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2.1 « Direct ou indirect rule » et féminismes du Sud

3. Nouveaux sujets et perspective de genre

3.3. Propositions d’action

Même si cela a été dit a plusieurs reprises, il est nécessaire d’insister sur la nécessité d’établir des mécanismes de dialogue entre académiciens, chercheur-es, travailleurs d’ONG, fonctionnaires publics et organisations de femmes. Ces dialogues devraient avoir comme point de départ la reconnaissance de la nécessité d’inclure le genre, l’ethnie et la classe sociale dans l’analyse et l’élaboration de propositions de développement. Il s’agit d’une tâche inachevée qui n’a pas reçu suffisamment d’attention malgré les discours à ce sujet. Les hiérarchies de genre, de classe et d’ethnie sont, dans plusieurs cas, intériorisés et rendues invisibles par chacun-e de nous. En certaines occasions nous sommes plus racistes ou sexistes que nous le croyons et le

prétendons, obstruant de cette façon les possibilités d’une rencontre respectueuse des différences. En raison de cela, l’autocritique de même que la reconnaissance des problèmes peuvent être les premiers pas d’un travail systématique à long terme. Je présenterai maintenant quelques conclusions, à partir desquelles je propose quelques tâches et propositions.

Les défis de la théorie

La présence croissante des femmes indigènes sur la scène publique exige un débat et la rénovation conceptuelle qui permet de sortir du cul-de-sac marqué par les dichotomies moderne/traditionnelle ; universelle/particulière ; rationnelle/émotive qui empêche de comprendre la complexité et l’hétérogénéité du processus en cours. L’articulation – entre le genre, la classe et l’ethnie – doit être théorisé de telle sorte que l’interculturalité puisse être, réellement, une approximation et une stratégie de développement.

Cette construction théorique requiert un regard qui privilégie l’analyse de ce qui se produit dans nos régions, en essayant de rendre compte de la nouveauté et de ce qui, même si cela se produit au niveau local, peut être compris comme faisant partie des changements qui se produisent en Amérique latine. En d’autres termes et à un niveau pratique, cela suppose un appui décidé aux recherches qui permettent, d’une part, de récupérer et valoriser les connaissances non reconnues comme telles par l’académie traditionnelle et, d’autre part, de générer des nouvelles approximations qui nous permettent de saisir la densité des processus de changement actuellement en cours.

En raison des changements qui se sont produits avec la globalisation, de nouvelles sphères qui méritent un traitement détaillé n’ont pas encore été mises en avant. Cela implique, en plus, de nouvelles méthodologies de recherche au sein desquelles différentes disciplines s’articulent, mais aussi différentes expériences. Dans le cas de l’Amérique latine, il est nécessaire d’acquérir plus et de meilleures connaissances quant aux aspects suivants :

Les revendications des femmes indigènes et leurs propositions de changement

Tel que nous l’avons vu, les mouvements de femmes indigènes dans différentes partie d’Amérique latine inscrivent à l’agenda leurs demandes non seulement en tant qu’intégrantes des peuples et des cultures originaires, mais aussi en tant que femmes. Il est nécessaire de connaître plus et mieux leurs analyses et propositions. Dans le même sens, nous avons besoin de plus d’informations et d’analyse concernant les relations entre ces mouvements et les féminismes de chaque pays et régions.

Le travail féminin au sein des nouvelles industries agricoles d’exportation

Il s’agit d’un sujet complexe car, même si les femmes se sentent bien puisqu’elles ont du travail – contrairement à leurs pairs masculins, les conditions de travail sont dans bien des cas inhumaines et d’exploitation. À ce sujet, il faut également explorer les changements qui se produisent quant aux identités de genre et dans les familles maintenant que les femmes assument un rôle économique plus protagoniste. Le travail féminin dans les micro-entreprises et petites entreprises familiales informelles

En Amérique latine, il s’agit d’un secteur qui capte une grande quantité de main- d’œuvre féminine et son développement est inégal. Il y a des cas pour lesquels les femmes sont effectivement en charge de l’entreprise et ce sont elles qui gèrent la production et génèrent d’importants bénéfices. Cependant, dans d’autres cas, l’auto emploi signifie des conditions de travail très difficiles et la participation d’enfants en âge scolaire.

Les dynamiques migratoires

Malgré les progrès réalisés, il reste beaucoup de travail à accomplir. Ce qui se produit dans les familles qui restent dans leurs pays d’origine et comment se réorganisent les rôles et fonctions constituent encore une interrogation. Il est en outre important d’aborder la dimension subjective et les difficultés des migrantes et des personnes qui restent dans le pays d’origine. Cela requiert un travail multidisciplinaire, ethnographique et interculturel.

L’économie des soins

Il s’agit d’un sujet qui a été inscrit avec vigueur à l’agenda car il s’agit d’un travail en hausse, qui produit du bien-être, et il est non seulement mal rémunéré, mais aussi invisible.

Les devises, leurs utilisations et contributions à l’économie nationale

Les informations disponibles sont relatives dans la mesure où de nombreuses sommes ne passent pas par le système formel. Cependant, on sait que les devises que les femmes envoient sont cruciales pour la survie de la famille. De nouveau, nous avons besoin de l’apport des collègues économistes afin de rendre compte de la signification économique de l’envoi de devises.

Á propos des politiques

Appuyer les organismes internationaux quant aux lobbys en faveur du respect des

droits du travail et pour un travail décent. Le travail de l’OIT en Amérique latine est très important. Promouvoir la vigilance des citoyen-nes face aux industries agricoles exportatrices et promouvoir les observatoires sociaux pour le respect des accords internationaux.

Les politiques migratoires et les bénéfices pour les migrants et migrantes

Observer le respect des droits humains et des immigrant-es et garantir leur accès aux lois de sécurité sociale, à l’éducation et aux autres services de telle sorte que leur insertion puisse être bénéfique pour eux/elles et leurs familles.

Il est nécessaire de penser à des politiques d’immigration plus réalistes et en accord avec la réalité actuelle. La migration féminine augmente car, comme nous l’avons signalé, il y a un marché qui demande des travailleuses. Planifions afin que ce marché soit juste et qu’il bénéficie aux deux parties. Un traitement adéquat implique le respect et la non discrimination en raison de l’origine ou de la condition ethnique des migrants en Europe.

Programmes de développement avec une perspective interculturelle

Il est important que l’État, de même que les institutions et les organisations non gouvernementales, élaborent des programmes d’empowerment et d’appui aux femmes

indigènes depuis une perspective interculturelle qui soit consciente des différences et qui valorise divers façons d’apprendre, d’être et de faire les choses. Cela ne nie pas les apports que ces programmes peuvent offrir en terme de formation et de projets spécifiques, car il ne s’agit pas « d’idéaliser » les autres cultures et nier les relations de pouvoir et les conflits qui existent.

Au contraire, il s’agit de prévoir de nouvelles formes de rencontre et de dialogue qui permettent d’identifier les espaces de agency de même que des formes de résistance et

la construction de nouvelles formes de sociabilité.

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gEnrE, dévEloppEmEnt, rEchErchE-actIon

marie-Lise Semblat17

La recherche-action a opposé protagonistes et détracteurs, les premiers y voyant une méthode, voire même une philosophie, les seconds ne lui reconnaissant pas de statut scientifique en raison de la part faite aux acteurs sociaux et forcément à leur subjectivité.

Lewin, psychologue allemand émigré en 1933 aux USA, est souvent reconnu pour avoir développé la recherche-action en vue de résoudre des problèmes concrets. Il s’agissait alors aux USA, durant la deuxième guerre mondiale, de modifier des comportements humains avec efficacité pour répondre à des besoins sociaux grandissants ou pressants (logement, modes alimentaires…). Lewin met au point une méthode favorisant l’implication des sujets organisés en groupes dans la résolution des problèmes, mais aussi l’implication du chercheur-e et sa présence permanente sur le terrain. La recherche-action naissante a fait alors scandale remettant en question l’objectivisme dominant.

La recherche-action traduit une tension permanente entre l’implication des acteurs et les exigences de distanciation favorisant une démarche réflexive, une analyse et un changement des pratiques. Il s’agit d’améliorer ou même de changer une situation de départ insatisfaisante pour ceux et celles qui la vivent, une situation qui fait problème et qu’ils sont les mieux à même, s’ils sont accompagnés, d’identifier, d’analyser et de changer.

La recherche-action est une démarche exigeante en temps et disponibilité, elle n’aboutit pas à des résultats immédiats, rapidement palpables et quantifiables, mais elle fournit des résultats durables. En effet, au lieu d’un expert, venu d’ailleurs, qui conduit une étude « sur » un objet, le chercheur accompagne les acteurs sociaux, il œuvre « avec » eux.

Henri Desroche reprend l’expression grecque de maïeutique (Desroche, 1990) empruntée à Socrate qui, pour lui, permet de partir du : « vécu, des actions, de l’expérience vécue par l’adulte, de la diversité de l’expérience, de l’expérience que procure le travail », accoucher est alors « transformer cette expérience vécue en projet de recherche à validité scientifique » (ibid.). La recherche-action est à la fois

17 Directrice de recherche à Paris III, Collège Coopératif de Paris, Réseau ASTER-Interna- tional

une recherche dans, sur, par et pour l’action. Si elle est dans l’action, c’est parce qu’elle

porte « sur des acteurs sociaux, leurs actions, leurs transactions, leurs interactions »,

« conçues pour équiper "d’une pratique rationnelle", leur pratique spontanée », elle est

« assumée par ces acteurs eux-mêmes ».

La recherche-action exige donc la participation des groupes concernés, elle est émancipatoire « le groupe de praticiens se responsabilise en s’auto-organisant… par rapport aux habitudes institutionnelles, bureaucratiques de coercition » (Barbier, 1990), elle est « science de la praxis » (ibid.), définie par Barbier comme « un processus

de transformation du monde par l’homme engagé et dont il est un des éléments associés » ; il l’associe à un projet sartrien dans l’optique historico-existentielle du chercheur.

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