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SORCIERS ET ANCÊTRES

Dans le document LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET IMAGES (Page 105-110)

Participant tous deux du monde mystérieux, sorcier et ancêtre appartiennent à la sphère mystique et entretiennent des rapports complexes avec les populations africaines.

Celles-ci vivent dans la crainte des sorciers, "mangeurs d'âme", et sous la protection des ancêtres, porteurs de

"l'humanité de l'être", fondateurs des lignages et des villa-ges. En effet, pour de nombreuses ethnies (cela a été parti-culièrement étudié chez les Sénoufo et les Mossi, mais on en retrouve la trace dans d'autres cultures), la personne humaine est composée, d'une part, d'un principe vital (souvent traduit en français par "âme") et, d'autre part, d'une forme spirituelle (souvent traduit en français par

"fantôme"). Le principe vital est ce qui différencie tout être vivant quel qu'il soit (homme,animalou végétal) du non vivant (minéral ou mort). En revanche, le "fantôme" diffé-rencie l'homme des autres êtres vivants, il correspond au principe d'humanité, soit la conscience ou l'intention, et il continue de vivre et de circuler au-delà de la mort de l'in-dividu, en tant qu'ancêtre. On mesure alors l'importance des cultes des ancêtres, toujours présents dans le monde des vivants - suivant des modalités variables -, mais dont la protection n'est assurée qu'à la condition que ceux-ci les respectent. Les ancêtres détiennent une fonction de contrôle de l'ordre social.Lesorcier, quant à lui, n'est pas celui qui utilise des pratiques magiques (on parle plutôt de

"charlatan" - sens non péjoratif - ou de "marabout" - sens pas toujours islamisé) mais celui qui absorbe le "souffle vital" des hommes pour prolonger sa propre existence. TI a des fonctions socialement régulatrices voire niveleuses, mais son intervention magique peut être aussi le signe d'un dérèglement social. Acteur important de la société afri-caine, la crainte qu'il inspire explique bien des pratiques sinon incompréhensibles. Sorciers et ancêtres comman-dent aux forces occultes (à la fois cachées, mystérieuses, en dehors du commun des humains).

Lesorcier est une figure emblématique de l'Afrique subsaharienne. Cependant, nombre de contresens s'élabo-rent autour d'elle, liés d'une part à des conceptions du monde et des hommes très différentes des conceptions

modernes, mais aussi au problème de la traduction qui conduit inévitablement àutiliser des termes correspon-dantàdes réalités occidentales pour nommer des réalités africaines souvent bien différentes. Le sorcier devient alors l'archétype des problèmes (sémantiques, transcultu-reis) de communication entre Afrique et Occident, où l'importance du monde magique pour penser le monde et l'homme est rarement considérée, sinon pour être dénon-cée comme relevant de l'irrationnel, même si cette image peut être positivée comme c'est le cas dans l'histoire

"africaine" la plus connue des petits Européens, Kirikou et la sorcière - film d'animation réalisé en 1998 par le Français M. Ocelot, qui, à travers le récit des investiga-tions du jeune Kirikou, propose une explication biogra-phique et moraleàla méchanceté de la sorcière Karaba.

Le "magique" - les Africains préfèrent parler de

"mystique" - explique ainsi en partie les réticences ou les enthousiasmes, les interdits ou les prédilections des popula-tions africaines. TI importe que le géographe les prenne en compte parce qu'elles sont essentiellesà la compréhension de l'Afrique. TI faut toutefois en relativiser le poids, puisqu'il est en effet une autre constante dans la plupart des civilisa-tions africaines : l'existence d'un moyen, donné par la coutume, de contourner la plus radicale des interdictions.

Nous ne donnerons ici que les grandes lignes d'une réalité extrêmement complexe et variée, telle qu'elle peut être appréhendée par la géographie, dans la mesure où elles enga-gent le rapport des groupes humains à la terre et à la nature, au placement et au déplacement, au développement aussi.

L'ordre naturel comme expression de l'ordre social La terre relève du monde des ancêtres.Certainslieux leur sont d'ailleurs réservés. Espaces sacrés qui se voient dans le paysage, ils sont repérables même aux yeux des étrangers. Ces lieux de la terre qui leur sont dévolus sont bien souvent la part qui n'intéresse pas les vivants.Àbien y regar-der, nombre de lieux sacrés sont en fait des lieux inhospita-liers - espaces stériles, bas-fonds, etc. - qu'il est plus oppor-tunde laisser aux forces occultes que les ''bonnes'' terres. Les espaces sacrés correspondent ainsi à des zones peu

hurnani-sées, qui dans les représentations de l'environnement sont les lieux du monde sauvage occupés par les forces occultes.

La terre relevant des ancêtres, la nature qu'elle porte en est largement l'expression. Les hommes qui la travaillent leur doivent le respect, un respect qui se manifeste dans le maintien de l'ordre social (lui-même hérité des ancêtres) et par des sacrifices (le plus souvent un liquide, sang d'animal ou eau, versé sur la terre) pour rappeler leur mémoire. Pour bien des cultures, tout manquementà l'égard des ancêtres, c'est-à-dire à l'égard des coutumes et règles qu'ils ont transmises aux vivants, se traduit alors par une "réponse"

de la nature. La nature est considérée comme le médium des ancêtres et ses manifestations comme l'expression de leurs intentions. Par conséquent, un désordre naturel est la réponse de la nature, animée par les ancêtres,àun désordre social. Les "calamités", les événements anormaux (en intensité et dans leur périodicité) sont souvent compris dans ce sens. La dégradation lente des précipitations est ainsi largement interprétée comme une réponseà la dégradation de la société qui ne respecte plus ni coutumes ni ancêtres (abandon d'une partie des cérémonies coutumières, non-respect des règles sociales traditionnelles, indépendance des femmes, jeunes ne respectant plus les vieux). Cette idée générale d'un ordre naturel manifestation de l'ordre cultu-rel conduit toutefois à des pratiques d'exploitation de la nature très différentes. Chez certaines sociétés (Bwa ba par exemple, au sud du Burkina Faso), cela se traduit par des pratiques très respectueuses de l'environnement. Au contraire, chez les Mossi, l'idée générale est que la nature, expression des ancêtres, se défend et son absence de réac-tion vaut pour un blanc-seing. Cela se traduit par une pratique agricole très prédatrice. Or, les Mossi migrant en pays bwa ba, on comprend dès lors l'intensité de certains différends interethniques (v. Ethnie).

Au demeurant, pour bien des populations, la réaction de la nature quelle qu'elle soit n'est pas tellement inquiétante parce qu'on est en mesure de lui envisager unefin.En effet, sans entrer dans les détails, nombre de conceptions du monde sont fondées sur une représentation cyclique du temps, ce qui conduitàconsidérer que toute situation catas-trophique a une fin - puisqu'elle n'a pas toujours existé-,

que la situation favorable sera rétablie - puisqu'elle existait avant Cela conduit aussi à des pratiques qui sont fort éloi-gnées du fatalisme et qui s'énoncent moins dans un "quoi que je fasse" que dans un 'je fais ce que je veux".

L'ordre Iignager et l'intervention des sorciers, Inversement, la représentation cyclique du monde et le fonctionnement lignager de la communauté se traduisent par l'idée qu'une famille (le tenne a un sens très large) est dotée en toute chose d'un "stock" et qu'il s'agit pour elle d'en assurer la reproduction et le partage équitable entre les membres. En conséquence, tout excédent chez l'un de ses membres implique manque chez l'autre, que ce soit en matière de biens alimentaires, d'enfants, de chance, etc.

Ceci explique en partie certaines grandes constantes des sociétés africaines, de la pratique de la redistribution des richesses à l'intervention récurrente des sorciers. Elles sont en effet largement fondées sur l'idée que le partage équita-ble du "stock" entre les membres d'une famille et/ou d'une communauté doit être régulé par un ensemble de pratiques sociales, au nombre desquelles des pratiques magiques.

Ainsi, alors que globalement on respecte profondé-ment les "vieux" pour leur sagesse et leur savoir accumulé, on ne saurait tolérer qu'ils vivent trop longtemps. Trois générations de la même famille doivent vivre en même temps, mais qu'un vieillard tarde trop à mourir (quatre générations) alors cela traduit un désordre: cette personne ne peut vivre si longtemps que parce qu'elle se nourrit du souille vital de ceux des générations suivantes qui sont morts. Ainsi, on éloignera d'un vieillard tous les enfants (cf. lefilmYaabad'I. Ouedraogo, 1988). On retrouve des pratiques similaires dans d'autres sociétés de pénurie:

Japon rural traditionnel ou communautés arctiques. Par ailleurs, la réussite marginale d'un seul est interprétée comme un désordre social. Qu'une personne, homme ou femme, réussisse, c'est-à-dire qu'elle accumule des riches-ses alimentaires ou numéraires, elle se gardera bien de le montrer, par peur des prédateurs et des profiteurs sans aucun doute mais aussi de façon plus discrète du fait de la crainte que lui inspirent les sorciers. Dans ce cas,

l'inter-vention des sorciers vise à rectifier le déséquilibre social en prenant le souille vital de celui qui l'a créé par la capta-tion individuelle de richesses.Leroman Défi aux sorciers (de Régina Yaou) publié en 1999 a eu un grand retentisse-ment en Côte-d'Ivoire, parce qu'il traduit bien le fonction-nement lignager, le rôle social du sorcier et partant les inquiétudes lancinantes de chacun : dans un village du pays al1adian, presque tous ceux qui font construire une maison "en dur" (marque du luxe quand les constructions traditionnelles sont en pisé) meurent avant de l'avoir ache-vée, les sorciers du village ne supportant pas la réussite de ceux qui sont partis à la ville.Lehéros veut dénoncer ces pratiques magiques.TIen meurt, mais sera le dernier.

On mesure les conséquences de ce souci d'équité sur les choix de développement et sur l'intégration problé-matique à une mondialisation (v.) réglée au contraire par la compétition interindividuelle, par la recherche de l' ac-cumulation de richesses, et les valeurs qui leur sont liées.

Dans ce système de pensée, les valorisations personnel-les se font suivant des principes différents de ceux que la mondialisation impose. Ce qui compte est le pouvoir sur les hommes, en particulier relationnel (être respecté) plus que le pouvoir économique qui, fondamentalement, n'a d'intérêt que par la redistribution qu'il pennet et l'amortissement des crises. Comme dans d'autres parties du monde, la question du pouvoir est une des clefs de nombre d'énigmes économiques, en particulier la persé-vérance dans les activités non rentables financièrement.

Un rapport au monde fait de transferts du principevital Si le sorcier "mange l'âme", établissant un lien entre monde des vivants et monde des morts pour prolonger sa vie, iln'est pas le seul à pratiquer les transferts du principe vital.

L'homme ordinaire peut prolonger sa vie en absorbant une partie du "souffle vital" des végétaux ou animaux, établissant un lien mystique entre l'humanité et le monde non humain.

Onpeut analyser ce principe de transfertdansde nombreu-ses pratiques: médicales, cynégétiques et guerrières.

TIest d'abord présent dans la médecine traditionnelle:

les méthodes thérapeutiques traditionnelles sont remplies

de ces médicaments qui associent pratiques magiques de transfert et potions classiques. li est révélateur qu'en moore Gangue des Mossi), médicament se dittiirndésignant le souffle vital de l'arbre dont le transfert dans l'organisme humain au moyen de l'extrait végétal qu'il ingère est au principe de la guérison. Un parallèle peut être établi entre ces pratiques thérapeutiques et l'homéopathie; dans un cas comme dans l'autre une partie du tout se substitue au tout lui-même. Le principe de l'homéopathie est qu'une quan-tité infinitésimale de substance suffit à déclencher dans l'organisme une réaction en chaîne qui lui permet de se défendre seul. Dans le cas des remèdes traditionnels, le principe actif est presque toujours associé à une procédure magique dans laquelle le mal est combattu ou extirpé accompagnant symboliquement le transfert. Rappelons qu'en magie on peut posséder une personne par la seule manipulation d'un de ses cheveux, partie infime de son corps. Le développement plus ou moins transparent d'une recherche biochimique conduite par les grands laboratoires pharmaceutiques internationaux, notamment suisses, sur les savoirs traditionnels et leurs ingrédients naturels, aux fins d'en tirer des molécules actives réutilisables dans la pharmacopée occidentale, contribue à la reconnaissance des principes actifs de ces plantes retranchés, cependant, de leur approche mystique. Madagascar, dont l'insularité a abouti à la constitution d'un biotope exceptionnel, fait ainsi figure d'eldorado de la biochimie de demain.

On constate également une substitution significative de termes dans les langues administratives, où, depuis les années quatre-vingt environ, leswitck doctors(sorciers) sont devenus destraditional kealers(guérisseurs) et les exorcismes des thérapies traditionnelles. Un mode de soin qui était rejeté par la médecine d'inspiration occidentale dans le domaine de l'obscurantisme tend à être de nos jours valorisé. Ainsi le Zimbabwe a initié, pratiquement dès sa création, un registre national des guérisseurs destiné autant à écarter les charlatans qu'à mettre sur un pied d'égalité la médecine "africaine" et la médecine

"blanche" de la Rhodésie déchue. S'inscrivant dans la réalité des pratiques, la seule qualification requise était d'être reconnu par sa communauté d'origine. Dans

l'Afrique du Sud de l'après apartheid*, une série de programmes de coopération entre guérisseurs et soignants adeptes de la médecine allopathique fut initiée.

Le principe de transfert est aussi présent dans les pratiques cynégétiques et guerrières. Le chasseur devait traditionnellement se protéger contre la force physique des animaux (buffle, panthère, lion) qu'il affrontait, mais il devait aussi les respecter et se prémunir contre un "effet retour' qui aurait mis en rivalité son souffle vital et celui du gibier. Le chasseur est aussi en quelque sorte, selon des modalités variables, un "sorcier" qui se nourrit du souffle vital des animaux qu'il a tués. Dans tous les cas,ilest un être à part. li vit dans le monde de la brousse*, hostile à l'homme, monde des génies et des forces occultes; il en connaît les lois, sachant aussi bien s'en protéger que les utiliser, il y circule. Les chasseurs apparaissent par consé-quent comme les hommes les plus liés aux pratiques mystiques qui viennent renforcer leur habileté à utiliser des armes. lis ont une place importante dans les mythes fondateurs de bien des villages et royaumes (mossi, mandingue, sénoufo, bantou, par exemple) et un rôle majeur dans l'ouverture de nouveaux espaces et dans la conquête de nouvelles terres. On comprend pourquoi les chefs de terre (v. Dynamiques rurales), descendants de ces fondateurs, sont les intercesseurs privilégiés des forces occultes liées à la terre. Dans le monde mandingue (Afrique de l'Ouest), les chasseurs sont organisés depuis des siècles en confréries, les dozos. Ceux-ci sont craints et respectés dans toute la région. La férocité des animaux qu'ils affrontaient les a conduits à développer des pratiques pour les vaincre "mystiquement". lis comptent des personnalités légendaires, comme Soundjata Keita, le fondateur de l'empire du Mandingue au

xme

siècle, ou, plus récemment, certaines figures militaires des armées contemporaines (v. Crise ivoirienne). Aujourd'hui, leur mission de chasseur a évolué, la raréfaction du gibier les conduit à devenir avant tout des gardiens des traditions assurant grâce à leur force mystique la sécurité des villa-ges là où l'État (v.) est défaillant.

Les effets culturels des pratiques mystiques:

migration, conversion

Les populations africaines ne sont pas démunies face aux sorciers et aux forces occultes. Elles les contrent par leurs propres pratiques, suivant des règles intégrées dans la coutume, ou par le recours à des subterfuges.

Par exemple, le voyage est un sujet de crainte majeur.

En déplacement dans les lirnites de son aire culturelle, la personne se trouve à l'intérieur d'un champ de forces dont elle connaît et respecte les principes, mais, non protégée par les forces de son village, elle est par conséquent vulnérable. Inversement, hors de celles-ci, bien qu'isolée, elle ne peut craindre l'action de forces qu'elle ne connaît ni ne respecte. Le souci de lutter contre les sorciers et les forces occultes favorise alors le développement de subter-fuges, plus que de pratiques, quand la rnigration est voulue: le départ se fait sans publicité et de préférence vers des lieux d'aires extra-culturelles ou sur des lieux où sont préalablement installés des membres de la parenté.li faut rattacher à cette problématique particulière du voyage et de son rapport à la magie les traumatismes vécus par les populations lors des opérations de déguerpissement en ville : déplacées, les populations sont vulnérables aux éventuelles forces maléfiques du lieu de leur replacement.

Parallèlement, la nécessité de rnigrer et la volonté de se prémunir contre le pouvoir des sorciers et des forces occul-tes, est un des éléments du développement des religions importées (christianisme et islam). Ainsi, chez les Mossi (Burkina Faso), population à grande tradition migratoire, l'aîné de la "grande famille" doit chaque année faire des sacrifices en récitant le nom des ancêtres dans l'ordre. Or, s'il veut migrer il ne peut plus remplir cette tâche.lilui faut donc "demander la permission" aux ancêtres et pour cela faire un sacrifice spécifique. Mais ne pouvant se dérober en cas de réponse négative, il préfère changer de religion, mettant alors les ancêtres devant le fait accompli et rendant le sacrifice ainsi que leur réponse inutiles. L'aîné ne dépend plus d'eux, c'est au frère puîné qu'il revient de faire les sacrifices, jusqu'à ce que lui-même... Malgré les apparen-ces rigides, en aucun cas la coutume n'empêche alors les migrations (v. Dynamiques rurales ; Urbanités). Non

seule-ment ces nouvelles religions affranchissent les rnigrants des contraintes traditionnelles mais, considérées comme dotées d'une grande force mystique, elles protègent contre les forces occultes locales et les sorciers. Le sumom d'un des prophètes d'une des "Églises célestes" O'Église du christia-nisme céleste est une église révélée, en 1947, au pasteur Samuel Bileou Joseph Oshoffa, en République du Bénin), Albert Atcho, est "chicote des sorciers" Oa chicote est un petit fouet), soulignant sans ambiguïté sa fonction de protecteur contre ces derniers. Ainsi s'explique en partie la multiplication des sectes de tout ordre dont l'efficacité semble d'autant plus forte qu'elles ont pour origine un pays lointain (sectes américaines, japonaises). L'une des plus célèbres d'entre elles, l'Église universelle harriste créée en 1913 en Côte-d'Ivoire, sur les traces du prophète William Wadé Harris originaire du Liberia, revendique un million de fidèles en Afrique subsaharienne.

Modernité, développement et ''magie pratique"

line faut pas pour autant conclure à un monde qui serait sclérosé par les pratiques magiques ou la crainte qu'elles inspirent. La modernisation est prévue dans les coutumes.

Ainsi, dans la région de Ouagadougou (Burkina Faso), les bowé sont des collines cuirassées qui sont presque toujours sacrées. Mais du fait du développement de la ville, leurs pierres - des morceaux de la cuirasse - appelées localement ''pierres sauvages" parce qu'elles sont liées au monde des forces occultes et prises en brousse*, sont aujourd'hui très prisées. Elles servent en effet de filtres aux fosses septiques.

Dans les villages situés à la périphérie de la ville, les chefs de terre ont rapidement fait des sacrifices pour "demander pardon" et obtenir l'autorisation de débiter ces "montagnes sacrées" afin de dégager un confortable revenu.

De nos jours, sorciers, ancêtres, génies et toutes forces occultes ont un poids variable suivant les régions, les villes ou les campagnes, et suivant les individus, mais ils font partie de l'inconscient collectif des ethnies, tout comme les valeurs bibliques pour les cultures occidenta-les judéo-chrétiennes.

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