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Introduction : l’alternative statistique, un autre regard sur le développement humain

I ntégratIon du gEnrE

1. Introduction : l’alternative statistique, un autre regard sur le développement humain

La mesure objective du développement est, depuis de nombreuses années, au centre de diverses réflexions théoriques et/ou tentatives plus concrètes de réalisation. Pour mener à bien cette entreprise délicate, les économistes ont longtemps privilégié l’analyse de l’évolution du Produit National Brut (PNB)30 par habitant. C’est

d’ailleurs sur cette base que s’établit le classement de la Banque mondiale dans une volonté toujours affirmée de lutte contre la pauvreté et d’encouragement de la croissance économique des pays défavorisés (BM, 2006).

A la fin des années 1980, des critiques se sont pourtant élevées, estimant qu’il était contestable de centrer l’évaluation du développement sur des considérations exclusivement économiques. En effet, c’est bien la personne humaine en tant que telle qui doit constituer le véritable objectif du développement et ce, afin qu’elle puisse in fine évoluer dans un environnement lui permettant d’avoir un niveau de

vie correct, une meilleure santé et donc, une espérance de vie plus longue ainsi qu’un meilleur accès au savoir. Afin de recentrer le propos sur ces préoccupations « humanistes », des avancées ont donc vu le jour dès le début des années 1990 et ont proposé une vision du monde alternative, axée non plus exclusivement sur l’augmentation du capital économique, mais bien davantage sur celle du bien-être de l’homme (Bruyninckx & Berte, 2007).

29 Professeure, Service de Développement humain et traitement des données, Université de Mons-Hainaut.

30 Le PNB est la valeur totale de la production finale de biens et de services des acteurs écono- miques d’un pays au cours d’une année incluant à la fois le Produit Intérieur Brut et les revenus nets provenant de l’étranger www.becompta.be.

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)31 a ainsi

proposé, sur base des travaux de l’économiste indien Amartya Sen, un indicateur synthétique permettant de rendre compte, certes de réalités économiques, mais aussi d’éléments relatifs à la justice sociale et au bien-être : l’Indicateur de Développement Humain. Aujourd’hui encore considéré comme le premier grand indicateur alternatif

international (Gadrey & Jany-Catrice, 2003), l’IDH se trouve à la base de l’élaboration du Rapport mondial sur le développement humain qui tente d’établir, depuis une quinzaine

d’années, un bilan annuel de l’état du développement humain dans le monde et qui, depuis 2005, examine également les progrès réalisés dans la poursuite des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) que les États Membres des Nations Unies se sont engagés à atteindre d’ici 2015 (NATIONS UNIES, 2005). L’indicateur de Développement Humain (IDH) fait son apparition en 1990 dans le premier Rapport mondial sur le développement humain du PNUD. Indice composite, il

incorpore des indicateurs relatifs à trois critères : longévité/santé, éducation et niveau de vie. Le premier est évalué sur base de l’espérance de vie à la naissance, le deuxième est relatif au taux d’alphabétisation des adultes et au taux brut de scolarisation combiné du primaire, du secondaire et du supérieur, tandis que le troisième se calcule à partir du Produit Intérieur Brut (PIB)32 par habitant en parité de pouvoir d’achat en

dollars US33 (PNUD, 2005).

La valeur de l’IDH caractérisant un pays permet de positionner celui-ci dans une liste, réactualisée chaque année. En 2006, le rapport inclut ainsi 177 pays dont 63 ont un développement élevé, 83 un développement moyen et 32 un développement faible (PNUD, 2006). Une qualité de vie et un développement humain insuffisants constituent, par ailleurs, un des critères auxquels doit répondre une nation pour pouvoir être inscrite sur une autre liste : celle des Pays Moins Avancés (PMA). Aujourd’hui, 50 pays sont ainsi étiquetés (CNUCED, 2004) et requièrent donc toute

l’attention internationale. Considérés comme étant les plus pauvres de la planète, ils sont, pour les trois quarts d’entre eux, situés en Afrique et représentent, ensemble, 700 millions d’habitants.

31 Le PNUD est le réseau mondial de développement des Nations Unies. L’objectif de ce programme est la transmission aux pays de connaissances, d’expériences et de ressources en vue de les aider à mettre en œuvre leurs propres solutions aux défis de développement qu’ils rencontrent (PNUD, 2005).

32 Le PIB est une manière d’apprécier la richesse d’un pays et le niveau de vie de ses habi- tants. C’est la somme des valeurs ajoutées de l’ensemble des branches de production. Il se compose du produit intérieur marchand (biens et services échangés) et du produit intérieur brut non marchand (services fournis par les administrations publiques et privées à titre gratuit ou quasi gratuit) www.becompta.be.

33 Le PPA est le nombre d’unités d’une monnaie étrangère nécessaire pour acheter les mêmes montants de marchandises et services sur un marché d’un pays donné qu’un dollar permet- trait d’acheter aux USA (PNUD, 2005).

L’Indicateur de Pauvreté humaine (IPH), tentative de réponse à certaines critiques formulées à l’égard de l’IDH, s’attache aux mêmes trois dimensions fondamentales que ce premier, mais évalue le niveau de développement humain au sein d’un pays sur base des « carences ou manques observables » (PNUD, 2005, p.354). Les caractéristiques

observées (probabilité de décéder à un âge précoce, difficulté d’accès au monde de la lecture et des communications, pourcentage d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale et impossibilité de pouvoir accéder de manière régulière à des points d’eau aménagés) informent sur la difficulté à pouvoir prétendre à un niveau de vie décent (PNUD, 2005).

2. L’intégration du genre dans l’évaluation du

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