• Aucun résultat trouvé

1.3 un problème de données ?

5. Des sentiers encore peu défrichés

5.1. La population cible

Les grandes enquêtes démographiques et de santé couvrent désormais les hommes, mais il s’agit rarement du conjoint. La prise en compte du couple (qu’il soit légitime/ non légitime, stable/non stable) ne représente encore qu’une faible proportion des recherches. La grossesse (et la contraception) reste le plus souvent étudiée à partir de la femme et non à partir du couple. L’analyse de la gestion faite par la femme de son désir de grossesse ou de sa grossesse doit tenir compte de l’interaction au sein 59 Coopération canadienne : projet de « Prévention des IST/VIH/SIDA auprès des camion- neurs, des populations riveraines et des communautés d’origine et d’accueil de l’axe routier Douala Ngaoundéré, Cameroun » http://www.acdi-cida.gc.ca/cpb/zonejeun.nsf/Fr/STE- 10685634-W4W (consulté le 30/07/2007). Family Health International, The India-Nepal Parnership: Building Cross-Border Collaboration in Areas of Affinity, The Bhoruka AIDS Prevention (BAP) Project http://www.fhi.org/en/HIVAIDS/pub/Archive/articles/AID- Scaptions/volume3no2/IndiaNepalPartneship.htm (consulté le 30/07/2007).

du couple. Les intérêts des deux partenaires convergent-ils ou divergent-ils ? Dans le cas d’intérêts divergents, la conclusion d’une grossesse peut être le recours à un avortement provoqué qui demeure un problème majeur de santé publique.

5.2. Les thèmes

Au niveau de la mesure, on note actuellement peu de réflexions sur l’amélioration de la collecte de données dans des domaines sensibles ou tabous tels que les violences sexuelles, l’avortement provoqué, tout particulièrement dans des contextes où l’interruption volontaire de grossesse est illégale, ou sur des indicateurs de mesure de besoins non satisfaits en matière de planification familiale. De même au niveau médical, les recherches sur les méthodes contraceptives masculines restent timides. Ce dernier type de recherches suscite des réactions antagonistes : d’un côté ces méthodes pourraient responsabiliser les hommes dans le contrôle de la fécondité, d’un autre côté elles pourraient amener à un renforcement de la domination masculine comme noté précédemment.

En ce qui concerne les opérations de collecte quantitatives, le recueil d’information sur la communication entre conjoints reste limité et se focalise sur un moment précis. Les renseignements sur les modalités de l’instauration du dialogue, sur sa continuité, sur la manière dont sont gérées les approches du risque représenté par le VIH dans le cadre des relations de couple par exemple, sont inexistants. Il est donc primordial de renforcer les approches qualitatives afin d’appréhender la dynamique de la communication entre conjoints, mais aussi avec les proches parents et les obstacles qui empêchent les hommes et les femmes de parler de questions sexuelles et reproductives : domination masculine traditionnelle, crainte de paraître infidèle, crainte que le mari se tourne vers d’autres femmes.

Quel que soit le phénomène étudié on ne peut que constater que la grande majorité des recherches se limite dans le domaine explicatif aux déterminants individuels et le plus souvent, du moment. Or, pour mieux analyser les survenues des différents évènements constitutifs de la santé de la reproduction, les trajectoires biographiques d’entrée en sexualité, nuptialité, fécondité, contraception seraient à privilégier, mais dans ce domaine les sources de données restent insuffisantes.

Afin d’adopter cette approche plus compréhensive, d’autres éléments seraient à privilégier et commencent à être mis à l’étude tels que par exemple :

l’examen des réseaux de sociabilité qui se nouent entre les individus ; •

l’effet des lieux, des contextes environnementaux et culturels qui peuvent placer •

les individus dans des configurations de risque : systèmes patriarcaux, systèmes juridiques (absence ou inefficacité des lois) ;

le degré d’autonomie par rapport à l’entourage. •

5.3. Les programmes

Les normes concernant les rôles des femmes et des hommes sont profondément enracinées et les changements de comportements sont des objectifs à long terme qui exigent des programmes implantés sur de longues durées. Or, très souvent, les bailleurs de fonds financent des programmes ayant un horizon temporel limité qui ne permet pas des changements en profondeur. L’exigence de résultats fait que les actions entreprises courent le risque de se focaliser sur des modifications dans les discours et non dans les pratiques.

Par ailleurs, en amont de l’implication des hommes dans les programmes, il faut aussi souligner l’importance d’une prise de conscience au niveau national (leaders politiques, religieux, communautaires) des relations de genre mises en œuvre dans la gestion de la sexualité et de la fécondité. L’approche genre dans la santé de la reproduction devrait être initiée dès l’école primaire et poursuivie tout au long du curriculum scolaire, avec une attention toute particulière sur les représentations et les stéréotypes du masculin et du féminin véhiculés par les manuels scolaires.

6. Bibliographie

Diallo, T. (2006), Guinea PRISM II Project: Quarterly Report, January-March 2006,

USAID-Guinée and Management Sciences for Health, Cambridge.

Drennan, M. (1998), « Santé de la reproduction : la participation des hommes vue sous un nouvel angle », Population Reports, série J, n°46, Baltimore, Johns Hopkins

University, School of Public Health, Population Information Program.

Guillaume, A. & Molmy, W. (avec la collaboration de) (2004), L’avortement en Afrique/ Abortion in Africa, Centre Population et Développement, Paris.

Guillaume, A. & Lerner, S. (2006), L’avortement en Amérique Latine et dans les Caraïbes / El aborto en América Latina y El Caribe, Centre Population et Développement, Paris.

Kimuna, S.R. & Adamchak, D.J. (2001), « Gender relations: Husband-wife fertility and family planning decisions in Kenya », Journal of Biosocial Science, vol. 33, n°1, pp.

13-23.

Labourié-Racapie, A. & Locoh, T. (1999), « Genre et démographie : nouvelles problématiques ou effet de mode », Théories, paradigmes et courants explicatifs en démographie, Bruylant-Academia et L’Harmattan, Louvain-la-Neuve.

Obbo, C. (1995), « Gender, age and class: discourses on HIV transmission and control in Uganda », Culture and sexual risk. Anthropological perspectives on AIDS, Gordon and

Breach, New-York, Amsterdam.

Salem, R. (2004), « Enquêtes auprès des hommes : Nouvelles révélations », Population Reports, Série M, n°18, Johns Hopkins, Bloomberg School of Public Health, The

INFO Project.

Salway, S. (1994), « How attitudes toward family planning and discussion between wives and husbands affect contraceptive use in Ghana », International Family Planning Perspectives, vol. 20, n°2, pp. 44-74.

Sciortino R. (1998), « The challenge of addressing gender in reproductive health programmes: examples from Indonesia », Reproductive Health Matters, vol. 6, n°11,

pp. 33-44.

Vidal, L. & Desgrées du Loû, A. (2001), « Sida et situations sociales des femmes en Afrique : des notions aux méthodes de recherche », Cahiers d’études et de recherche francophones/Santé, vol. 11, n°4, pp. 265-272.

Outline

Documents relatifs