ses bases de données (aujourd’hui environ 300 revues indexées). En contribuant à la mise en œuvre et à l’administration de répertoires d’archives ouver- tes, le bibliothécaire contribue, à sa place, à cette évolution qui viendra remodeler, à terme, le marché de la publication scienti- fique et contribuera à son rééquilibrage. Ne nous leurrons pas cependant : les bibliothécaires ne détiennent pas les clés de la solution aux problèmes du renchérissement exponentiel de la documentation scientifique pas plus qu’à ceux de l’évolution du modèle et de l’économie de la communication scientifique. Elles sont aux mains des chercheurs et dépendent totalement des communautés qu’ils forment. Les bibliothécaires contribue- ront au débat et à la réflexion, apporteront outils et savoir-faire mais ne décideront pas d’une évolution qui est du ressort des seuls chercheurs. La réflexion a atteint les sphères européen- nes et un séminaire s'est tenu à la Commission européenne de Bruxelles en février 2007, démontrant à la fois l’urgence de la question et la puissance du lobby éditorial 20.

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ORMERÀLARECHERCHED

INFORMATIONS ETÀL

APPRENTISSAGESCIENTIFIQUE

Enfin, la formation des usagers est un autre enjeu fort et les bibliothèques scientifiques qui, comme leurs homologues des autres disciplines d’ailleurs, ont créé une offre de formation riche et variée, notamment au travers des unités d’enseigne- ment transversales pour les primo-entrants avec l’aide de didacticiels 21. Surtout, ces bibliothèques collaborent de plus en plus étroitement avec les services des TICE, que ce soit pour l’indexation des ressources pédagogiques ou pour la mise en ligne de produits pédagogiques (annales d’examens, mémoires d’étudiants…). L’évolution d’une partie des activités de biblio- thèque doit se faire sur le modèle anglo-saxon des « learning

centers » combinant une riche palette de documentation de

services en ligne, d’outils informatiques et audio-visuels et des locaux adaptés aux usages pluriels dont ceux de l’ensei- 19. http://scientific.thomson.com/media/presentrep/essayspdf/openaccess-

citations2.pdf.

20. http://ec.europa.eu/research/science-society/page_en.cfm?id=3460. 21. http://spiral.univ-lyon1.fr/3-gestionmodule/module.asp.

18. Conférence des présidents d’université.

Les bibliothécaires ne détiennent pas les clés de la solution aux problèmes du renchérissement exponentiel de la documentation scientifique.

MISTER B RO W N -P HO T O : JOHANNES V ON SA URMA

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