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La transversalité des femmes migrantes dans le développement

migrations dans une perspective à la fois macro et

3. La transversalité des femmes migrantes dans le développement

Les associations de femmes migrantes ont des buts et des pratiques différents et proviennent de diverses cultures. Une étape commune de réflexion et de création favorise une reconnaissance mutuelle des savoir-faire et permet la création de liens. Les migrantes ont ainsi accès à de nouvelles données, de nouveaux modes de pensée ; elles ont le sentiment d’avoir le droit de parler et l’autorité voulue pour agir. Dans nos actions, nous avons pu constater comme résultat une prise de conscience d’une nouvelle identité collective et solidaire. Dans le cas particulier au Monde selon les femmes, des objectifs ont été établis afin de :

rendre visible le rôle des femmes migrantes dans le développement de la société •

d’accueil et de leur propre pays. L’ONG s’attache donc à créer des espaces et des ponts pour la mise en place de réseaux qui permettent de valoriser l’apport des migrantes ;

appuyer les associations de femmes migrantes dans leur accès à l’autonomie, •

dans le renforcement de leurs capacités et leur citoyenneté.

Plusieurs moyens sont utilisés, comme le relais vers la « Plate-forme Population et Développement », la création d’outils pédagogiques croisés, le plaidoyer. La recherche-action semble aussi un moyen prioritaire pour travailler ensemble, offrant des retombées à différents niveaux.

Ces études ont été réalisées avec la participation d’équipes multiculturelles. Nous avons organisé des rencontres de restitution d’enquêtes, des ateliers de discussion d’alternatives et d’interpellation de politiciens, dégageant des pistes d’action pour l’élaboration et la défense des propositions politiques des migrantes. Citons :

3.1. Femmes migrantes et emploi

« L’intégration des femmes migrantes dans le marché de l’emploi en Belgique » (2001)

Eu égard à cette question, l’analyse de la situation des femmes immigrées montre que leur accès au marché de l’emploi affiche encore des restrictions. Beaucoup d’obstacles parsèment leur parcours de formation et d’insertion socioprofessionnelle. L’accès à certains secteurs d’activités et à la promotion de carrière est souvent très difficile, de même que leur embauche dans le cadre de contrats permanents à temps plein. Elles sont occupées dans des emplois les plus précaires, les moins qualifiés, les plus mal payés et assurent des tâches subalternes.

Reléguées souvent dans ces métiers « typiquement féminins » (l’hospitalier, l’hôtellerie, la restauration, le ménage, le nettoyage, la couture, etc.), les immigrées se retrouvent dans ces travaux de pure exécution parce que considérées comme manquant de compétences techniques dans d’autres domaines. Cette « surreprésentativité » constitue un potentiel inutilisé et contribue à la marginalisation des femmes migrantes. Actrices de développement, elles le sont, mais leur apport économique dans la société d’accueil n’est pas valorisé.

Dans cette démarche, on a eu à décrire les différentes barrières, pour les femmes migrantes, à obtenir un emploi stable, facteur important d’intégration sociale basée sur un emploi rémunéré assorti de sécurité sociale, d’autonomie juridique et d’indépendance vis-à-vis du soutien familial. Les initiatives et les mesures prises pour lutter contre des discriminations dans l’accès à l’emploi pour les immigrés ne peuvent que nous interpeller. Ces initiatives visent à améliorer l’accès au marché de l’emploi et « l’employabilité » des groupes vulnérables, de ceux qui sont confrontés à d’importants obstacles pour trouver un emploi, le conserver ou en trouver un autre.

3.2. Femmes migrantes et droits sexuels et reproductifs

« L’accès aux droits de santé reproductive et sexuelle des femmes migrantes en Belgique » (2002)

Cette recherche a été réalisée avec onze associations de femmes migrantes afin de : • sensibiliser les associations de femmes migrantes à l’accès aux droits à la santé reproductive et sexuelle ;

• élaborer, avec ces associations, des recommandations concernant les droits des femmes migrantes et leur accès à la santé reproductive et sexuelle ;

• mettre en valeur les différentes approches des associations de femmes migrantes pour déceler les apports culturels et mettre ceux-ci à profit dans le travail des associations qui s’occupent de la santé reproductive et sexuelle dans les pays du Sud.

3.3. Femmes migrantes et développement

« Le rôle des femmes migrantes dans les ONG et le développement » (2002)

Cette démarche a été faite à partir de questions comme : Quels types de projets au pays d’origine sont appuyés ? Quel sont les liens entre vie associative des femmes migrantes et le développement ici et là-bas ? Quel rôle et expertise à valoriser ? Organisées dans ces associations, les femmes migrantes entreprennent des actions de développement par un travail d’orientation et d’apprentissage qui contribue à une réelle intégration socioéconomique des migrantes. C’est au niveau de ces associations que les migrantes et leurs familles sont accueillies, découvrent la société d’accueil, sortent de leur isolement, de leur déracinement, trouvent parfois des solutions à leur situation de précarité, sont orientées et se rencontrent enfin.

Leurs activités visent à promouvoir toute réflexion, action et intervention dans le but d’améliorer les différents aspects de l’éducation. Elles cherchent aussi à mettre en place des actions respectant l’identité culturelle, le dialogue et les échanges constructifs entre les communautés.

Pour ces associations, le nouveau type de partenariat doit être fondé sur une véritable coopération. Celle-ci ne doit pas être assimilée à une aide, mais à une sorte de synergie entre les ONG du Nord, les associations de migrantes et les organisations du Sud. Le Nord ne pourrait pas être à la fois dispensateur de crédits et seul bénéficiaire du monopole d’envoi d’experts du Nord au Sud.

Pour réussir une telle coopération au développement, les ONG du Nord doivent faire confiance aux citoyens du Sud présents au Nord.

« Des associations et des femmes : quels enjeux, quels défis pour les femmes migrantes ? » Une initiative du Centre du Libre Examen en partenariat avec Le Monde selon les femmes et La Ligue des Familles (2006)

A travers la participation de 20 représentantes des associations et la réalisation de plus de 100 enquêtes, cette étude a lancé une interpellation aux mouvements de femmes avec des questions telles que : l’organisation est-elle féminine ou féministe ? Comment la question de la mixité et des rapports de sexe est-elle prise en compte ? Quel est le rôle de l’associatif dans la démocratie ? Quelle participation citoyenne ? Quel rapport entre migration et développement ? Quel rôle joue l’associatif dans l’épanouissement, l’émancipation, la participation citoyenne et sociale des femmes ?

Comment les associations perçoivent-elles des stratégies mises en place par les pouvoirs publics ? Ont-elles le sentiment de se disputer le même territoire ? A quelles contraintes sont-elles soumises ? Quelles synergies et collaborations sont mises en place avec les autres associations de femmes ? Le mouvement féministe intègre-t-il la problématique des femmes migrantes dans son combat ? Quelle adéquation entre les objectifs et les activités ? Les objectifs de l’association ont-ils évolué dans le temps ? Les activités organisées permettent-elles d’atteindre les objectifs ? L’association a-t-elle ajusté sa stratégie en fonction des résultats obtenus ? Quelles stratégies les associations mettent-elles en place pour gérer la diversité culturelle ? Comment voient-elles le futur ?

3.4. Femmes migrantes et insertion

La valorisation d’un outil créé de façon collective et participative a renforcé le savoir- faire de chacune. Ces recherches ont également permis l’interpellation par différentes institutions qui veulent faire avancer la réflexion ou la mise en place de nouveaux partenariats pour aller plus loin. La brochure publiée en partenariat avec plus de 12 associations a répondu au souci de soutenir et de renforcer les associations de femmes migrantes, de mettre en valeur leurs expériences et de sensibiliser la société à la diversité culturelle par une approche de genre.

« Je suis une femme caméléon » (2003)

Cette publication est le produit d’une recherche action de 6 mois qui a abouti à une brochure sur la lecture des femmes migrantes sur les problèmes « d’insertion » dans la société belge et leurs regards sur la multiculturalité.

3.5. Femmes migrantes, mondialisation et rôles de genre

« Femmes migrantes de secteurs populaires, entre le privé et le public », Le Monde selon les femmes en partenariat avec La Ligue des Familles (2005)

Cette recherche-action s’est développée dans le cadre du projet « Ecoute, partage et échange » autour du vécu familial des femmes migrantes et de leur intégration à la société « d’accueil »71. Elle s’est centrée sur les femmes migrantes, leurs vécus

quotidiens dans différents quartiers de Bruxelles, Liège, Barcelone et Lisbonne. L’ensemble du processus de recherche-action a duré deux ans et s’est réalisé simultanément en Belgique (Ligue des Familles en partenariat avec Le Monde selon les femmes), en Espagne (Association Santé et Famille www.saludyfamilia.es, Barcelone) et au Portugal (Graal, www.graal.org.pt mouvement féministe, Lisbonne).

Quel est l’impact de la migration sur les vies quotidiennes des migrantes ? Plus précisément, la globalisation des flux migratoires renforce-t-elle la présence des femmes migrantes au sein de l’espace public ou, au contraire, conduit-elle à une privatisation accrue de leurs vécus ? La recherche menée met en scène les quotidiens des femmes migrantes dans des quartiers de Bruxelles et de Liège. Les paroles échangées lors des entretiens de groupe, quatre au total, envisagent trois grandes thématiques : l’espace public, l’éducation et rôles de genre et les perceptions des femmes migrantes quant aux effets de la migration sur leur statut. Cette recherche action se réclame d’une approche féministe des réalités sociales72. Construite à partir

d’une analyse critique féministe des migrations (manque de visibilité de la migration féminine, stéréotypes sexués quant aux rôles joués par les migrantes, globalisation des tâches domestiques, le « care », …), cette recherche se veut un outil de socialisation des vécus des femmes migrantes.

71 Les projets Grundtvig 2 dépendent de la cellule Socrates Education et culture de l’Union européenne. Ils sont gérés dans chaque pays par une agence nationale correspondante. Voir site www.cfwb.be/socrates/

72 Les résultats de la recherche action ont été présentés au colloque « Savoirs de genre : quel genre de savoir ? » organisé par Sophia (réseau de coordination des études féministes) les 20 et 21 octobre 2005 et ont été publiés dans des actes. Ils ont également fait l’objet d’une communication au troisième congrès international interdisciplinaire « Gendering, citizenship and globalization » organisé par l’Université de Huelva (9-11 mai 2005) Espagne.

3.6. Femmes migrantes et l’alphabétisation comme voie

d’émancipation

« De la migration à la citoyenneté : réflexions à partir des vécus de femmes migrantes en alphabétisation », coordonné par Le Centre du Libre Examen, en partenariat avec Femmes prévoyantes socialistes, Le Cactus et Le Monde selon les femmes (2006)

L’éducation permanente représente une deuxième chance pour de nombreuses femmes stigmatisées, marginalisées et exclues de certaines sphères sociales. Lors des tables rondes et des animations avec des femmes en processus d’alphabétisation, nous avons constaté que pour elles, ces cours sont le premier pas qui les mènent vers une égalité avec leur mari ou qui tentent en tout cas de réduire l’écart de connaissance entre les apprenantes et leur conjoint afin que ces derniers ne soient plus tributaires de leur savoir.

L’alphabétisation offre aux citoyennes et citoyens une ouverture sur le monde, la possibilité d’aiguiser leur esprit critique et de le frotter et limer contre ceux des autres. Elle leur ouvre tout un monde de savoirs, de réflexions, de remise en question des idées reçues, d’émancipation et d’épanouissement.

Les femmes migrantes sont souvent isolées socialement et intellectuellement. La participation à des programmes d’alphabétisation et de formation représente pour elles une bouffée d’oxygène, mais aussi l’occasion de s’inscrire dans un projet d’émancipation, de valorisation culturelle et de responsabilisation citoyenne. Cependant, il est important que ces femmes puissent aussi avoir la possibilité de participer au dialogue interculturel. Pour ce faire, le débat doit aussi se faire avec elles et elles doivent avoir la possibilité de s’exprimer sur leurs vécus, leurs craintes, leurs difficultés, leurs aspirations. Partagées entre tradition et modernité, elles cherchent à entrevoir et imaginer des chemins nouveaux qui leur ouvriront bon gré, mal gré les portes d’une citoyenneté à part entière.

3.7. Citoyenneté

« Brux-elles, voix nouvelles », atelier de participation citoyenne, Vidéo-témoignage. Réalisé en partenariat avec des membres de la Coordination bruxelloise de la Marche des Femmes, Le Monde selon les femmes et le GSARA (2006)

Ce film de 30 minutes sur DVD a été réalisé en préparation du Parlement régional des femmes en 2007, une dizaine de femmes migrantes issues de différentes associations ont réfléchi sur leurs perspectives et leur place dans l’espace public. Ce film permet d’ouvrir le débat sur la participation citoyenne et retrace également des moments mobilisateurs des femmes dans l’espace public.

La recherche-action formative qui a été réalisée pendant 4 mois a eu comme but de renforcer la capacité des femmes migrantes dans leur capacité d’interpellation citoyenne. Plus de 10 tables rondes et de sorties de reconnaissance de l’espace public ont été réalisées. Les textes et les discussions ont été transformés en un texte pour le contenu du dvd.

3.8. visibilité des femmes migrantes

Il convient de compléter cette révision des études et recherches faites dans le secteur associatif, avec ces 3 instruments de réflexion et d’action pour le plaidoyer politique des femmes :

En 2004 - 2005 une enquête sur l’état actuel de l’interculturalité en Belgique a été menée par une commission spéciale73. La commission a centré son analyse autour

de quatre axes : l’égalité entre hommes et femmes, l’importance de la citoyenneté, le fonctionnement des services publics et la cohabitation de différentes opinions religieuses ou idéologiques.

Voici les recommandations relatives aux questions de genre :

Il est important que les femmes migrantes prennent la parole pour pouvoir •

occuper une place de citoyennes à part entière ;

Prendre en compte le fait que les mesures politiques ont un impact différent sur •

les hommes et les femmes ;

73 Initiative lancée au départ par Laurette Onkelinx et poursuivie par l’actuel Ministre de l’Egalité des chances Christian Dupont.

Les instruments développés pour la promotion de l’égalité des femmes doivent •

être employés (et d’abord connus) ;

Il convient d’utiliser les différents rapports et recherches sur la migration •

féminine que l’on élabore depuis 1989-1990.

Ce rapport met également en évidence que la politique actuelle de migration n’est pas adaptée aux femmes migrantes, par exemple en ce qui concerne les politiques pour l’égalité des chances à l’emploi et la lutte contre la violence et la pauvreté.

3.9. mariage et migration

De décembre 2003 à juin 2004, une étude a été confiée à l’UCL à l’initiative du Ministre-Président du Gouvernement de la Communauté française en charge de l’Egalité des Chances et de la Direction de l’Egalité des Chances du Ministère de la Communauté française. Cette étude a été menée suite au constat de cas d’abandon des études par des jeunes filles mariées, semble-t-il, contre leur gré. Cette étude a été menée auprès de 1200 élèves dont 600 jeunes issus d’établissements à discrimination positive âgés de 15 à 18 ans. 62% des jeunes interrogés ont souhaité que leur mariage soit précédé par une cohabitation. 95% ont avancé que l’amour est une condition de réussite du mariage. Il existerait une influence parentale sur le choix du conjoint chez la majorité de ceux fréquentant un cours de religion islamique (82%) (Direction de l’égalité des chances, 2005).

3.10. Des réflexions sur l’invisibilité

Deux publications qui visent à la sensibilisation sur l’invisibilité des femmes migrantes ont été rédigées à la suite de la Semaine « Femmes migrantes en Europe » (29 mai- 2 juin 2006) organisée par Le Monde selon les femmes, la Ligue des Familles et l’Espace Couleurs Femmes :

« Femmes migrantes aux reflets multiples » : catalogue de créations artistiques collectives et d’outils de sensibilisation réalisés sur femmes et migration (2006) « Femmes migrantes : de l’invisibilité à la reconnaissance ? » (2007).

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