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Une lecture dramatique pour Baudelaire

Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux Spleen Ne suis-je pas un faux-accord Dans la divine symphonie.

L’Héautontimorouménos Le monde est mon champ de jeux. Les mots sont mes jouets. J’ai vu que dans cet espace désert où j’agis à ma guise, le beau, la bien-aimée, le bien que de vains espoirs et des plaintes incessantes accompagnent, ne sont qu’un doux rêve qui finit trop tôt. Mes folies parfois plaisantes, parfois douloureuses qui m’entraînent de tous les côtés doivent être le fruit de mes rêves. Vous qui savez très bien les rêves de mes folies qui nourrissent mon cœur, vous devez très bien savoir aussi les femmes que j’ai appelées d’une voix vibrante venant des profondeurs de mon cœur, les jeux d’amour que j’ai goûtés, qui ont ravivé mes blessures. Vous savez bien que les brides et éperons ne peuvent me retenir.

Mon beau destin, mon implacable destin. Parfois je perds mon chemin. Je ne ressens ni regret, ni amertume. Je n’écoute personne, je suis un vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte [...] esprit vaincu, fourbu ! [...] vieux maraudeur. (« Le Goût du néant ») je crie d’une voix qui m’est trop chère. Qu’Apollon m’en veuille s’il le désire, j’inscris le nom de ma très belle bien-aimée aux hémisphères nord et sud, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud. La plus belle femme de mes rêves, maîtresse des cieux de mon champ de jeux.

Comme il est bon de partager avec toi, sous l’effet d’un vin magique, tout instant dans ta majestueuse, chaude et excitante chambre à coucher. Comme tu sais si bien m’emplir de la lumière de tes yeux, traîtres même dans les coins les plus sombres. Je recrée l’amour et la volupté. Mais, après des pleines journées librement vécues, cet amour et cette volupté même ne suffisent à nous sauver de ce sombre, impitoyable monde mortel auquel nous sommes attachés par une épaisse chaîne. Je ne me suis pas encore vengé de celui qui m’a mis dans cet état. Mes pensées d’amour et de volupté, mon cœur débordant d’amour me privent parfois de la femme que j’aime tant. Ton visage devient imperceptible à cause du soleil et de l’ombre. Ton beau visage, ta voix, ton haleine, ta marche harmonieuse semblent se voiler. Le soleil s’est couvert d’un crêpe. Emmitoufle-toi d’ombre. Je sais que mes paroles sont vaines, mais je vais tout de même les prononcer. Sois muette, sois sombre [...] plonge au gouffre de l’Ennui. Je t’aime ainsi ! Pourtant si tu veux aujourd’hui, comme un astre éclipsé qui sort de la pénombre, te pavaner aux lieux que la folie encombre, c’est bien ! [...] jaillis de ton étui.

Toi la déesse des cieux ! Ta peau est encore plus blanche que le lait. Tes joues sont flambantes. O mon cher Belzébuth, je t’adore. Allume ta prunelle à la flamme des lustres ! Allume le désir dans les regards des lustres. Tout de toi m’est plaisir, morbide ou pétulant.

Sois ce que tu voudras, nuit noire. Rouge aurore. (« Le Possédé »)

Tes regards amoureux que je ne pouvais oublier nuit et jour s’effacent de mes yeux fatigués. Tu n’épingles plus des fleurs sur ta belle poitrine alors que je me meurs. Je ne ressens que pitié. Je comprends maintenant que la colère de Zeus empêche que soit éternel notre amour. Mais je vais quand même reprendre mes forces. Je vais construire des palais,

des châteaux. Je vais raconter de tout cœur mes craintes et mes soupirs. C’est ainsi que l’a voulu le destin. Je vais sauter sur mon cheval. Tu tiendras les brides et moi une épée et un bouclier. Je ne suis pas encore mort. Je reprends mes forces. La madone est encore en vie.

J’avance sur mon cheval, la tête haute. J’aperçois une lumière sur les collines lointaines qui ravive mes yeux de passion et de joie. Je ne sais qui l’a ainsi désiré. Mais mes yeux sont maintenant tristes, larmoyants. Vous voyez bien que le monde est mensonger et lâche.

Je cache dans mon cœur tous les espoirs éphémères et toutes les folies. Je ne fais que penser, je vieillis, ce me semble. Qui sait où elle est à présent ? Sous quel déguisement se trouve son beau corps ? Dans ce monde trompeur, ainsi je parle aujourd’hui, je parlerai autrement demain. Comme il me plaît. Ne vous indignez donc pas. Même si on se moque de moi, je ne regretterai rien trop longtemps. Je n’aurai point honte d’avoir été trompé par le diable. Est-ce que j’ai vraiment honte de moi-même dans ce monde ? Mes incohérences, mes folies, mes regrets, mes peurs, et le pire, mes obsessions, mes incessantes questions, mon angoisse. D’où est-ce que je viens ? Où m’entraîne mon destin? Qui suis-je ? Je me rappelle maintenant bien: je gagnais auparavant toutes les courses. C’était moi qui lançais les flèches le plus loin. C’était moi qui maniais le mieux l’épée. Malgré la douce fraîcheur du matin je ne participerai pas au concours d’épée aujourd’hui. D’ailleurs je n’arrive pas à voir le loin. L’odeur des fleurs qui poussent au pied de la montagne ne m’enivre plus. Que c’est triste. Tout est en désordre. J’ai jeté gauchement à la mer telles des statues maudites tous les trésors en argent et en or qui m’ont été offerts, quand moi j’étais en bonne santé, quand l’amour me donnait encore des forces. Que cela aurait été beau de mourir à cette période de ma vie. Tout le temps que j’ai passé agissait donc contre moi. La sottise, l’erreur, le péché de la lésine, occupent nos esprits et travaillent nos corps et nous alimentons nos [...] remords, comme les mendiants nourrissent leur vermine. D’après moi, il s’agit bel et bien du Diable qui est en nous; ou bien d’une bande de diables qui ronge notre cervelle comme des millions de vers. C’est toujours ce Diable qui tient les brides.

Nous sommes facilement piégés. Nous descendons chaque jour une marche vers l’Enfer.

Nous descendons sans aucune peur du gouffre et des gémissements étouffés. Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants. [...] Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! […] dans un bâillement avalerait le monde. C’est l’Ennui ! L’œil chargé d’un pleur involontaire. (...) Tu le connais lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! (« Au Lecteur »)

Toi mon frère, mon semblable; toi lecteur hypocrite ! Sache bien que j’ai certaines habitudes, parfois d’incroyables bonheurs, d’immensurables satisfactions. Je ne demande pas pardon à ceux qui lisent mes poèmes, des adolescents, des vieux, des vertueuses femmes, de tous les protestants et des curés au nom du Christ. Je ne sais pourquoi, d’ailleurs je ne le dirai pas même si je le savais, les extrêmes m’ont toujours attiré. Il est une chose que je sais très bien. Vous riez de mes états misérables. Mais moi, je suis résolu comme un lion qui se jette dans une troupe de taureaux même si les ténèbres et les cruelles vagues m’attendent. L’Inde, l’Afrique, Madagascar sont parmi mes amis. Les eaux rouges du Nil, son sable doré est mon champ de jeux. Je suis parfois le roi, parfois le maître seul, sans divertissement de ces terres. La solitude est mon univers. Noir et lumineux tout à la fois.

Le destin a joué son vilain tour. Dans les caveaux d’insondable tristesse où le destin m’a relégué. Où jamais, n’entre un rayon rose et gaie, [...] maussade hôtesse. Où seul avec la nuit. Je suis comme un peintre qu’un Dieu moqueur condamne à peindre. […] Un spectre fait de grâce et de splendeur, à sa rêveuse allure orientale. Ma bien-aimée est

maintenant en pleine maturité. Ma belle visiteuse vient me voir dans les dédales où règne la tristesse. Cette image est la tienne, noire et pourtant lumineuse. (« Un Fantôme I » –

"Les Ténèbres"). Elle dégage une odeur. De ses cheveux élastiques et lourds, vivant sachet, encensoir de l’alcôve. Et des habits, mousseline ou velours, tout imprégnés de sa jeunesse pure, se dégageait un parfum de fourrure. (« Un Fantôme II » – "Le Parfum").

C’est une image étrange et impressionnante. Elle m’enivre et me séduit. Je ne sais pourquoi: j’ai d’indescriptibles inquiétudes et peurs. J’ai des souhaits par milliers. Quant à mes questions je ne peux les compter. Ô le temps qui passe et qui trompe nous les pauvres mortels. Voilà donc une question: Ô beauté ! viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîme ? Sors-tu du gouffre noir ou descend-tu des astres ? Le destin charmé suit tes jupons comme un chien. Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe, Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu ! Si ton œil, ton sourire, ton pied, m’ouvrent la porte d’un infini que j’aime et n’ai jamais connu ? De Satan ou de Dieu, qu’importe ? Ange ou Sirène, qu’importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours, rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! – l’univers moins hideux et les instants moins lourds ? (Hymne à la Beauté)

Vous voulez savoir pourquoi je dis cela ? Je reporte la mort durant cette longue guerre. Je suis venu sur ces terres avec d’incroyables désirs. J’y suis venu avec des navires sans gouvernail afin de trouver le paradis perdu. J’ai organisé des expéditions. J’ai traversé les eaux mystérieuses, les plus lâches mers. J’ai franchi le tropique du Capricorne. Je me suis rafraîchi avec l’alizé soufflant des terres inatteignables de l’Eldorado vers l’Alexandrie. Je me suis ravitaillé avec le fruit exotique. Je viens de le dire, je suis parfois le maître de ces terres et parfois le roi sans divertissement. Pourquoi ne dirais-je pas franchement la vérité ? Ici, je ne suis pas seul. Le rhum, les palmiers, Baracuda, les mouettes géantes et moi. Pourquoi ne proclamerais-je pas mon royaume ? Pourquoi ne pas boire à pleine gorgée le rhum que j’aime tant ? Quelque chose brûle en moi. Je deviens parfois un idiot ivre. Mais la plupart du temps je suis lucide. Même si j’ai mal aux yeux quand une femme, plus belle encore que le soleil appuie contre moi sa gorge, même si je pleure de tant de désir, même si les lâches rochers, les immenses vagues barrent mon chemin, je mets les voiles, les mers sont à moi. Mon navire avancera même si le vent s’arrête. Les vents ne mentent pas. Je suis entraîné vers une île plus lumineuse, plus belle que le soleil. Ô belle femme hautaine à la peau blanche que j’ai trouvée au bout de toutes les mers que j’ai franchies, de tous les chemins que j’ai parcourus. J’ai oublié mon maudit destin rien que pour toi. C’est parce que j’ai vu de près tes beaux yeux qui m’ont donné la force de tout oublier. Bien sûr que je vais atteindre ce port, bien qu’on me croit mort ou épuisé. Je désire que comprennent tous les marins, les habitants de la capitale, les snobs, les grands maîtres comment je vis, comment je brûle. Je brûle comme toujours, je me laisse emporter par les alizés, par les moussons.

Vous voyez bien, je le dis franchement, rien n’a changé dans ma vie. J’ai emporté mes larmes avec moi. Les dieux m’ont dit de faire attention. Parfois modeste, parfois orgueilleux, parfois bon et parfois furieux. Parfois calme et parfois nerveux. L’amour m’a occupé jour et nuit avec ces idées. Et soudainement tu m’es apparue, tu as transpercé mon cœur de tes regards. Pour montrer mon respect, je me suis incliné devant toi, le corps fatigué, le visage pâle.

La vie est une ombre ambulante. La vie est un conte de fée. Ecoutons ce que dit le conteur: Je vois une île au loin. Une île paresseuse où la nature donne des arbres singuliers et des fruits savoureux; des hommes dont le corps est mince et vigoureux, et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne. Le conteur rend immortel le feu qui me brûle le cœur. Je dois retourner dans cette île qui rend immortel le feu de mon cœur. Tout le monde

doit m’entendre. J’y retrouverai le calme, le matin, l’après-midi, le soir et la nuit. Un vent très doux me parvient, émanant de la lumière de ton visage, de la belle odeur de ta peau.

On entend gronder le tonnerre, puis paraissent les éclairs apportant le salut d’une humble âme sortant du paradis. Guidé par ton odeur vers de charmants climats, je vois un port rempli de voiles et de mâts, encore tout fatigués par la vague marine. Combien elle a de la chance cette terre au milieu des eaux limpides de l’océan. Je ne bouge plus. Cette île est unique sur le monde. J’étais seul ici auparavant, cet ange doit être descendu du ciel sur ces rivages mouillés. Il n’y avait personne d’autre que moi, pas d’amis, pas de belles femmes.

Je me promenais seul à travers les bois. Seul et sans femme, suivant mon destin. J’ai perdu la tête. Il n’y a qu’elle dans mes souvenirs et mes sentiments. Elle a pointé sa lumière sacrée vers moi. Une douce lumière émanait de ses yeux. Son image s’était tellement répandue qu’on dirait que ses yeux m’avait déclaré la guerre. Pendant que le parfum des verts tamariniers, qui circule dans l’air et m’enfle la narine, se mêle dans mon âme au chant des mariniers. (« Parfum exotique »)

Je n’ai plus d’armes pour étancher ma soif, rien que mon amour et mon amitié. Je peux être orgueilleux et arrogant, je peux perdre mon chemin. Mais je suivrai mon destin, tant qu’il m’appellera. Je suis reconnaissant à l’amour et aux habitants de l’île. Je rie des peines qui m’ont fait mal auparavant. Je me suis installé sur une belle île en compagnie d’une noble femme. Je me réjouis de tant de plaisirs. Autant qu’un roi je suis heureux;

l’air est pur, le ciel admirable. (« Le vin de l’Assassin ») Ici disparaît la honte. J’ai fui le monde des peines pour vivre ici longuement avec la femme de ma vie. Ici l’air est pur et doux. Les tempêtes ont cessé, on n’entendra plus jamais le tonnerre.

C’était un bonheur incroyable mais ne serait-ce l’ironie du sort, deux puissants éperons et un licou m’éloignent de l’île. De ce terrible paysage, tel que jamais mortel n’en vit, ce matin encore l’image vague et lointaine, me ravit. [...] Nul astre d’ailleurs, nul vestiges de soleil, même au bas du ciel, […] tout pour l’œil, rien pour les oreilles ! un silence d’éternité. [...] En ouvrant mes yeux pleins de flammes, j’ai vu l’horreur de mon taudis, et senti, rentrant dans mon âme, la pointe des soucis maudits; la pendule aux accents funèbres sonnait brutalement midi, et le ciel versait des ténèbres sur le triste monde engourdi. (« Rêve parisien »)

De mauvaises pensées chevauchent dans mon esprit. Je suis sur une mer houleuse. Il y a de géantes vagues, la tempête a éclaté. Tout dépend désormais du vent. Viens et sois mon témoin. Tu sais combien je suis attaché à la vie, à la foi, à ma bien-aimée. Mes pensées n’ont pas changé. J’ai un peu tendance à croire au destin, ou peut être beaucoup.

Des aigles, des milans volent au dessus de ma tête. J’ai peur de ce qui va m’arriver, assis au coin du poêle où on entend craquer le feu. J’entends sonner les cloches au milieu du brouillard alors que les rayons rouges se perdent dans les ténèbres de la nuit. Mon soleil s’est couché, ma journée s’est terminée. Nuages, brouillard, hyènes, venez sur moi. Je n’ai plus rien à faire. J’ai perdu la bataille. L’ennemi m’a vaincu. Il a bien vite préparé ma tombe. Qu’est-ce que j’attends ? Pourquoi donc j’attends? Qu’il me pousse dans la fosse ? Ne devrais-je m’y jeter moi-même ? L’ennemi a eu de la chance, il aura ce qu’il voudra.

J’attends et je me trompe. Je vois bien que je me trompe. Mes journées sont effrayantes comme les cathédrales. Je suis pensif dans ces chambres de deuil, mes larmes lavent mes nuits sous le vacarme des vagues. Personne dans ce monde ne peut être si triste que moi à voir la nuit tomber. Les larmes coulent de mes yeux, les soupirs soulèvent ma poitrine. Les larmes que je verse coulent tel un fleuve. Elles s’étendent comme les noires idées qui font souffrir mon cœur. Mes désirs sont brûlants. Mon univers est ébranlé. Un immense feu me brûle de l’intérieur. Les flèches empoisonnées seraient innocentes à côté des paroles qui

traduisent ma peine. Tandis que la peine s’aggrave, la raison ne montre plus le droit chemin, croyez-moi. La raison a perdu face à la peine. Quel maudit univers ! Quelle maudite saison ! Pluviôse, irrité contre la ville entière, de son urne à grands flots verse un froid ténébreux [...] et la mortalité sur les faubourgs brumeux. (« Spleen ») Je regarde, soupirant, du haut des rudes collines le temps désastreux qui règne en bas sur la ville.

J’étais pourtant né là-bas. J’y ai passé ma jeunesse, mes années mâtures et je regarde maintenant de mes yeux fatigués cette froide et sordide ville. D’ailleurs mes larmes ont tout mouillé. Vous ne pouvez savoir combien je souffre. Dans cet endroit il n’y a ni lumière, ni remède. Je suis maintenant éveillé, je sais et je vois que la force du destin a voulu m’achever en m’enlevant mon amour. Héritage fatal d’une vieille hydropique, le beau valet de cœur et la dame de pique. Ce n’est pas tout. Le destin, le Diable peut-être, nommez-le comme vous voulez, a sournoisement fait parler le valet de cœur et la dame de pique. Le Diable éclatait de rire de sa voix striante jusqu’au petit matin alors que le beau valet de cœur et la dame de pique causent sinistrement de leurs amours défunts.

(« Spleen »)

Mes bras, mes mains, mes pieds m’ont laissé tomber. Je suis devenu un poète ténébreux [...], veuf, incosolé, à la tour abolie (Nerval, El Desdichado), à la voix étouffée qui tremble de froid. Le temps m’a donc emporté loin de moi. Je suis un navire que les vagues ont chaviré. Je suis une pauvre âme dépourvue. L’âme d’un vieux poète erre dans la gouttière avec la triste voix d’un fantôme frileux. (« Spleen »)

Le feu s’est éteint. J’ai très froid. J’ai vu la fin de la paix, le départ de l’amour. Je vis le deuil et la peur en même temps. Ô destin, ô mort ! C’est aujourd’hui un jour cruel. Jour où vous m’avez mis dans une bien pénible situation. Le temps est passé et m’a laissé peine et larmes. Le beau visage s’est effacé. Ses doux yeux ont transpercé mon cœur en passant.

La mort a été jalouse, elle m’a pris mon bonheur tel un ennemi. Mais cette femme a

La mort a été jalouse, elle m’a pris mon bonheur tel un ennemi. Mais cette femme a