• Aucun résultat trouvé

Structures à clitique réfléchi à l’Accusatif

CONSTRUCTIONS ROUMAINES À VALEUR POSSESSIVE : ASPECTS SYNTACTICO-SÉMANTIQUES

2.3. Structures à pronom réfléchi au Datif ou à l’Accusatif

2.3.2. Structures à clitique réfléchi à l’Accusatif

En roumain on enregistre toute une série de structures à valeur possessive où l’actant Patient d’un verbe réfléchi (R : a se tăia / «se couper», a se lovi / Fr. «se heurter», «se cogner», a se umfla / « se gonfler», a apăsa / «peser», a freca / «frotter», a scărpina /

«gratter», etc.), est placé en position de sujet et l’objet possédé se réalise comme un Locatif (complément circonstanciel), la relation de possession étant implicite. L’objet possédé des structures françaises correspondantes se réalise comme:

- circonstant :

53. Paul s-a tăiat la deget.

Paul s’est coupé au doigt. (litt. Paul se Accréfl a coupé à doigt) 54. Paul se scarpină pe braţ.

Paul se gratte sur le bras . (litt. Paul se Accréfl gratte sur bras) - objet direct :

55. Paul s-a lovit la frunte / la cot.

Paul s’est cogné le front / le coude. (litt. Paul se Accréfl a cogné à front / coude).

56. Paul se freacă pe spate cu un burete.

Paul se frotte le dos avec une éponge. (litt. Paul se Accréfl frotte sur dos avec une éponge).

- sujet :

57. Paul s-a umflat la ochi.

L’œil de Paul a gonflé. / ?*Paul a gonflé / Paul s’est tuméfié à l’œil. (litt. Paul se Accréfl a gonflé à œil)

Dans les deux langues, ces structures peuvent facilement passer de la voix réfléchie à la voix active, sans pourtant enregistrer de changements dans la façon d’exprimer la possession.

58. Paul mă scarpină pe braţ.

Paul me gratte sur le bras. (litt. Paul me Accpers gratte sur bras) 59. Paul mă freacă pe spate cu un burete.

Paul me frotte le dos avec une éponge. (litt. Paul me Accpers frotte sur dos avec une éponge)

3. CONCLUSIONS

L’aperçu contrastif indique clairement qu’en français l’emploi de l’adjectif possessif est plus fréquent qu’en roumain. Alors qu’en roumain les structures à «Datif possessif»

pronominal ou réfléchi sont utilisées presque sans restriction pour tout type de possession, en français le «Datif possessif» est réservé surtout à la possession inaliénable (type se casser le bras, se boucher les oreilles, se croiser les bras), même si, dans beaucoup de cas, ces structures ne sont qu’une variante préférentielle, la structure à adjectif possessif pouvant être également rencontrée (Paul a cassé son bras au ski).

En roumain l’adjectif possessif peut, dans certaines situations, être co-occurrent avec un clitique au Datif, surtout si l’on veut renforcer l’idée de possession (emphase); les structures à clitique à l’Accusatif sont plus réfractaires à l’ajout d’un adjectif possessif.

Le roumain ne focalise pas, comme le français, l’Affecté ou le Locatif des verbes d’expérience subjective, parce que dans tous ces cas, le nominal [+possession inaliénable]

se réalise en roumain comme Thème, sujet postposé au verbe.

En roumain on enregistre la possibilité d’utiliser en parallèle des structures à nominal [+possession inaliénable], qui peuvent s’actualiser soit comme objet direct soit comme GPrép.; l’opposition possession aliénable /vs./ possession inaliénable n’est pas opérante et, par ailleurs, elle semble ne l’être de façon stricte en français non plus.

NOTES

1 Au pluriel, les formes conjointes et non-conjointes sont identiques.

2 Type Îmi iubesc nevasta / Fr. J’aime ma femme. (litt. me Dat.réfl aime femme-laArtDéf)

3 Type Mi-am pierdut banii / Fr. J’ai perdu mon argent (litt. me Dat.réfl ai perdu argent-leArtDéf)

4 Notre traduction: ma maison (litt. maison-laArtDéf de-moi Dat.poss), ton chien (litt. chien-leArtDéf de-toi), son corps (litt. corps-leArtDéf de-lui)

5 Il faut préciser qu’en roumain si le nom n’a pas d’article enclitique il entre dans la formation d’une locution adverbiale, alors que s’il présente un article défini, la locution est considérée comme prépositionnelle.

6 Le pronom personnel i pour la 3-ème personne du singulier et le pour la 3-ème du pluriel : I-/Le-am curăţat rana / «J’ai nettoyé sa / leur blessure» (litt. lui / leur Dat.pers ai nettoyé blessure-laArtDéf) ; la forme şi pour la 3-ème personne, singulier et pluriel, du pronom réfléchi : Şi-a / şi-au curăţat rana («Il a / ils ont nettoyé sa / leur blessure» / litt. se Datrefl a / ont nettoyé blessure-laArtDéf).

7 En français, la structure à pronom au Datif est possible si le nominal [+possession aliénable] est précédé d’un article indéfini : Je me suis lavé une chemise /vs./*Je me suis lavé la chemise.

8 En français la présence d’un adjectif possessif ne se pose pas dans ce cas, parce que N2 est un nominal [+possession inaliénable], sauf l’existence d’un déterminant ou d’une subordonnée relative : Sa pauvre tête blessée (qui vient d’être matraquée) lui fait mal. Ta gencive sanglante (que tu t’es fait opérer hier) te gêne encore.

9 En roumain, le clitique réfléchi au Datif est réalisé par des formes toniques et atones, pour toutes les personnes. Comme nos exemples contiennent notamment la 3-ème du singulier, nous mentionnons que la forme tonique est sieşi et les formes atones sont îşi, şi, ş-. La forme atone îşi précède les formes verbales simples, alors que les formes şi ou ş- précèdent des formes verbales composées : Îşi pierde răbdarea («Il perd sa patience») . Şi-a pierdut răbdarea. («Il a perdu sa patience»).

10 Dans ce cas, la structure roumaine à adjectif possessif doit nécessairement avoir l’objet direct [+animé]

anticipé par un clitique à l’Accusatif, forme atone du féminin, 3ème personne du singulier (litt. Paul la

PronPersObjetDir. attend femme-laArtDéf de-lui).

11 En roumain cette structure présente aussi une forme parallèle à clitique réfléchi à l’Accusatif, la possession inaliénable étant exprimée par un Locatif (GPrép.) : Paul se spală pe mâini. (litt. Paul se Accréfl. lave sur mains).

12 En général, avec des verbes comme : admirer, aimer, battre, chercher, connaître, deviner, reconnaître, sentir la présence d’un clitique au Datif est improbable : J’admire son courage / *Je lui admire le courage ; Je cherche ses regards / *Je lui cherche les regards ; Elle évite mes yeux / *Elle évite mes yeux mais Elle m’évite une punition.

13 Notons aussi quelques expressions figées où la règle est strictement respectée et l’objet possédé [+possession inaliénable] est précédé d’un article défini : se rincer l’œil, se mordre les doigts, se bouffer le nez, se brûler la cervelle, s’en laver les mains, etc.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

AVRAM Mioara, 1997, Gramatica pentru toţi, Bucureşti, Editura Humanitas.

CHARAUDEAU Patrick, 1992, Grammaire du sens et de l'expression, Paris, Hachette.

CHOMSKY Noam, 1982, Some concepts and consequences of the theory of government and binding, Cambridge Mass, M.I.T. Press.

CRISTEA Teodora, 1979, Grammaire structurale du français contemporain, Bucureşti, EDP.

DELMAS Claude, 1991, "Possession : Sensibilité au statut de la relation", Modèles linguistiques. Tome XIII, Université Charles de Gaulle, Lille III, p. 57-72.

DIGNOIRE Claude, 1988, "Remarques contrastives sur les structures possessives – domaine français-roumain", Etudes contrastives. La structure du GN et la nominalisation en roumain et en français, Universitatea din Bucureşti, p. 35-78.

DIGNOIRE Claude, 2005, "Expression de la possession et propriétés inaliénables", site http://www.escola.ro/limbi-straine/expression de la possession.htlm (Dernière consultation : 2007-10-20).

DOBROVIE-Sorin Carmen, 1987, Syntaxe du roumain. Chaînes thématiques, thèse de doctorat d’Etat, Université Paris 7.

FILLMORE Charles, J., 1971, "Quelques problèmes posés à la grammaire casuelle"

(traduction française de «Some Problems for Case Grammar»), Langages 38, p. 65-80.

GREVISSE Maurice, 1975, Le bon usage, 10-ème édition, Gembloux Belgique, Duculot.

GREVISSE Maurice et GOOSSE André, 1993, Le bon usage, 13-ème édition, Paris-Gembloux, Duculot.

GROSS Maurice, 1968, Grammaire transformationnelle du français: syntaxe du verbe, Paris, Cantilene.

GUERON Jean, 1983, "L’emploi possessif de l’article français", Langue française 58, p.

23-35.

GUŢU-ROMALO Valeria, 2005, (coord.), Gramatica limbii române, vol. I, Bucureşti, Editura Academiei Române.

HAGEGE Claude, 1991, "Un cas particulier de détermination : l’expression de la possession", Modèles linguistiques. Tome XIII, Université Charles de Gaulle, Lille III, p. 91-98.

IRIMIA Dumitru, 2004, Gramatica limbii române (2-ème édition), Iaşi, Editura Polirom.

MAINGUENEAU Dominique, 1999, L’énonciation en linguistique française (2-ème édition), Paris, Hachette Supérieur.

NICULESCU Alexandre, RENZI Lorenzo, 1991, "Pronoms personnels clitiques possessifs en roumain et dans les langues balkaniques", Modèles linguistiques. Tome XIII, Université Charles de Gaulle, Lille III, p. 123-142.

RIEGEL Martin, PELLAT Jean-Christophe et RENE Rioul, 1994, Grammaire méthodique du français, Paris, Quadrige / PUF.

SALINS (de) Geneviève-Dominique, 1996, Grammaire pour l’enseignement du FLE /Apprentissage du FLE, Paris, Didier/Hatier.

SCURTU Gabriela, RADULESCU Anda, 1996, "Possibilités d’interprétation automatique des structures possessives en français et en roumain", Cahiers de Linguistique Appliquée tomes XXXII-XXXIII: 125-142, Bucureşti, Academia română.

WILMET Mark, 1997, Grammaire critique du français, Paris, Hachette-Duculot.

ABSTRACT

The present article deals with some syntactic and semantic aspects of Romanian possessive structures in comparison to French. The characteristic of Romanian is the presence of personal and reflexive pronouns in a so called «possessive Dative», the frequency of these structures being higher that in French, where there are other characteristics that should be taken into account, such as [±alienable] possession, referring mostly to the parts of the human body.

REMARQUES SUR LES TRADUCTIONS SUCCESSIVES