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Les causes sexospécifiques des migrations sont relativement bien documentées, alors que l’impact

migrations dans une perspective à la fois macro et

7. Les causes sexospécifiques des migrations sont relativement bien documentées, alors que l’impact

des migrations sur les relations de genre est peu

connu

L’étude des interrelations entre le genre et les migrations s’avère complexe et de nombreux éléments sont encore peu connus. Si les déterminants sexospécifiques de la migration sont généralement bien documentés, l’impact des migrations sur les relations de genre reste par contre un domaine encore peu étudié. De nombreuses recherches se sont déjà penchées sur les déterminants sexospécifiques des migrations, en mettant à jour des différences entre hommes et femmes. Par exemple, les migrantes renvoient habituellement davantage d’argent que les hommes, les immigrées constituent une main d’œuvre plus malléable et bon marché par rapport aux hommes, etc. (Parrenas, 2000 ; Pellegrino, 2004 ; Garcia and Paiewonsky, 2006). A côté de cela, la mobilité des individus (hommes ou femmes) tend à reconfigurer les relations sociales entre les sexes. Les migrations féminines engagent généralement un double processus d’ascension et de déclassement social des femmes. Les migrations masculines sont pour leur part également susceptibles de transformer les relations de genre au sein du ménage devenu transnational, en renforçant ou en atténuant les inégalités sociales

entre les sexes, mais ces éléments sont encore trop peu documentés. De nombreux auteurs reconnaissent en effet qu’il est difficile d’isoler l’effet des migrations des autres dynamiques produisant le changement social (Tienda and Booth, 1991 ; Lim, 1995 ; Boyd and Grieco, 2003). Enfin, les recherches sur le genre et les migrations se sont jusque là essentiellement focalisées sur les migrations féminines issues des continents asiatiques et latino-américains. Cette focalisation correspond sans aucun doute à une concentration effective des flux féminins dans ces nationalités, et le manque d’études portant sur les courants originaires d’Afrique subsaharienne, par exemple, traduit sans doute une plus faible propension à migrer de la part de ces femmes. Cela dit, en abordant la question sous l’angle de l’impact des migrations sur les relations de genre plutôt que sur les déterminants des migrations féminines, il est possible d’accorder une plus large place aux situations africaines. En particulier, les études centrées sur le phénomène des femmes « restées au pays » restent encore très rares, alors qu’elles devraient permettre d’approfondir les connaissances en matière de genre et migrations.

8. Bibliographie

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fEmmEs

mIgrantEs

Et

rEchErchE

dans

l’EspacE

assocIatIf

marcela de la Peña valdivia69

Au fil des années, nous sommes passés de l’invisibilité des femmes migrantes à la visibilité de leur existence perçue, la plupart du temps, dans un rôle passif : les femmes comme accompagnatrices des hommes migrants. Ce n’est que récemment qu’une nouvelle perspective sur les femmes migrantes comme actrices économiques et sociales de développement a vu le jour.

Des éléments clés dans ce processus sont présents, tels que :

la féminisation croissante de la migration, et parallèlement, le peu de visibilité des •

femmes migrantes (données statistiques quasi inexistantes ; manque d’attention et de valorisation du rôle économique des migrantes) ;

la mondialisation des tâches domestiques (soins aux enfants, malades et •

personnes âgées) effectuées par des migrantes parfois très qualifiées en donnant lieu à des changements de statut ;

le caractère transnational des vécus des migrantes avec des familles transnationales •

et le maintien et le transfert des cultures ;

le rôle clé des associations des femmes migrantes en organisant leur participation •

citoyenne dans les sociétés « d’accueil », et en réalisant des apports aux réflexions sur les rapports entre ethnie, migration, racisme.

La prise de parole des femmes migrantes, à travers leur participation aux recherches- actions constitue un pas dans la pensée du féminisme autour de la diversité culturelle et du racisme.

Lors d’une étude sur les femmes migrantes et leurs rôles et présence dans la sphère privée et publique, Patrick Govers et Marcela De la Peña (2005) notent que toutes les associations rencontrées offrent des cours d’alphabétisation et d’apprentissage du français, ce qu’ils relèvent comme essentiel pour leurs accès et utilisation de l’espace public : « C’est ici que le rôle des associations de femmes dans les quartiers est 69 Chargée de mission au Monde Selon les femmes.

central. Leur fonction d’accueil et de lieu d’apprentissage est un élément clé pour les femmes migrantes dans leur recherche identitaire et leur élaboration de stratégies d’appropriation des espaces publics et "d’intégration" à la société belge ».

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