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SHADHILIYYA AL-DARQAWIYYA EN ORIENT (MASHRIQ) ET EN OCCIDENT (MAGHRIB) :

Je pense qu’il est très important de citer les Savants soufis les plus célèbres qui ont suivi la méthodologie de la Tarîqa al-Shâdhilîyya al-Darqâwiyya au Machriq et au Maghrib, et de le démontrer dans cette thèse, afin de montrer à tous que les Savants les plus éminents ont adopté le soufisme selon la méthode de la Tarîqa al-Darqâwiyya. Ils ont tous compris que sans soufisme il ne peut y avoir de réalisation, de savoir et de connaissance véritable par Dieu. Nous voulons aussi montrer la conformité véritable de la Tarîqa al-Darqâwiyya au shar’ (loi religieuse) et à la Sunna prophétique, et qu’elle fait partie des Voies spirituelles par lesquelles on se réalise en Dieu à l’instar des autres

Voies sunnites dans le monde islamique, et aussi que son éducation spirituelle ne comporte pas d’innovations blâmables, de charlatanisme ni de mensonges.

L’on sait que la Tarîqa al-Darqâwiyya est une Voie de savoir et qu’elle fait partie de celles qui adoptent la conversation spirituelle (mudhâkara) lors de ses assemblées. Mulay al-‘Arabî al-Darqâwi –que Dieu lui soit miséricordieux– dit à ce propos : "L’ivresse spirituelle (khamra) des gens réside dans la hadra ("danse" extatique ou assemblée de dhikr) et la nôtre réside dans la hadra (conversation)", il dit aussi : "La conversation de deux [disciples] est meilleure que de porter deux charges lourdes comme il est d’usage chez les soufis, aussi nous n’aimons pas celui des frères qui se tait lors de la conversation spirituelle, nous l’exécrons même, car il n’y a pas de profit à ce moment, il y en a plutôt peu, car les significations spirituelles (ma‘ânî) s’attirent mutuellement par la parole, jusqu’à ce que leur auteur soit attiré dans la présence seigneuriale, et l’on sait que la poule ne pond que lorsque sa propriétaire place un œuf en évidence ; de même les Shaykhs de la Tarîqa –que Dieu en soit satisfait– ne reçoivent les sciences qu’ils dispensent à leurs disciples que par leur recherche et leur polissage extrême. La question appelle la réponse et la réponse appelle la question, et ainsi de suite… Sachez –que Dieu vous soit miséricordieux- que j’aime que vous conversiez de ce qui tue votre ego et avive votre cœur comme vos prédécesseurs dans la Tarîqa le faisaient, et faites attention aux chuchotements malins que susurre votre ego afin que vous ne soyez pas coupés de la grâce divine…"

Ainsi les disciples de la Tarîqa al-Darqâwiyya sont connus, chez les Savants, pour leur étude des questions et des dispositions juridiques pointues, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas débattre avec eux ; quelqu’un a dit à leur propos :

Le faqîr( ريقف) (pauvre en Dieu) est le faqîh(هيقف) (théologien)

Cependant les éléments du caractère « R» ( ر) du faqîr sont rassemblés et deviennent « H » (ـه) du théologien.

Je vais traiter de ce point comme suit :

ABDERRAHMAN AL-SHAGHURI :

Il était l’un des plus célèbres Savants et Shaykhs de Tarîqa à Damas. Il organisait la hadra (assemblée de dhikr) à la célèbre Mosquée Nûr al-Dîn Zanki après la prière du vendredi ; Il est l’auteur de plusieurs ouvrages utiles parmi lesquels son diwân intitulé al-Hadâ'iq al-Nadiya.

Toujours parmi les grands Savants érudits du Machriq, citons Ibn Daqîq al-‘Aid, Abu ‘Abbâs Mûrsi, Tâj Ibn ‘Atâ' Illah Iskandârî, Imâm Busayrî, Abu Qâsim al-Barzalî, Sidi al-Mustafâ al-Turkmânî, Shaykh Ibrâhîm al-Ya‘qûbî, Muhammad Sa‘id al-Barhânî, Abdelkader ‘Îsâ al-Halabî, Shaykh al-Mustafâ al-Subâ‘î, fondateur de l’université de Damas, Muhammad Bashîr Qahwajî, Sa‘id al-Kurdî en Jordanie, et bien d’autres encore434.

‘ULAMA SOUFIS DE L’OCCIDENT (MAGHRIB) QUI SUIVENT LA VOIE DARQAWIYYA :

AHMAD IBN ‘AJIBA, MORT EN 1160 DE L’HEGIRE :

L’un des plus grands Savants soufis dont la Tarîqa al-Darqâwiyya est fière est l’Imâm al-Mufasir (exégète du Coran), auteur de nombreux ouvrages, connaissant le Coran par cœur, ayant maîtrisé à un jeune âge les sciences de la Shari’a (Loi islamique) ainsi que d’autres disciplines parmi lesquelles la grammaire, la conjugaison, la rhétorique, la logique, la théologie, le fiqh (jurisprudence islamique), l’exégèse, le Hadîth, le soufisme, les usul (sciences des principes du fiqh) et l’astrologie. De nombreux ‘Ulamâ’ de Tétouan faisaient partie de ses élèves. Il fut initié par Sidi Ahmad al-Bûzîdî, qui lui donna le wird (litanies initiatiques). Il dit à ce dernier :

« Fais de moi ce que tu veux et dresses-moi comme tu l’entends »,

car malgré tout le bien qui était en lui, dans son aspect extérieur, il gardait des séquelles des faiblesses de l’ego, comme son attachement à l’éminence dans les milieux Savants et à un haut rang dans la société tétouanaise. Sidi Ahmad al-Bûzîdî lui ordonna d’abord de porter la robe rapiécée, de rejeter le monde, de servir les fuqara, de les nourrir à ses frais et de laver leurs effets vestimentaires, puis il lui

ordonna de balayer le souk… il continua dans ces combats et ces exercices spirituels jusqu’à tuer son ego, l’éduquer et le rendre docile et soumis, dépouillé de tout orgueil et vanité435.

MUHAMMAD IBN MUHAMMAD IBN ‘ABDELLAH AL-MAKUDI AL-TAZI, MORT EN L’AN 807 DE L’HEGIRE :

Il est l’un des grands ‘Ulamâ’ de la Tarîqa dont al-Muaskarî a fait la biographie dans son Kanz al-Asrâr, il défendit la Tarîqa al-Darqâwiyya par la preuve et l’évidence dans son célèbre ouvrage Irchâd wa Tibiyân fî Rad ‘alâ mâ Ankara-hu al-Ru'asâ' min Ahl Titwan, comme nous l’avons vu précédemment.

MUHAMMAD AL-MUKHTAR AL-SOUSSÎ :

Nul ne doute de l’érudition du ‘allâma Sidi Muhammad al-Mukhtar al-Soussî dans les disciplines de la Shari’a, la littérature, le raisonnement, la sociologie, la politique, et autres. Ses Shaykhs [dans ces matières] étaient très nombreux et ses écrits en littérature, biographies, histoire, Sharî’a, entretiens, culture populaire, patrimoine, rihlât, conférences, sermons, sentences, ont dépassé les cent cinquante.

Malgré cela, il accomplit son cheminement sur la Voie Darqâwiyya sous la direction de disciples de son père le Shaykh al-Ilighî et en a parlé dans plusieurs volumes de son livre célèbre al- Ma‘sûl ; il dit :

«J’avais à ce moment là reçu de lui des formules de dhikr par lesquelles j’eus du profit –par la grâce de Dieu. J’en reçus d’autres de Sidi Muhammad Ibn ‘Abdellah Rîkî, de Sidi ibrâhîm Basîr et de Sidi al-Tanânî -que Dieu les agrée ; ce sont mes Shaykhs dans la Voie soufie»436. Dans le douzième volume, il dit dans la biographie du Shaykh sidi Ibrâhîm al-Basîr, après l’avoir loué en tant qu’un des Shaykhs confirmés dans le soufisme :

435 Talîdî, al-Mutrib, p. 220. 436 Soussî, al-Ma’sul, vol. 15, p ; 162.

«J’avais reçu de lui des litanies initiatiques (awrâd) par lesquelles j’obtins des gratifications (nafahât)».

MUHAMMAD AL HACHIMI AL-TILIMSANI AL-JAZA'IRI (1880-1961):

Né à Tlemcen, il émigra en Syrie avec son Shaykh, Muhammad Yalas al-Tilimsânî. Ce dernier et le Shaykh Ahmad Ibn al-Mustafâ al-‘Alawî Ibn ‘Aliwa étaient ses Shaykhs dans la Tarîqa al-Darqâwiyya. Il eut le mérite de répandre cette dernière dans le Machriq (Orient) vers l’année 1907. Il alla à Damas, fuyant le colonialisme français. Parmi ses disciples, il y avait Muhammad Sa‘îd al-Barhânî et ‘Abdelkader ‘Isâ al-Halabî, en Syrie, et Sa‘îd al-Kurdî, en Jordanie ; ils étaient tous des Savants (‘Ulamâ’).

Parmi les Savants du Maghrib, il y a Mulay al-‘Arabi al-Darqâwi, le premier Shaykh de la Tarîqa, dont j’ai parlé précédemment. Parmi les autres Savants, il y a les disciples de ce dernier, tels que Muhammad Ibn Ahmad al-Buzîdî, auteur de al-Âdâb Mardiya, Rasâ'il et Tâ'iya fi Khamra Azaliya, ainsi que ‘allâma al-Hâchimî Ibn ‘Ajîba, le pôle Ahmad Ibn ‘Adelmumen al-Ghamârî connu pour sa connaissance parfaite de la science des lectures du Coran et des sept modes de récitation, le faqîh érudit Muhammad Ibn Muhammad al-Harrâq, le ‘allâma sidi ‘Abdelkader Ibn Jîda Fâsî, le ‘allâma sidi Muhammad Ibn ‘Abdellah Makûdî al-Tâzî, le allâma sidi Ahmad al-Kûhen al-Tâzî, le ‘allâma Abu Ziân al-Mu‘askarî, originaire de Mu‘askar, en Algérie, et auteur de Kanz al-Asrâr, le ‘allâma sidi ‘Abdelkader Ibn al-Sharîf al-Filîtî, leader de la révolte des Darqâwas contre les Turcs, en Algérie, le Shaykh al-Mostafâ al-‘Alawi de Mostaganem, le Shaykh sidi Muhammad Ibn Dhâfer al-Madanî, qui répandit la Voie en Libye, le ‘allâma chevroné Muhammad Ibn Ma‘rûf qui maîtrisait cinquante-quatre disciplines, le Shaykh Ibn Khayât al-Zakârî, qui a établi Les lettres de Mulay al-‘Arabî al-Darqâwi, le ‘allâma Ibn al-Siddîq al-Ghamârî à Tanger, et une élite parmi les gens du Souss comprenant Sidi al-Hâj ‘Alî al-Ilighî, père du ‘allâma sidi al-Mukhtar al-Soussî et Shaykh de sidi Ibrâhîm al-Basîr, le Junayd de son temps, sidi al-Hasan al Tâmûdîztî, le ‘allâma sidi Ahmad Ibn Mas‘ûd Ma‘darî, ….Ahmad Ibn Ahmad Zarruq Fâsî, Ibn ‘Abbad al-Rondî, Abu ‘Abdellah Amghâr al-Saghîr, Abu ‘Abdellah Muhammad Ibn Sulaymân Jazûlî, Abu Mahâsin Yûsuf Fâsî, Abu ‘Abdellah Muhammad Ibn Nâsir

al-Dar‘î, Mulay ‘Abdellah al-Sharîf, Sidi Muhammad al-Harrâq, Sidi Ahmad al-Badawî, Abu Ya‘zâ al-Mahâjî, le Shaykh ‘Allij al-Kabîr, ‘Abdelwâhid Yahyâ (René Guénon), Muhammad Ibn al-Habîb, Muhammad al-Kabîr al-Kettânî, et bien d’autres.

Tous ces ‘Ulamâ’ maîtrisaient différentes sciences, ont été initiés par des Shaykhs de la Tarîqa al-Darqâwiyya, dont ils ont adopté la doctrine spirituelle pour se rapprocher du Créateur et ont défendu les soufis, leur conduite et leurs œuvres contre tout ce que les dénigreurs leur reprochaient.

Les chercheurs ont accordé un grand intérêt aux ‘Ulamâ’ célèbres de la Tarîqa al-Shâdhilîyya al-Darqâwiyya, en Orient et en Occident, et en ont fait leurs sujets de recherche, car lorsque l’on fait des études et des thèses universitaires, nous y mentionnons les causes de leur affiliation à la Tarîqa, leurs divers états spirituels soufis, ce qu’ils ont dit pour défendre le soufisme, tout ce qui y a trait, et, ainsi, nous connaissons mieux la Tarîqa al-Darqâwiyya, les états de ses adeptes, Shaykhs et disciples.

L’ATTACHEMENT DES SHAYKHS DE LA TARIQA AL-DARQAWIYYA A