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NELSON ROLIHLALA MADmA MANDELA

Dans le document LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET IMAGES (Page 86-94)

Nelson RolihIala Madiba Mandela (1918-), homme politique sud-africain, est l'une des grandes figures poli-tiques et morales du continent africain. Avocat, membre de l'African National Congress (ANC), il est le prisonnier politique lepluscélèbre du monde pendant les 27 années qu'il passe dans les geôles du régime d'apartheid. Libéré en 1990, il mène pour son parti les négociations vers la démocratie. Lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud d'avril 1994, il est élu président, le premier Noir à assurer cette fonction. II effectue un seul mandat et se retire en 1999 pour laisser la place à Thabo Mbeki,issu du même parti. Depuis, il se consacre à des œuvres humanitaires, à la lutte contre le Sida et met son autorité morale au service de la paix.

Sa biographie recoupe largement l'histoire de l'Afrique du Sud et les projets politiques qui y ont dessiné l'espace.

Formation

Nelson Mandela est originaire du Transkei, une région rurale qui borde l'océan Indien au sud-est de l'Afrique du Sud. Sa famille appartient à une lignée de chefs traditionnels des Thembu. TI est originellement destiné à devenir conseiller du monarque. Au début de siècle, dans les réserves qui leur ont été attribuées par les Blancs, les Africains mènent une vie apparemment traditionnelle mais déjà profondément modi-fiéepar la colonisation: l'accès à la propriété foncière esttrès réduit, l'autorité coloniale limite et utilise celle des chefs, la dépendance économique vis-à-vis des zones blanches s'amorce. Son éducation combine tradition et modemité : il suit les étapes de la formation traditionnelle (initiation, prépa-ration à un rôle de conseiller royal) tout comme l'éducation à l'occidentale donnéedansdes établissements tenus par des missionnaires - longtemps seuls chargés de l'éducation des Noirs. Cela lui permet d'accéder ensuite à l'université, un fait rare en 1939 : c'est à Fort Rare, l'université de l'intelligent-sia noire, que le jeune Nelson suivra l'essentiel de sa forma-tion universitaire, complétée par la suite par correspondance et à l'université du Witwatersrand jusqu'à l'obtention de

diplômes de juriste et d'avocat C'est pendant cette période de foonation qu'il rencontrera bien des futurs dirigeants du combat contre l'apartheid, comme Oliver Tambo, futur prési-dent de l'ANC en exil, Walter Sisulu, qui partagera son emprisonnement, ou Joe Slovo, futur responsable du parti communiste sud-africain.

Opposition

C'est en s'installant dans la grande ville minière de Johannesburg (v.) que Nelson Mandela entre en politique, il y participe au boycott des bus de 1943, une forme d'action trèsutilisée par la population noire urbaine. Puis, avec Sisulu et Tambo entre autres, il rejoint l'ANC, principale voix poli-tique de la majorité noire opprimée par des lois ségrégatives.

Par l'action de la Ligue de la jeunesse(Youth League),il tente de dynamiser et d'élargir ce parti, alors aux mains des classes moyennes et peu enclinàdes actions de masse.

Alors qu'il s'élève petitàpetit dans la hiérarchie du parti, les élections de 1948 dont les Noirs sont exclus -portent le National Party (parti national ou NP) au pouvoir.Leprogramme sur lequel ce parti a été élu, et qu'il applique immédiatement, est l'apartheid. En réponse, l'ANC ainsi que d'autres partis lancent en 1950 une campagne de protestation massive, la Defiance Campaign.Reprenant en Afrique du Sud les principes de non-violence établis par Gandhi, ils prônent la désobéis-sance pacifique aux lois racistes* : il s'agit par exemple de s'asseoir dans un restaurant réservé aux Blancs. Cette campagne sera très largement suivie dans l'ensemble du pays et cela pendant plusieurs mois. La répression gouvernementale s'abattra alors sur ses leaders, parmi lesquels Mandela, lors d'un premier procès phare. Àla même période, ce demier ouvre àJohannesburg, avec Tambo, le premier cabinet d'avocats tenu par des Noirs.

Un cycle de répression et de résistance s'engage dans les années qui suivent entre le gouvernement et l'ANC.

Mandela en est désormais l'un des responsables nationaux et,àce titre, il est fréquemment arrêté, jugé. C'est notam-ment le cas lors duTreason Trialde 1956. Ce cycle culmi-nera en 1960. Lorsque le gouvernement renforce lespass

laws,lois imposant aux Noirs le port d'un passeport inté-rieur limitant tous leurs déplacements, des manifestations pacifiques de protestations s'étendent dans tout le pays.La répression fait 69 morts et le gouvernement dissout les partis politiques d'opposition. Alors qu'un certain nombre de responsables partent en exil, Mandela, qui amis en place une branche armée de l' ANC,Umkhonto we SizweOa lance de la nation ou MK), passe dans la clandestinité. Par une lettre ouverte parue dans les journaux, il adjure le gouver-nement de renonceràsa politique, soulignant le fait que, si une protestation pacifique mène au massacre, l'ANC se verra forcé d'avoir recoursàla lutte armée. Son appel reste sans réponse, MK entre alors en action: le sabotage écono-mique et militaire, avec un grand souci d'éviter toute perte de vie humaine y compris chez les Blancs, sera sa princi-pale action pendant de longues années. De1961 à1962, Mandela voyage dans le reste de l'Afrique, échappe avec brio à la police gouvernementale, avant d'être arrêté à Rivonia. Lors de son procès, il échappe de peuàla pendai-son et est condamnéàla prisonàperpétuité sur l'île de Robben Island. fi passera plus de 27 ans en prison et deviendra le symbole de la lutte contre l'apartheid.

Présidence

Pendant l'emprisonnement de Nelson Mandela, résis-tance et répression se poursuivent en Afrique du Sud.

L'ANC en exil parvientàobtenir des soutiens internatio-naux, menantàdes sanctions contre le régime de Pretoria Parallèlement, les actionsàl'intérieur du pays se multi-plient, en particulieràpartir de 1976. Dans la seconde moitié des années quatre-vingt, le pays est devenu ingouvernable:

les émeutes succèdent aux émeutes; la répression est féroce, mais ne parvient pasàrétablir l'ordre; l'économie du pays est sévèrement touchée par le poids budgétaire de l'armée et de la police, comme par les sanctions ; l'opinion mondiale fait du pays un paria Enfin, laffi de l'URSS retire au gouvernement d'apartheid son rôle de "rempart contre le communisme" des anciennes colonies portugaises voisines.

C'est dans ce contexte que les dirigeants blancs enta-ment des négociations secrètes avec Nelson Mandela,

toujours emprisonné, pour préparer sa libération. Celle-ci lui est accordée par EW. de Klerk, président blanc de l'Afrique du Sud, le 11 février 1990. Alors que la législa-tion d'apartheid est partiellement abolie, le pays entre dans une phase de transition: pendant 4 ans, ANC - sous la direction de Mandela - et NP négocieront les modalités du changement de régime: c'est la "révolution négociée"

sud-africaine, pour laquelle Mandela et de Klerk rece-vront conjointement le prix Nobel de la paix en 1993. Elle aboutit aux premières élections démocratiques du pays en avril 1994, qui portent l'ANC au pouvoir et Nelson Mandela à la présidence du pays.

Premier président noir de ce pays démocratisé, Nelson Mandela joue le rôle d'un sage assurant la transition et permettant la normalisation du pays. Son action est centrée sur la réconciliation entre Noirs et Blancs au travers d'une série de gestes symboliques : soutien donnéàl'équipe de rugby des Springboks - bastion symbolique du conserva-tisme blanc -lors de la coupe du monde de 1995, rencon-tre avec la veuve de Verwoerd - l'un des architectes de l'apartheid - ou avec Percy Yutar -le procureur qui avait requis la peine de mort contre lui ... Dans le même souci, il institue la TRC (Truth and Reconciliation Commission).

La TRC, mise en place pour faire la vérité sur les crimes de l'apartheid, a fourniàla nouvelle nation en construction les éléments d'une histoire partagée, la reconnaissance des souffrances endurées devenant le vecteur de la réconcilia-tion : bourreaux et victimes ont témoigné devant la commission, les uns faisant pénitence, les autres pardon-nant souvent. En même temps et en dépit d'une mauvaise situation financière, il lance le Programme de reconstruc-tion et de développement, visantàréduire les très graves inégalités raciales et sociales dans le pays. Sa politique internationale met en avant le respect des droits de l'homme et il utilise son charisme et son autorité morale incontestable pour tenter des médiations dans un certain nombre de conflits: règlement avec la Libye des suites de l'attentat de Lockerbie, processus de paix au TImor orien-talou dans l'Afrique des Grands Lacs...

Conscient de l'importance de son geste, il ne se repré-sente pas aux élections de 1999 : l'homme providentiel

qu'il a incarné se retire ainsi aprè~ un seul mandat, contrairementàbien d'autres chefs d'Etat sur le continent.

Il se tient depuis dans une position affectueusement décrite par les Sud-Africains de "grand-père de la Nation"

et n'intervient plus que très ponctuellement dans le débat public. Une exception majeureàce devoir de réserve qu'il s'impose est d'avoir parlé en faveur d'une action plus positive de l'État sud-africain en faveur des malades du Sida (v. VIH/Sida ; Préservatifs; Pietà).

NANA-BENZ

Les Nana-Benz (parfois appelées Mama-Benz) sont des figures incontournables du commerce ouest-africain.

Qui n'a jamais vu l'un de ces clichés photographiques du marché Asigamé (Lomé) ou Danktopa (Cotonou) montrant une imposante femme fièrement assise devant une "biblio-thèque" de pagnes colorés. "Mamies traders" dit-on aussi au Ghana. Symboles d'une réussite entrepreneuriale fémi-nine, ces commerçantes grossistes sont devenues un modèle d'émancipation et d'enrichissement pour beaucoup de femmes africaines; au point qu'aujourd'hui recevoir le titre prestigieux et envié de Nana-Benz signe la consécra-tion sociale qui couronne le succès économique.

L'expression de Nana-Benz est apparue dans les années soixante au Togo pour désigner des commerçantes de Lomé, enrichies grâce àla redistribution de tissus.

Elles affichèrent leur réussite en circulant dans des Mercedez-Benz, véhicules alors rares dans le paysage urbain. Après l'accès à l'indépendance, ces femmes ont su investir un créneau abandonné par les maisons de commerce colonial et exploiter la faiblesse des droits de douane togolais pour devenir les reines du commerce de gros de wax-print etfancy (v. Tissus).

Les Nana-Benz travaillent à l'échelle internationale (v. Mondialisations) : par l'intermédiaire degrands comp-toirs commerciaux (par exemple, Qualitex enseigne de la CFAO propriété du groupe français Pinault-Printemps-Redoute ou UCA entité du groupe Vlisco propriété d'Unilever), qui se chargent de l'importation des

wax-printsdans les grandes villes portuaires (Lomé, Abidjan, Cotonou, Tema) et au Niger (Niamey), ou bien directe-ment, par containers, elles importent des étoffes et des pagnes depuis l'Afrique (Côte-d'Ivoire, Ghana, Nigeria...), la Chine (pourvoyeuse detissufancy)et surtout l'Europe.

Elles constituent des stocks autour de mini-collections sur lesquelles elles détiennent l'exclusivité, qu'elles choisissent et commandent sur échantillons auprès des fabricants, et qu'elles vendent aux revendeuses.Les Nana-Benz inter-viennent sur le marché national mais aussi dans les princi-pales agglomérations d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale où elles n'hésitent pasà se rendre età approvi-sionner les détaillantes. La mobilitéàl'étranger a toujours été l'une de leurs forces. Leur chiffre d'affaires se mesure en centaines de millions de francs CFA.

Au fil des décennies, le profil et la façon de travailler de ces commerçantes ont évolué. La première génération de Nana-Benz est composée de femmes au parcours scolaire limité, souvent illettrées. Elles ont débuté comme vendeuses au détail de pagnes(wax-print etfancy)achetés à crédit auprès d'un grossiste détenant l'exclusivité.

Progressivement, elles ont acquis une réputation de fiabi-lité, augmenté leurs commandes, élargi leur surface finan-cière et se sont constitué une clientèle de revendeuses. Ces Nana-Benz officient dans des magasins-entrepôts du marché central et organisent des grandes ventes privées mensuelles dans le salon ou le jardin de leur domicile [FAUQUEetWOLLENWEBER,1994]. Là, dans la semi-confi-dentialité, les plus fidèles de leurs clientes sont conviées à acheter des lots de pagnes confectionnés d'avance que celles-ci détailleront sur les marchés en "pièces" et

"complets" (v. Tissus). Voitures et villas somptueuses ont été les principaux investissements de ces pionnières du textile devenues politiquement influentes. En 1977, le président togolais nomme une Nana-Benz ministre des Affaires sociales. À partir des années quatre-vingt, la récession économique a ralenti les affaires des Nana-Benz (troubles politiques, hausse des taxes douanières et de la TVA...) et l'absence d'activités de rechange s'est révélée un handicap. La deuxième et troisième générations se composent de femmes en général plus instruites qui reprennent l'affaire familiale; elles ont suivi des études de

comptable, de secrétaire ou, pour les plus jeunes, de marketing et de gestion commerciale complétée par une formation informatiqueàl'étranger. Celles-ci ont davan-tage un profil de manager: soucieuses de mieux gérer les stocks, elles vont chercher directement leurs marchandises en Europe ou en Asie, diversifient leurs activités et délais-sent les investissements ostentatoires au profit d'une bonne éducation pour leurs enfants. Échaudées par les expériences souvent malheureuses de leurs mères avec le milieu politique (ponctions financières), leurs implications en politique sont rares et les relations plus distantes avec les cercles du pouvoir (cequine les empêche nullement de demander une aide officielle de l'État).

Aujourd'hui, le Togo n'est plus le centre du commerce en Afrique de l'Ouest et les Nana-Benz togolaises, moins influentes qu'avant, comptent beaucoup de rivales dans les pays voisins. Mais leur sens des affaires, leur dynamisme d'antan restent un modèle loué par les hommes politiques, les médias, les entrepreneurs, les artistes: en 1993, le réali-sateur d'origine béninoise Jean Odoutan a consacré un clip, intituléTanti Cotonou - Marna Benz -, àces figures de l'Afrique, le chanteur togolais King Mensah leur a dédié une chanson en 2001 et une station privée "Radio Nana FM" s'est ouverteàLomé en 2000.

Le terme de Nana-Benz est devenu un label utilisé pour désigner des femmes d'affaires africaines, dont beaucoup sont originaires des régions forestières du golfe de Guinée.

La domination quasi exclusive des circuits d'import-export par des entrepreneurs musulmans (les al-hadjI) en zone soudano-sahélienne éclaire la place restreinte laissée aux femmes dans cette zone. Le phénomène Nana-Benz y est moins courant que dans les contréesàdominante animiste ou chrétienne. Organisées en association professionnelle, les Nana-Benz du Togo furent les premières à montrer la voie associative pour défendre leurs intérêts et construire une visibilitéàl'extérieur. C'est par exemple sur leur modèle que s'est montée, en 1993, l'Association des femmes commerçantes du Tchad.En1999, l'association''Les Nana-Benz de France" s'est crééeàMarseille, elle regroupe des Africaines du quartier de Noailles en quête de reconnais-sance et d'expansion commerciale[SENGEL,2000].

UOFFICE

DU

NIGER (MALI) L'Office du Niger, créé en 1932, est, en 2004, une société d'État pour la riziculture irriguée, gérant près de 60 000 ha de casiers rizicoles dans la boucle du fleuve Niger, au Mali. Le terme "Office du Niger" désigne tout à la fois le projet, l'institution (voire les institutions successives : Office colonial, puis Office indépendant) et l'espace de la rnise en valeur.

Le projet initial est le fruit de la rencontre d'une guerre, des besoins d'un État colonial, de ceux des patrons de son industrie textile, de la rivalité avec l'Angleterre (l'autre puissance coloniale), des rêves d'un ingénieur hydraulicien et du troisième fleuve d'Afrique (4 200 km) que son cours tortueux et atypique conduit à mordre dans le Sahara. Son cas est intéressant car après avoir été un rêve de modèle d'amé-nagement hydraulique (v. Grand barrage), il devint à travers sa réalisation l'exemple même de l'échec. Les évaluations et les analyses successives des problèmes générés par des aménagements mal conçus, analyses effectuées largement par des géographes [GALLAIS 1967 ; TRICART et BLANCK, 1989] (v. Géographie afri-caniste), des agronomes (cf. Pour l'Afrique, j'accuse, 1986, de R. Dumont) et des sociologues, a permis toute-fois d'élaborer des programmes successifs de "réhabili-tation" qui ont assuré le maintien et la transformation du projet jusqu'à aujourd'hui.

De nos jours, s'il est souvent présenté comme un exemple de réussite en matière de développement agri-cole local, qui devrait permettre au Mali de devenir dans les années à venirle grenier à riz de l'Afrique de l'Ouest, des réserves sont émises quant à son intégration régio-nale, voire "sous-régionale" à l'échelle de l'ensemble du bassin versant du fleuve. Cette faiblesse d'intégration d'un aménagement conçu et réalisé à l'échelle locale et les problèmes afférents se sont traduits par la mise en place tardive d'une commission centrale du Niger.

Contexte historique,

opportunité hydrographique, mythe du Nil Pendant la Première Guerre mondiale, lors de la

"guerre sous-marine", les industries textiles françaises furent coupées de leur approvisionnement américain en coton, la fourniture de cette matière première agricole devint donc une priorité coloniale pour la métropole. Des études portant sur les possibilités offertes par le fleuve Niger en matière d'irrigation avaient été menées dès 1897.

Piquée par l'exemple du pharaonique aménagement britan-nique de la Ghezire au Soudan (détournement des eaux du Nil Blanc), l'Association cotonnière coloniale avait proposé de développer la culture intensive du coton en utili-sant les ressources du fleuve Niger, au Mali. C'est la guerre qui relança un projet interrompu et qui permit non seule-ment que soient poursuivies les études préliminaires mais que soient mises en place les conditions de sa réalisation:

1919 est la date de création en métropole du comité A-OF

"office du Niger" et 1921, celle de la publication des conclusions de la mission Émile Bélirne, du nom de l'ingé-nieur hydraulicien qui la dirigea. Le 6 juin 1926, ce dernier obtient du gouverneur de l'Afrique-Occidentale française (A-OF) la publication d'un décret autorisant la mobilisation forcée de travailleurs pour une durée de 3 ans, afm de mener à bien les travaux d'aménagement. L'établissement public qui conduit les travaux est lui-même créé en 1932.

Les autorités coloniales réquisitionnent, le plus souvent de force (cf. le roman d'O. Sembene,Les bouts de bois de Dieu, traitant de la construction du chemin de fer Dakar-Bamako), des travailleurs de l'ensemble de l'Afrique occi-dentale, afm de les mener dans les zones peu peuplées des rives du delta intérieur du Niger construire les équipements.

Les conditions de travail sont effroyables, les morts nomb-reux, le souvenir en est encore cuisant de nos jours.

Le Niger prend sa source dans le massif du Fouta Djalon (Guinée), puis s'écoule vers le nord-est jusqu'à Tombouctou (v.), recoupant sans s'épuiser des bandes climatiques de plus en plus sèches jusqu'au Sahara. De Ségou à Tombouctou, il coule dans une zone subhorizon-tale occupée par une multitude de marécages, où l'évapo-ration l'épuise. TI infléchit ensuite son cours vers le

sud-est pour rejoindre l'Atlantique au Nigeria, dans le golfe de Guinée, formant un delta maritime marécageux de 20000km2.En amont, particulièrement bien alimenté par sa source où il bénéficie du climat guinéen (2 000 mm de précipitations par an, avec un maximum de septembre à octobre et un minimum d'avril à mai), le fleuve présente un régime fluvial de type tropical boréal. Vers l'aval, les contrastes de précipitation étant de plus en plus impor-tants, le régime du fleuve s'altère considérablement et son amplitude annuelle (différence entre les débits maximum et minimurn) s'accroît, opposant une crue importante à un étiage sévère. Dans la partie moyenne du cours appelée la

"boucle du Niger" (Mali), compte tenu du temps mis par l'eau pour s'écouler, la crue est décalée dans le temps par rapport à la saison des pluies et survient au cœur de la saison sèche (fin décembre à Tombouctou, par exemple).

À cette époque de l'année, le fleuve s'étend alors dans le vaste champ d'inondation situé entre Ségou et Tombouctou en une immense nappe d'eau de 500kmde long sur près de 150km de large (v. p. 246). C'est ce qu'on appelle le "delta intérieur" (v. p. 245) qui s'étend sur 30 000km2dans la région nommée Macina, du nom d'un des anciens royaumes peul, population d'éleveurs.

Celui-ci est en fait composé de deux parties : le "delta vif', inondé plusieurs mois chaque année, et le "delta mort", en amont du delta vif, qui correspond à d'anciens défluents fossiles (Fala de Molodo). Ainsi, dans une zone à la limite des cultures sous pluie (limite des cultures possibles sans apport artificiel d'eau), l'arrivée de la crue au cœur de la saison sèche permet d'affranchir l'agricul-ture des contraintes des précipitations grâce à l'irrigation.

Elle présente un intérêt hydraulique majeur, qu'il s'agit pour les aménageurs français d'exploiter.

C'est dans le delta mort que Bélime projette d'aména-ger des champs de coton qui seraient irrigués par gravité (l'eau suivant simplement la pente naturelle) depuis un barrage situé immédiatement en amont du deltavif.fipeut paIal"tre surprenant de choisir de forcer l'écoulement de l'eau vers là où elle ne coule pas spontanément (vers le delta mort) plutôt que de profiter de son arrivée naturelle (dansle delta vif). Mais il est plus facile de l1laI.1:riser l'eau qu'on fait venir que celle de la crue.Ladécision est donc

prise de construire un barrage immédiatement au nord de Ségou, à Markala. Celui-ci détourne une partie de la crue vers le delta mort et le ''Fala de Molodo" (région de Niono), où sont installés des casiers irrigués.

Bélime voit dans le Niger un second Nil.fifaut rappe-ler qu'alors, en Europe, le mythe du Nil, lié tant à ses récents et spectaculaires aménagements au Soudan (Gezireh sur le Nil Bleu, en 1925) qu'à ceux de la millé-naire Égypte, correspond à la fascination pour une civilisa-tion dont la grandeur est fondée sur la mm1:rise des crues.

Par ailleurs, l'expérience égyptienne en matière de coton avait permis de montrer l'intérêt d'une sécheresse de l'air associée à des sols humides pour obtenir un coton de qualité (longues fibres, peu de maladies cryptogamiques).

Pourtant le Niger n'est pas le Nil.fiprend sa source dans un massif montagneux soumis aux variations saisonnières des précipitations et non pas dans l'inépuisable et constant lac Victoria.Ledelta intérieur est isolé de tout et les popu-lations ne peuvent compter que sur un fleuve navigable mais présentant un tirant d'eau variable pour acheminer par bateaux leurs produits jusqu'à Bamako (Mali) où un chemin de fer, achevé en 1924, les conduit au port de Dakar (Sénégal). Enfin, le fleuve Niger n'a pas donné naissance à une civilisation d'oasis (v.) : ses berges sont parcourues par les troupeaux des pasteurs peul, tandis que quelques villa-ges bozo se sont spécialisés dans l'activité de pêche.

L'absence d'une grande tradition agricole irriguée locale pousse à la déportation de populations venues de zones agricoles afin qu'elles cultivent les périmètres irrigués.

Un''modèle'' d'échec d'aménagement L'Office a été avant tout créé afin de permettre la production de coton pour les industries textiles de métro-pole. Cependant, à l'instar des autres matières premières industrielles, le coton fut gravement atteint par la crise de 1929. Or, celle-ci touche tardivement la France, à un moment où le projet est déjà bien lancé. Toutefois, au-delà du choix malheureux de la production, le premier facteur d'échec est venu de la méthode de recrutement de ceux qu'on appelait les "attributaires" de parcelles et des

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