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LES CONFRERIES DERIVEES DE LA SHADHILIYYA :

La Voie soufie d’Abu al-Hasan s’est diffusée en Afrique du nord puis elle à fait route vers l’est de l’Afrique noire. Elle est ensuite arrivée en Egypte puis s’est répandue jusque dans les régions de l’orient arabe, en particulier dans la région du Hedjaz395. Ainsi la confrérie al-Shâdhilîyya est-elle considérée comme l’une des plus importantes, non seulement dans le Hedjaz, mais aussi en Afrique du nord, où elle a donné naissance à pratiquement toutes les autres Voies soufies agissantes dans ces régions et dans les autre régions d’Afrique, si bien qu’elle est présente depuis le Hedjaz, à l’est, jusqu’en Andalousie, à l’ouest .George Drague a recensé dix-neuf confréries issues de la Shâdhiliyya, au Maghrib, dont les plus célèbres sont la Zarrûqiyya et la Jazûliyya.

Muhammad al-Mahdi al-Fâsî a consacré à ces deux dernières son livre, Tuhfa ahl al-Siddiqiyya bi asânîd al-tâ'ifa al-jazûlî yya al-Zarrûqiyya, dans lequel il parle de leurs principes respectifs et des degrés d’avancement qu’elles énoncent, ainsi que des personnes se situant à chaque degré. J’essaierai de parler de manière concise des confréries issues de la Shadhiliyya qui s’étendent actuellement dans le monde islamique, car s’est par l’intermédiaire de celles-ci que son histoire s’est perpétuée jusqu’à notre époque.

LA TARIQA AL-JAZULIYYA

L’importance de l’Imâm al-Jazûlî tient au fait qu’il est considéré comme un rénovateur de la Tarîqa al-Shâdhiliyya. Fort de son large savoir, il la réorganisa et

favorisa sa diffusion au Maghrib. Les adeptes de sa Voie et des confréries qui en sont issues représentent le plus grand nombre de soufis dans ces régions. La vie de l’Imâm al-Jazûlî comporte des grandes zones d’hombre. Il s’est fait connaître dans la région de Souss, à l’extrême ouest du Maroc actuel, à la fin du quatorzième siècle. Il est difficile d’établir ses années de naissance et de mort, car les documents n’indiquent rien à ce sujet. Il émigra en orient à la recherche d’un Shaykh et y resta pendant sept ans, se déplaçant du Hedjaz en Egypte et en Palestine. Il semblerait qu’il n’ait pas trouvé ce qu’il cherchait, en dépit de son long périple et de la diversité des lieux qu’il visita. Il retourna finalement au Maghrib occidental et s’installa à Fès. C’est là que le Shaykh Zarrûq lui indiqua son Maître éducateur, le Shaykh Abu ‘Abdallah Muhammad Amghâr qui l’initia à la Voie al-Shâdhiliyya.

Selon toute vraisemblance, les quatorze années de retraite spirituelle et de méditation auquelles il se consacra lui suffirent pour assimiler la Voie, et il commença à la diffuser parmi ses disciples et ses élèves. La ville d’Asfi396 fut l’une des premières villes où s’exerça l’influence de l’Imâm al-Jazûlî. Il fut aidé en cela par la prédisposition de ses habitants, si bien qu’il y compta plus de douze mille disciples, ce qui embarrassa les autorités Mérinides397 de l’époque. L’Imâm al-Jazûlî suivait la Tarîqa al-Shâdhiliyya, mais y apporta quelques transformations. Il est l’auteur du célèbre ouvrage « Dala’il al-Khayrât » dont il recommanda la lecture à ses disciples. Il considérait que le Maître est une condition nécessaire du cheminement spirituel et il établit un certain nombre de règles de bienséance à respecter dans les relations de Maître à disciple.

Par ailleurs, une des injonctions importantes de l’Imâm al-Jazûlî est celle du de la lutte (jihâd) contre l’envahisseur étranger. Muhammad al-Mahdî al-Fâsî a, dans son livre précité, divisé les partisans de l’Imâm al-Jazûlî en sept groupes constituant les principales branches dérivées de la Jazûliyya.

396 Ville du Maroc actuel proche de Marrakech.

397 Dynastie berbère ayant régné de 1244 à 1465 et s’étant imposé sur l’ensemble du Maghrib et une partie de l’Andalousie

LA TARIQA AL-ZARRUQIYYA

Elle tient son nom d’Abu ‘Abbas Ahmad Ibn Ahmad, Ibn Muhammad Ibn ‘Îsa al-Barnûsî al-Fâsî, connu sous le nom de « Shaykh Zarrûq », né en 1442 (846 de l’hégire). Jurisconsulte et éminent Maître soufi, il est connu pour un certain nombre d’ouvrages parmi lesquels : Qawâ‘id al-Tasawwuf, Sharh al-Hikam, Sharh Risâlat Abu Zayd al-Qarawânî, Sharh Mukhtasar Khalîl, ‘Udda al-Murîd al-Sâdiq, et un grand nombre d’autres écrits. Il est mort à Masrâta, en Libye, en 1493 (899 de l’hégire).

LA TARIQA AT-TABBA‘IYYA

Cette confrérie tient son nom d’Abu Fâris ‘Abd al-‘Azîz Ibn ‘Abd al-Haqq al-Tabbâ’. Ce personnage est plus énigmatique que l’Imâm al-Jazûlî. On sait qu’il est né à Marrakech au milieu du neuvième siècle de l’hégire. Certaines sources mentionnent qu’il était d’abord illettré mais qu’il se rendit à Fès et s’y consacra à l’étude. Le Shaykh Abu Ya‘za al-Maghribî joua un rôle important dans la formation de sa personnalité. Il retourna ensuite à Marrakech avec la permission de son deuxième Maître, le Shaykh Muhammad al-Saghîr398 au service duquel il se mit après la mort de son Maître l’Imâm al-Jazoûlî. C’est pourquoi on dit qu’al-Tabbâ’ a suivi la Voie et l’exemple d’al-Jazûlî et a accompagné Muhammad al-Saghîr, dont il reçut l’initiation. Al-Tabba’ s’appuyait sur le poème d’Ibn Bannâ' Sarqstî intitulé Mabâhith al-Asliya, pour éduquer ses nombreux disciples, lesquels étudiaient la journée et récitaient les litanies et les mentions liturgiques, léguées par son Maître al-Jazûlî, la nuit. Il est mort en 1508 et a été enterré à Marrakech399.

LA TARIQA AL-‘ÎSAWIYYA

Son fondateur est Muhammad Ibn ‘Îsâ al-Mukhtârî al-Miknâsî. Cet homme fut le disciple de trois Shaykhs : Ahmad al-Hârî Abu al-‘Abbâs, lequel est enterré à Meknes, ‘Abd al-‘Azîz al-Tabba’, dont nous venons de parler, et al-Saghîr al-Suhaylî. Il s’installa à Meknès où il s’employa à éduquer ses disciples. Il eut une grande influence et devint un pôle d’attraction pour les étudiants et les aspirants, qui venaient à lui de toutes les régions du Maghrib. Son éducation se basait sur la

398 Muhammad Ibn Muhammad al-Saghîr, mort en 1155. Ziriklî, t.6, p. 168. 399 Jallâb, al-Haraka, pp.115-116.

sincérité, l’amour, la générosité et l’assiduité dans la prière sur le Prophète, la lecture du Coran et du Dalâ'l al-Khayrât.

Cependant, après sa mort la Voie commença à s’écarter des fondements de la confrérie al-Shâdhilîyya al-jazûlî yya, notamment par les pratiques de mortification avec des armes et de dressage d’animaux sauvages. Des récits oraux rapportent, pour expliquer les origines de ces pratiques, que le Maître eut des désaccords avec le Sultan de l’époque et qu’il fut chassé de la ville. Il erra avec ses partisans jusqu’à ce que, tiraillés par la faim, ils se mirent à manger des serpents et autres bêtes sauvages, mais il fut bientôt rappelé à la ville et accepta de revenir à condition que ses adeptes soient exonérés de taxes et d’impôts400.

LA TARIQA AL-GHAZWANIYYA

Son fondateur est Abu Muhammad ‘Abdallâh Ibn ‘Ajjâl al-Ghazwanî, du nom d’une tribu arabe. Il étudia à Fès puis se rendit à Marrakech où il se mit au service du Shaykh al-Tabbâ’. Il travailla dans la Zaouïa de ce dernier et s’employa à l’entretien du jardin. Dix ans après, son Maître l’autorisa à ouvrir une Zaouïa dans la tribu des Banî Fazkâr dans la région de Habt. Il y acquit une grande renommée, d’autant qu’il était de cette région, et réunit de nombreux adeptes. Il était considéré comme l’héritier du secret spirituel (sirr) d’al-Tabbâ’. La confrérie al-Ghazwaniyya est jazûliyya à la base et est fondée sur l’amour du Prophète et sur la prière sur celui-ci, ainsi que sur l’assiduité dans la mention de Dieu (dhikr)401.

LA TARIQA AL-WAZZANIYYA

Son fondateur est Mulay ‘Abdallâh Ibn Ibrâhîm al-Charîf, descendant d’Ibn Mashîsh (le frère d’Ibn Mashîsh). Il est né à Tazert vers l’an 1596. Grâce au soutien des autorités, cette confrérie acquit rapidement une grande notoriété. A l’époque du petit-fils de son fondateur, son influence s’était étendue jusqu’en Algérie actuelle. Elle se divisa ensuite en les confréries Tîbiyya Wazzâniyya et Tihâmiyya al-Wazzâniyya402.

400 Id.

401 Id., pp.118-119. 402 Id., p.129

LA TARIQA AL-SHARQAWIYYA

Cette confrérie est fortement liée à la confrérie al-jazûlîyya (Tabbâ‘iyya/ Wazzâniyya). le père de Muhammad al-Sharqî, son fondateur, rendait visite à son Maître al-Tabbâ’ avec assiduité. Il reçut l’initiation de ‘Abdallâh Ibn Sâsî qui l’avait reçue d’al-Ghazwânî, ainsi que de son père Abu al-Qâsim al-Sharqî qui l’avait reçu d’al-Tabbâ’, l’ayant reçue lui-même d’al-Jazûlî.

La confrérie ne se fit largement connaître qu’à la fin du onzième siècle, après la destruction de la Zaouïa d’al-Dallâ' en 1668 et après que les Shaykhs qui la dirigeaient se lièrent au Sultan Mulay Ismâ‘îl403. Elle suivit en cela la même ligne de conduite que la Zaouïa al-Wazzâniyya. Puis elle abandonna sa vocation à offrir le couvert aux pauvres et à se consacrer aux litanies, et elle s’engagea dans la politique404.

LA TARIQA AL-NASIRIYYA

L’origine de cette confrérie remonte à la Zaouïa al-Nasiriyya fondée par Abu Hafs ‘Umar Ibn Ahmad Ansârî à Tamgrût en 1575. Ahmad Ibn ‘Umar Ibn Ibrâhîm al-Ansârî, un de ses petits-fils,s’y installa. Il enseigna au Shaykh ‘Abdallâh Ibn Hasâyin al-Raqiy le programme de litanies de la Shâdhilîyya. Puis en l’an 1630, Abu ‘Abdallâh Muhammad Ibn Nâsir al-Dar‘î se présenta et prit l’initiation du Shaykh Ibn Hasâyin. Il s’y installa selon la recommandation du Shaykh qui l’encouragea à enseigner et à diffuser la science. C’est finalement à lui que revint la direction de la Zaouïa après que fut tué Ahmad Ibn Ibrâhîm al-Ansârî qui occupait la fonction de Shaykh depuis la mort d’Ibn al-Hasayîn405.

Cette confrérie remonte donc à Muhammad Ibn Nâsir al-Dar‘î, mort en 1674. Sa Zaouïa d’origine se situe à Tamgrût sur les bords de l’oued Dar‘a. Ibn Nâçir penchait pour la simplicité dans son enseignement et sa Voie se fondait sur la mention (dhikr), l’observance d’une sincère repentance, la crainte de Dieu et la remise confiante en Lui. Il tenait compte de l’état et de la condition du disciple dans les litanies qu’il recommandait ; ce qu’il prescrivait aux Savants ne correspondait pas à ce qu’il

403 Sultan, de la dynastie Alaouite, qui dirigea le Maghrib occidental en 1139 de l’hégire. 404 Jallâb, al-Haraka, p. 130.

prescrivait aux illettrés. Un certain nombre de Savants soufis furent les élèves d’Ibn Nâsir. C’est le cas d’Abu ‘Alî al-Yûsî406 et d’Abu Sâlim al-‘Ayyâshî407. Sa confrérie se diffusa dans toutes les régions du Maghrib.

LA TARIQA AL-GHAZIYYA

Cette confrérie qui tient son nom d’Abu al-Qâsim al-Ghâzî al-Fîlâlî est apparenté à la confrérie al-zarrûqiyya al-Wafâ'iyya. Son fondateur était disciple de ‘Alî Ibn ‘Abdallâh al-Siljilmâsî, lui-même disciple d’Ahmad Ibn Yûsuf al-Maliânî al-Râshidî, lequel reçut son enseignement d’Ahmad Zarrûq.408

LA TARIQA AL-HAMDUSHIYYA

Elle tient son nom de ‘Alî Ibn Hamdush, dont le tombeau se trouve à Meknès. Elle est réputée pour le goût de ses adeptes pour la « danse », le dressage d’animaux sauvages et la mortification par les armes. Elle est à l’origine jazûliyya-sharqâwiyya, car son fondateur est un élève de Muhammad al-Sharqî, dont on a parlé précédemment.

LA TARIQA AL-HANSALIYYA

Elle tire son nom de Sa‘îd Ibn Yûsuf al-Hansâlî, mort en 1702 dont le grand-père était le fondateur de la Zaouïa du même nom liée à la Tarîqa d’Abu Muhammad Sâlih. Sa‘îd était le disciple de Muhammad Ibn Nâsir, le fondateur de la Tarîqa al-Nasiriyya dont nous avons parlé. Elle fut très répandue dans la région de l’Atlas409.

LA TARIQA AL-KATTANIYYA

Elle fut fondée par Muhammad al-Kabîr al-Kattânî, à Fès en 1850. Il se basait sur les principes de la Tarîqa al-Darqâwiyya. Cette confrérie ouvrit plusieurs Zaouïas dans les villes du Maghrib, puis elle s’étendit jusqu’en Orient. Un de ses illustres représentants en Orient était le Shaykh Muhammad al-Makkî al-Kattânî.

406 Abu ‘Alî al-Yûsî al-Hasan Ibn Mas‘ûd est un des illustres Savants du Maghrib. Il est mort en 1692. Ziriklî, al-A‘lâm, t.2, p.234.

407 Abu Sâlim al-‘Ayâshî ‘Abdallâh Ibn Muhammad, mort en 1090 de l’hégire. 408 Jallâb, al-Haraka, p. 137.

LA TARIQA AL-ZAYYANIYYA

Son fondateur est Ibn ‘Abderrahman Bû Zayyân, qui était le disciple de Mubârak Ibn ‘Abdelazîz al-Nâsirî, l’élève du Shaykh Ahmad Ibn al-Nâsir. Cette confrérie a eu une grande influence dans le sud-ouest de l’Algérie, ainsi qu’à Touât et à Karrâra.

LA TARIQA AL-YASHRITIYYA

Cette confrérie tient son nom du Shaykh ‘Alî Nûr Dîn Yashritî Hasanî al-Husaynî al-Tûnisî al-Maghribî, né en l’an 1585 à Betrart, en Tunisie. Il reçut l’initiation à la Tarîqa Shâdhilîyya Madaniyya du Shaykh Muhammad Hamza Ghâfir al-Madanî. Après de nombreux voyages, il se rendit en Orient, résida un temps à Médine, et s’installa finalement à Acre. Il est mort en 1898. Ses adeptes furent nombreux ainsi que les Zaouïas de sa confrérie en Orient. Fâtima al-Yashrîtiyya, a grandement servi cette confrérie par ses écrits remarquables, parmi lesquels l’important ouvrage Kitâb al-Rihla ilâ al-Haqq, ainsi que Kitâb Nafahât al-Haqq. La succession de la confrérie est revenue ensuite au Shaykh Muhammad al-Hâdî Ibrâhîm al-Yashritî ; nous ne savons pas ce que cette Tarîqa est devenue par la suite.

LA TARIQA AL-BURHANIYYA

Cette Tarîqa, dont le fondateur est le Shaykh Muhammad ‘Uthmân ‘Abd al-Burhânî, est apparue au Soudan. Elle est apparentée à la Tarîqa al-Shâdhilîyya par le biais de du Shaykh al-Dusûqî. Elle connut un grand succès et s’est répandue en Afrique, en Orient et dans le monde occidental. Elle compte aujourd’hui un grand nombre d’adeptes et de Zaouïas. Les écrits du Shaykh, dans le domaine de la jurisprudence, de la biographie du Prophète, du soufisme et de sa poésie donnent un aperçu de sa stature. La succession de la Voie après lui revint au Shaykh Ibrâhîm.

LA TARIQA AL-BUZIDIYYA

Cette Tarîqa est attribuée au Shaykh Muhammad al-Buzidi Ghemari, qui naquit dans la tribu des Bani Salman Laghmaria, où il grandit et apprit le Coran. Il consacra une longue période de sa vie à la dévotion et à la pérégrination (siyâha) ; son lieu de culte se trouve encore à Tanger. Il prit contact avec le Shaykh Mulay ‘Arabi al-Darqâwi, qui l’affilia à la Tarîqa. Il fut le compagnon spirituel de ce dernier pendant

plus de seize ans, période durant laquelle il eut de nombreux disciples, parmi lesquels le célèbre Shaykh Ahmad Ibn ‘Ajîba (Shaykh de la Tarîqa al-‘Ajibiyya). Le Shaykh al-Buzidi trouva la mort en 1129 à Beni Zayat Laghmaria alors que son Shaykh, al-Darqâwi, était encore en vie. Ce dernier désigna le Shaykh Muhammad al-Harraq comme successeur.

LA TARIQA AL-‘AJIBIYYA

Cette Tarîqa est attribuée au Shaykh Sidi Ahmad Ibn ‘Ajîba, contemporain du roi Muhammad Ibn ‘Abdallah et ses deux fils Mulay Yazid et Mulay Sulayman, souverains de la dynastie Alaouite. Il naquit en 1160 de l’hégire, dans le village A‘jebech près de Tétouan. Il apprit le Coran et maîtrisa plusieurs arts et sciences, dont la linguistique, la logique, la jurisprudence, l’exégèse, le mysticisme, le soufisme et l'astrologie. Sa présence à Fès, lui permit de côtoyer plusieurs Savants. De retour à Tétouan, il consacra son temps à l'isolement, à la dévotion, à l'invocation, à la lecture du Coran et à la prière sur le Prophète. Il se consacra ensuite à l'enseignement, dans la ville de Tétouan. Il rencontra le Shaykh al-Buzidi qui l’initia à la Tarîqa al-Darqâwiyya et lui ordonna de pratiquer la pérégrination (siyâha) pour rappeler aux gens la Voie de Dieu et leur transmettre les litanies rituelles. Il connut un grand succès dans cette mission; ce qui l’exposa à des calomnies de la part de gens envieux qui réussirent finalement à le faire emprisonner. Durant cette épreuve, de nombreux détenus se repentirent grâce à lui. Une fois sortie de prison, il quitta Tétouan pour se rendre à Zmyj Ibn Sa‘id où il résida jusqu'à la fin de sa vie, en 1224 de l’hégire. Sa tombe est connue dans le village Zmyj de la tribu ‘Anjara.

LA TARIQA AL-HARRAQIYYA

Cette Tarîqa fut fondée par le Shaykh Muhammad al-Harraq, né en 1186 de l’hégire à Chefchaouen. Après avoir appris le Coran, étudié et pratiqué certains métiers, il se rendit à la Mosquée Qarawiyîn à Fès. Plus tard, il fut désigné par le Sultan Mulay Sulayman pour assurer l'enseignement dans la ville de Tétouan où il passa le reste de sa vie. Il fut victime d’un complot, ourdi par ses collègues ‘Ulama', qui fut une cause directe de sa décision d'entrer dans la Voie soufie. Sa rencontre avec le Shaykh Mulay al-‘Arabî al-Darqâwi lui permit de suivre les enseignements de la Tarîqa. Plus tard, il retourna à Tétouan et fonda sa Zaouïa dans le quartier de Bab

al-Maqabir. A partir de ce lieu, sa réputation et sa Voie se répandirent dans d'autres grandes villes du Maroc. Il mourut en 1261 de l’hégire et fut enterré dans sa Zaouïa.

LA TARIQA AL-BADAWIYYA

Cette Tarîqa est attribuée au Shaykh Ahmad al-Badawi Zwitin. Voici la raison pour laquelle il fut nommé al-Badawi : alors que son père était en voyage pour accomplir le pèlerinage, il passa par la ville de Tanta, en Egypte, et visita le tombeau du Shaykh Badawi. Là, il fit la promesse à Dieu que s'il avait un fils il le nommerait al-Badawi. Celui-ci, apprit le Coran et étudia les sciences dès son plus jeune âge. Puis il consacra son temps à la dévotion et la lecture des livres soufis. Ensuite, il prit contact avec le Shaykh Mulay al-‘Arabi al-Darqâwi, qui l’initia à la Tarîqa. Il rédigea plusieurs livres et lettres. Il transmit son savoir et sa Voie à plusieurs de ses disciples, ce qui permit la propagation de celle-ci dans de nombreuses villes marocaines, en particulier au Sahara. Il trouva la mort à Fès 1275 de l’hégire.

LA TARIQA AL-SEDDIKIYYA

Cette Tarîqa est attribuée au Shaykh Muhammad Ibn Seddik al-Ghumari le tangérois, qui naquit en 1295 de l’hégire. Il apprit le Coran dès son jeune âge ainsi que quelques-uns des principes de la science. Puis il se rendit à Fès pour approfondir ses connaissances auprès des ‘Ulamâ’ et en particulier le Shaykh Muhammad Ibn Ibrâhîm. Ce dernier lui transmit le wird shâdhilî. Dès son retour à Tanger, il se maria et s’employa à diffuser la science et à prêcher. Il se servait de la Zaouïa du Shaykh al-Harrâk, à Tanger, comme lieu de réunion pour ses adeptes. Il était un grand Imâm et