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L’HERITIER DU SECRET : ABU AL-HASAN AL-SHADHILI

Ibn ‘Atâ' Illâh al-Iskandarî a dit dans une de ses fameuses sapiences :

« Si Dieu veut révéler la faveur qu’il te fait, Il crée à travers toi et t’attribue ce qu’Il crée ».

Dieu voulut que cette Voie fût appelée la Tarîqa al-Shâdhiliyya, en référence à l’Imâm Abu al-Hasan al-Shâdhilî, car c’est grâce à lui qu’elle apparut, se répandit et fut accessible au plus grand nombre, si bien qu’y adhérèrent des

351 Id., pp.104-105.

gens de tous horizons. Je n’entrerai pas ici dans les détails de la vie du Shaykh ; je me contenterai de retracer les grandes lignes de son parcours à travers ses déplacements successifs, afin que l’on comprenne l’évolution de la Confrérie.

Ibn ‘Atâ' Illâh al-Iskandarî a dit :

«Abu al-Hasan al-Shâdhilî, de son nom complet Alî Ibn ‘Abdallah Ibn ‘Abdeljabbâr, descend de Hasan Ibn ‘Alî Ibn Abî Tâlib352. Abu Hasan al-Shâdhilî –que Dieu l’agrée- avait commencé sa vie par deux choses essentielles pour celui qui veut le cheminement sur la voie de Dieu et l’aspiration spirituelle : la science et la pratique religieuse.»353. Il avait accompli de nombreuses pérégrinations spirituelles et débattait majestueusement des sciences religieuses. Il ne prit la voie qu’après une maîtrise des sciences exotériques. 354

Ibn ‘Atâ' Illâh al-Iskandarî a dit aussi :

«J’ai entendu le Shaykh, al-Imâm, mufti al-islâm Taqiy al-Dîn Muhammad Ibn ‘Ali al-Qushayrî –que Dieu lui soit miséricordieux- dire : « Je n’ai pas vu quelqu’un de plus érudit que le Shaykh Abu al-Hasan al-Shâdhilî, que Dieu l’agrée».355

352Ibn ‘Atâ' Illah al-Iskandarî, Latâ'if al-minan, établi par Dr. ‘Abdelhalîm Mahmûd, Dâr al-kitâb al-misrî, le Caire, Dâr al-kitâb al-lubnânî, Beyrouth, p.123, 1ère éd., 1991. Mes observations sur ce livre c’est qu’il développe abondamment les thèmes des Saints (Walì), des prodiges spirituelles (karamàt), de al-Khidr et d’autres. Il nous donne des nouvelles de la vie d’al-Shâdhilî, et plus particulièrement sur sa relation avec le Prophète et avec les Saints de son temps et d’autres.

353

Id, p.11.

354 Id, p.123.

355

Id., p.124. Ahmad Ibn Muhammad Ibn ‘Abbâd Mahallî Shâfi‘ dans son livre :Mafâkhir ‘aliya fî

al-ma'âthir al-Shâdhilîyya a raconté une grande Polémique du Shaykh avec les mu‘tazilites montrant son degré

Ahmad Ibn Muhammad Ibn ‘Abbâd Mahallî Shâfi‘î dans son Livre Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya,356 à dit :

«Il vit le jour au village Ghammâra en Ifriqya, près de la ville de Ceuta, dans le Maroc occidental autour de l’an 593 de l’hégire.»357

‘Abd sal-Mun‘îm Qindîl dit à ce propos :

«Il est venu au monde au Maghrib occidental en l’an 593 de l’hégire, soit en 1197 de l’ère chrétienne. Le village qui le vit naître s’appelle Ghammâra et se situe non loin de la ville de Ceuta. Après avoir étudié les sciences exotériques et les avoir brillamment assimilées, il voyagea pour la première fois à Fès dans l’espoir d’y trouver le Shaykh qu’il cherchait. Il rencontra effectivement un certain nombre des Shaykhs mais sans pouvoir étancher sa soif spirituelle. Il décida alors d’aller en Orient, et précisément à Bagdad, car cette ville était depuis l’époque abbasside le pôle d’attraction des étudiants comme des commerçants. Il entama donc son exil en quête du Seigneur et rencontra le Shaykh Abu Fath al-Wâsitî en 1221. Abu al-Hasan avait vingt-cinq ans. Durant l’entretien qu’ils eurent, al-Wâsitî pressentit que ce jeune homme allait s’asseoir sur le trône de la fonction de pôle et il lui dit :

«Tu es venu en Irak chercher le pôle, mais tu l’as laissé dans ton pays ». C’est là qu’il rentra et qu’il rencontra le Shaykh Abdesalâm Ibn Mashîsh, comme nous l’avons vu dans ce chapitre. Après que ‘Abdesalâm Ibn Mashîsh se fut assuré que son élève était imprégné de la science soufie, il lui ordonna de se rendre dans la région de Shâdhila, dans l’actuelle Tunisie. Il lui dit :

356

Ahmad Ibn Muhammad Ibn ‘Abbâd Mahallî Shâfi‘î (m. après 1153 H.), Mafâkhir ‘aliya fî

al-ma'âthir al-Shâdhiliyya, Bibliothèque al-Mujallad al-‘Arabî, al-Azhar, Imprimerie al-Fajr al-jadîd, le Caire. 357 Id, p.10.

« Va en Ifriqiya358 et installe-toi dans une région qui s’appelle Shâdhila, car le Très-Haut te nommera al-Shâdhilî. Abu al-Hasan fit donc route vers le village de Shâdhila, puis il s’installa sur le mont Zaghuân où il trouva une grotte propice à la dévotion, loin du tumulte et du tapage du monde. Mais sa renommée eut tôt fait de s’étendre. On venait de partout pour le voir, si bien que les gens du village et de ses environs finirent par s’incommoder de sa présence. Aussi décida-t-il de partir pour Tunis et d’en faire le centre de diffusion de sa Voie. Sa renommée encore croissante lui valut de la part du gouvernement de l’époque des complots et des troubles qui le forcèrent à quitter cette ville pour accomplir le pèlerinage359. Il passa par Alexandrie, puis par le Caire. Là il fut reçu très favorablement par le sultan local360, en dépit de nouveaux complots fomentés par les autorités de Tunis. C’est ainsi que sa renommée prit de nouveau un rapide envol. Le moment du pèlerinage venu, il se rendit à la Mecque et à Médine. Puis il décida de prendre le chemin du retour vers Tunis. Il trouva cette ville transformée et gagnée par l’Islam, par l’effet de son enseignement. C’est durant cette période qu’il rencontra son élève, Abu al-‘Abbâs al-Mursî,361 l’héritier du secret [spirituel] après lui. Mais à peine s’était-il installé, qu’il décida de repartir pour l’Egypte en compagnie de ce dernier et d’autres élèves. Durant ce temps, la nouvelle commençait à se répandre qu’il était le pôle de son temps.362

Abu al-Hasan dit à ce propos :

« Par Dieu ! La grâce divine descend sur moi et je la vois se répandre dans les poissons dans l’eau et dans les oiseaux dans les airs ». Le Shaykh Amîn al-Dîn était présent ; il dit au Shaykh Abu al-Hasan : « Tu es, donc, le Pôle (Qutb) ». Le Shaykh Abu al-Hasan répondit : « Je suis le

358 Nom donné, à l’époque, au territoire comprenant l’actuelle Tunisie, l’Est algérien et l’actuelle Libye. Relation de son entrée à Tunis voir : al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya, p.13.

359

Relation des tentatives pour le perturber lorsqu’il arriva en Tunisie voir : al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir

al-Shâdhiliyya, p.27-28.

360 Relation détaillée de sa relation avec le sultan en Tunisie voir : Mafâkhir ‘aliya fî ma'âthir al-Shâdhiliyya, p25-26.

361 Abu al-‘Abbâs al-Mursî est né à Murcie en l’an 616 de l’hégire et est mort à Alexandrie en 685.

serviteur de Dieu, je suis le serviteur de Dieu (ana ‘abdu Allah) »363 . Nul parmi les Saints et les savants de son temps ne contesta qu’il manifestât la vérité claire, sauf Ibn al-Barrâ', grand juge du Maroc à ses débuts. 364

Quand à Ibn ‘Atâ' Illâh al-Iskandarî, il a dit à propos du shaykh :

«On demanda à Sîdî Abu al-Hasan al-Shâdhilî qui était son Shaykh, il répondit : « Par le passé c’était Sîdî ‘Abdesalâm ibn Mashîsh, mais aujourd’hui je ne suis le disciple de personne, par contre je nage dans dix mers, cinq humaines et cinq spirituelles : les spirituelles sont Gabriel (Jibrîl), Michel (Mîkâîl), Raphaël (Isrâfîl) et Azraël (‘Azrâ'îl) ainsi que l’Esprit (Rûh) ; quant aux humains ce sont le Prophète -que Dieu le salue et le bénisse, Abu Bakr, ‘Umar, ‘Uthman et ‘Alî… Au moment de sa mort le Shaykh dit : « Par Dieu ! j’ai apporté dans cette voie ce que personne n’a apporté ».365

Il a également dit :

«J’ai entendu notre Shaykh –que Dieu l’agrée- dire : « Notre Tarîqa n’est ni d’Orient ni d’Occident, elle remonte [Shaykh après Shaykh] jusqu’à al-Hasan Ibn ‘Alî Ibn Abi Talib –que Dieu l’agrée-, qui est le premier des Pôles (Aqtâb), toutefois il faut indiquer les différents maillons [Shaykhs] de la chaîne initiatique (silsila), et ceci est une guidance (hidâya). Parfois Dieu ravit un serviteur et celui-ci n’a pas besoin de la faveur d’un Maître (Shaykh) ou alors Il lui fait rencontrer le Messager Muhammad –que Dieu le bénisse et le salue, il apprend alors de lui et cette grâce lui suffit.366

363

Ibn ‘Atâ' Illah al-Iskandarî, Latâ'if al-minan, p.126. Ibn ‘Abbâd al-Mahallî al-Shâfi‘î, al-Mafâkhir al-‘aliya fî

al-ma'âthir al-Shâdhiliyya,p7.

364 al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya,p7.

365

Id., p20 et p.130. et voir quelques uns de ses prodiges (karâmât( p14-19.On a rapporté à son propos des prodiges (karâmat) et des états que la personne ordinaire a de la peine à reconnaître et accepter si elle ne fait pas partie des soufis ou de ceux qui pratiquent le soufisme.Parmis ces prodiges; il a raconté que le Shaykh Abu al-‘Azâ'im Mâdî expérimenta concernant le Shaykh Abu al-Hasan ; il s’était opposé en son for intérieur (bâtinan) au Shaykh et le lendemain il constata la sincérité de ce que ce dernier avait dit. Mafâkhir ‘aliya fî

al-ma'âthir al-Shâdhiliyya,p30-31. 366 Id., p.147.

Ahmad Ibn Muhammad Ibn ‘Abbâd al-Mahallî al-Shâfi‘î à dit en ce qui concerne la majesté du degré spirituel de Abu al-Hasan al-Shâdhilî:

«La majesté du degré spirituel de ce grand homme, Sîdî Abu Hasan al-Shâdhilî, s’est manifestée et s’est propagée dans les villes et les campagnes. Il est le Maître de cette Tarîqa ; il a fondé cette Voie et porté l’étendard de l’armée et par lui elle a développé ses branches et donné ses fruits. Par la grâce de Dieu et par sa très forte volonté spirituelle (himma) les fondements de cette Tarîqa se sont consolidés et elle a rayonné… Il a répandu les lumières de ses Shaykhs et posé les règles pour ses futurs disciples. Il y avait un consensus sur sa Sainteté et son élection spirituelle parmi les Saints gnostiques de son temps et l’unanimité des grands savants quant à son haut rang». 367

Après son retour de pèlerinage à La Mecque, il fonda une Zaouïa à Alexandrie, où il accueillait les invités et éduquait ses disciples. Sa Voie connut un tel succès que de grands savants y adhérèrent. C’est ainsi que ‘Izz a-Dîn Ibn ‘Abdesalâm,368 reçut son enseignement, ainsi que Ibn Daqîq al-‘Îd369 et d’autres370. «Lorsque le Shaykh vint, du Maroc occidental, en Egypte, il commença à prêcher, demandant aux gens de venir à Dieu, les gens de l’Orient et de l’Occident s’inclinèrent et répondirent à son appel. Ainsi, assistaient à ses séances de prédication les plus grands savants de son époque, tels que Sîdî al-Shaykh ‘Iz al-Dîn Ibn ‘Abdesalâm, le Shaykh Taqî al-Dîn Ibn Daqîq al-‘Ayd, le Shaykh ‘Abdel‘adhîm al-Mandharî, Ibn al-Salâh, Ibn al-Hâjib, le Shaykh Jamal al-Dîn ‘Usfûr, le Shaykh Nabîh al-Dîn Ibn ‘Auf, ainsi que les Sultans des savants orientaux et occidentaux, de même que le Shaykh Muhyi al-Dîn Ibn Sarâqa, le savant Yâsîn Tilmîd ibn al-‘Arabî -que Dieu les agrée ; ils assistaient à ses

367

Id., p.6.

368 Ce savant est mort en 660 de l’hégire.

369 Ce savant est mort en 702 et fut enterré près d’Ibn ‘Atâ Allâh au Caire.

370

A propos de ses disciples qui s’installèrent au Maroc et les autres voir : Ibn ‘Atâ' Illah Iskandarî, Latâ'if al-minan, p.146.et pour des nombreux disciples qui furent ses compagnons en Tunisie voir : al-Mafâkhir al-‘aliya

réunions à la madrasa al-Kamiliya au Caire avec respect et assiduité, se considérant comme ses élèves.»371

Abu al-Hasan disait :

«Il n’y a pas sur la face de la terre d’assemblée de fiqh plus resplendissante que celle de ‘Iz Ibn ‘Abdesalâm ni d’assemblée de science du hadîth plus éclatante que celle du Shaykh Zakî al-Dîn ‘Abdel‘adhim ni d’assemblée de science des vérités plus radieuse que celle-ci ».372

Parmi les Saints et les savants, de son temps et d’après, qui le mentionnèrent, citons le Shaykh Safiy al-Dîn Abu Mansur al-Shâdhilî qui le loua abondamment, et à la mesure de sa connaissance, dans sa Risala, le Shaykh ‘Abdallah Ibn Nu‘mân qui lui reconnut la qualité de Pôle (Qutbâniya) ; le Shaykh Qutb al-Dîn al-Qastalânî qui en parla parmi d’autres Shaykhs ; le Shaykh Taj al-Dîn Ibn ‘Atta' Illah al-Iskandarî dans son livre Latâ'if al-minân ; le Shaykh Sirâj al-Dîn Ibn al-Mulaqqin dans son Tabaqât al-Awliyâ ; le Shaykh Jalâl al-Dîn al-Suyûtî dans son Husn al-muhâdarat ; Sîdî ‘Abd al-Wahhâb al-Sha‘rânî dans son Tabaqât, al-Munâwî dans al-kawâkib al-dhuriya, ainsi que d’autres Shaykhs, en faisant chacun la louange et en le décrivant à mesure de ce qu’il connaissaient de son degré ; nul parmi les saints et les savants de son temps ne le contestât.»373

En 1258, la Tarîqa al-Shâdhilîyya était au sommet de sa gloire et Abu al-Hasan avait achevé d’éduquer quarante disciples parvenus au rang de siddîq374, tous capables de porter l’étendard de la Voie. Néanmoins Abu al-‘Abbâs gardait la précellence. Cette année là, le Shaykh décida d’accomplir le pèlerinage, mais le sort s’interposa à

371 Ibn ‘Abbâd al-Mahallî al-Shâfi‘î, al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya, p.21.

372 Ibn ‘Atâ' Illah al-Iskandarî, Latâ'if al-minan, p.131.

373

Id., p.7.

374

La station spirituelle considérée la plus haute. Abu al-Hasan dit à ce propos : « J’ai vu en rêve le Prophète – sur lui le salut et la bénédiction divine- ; Il me dit : "Ô ‘Alî", Je lui répondis : "A ton service Ô Messager de Dieu", Il me dit : "Vas en Egypte pour y éduquer quarante amis". C’était l’été et il faisait très chaud ; je dis : "Ô Sîdî, Ô Messager de Dieu, la chaleur est torride", il me répondit : "Les nuages te feront de l’ombre", je dis alors : "Ô bien-aimé, je crains la soif", il me répondit : "Il pleuvra chaque jour devant vous". Il me promit que soixante-dix prodiges auront lieu durant le voyage » al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya, p.28.

ce dessein alors qu’il était en route pour les lieux saints. Quant sa caravane atteignit la région du Sa‘îd, dans le désert de ‘Aydhab, entre Al-Qanâ et Qasîr, Abu Hasan Shâdhilî rendit l’âme et laissa à la tête de la Voie, Abu ‘Abbâs al-Mursî.375

Le Shaykh Ibn ‘Atà Allàh dans son Livre Latà’if al-minan à dit :

«Le Pôle (Qutb) Shâdhilite dit à propos de Abu al-‘Abbâs al-Mursî : « Il connait plus les voies célestes que les voies terrestres ».376 Ibn ‘Atâ' AIlah rapporte aussi qu’un compagnon lui raconta un rêve qu’il avait fait. Un homme de science était à Qurâfa sughrâ (cimetière sur le mont al-Muqattam au Caire) alors que les gens étaient rassemblés et observaient le ciel et que quelqu’un disait : « Le Shaykh Abu al-Hasan al-Shâdhilî, vêtu de blanc, est descendu du ciel et lorsque le Shaykh Abu al-‘Abbâs l’a vu il se tint fermement sur ses jambes, alors le Shaykh Abu al-Hasan se posa sur lui et le pénétra par la tête jusqu’à ce qu’il disparût en lui ». Puis l’homme se réveilla».377 Dr. ‘Abdelhalîm Mahmûd commente ce rêve ainsi : Abu al-Hasan et Abu al-‘Abbâs fusionnèrent, c'est-à-dire que Abu al-‘Abbas est la continuation de Abu al-Hasan378.

De même il lui dit un jour :

« Ô Abu al-‘Abbâs, ma vue (basarî) s’est intégrée à ma vision du cœur (basîratî) et je ne vois plus que par Dieu, avec Lequel il n’y a pas d’autre divinité. Je ne laisserai pas de meilleur que mes compagnons et -par Dieu ! tu en es le meilleur. Tu hériteras la véridicité, après moi ».379

L’auteur d’al-Mafâkhir al-‘aliya fî al-ma'âthir al-Shâdhiliyya, raconte les derniers moments de Shaykh Abu al-Hasan, il dit :

375 ‘Abd al-Mun’im Qindîl. Abu alhassan ash-Shâdhilî ;p15-20.

376 Id., p.6

377

Id., p.17.

378 Id., p.17.

Ce soir là il avait réuni ses compagnons et leur fit des recommandations, parmi lesquelles le soin à accorder au Hizb al-Bahr, en leur disant : « Apprenez-le à vos enfants, car il contient le Nom suprême de Dieu », puis il s’isola avec Sîdî Abu al-‘Abbâs al-Mursî, lui fit certaines recommandations et lui légua ce que Dieu lui avait attribué d’élection et de grâce divine. Ensuite il dit à ses compagnons : « Si je meurs, fiez-vous à Abu al-‘Abbâs al-Mursî, il est mon successeur (khalîfa), il aura une station élevée parmi vous et il est l’une des portes divines ».380

Un grand nombre de soufis furent initiés par le Shaykh. Certains s’installèrent au Maroc, tel Abu al-Hasan al-Saqalî, qui fut un grand Saint, d’autres le suivirent et émigrèrent avec lui en Egypte tels notre Shaykh et notre modèle sur la voie de Dieu (le Très-Haut) Abu al-‘Abbas Shihâb al-Dîn Ahmad Ibn ‘Umar al-Ansârî al-Mursî –que Dieu l’agrée ; al-Hâj Muhammad al-Qurtubî ; Abu al-Hasan al-Bajâ'î ; al-Wijhânî, et al-Jazzâr. D’autres furent ses compagnons en Egypte, tels le Shaykh ‘Abdallah Ibn Mansûr, connu sous le nom de Makîn al-Dîn al-Asmar, le Shaykh ‘Abdelhakîm, le Shaykh Sharaf al-Bûnî, le Shaykh ‘Ayd al-Laqânî, le Shaykh ‘Uthmân al-Bûrîjî et le Shaykh Amîn Jibrîl. Tous ces Shaykhs avaient acquis des sciences et des secrets spirituels et avaient des disciples qu’ils éduquaient. Le Shaykh Taqî al-Dîn Daqîq disait :

« je n’ai jamais vu quelqu’un plus proche de Dieu que Abu Hasan al-Shâdhilî ».381

Abu al-Hasan al-Shâdhilî laissa donc derrière lui de nombreux disciples qui, propagèrent la Voie, la répandant dans toutes les régions.

Mais sur quoi se fondent les pratiques de cette Voie à laquelle il donna une organisation particulière et qui a connu un si grand succès au nord, au sud, à l’est et à l’ouest ?

380 Id., p.45.

Le Shaykh Taj al-Dîn al-Iskandarî –que dieu l’agrée- a dit dans le Latâ'if al-Minan :

« la méthode spirituelle (tarîqa) du Shaykh était basée sur le rassemblement pour la cause de Dieu, le rejet de la divergence, la retraite spirituelle (khalwa), le dhikr ; il faisait cheminer chaque disciple par la voie qui lui convenait et demandait que l’on se rassemble sur l’amour de dieu. Il ne demandait pas à quelqu’un d’abandonner son métier ou son commerce mais l’éduquait alors même qu’il l’exerçait, il exécrait toute ambigüité qui pouvait mener le disciple concerné à l’échec de son cheminement spirituel ; il disait, comme son Shaykh :

« Suivez-moi en compagnonnage spirituel, mais je ne vous interdis pas de