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Savoir s‟en servir du chemin parcouru Autrefois je participai aux activités communautaires de peuples indigènes de l‟Équateur lors

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

1. Bolivie 2 Brésil

5.2 Problématique et hypothèses

5.3.2 Savoir s‟en servir du chemin parcouru Autrefois je participai aux activités communautaires de peuples indigènes de l‟Équateur lors

de mon travail au sein de l‟organisation non gouvernementale CARE ainsi que de l‟Organisation des Nations Unies pour l‟Agriculture et l‟Alimentation (FAO), pendant la première moitie des années 2000. Je connaissais au préalable la vie en forêt, je m‟étais déjà autrefois adapté rapidement à la vie sur place, au climat, aux longues marches, au travail à la machette, à la nourriture locale et à la relation que les habitants de cet espace entretiennent avec le temps et l‟espace et avec les dynamiques qu‟y en résultent. Je connaissais les problèmes que les communautés indigènes de l‟Amazonie ont pour continuer à vivre dans leurs traditions, ainsi que leurs actions face à ces problèmes, et leurs attentes. Je connaissais également leur façon de travailler et de gérer les relations avec les organisations politiques des peuples indigènes.

Plus tard, en 2007, lors de mon stage au sein du Parc Natural de la Guyane, j‟ai vécu à Awala- Yalimapo, la communauté indigène Kali‟na qui habite à l‟embouchure des fleuves Saint Laurent du Maroni et Mana et sur la côte Atlantique, à l‟extrême Nord-ouest de la Guyane Française (Figure n°13).

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Figure 13 : Localisation de la communauté Awala-Yalimapo en Guyane Française

Source : Réalisé d‟après le site www.astrontrust.com

À l‟époque, les habitants d‟Awala-Yalimapo développaient un processus visant la sauvegarde de leurs patrimoines matériel, naturel et immatériel. Jusqu‟à ce moment-là, toutes mes observations ont été faites à partir de la question du développement socioéconomique des peuples indigènes ou au moins de l‟idée que les ONG se font du modèle de développement socioéconomique et de conservation du milieu auquel les peuples indigènes doivent adhérer. Cette expérience m‟a permis par ailleurs de comparer la situation d‟Awala-Yalimapo avec celle des autres communautés indigènes que j‟avais auparavant rencontrées en Équateur. En effet le survie et le développement de ces peuples sont fortement délimités par l‟État auquel ils appartiennent ainsi que par les outils que, d‟une certaine manière, la globalisation du monde actuel leur offre, dont le tourisme et la patrimonialisation.

Une ressemblance et une différence existent entre les habitants d‟Awala-Yalimapo et les membres des autres peuples en question. L‟un comme l‟autre montrent une préoccupation pour la survie de leurs traditions, connaissances et savoir-faire ancestraux ainsi que leurs langues originales mais surtout la préservation et le contrôle de leurs territoires traditionnels. La différence réside dans le niveau de développement des États auxques ceux-ci s‟inscrivent. Pendant qu‟Awalaya-Yalimapo se bat pour sauvegarder leur culture dans une structure d‟un

La Ville de Mana à 20 Km La communauté d‟Awala-Yalimapo

173 État qui lui garantisse davantage l‟accès aux services basiques ainsi qu‟une sécurité sociale et la scolarisation des enfants, les autres se battent non seulement pour sauvegarder leur culture mais pour réussir à garder leur territoire traditionnel et pouvoir accéder aux services basiques au moins de santé et d‟éducation bilingue, non garantis par leur État.

174 4.3.3 L‟observation participante des Sápara Une fois sur place, toutes ces connaissances acquises autrefois m‟ont permis de m‟approcher petit à petit des dirigeants politiques Sápara le temps de mon séjour à Puyo, siège de l‟organisation politique des Sápara, la NASE. Les dirigeants politiques sont devenus mes premiers informateurs, ils m‟ont accordé l‟accès aux sources documentaires privées ainsi que la participation à plusieurs réunions, manifestations et parfois échanges informels qui se sont produits entre août et septembre 2010. J‟ai pu également faire des entretiens exploratoires avec des acteurs internes et externes ayant une influence ou une connaissance sur les Sápara et la sauvegarde de leur Patrimoine Culturel Immatériel. Cela m‟a permis de complémenter l‟information que j‟avais recueillie sur ce peuple indigène depuis la France. Cependant l‟objectif premier était de me rendre en territoire traditionnel Sápara.

Nous avons choisi le peuple indigène Sápara de l‟Équateur comme étude de cas pour trois raisons : Premièrement, il avait été objet d‟une reconnaissance par l‟UNESCO en 2001 comme Chef-d‟œuvre du Patrimoine Culturel Immatériel de l‟Humanité. En 2008, l‟année où j‟ai commencé mon doctorat, seuls deux peuples indigènes de l‟Amazonie avaient été objet de cette proclamation, dont les Sápara et les Wajapi, un peuple indigène qui appartient au groupe ethnolinguistique des Tupi-Guarani et qui habite au Nord du Brésil. Deuxièmement, à la différence du peuple Wajapi, les Sápara parlent non seulement le Kichwa mais, pour la plupart d‟entre eux, l‟espagnol. Troisièmement, bien que les Sápara soient présents en Équateur et au Pérou, seule la partie équatorienne proposait à l‟époque un séjour touristique. Par contre, bien que nous ayons pu choisir les Sápara et leur territoire traditionnel comme étude de cas, nous n‟avons pas pu établir les communautés sur lesquelles enquêter. En effet, les communautés que nous avons visitées ont été définies sur place d‟après les opportunités d‟être invités à accompagner les incursions d‟autres acteurs non-indigènes (techniciens de l‟ONG ALTROPICO129

, groupe de touristes guidé et accompagné par Jean-Patrick Costa). Certainement le fait d‟être un observateur incognito - on ne révèle pas aux enquêtés le fait qu‟on est en train de faire une étude sur ce terrain-, m‟a soumis à une restriction de la mobilité laquelle me garantissait au même tempsde réduire la distance entre les Sápara et moi-même.

Du côté des touristes, je leur ai présenté mon projet et, puis, j‟ai essayé à plusieurs reprises des enquêtes sans avoir de réponses. Cela m‟a amené à développer des entretiens non-

175 directifs. D‟après Arborio et Fournier, et comme j‟ai pu le constater sur le terrain, le fait d‟être un observateur à découvert –on se présente en tant que chercheur faisant une étude sur ce terrain-, me permettait d‟ « avoir accès à des informations par questions, prise de notes et

l‟accès à la variété des situations observables » (1999, p. 29). En revanche, le fait d‟être un

observateur incognito avec les habitants du territoire Sápara, me permettait « l‟adéquation des

constats à la réalité ordinaire et la compréhension intime des rôles sociaux » (ibid.). Au fur

et à mesure que les événements que je raconte dans mon travail ont eu lieu, je ne fus plus trop regardé comme un étranger par les dirigeants politiques Sápara. Plus de deux mois sont passés pour créer les conditions me permettant de réussir l‟accès à leur territoire.

Il est important de tenir compte du changement culturel constant des peuples indigènes surtout des Sápara étant donné que ce peuple autrefois estimé éteint, essaie encore aujourd‟hui de recréer et de se réapproprier ses traditions et son territoire. Par conséquent, les observations faites sur le terrain ne font référence qu‟à la seule période vécue qui a été par ailleurs bien saisie grâce à la connaissance historique des Sápara acquise au préalable.

Incursions dans le monde des Sápara

Je fus invité à participer à une commission technique d‟une autre ONG qui développait à l‟époque un projet de production de miel d‟abeilles dans les communautés Sápara. La commission était représentée par deux techniciens de cette ONG ainsi que par Basilio Mucuchigua qui était le vice-président de la NASE à l‟époque, le fils de Basilio et moi-même. Nous sommes partis en forêt pour une incursion d‟une durée de 13 jours débutant le sept septembre 2010. Nous avons atterri à l‟Ouest du territoire traditionnel Sápara à la communauté de Masaramu. Puis nous avons navigué sur le fleuve Conambo vers son amont en reliant les communautés de Jandiayaku et Ripano localisées encore plus à l‟Ouest du territoire. Ensuite nous avons descendu le Conambo vers l‟Est du territoire Sápara reliant les communautés d‟Ayamu, Nima Muricha et Conambo d‟où un petit avion nous a ramenés en ville.

Le but de cette première incursion en territoire Sápara était d‟identifier les lieux et moments où des pratiques traditionnelles ou éléments du Patrimoine Culturel Immatériel des Sápara se recréent, les acteurs qui y participent et les relations qui se mettent en place, c‟est-à-dire, réussir à observer comment l‟espace géographique s‟organise autour de la tradition. Par

176 ailleurs, grâce aux échanges directs avec les habitants locaux et les entretiens non-directifs développés à plusieurs reprises, cette première incursion m‟a permis d‟apprécier l‟ouverture physique et culturelle de cet espace géographique et le souhait des habitants de s‟ouvrir au tourisme. Pour réussir à mes objectifs, je me suis immergé dans la vie quotidienne des Sápara en participant des rencontres autour de leur Patrimoine Culturel Immatériel. Cela a signifié parfois d‟observer des choses, jugées à ce moment et à ce niveau de compression qui étaient les miens, les plus absurdes ; ainsi que de comprendre les événements à partir des échanges personnels par les biais des entretiens plus ou moins dirigés ou non-dirigés, des conversations fortuites ou d‟écouter tout simplement des réflexions des individus, en essayant de transmettre leurs émotions, idées, pensées, sur les événements qui affectent toute la population.

Ma deuxième incursion a eu lieu entre le 18 et le 27 octobre 2010. Elle s‟est développée dans le cadre d‟un voyage touristique proposé par l‟organisation non-gouvernementale d‟origine française Arutam. Je me suis rendu en territoire Sápara en tant qu‟accompagnateur d‟un groupe formé par sept personnes, dont Jean-Patrick Costa, directeur d‟Arutam, organisateur et responsable du voyage. Il représente ce que l‟on appelle un « pionnier » mais qui, en organisant l‟entrée des touristes, est devenu « un passeur d‟altérité », c‟est-à-dire, une personne qui participe vivement à élargir les limites de l‟espace touristique mondial (Équipe MIT, 2008, p. 147). Jean-Patrick Costa a montré la voie pour une possible fréquentation touristique des communautés Sápara.

Le groupe était aussi constitué par quatre femmes ; dont Christelle et Esther originaires de la commune d‟Hyères, du département de Var, les deux âgées de 53 ans ; Sonia, originaire de Lyon, âgée de 34, et Florence, originaire de Toulon, âgée de 32 ans. Elles avaient eu la détermination, le temps et l‟argent pour se rendre exclusivement en territoire Sápara pour vivre une expérience cherchée depuis longtemps au sein de « sociétés simples, de nature,

perdues dans le temps »130, comme elles-mêmes les ont décrites. Elles avaient trouvé cette offre touristique sur l‟internet. Par contre elles ne connaissaient rien sur les Sápara ni sur leur proclamation de l‟UNESCO comme Patrimoine Culturel Immatériel de l‟Humanité. D‟une certaine manière, ces quatre femmes peuvent être qualifiées comme des « copieurs ». Leur besoin d‟altérité et leur souhait de se confronter à ces lieux en rupture totale avec leur lieu d‟origine, en témoignent. Ces femmes ont fait appel à Jean-Patrick Costa, alors le

177 « pionnier », dont le métier consistait à rendre possible leur désir de se rendre au territoire Sápara (Équipe MIT, 2008).

En plus il y avait encore un autre homme d‟origine française. Oka, c‟était le photographe chargé d‟enregistrer des images pour promouvoir le tourisme et faire connaître les Sápara dans le monde du tourisme humanitaire. Bien qu‟il se rende par la première fois chez les Sápara, il ne s‟agissait pas de sa première expérience touristique au sein de peuples indigènes. Il était déjà resté pendant trois mois chez les Inuit du Nord de Canada. Enfin Ivan était le dernier participant à ce voyage. D‟origine Suisse mais habitant à Puyo depuis 2001, il était le propriétaire fondateur du „paseo de los monos‟, un refuge d‟animaux sauvages. Iván venait pour apprendre son nouveau métier de guide touristique et coordinateur des voyages organisés par Arutam.

Nous sommes arrivés dans la communauté de Wiririma le 18 octobre 2010. La communauté de Wiririma est localisée à l‟Est du territoire traditionnel Sápara sur les rives du fleuve Pindoyaku. On a marché ensuite pendant deux jours de Wiririma à Nuevo Amazonas, une communauté localisée sur les rives du fleuve Conambo. De Nuevo Amazonas on a commencé à remonter le fleuve Conambo visitant les communautés d‟Espejo, Shiona, Suraka, Imatiðo et Torimbo. Puis nous sommes arrivés à la communauté de Conambo d‟où un petit avion nous a ramenés en ville le 27 octobre 2010.

Le but de cette deuxième incursion était celui d‟identifier les lieux qui veulent s‟ouvrir au tourisme suivant des modèles qui ont été déjà établis ailleurs, c‟est-à-dire, dans les lieux touristiques de l‟Amazonie équatorienne, et, de cette manière, observer comment l‟espace géographique s‟organise petit à petit autour du tourisme. Par ailleurs, à cause des événements fortuits qui se sont présentés lors de cette incursion, certaines activités proposées dans le programme touristique établi par Arutam, n‟ont pas pu avoir lieu. Cela a signifié l‟opportunité d‟identifier le processus de mise en tourisme de pratiques traditionnelles et la manière comme le tourisme semble participer de la sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel.

Les premiers apprentissages de l‟approchement des Sápara

Dans l‟après-midi du sept septembre 2010, 45 minutes après avoir quitté la petite ville de Shell, nous avons atterris à Masaramu. Cette communauté, fondée en 1995, est localisée à

178 l‟Ouest du territoire ancestral Sápara, sur les rives du fleuve Conambo, à proximité de la frontière imaginaire entre l‟ „asentamiento tradicional Zaparo‟ et le territoire Kichwa (Figure n°14). Masaramu est une communauté de 25 habitants, dont la plupart d‟ascendance Sápara ; les autres, d‟ascendance Kichwa et Achuar qui se sont mariés avec des Sápara. Sur place nous avons pu aussi rencontrer Ana Maria, l‟une des dernières personnes qui connaissent la langue Sápara et qui ont participé à sa revitalisation en racontant les mythes, légendes et chants aux enfants des écoles (Cf. 2.3.2 Les défis de la sauvegarde de la langue Sápara). Elle venait nous demander des médicaments car elle souffrait d‟un mal de dents depuis quelques jours.

L‟atterrissage d‟un petit avion est toujours un événement important dans les communautés Sápara car il interrompt leur quotidien. En effet l‟arrivée d‟un petit avion signifie chez eux le fait d‟avoir des nouvelles et, surtout, la seule manière de se rendre en ville ou d‟envoyer des colis aux membres de leurs familles qui habitent hors du territoire. Un petit avion dépose ses passagers - des techniciens, des employés de l‟État ou des dirigeants politiques de la NASE - dans les communautés Sápara et il retourne quelques jours après pour les récupérer. C‟est-à- dire qu‟il y a toujours des places de libre dans le petit avion, soit à l‟aller ou au retour. Grâce aux télécommunications établies par la radio HF, les habitants connaissent à l‟avance l‟arrivée d‟un vol, le nombre de places libres ainsi que l‟espace disponible pour l‟envoi de colis. Les professeurs des écoles communautaires sont fréquemment ceux qui profitent le plus de ces vols car ils doivent se rendre en ville souvent pour suivre des formations. Ensuite il y a les personnes souffrant d‟une maladie et qui doivent être traitées en ville ou encore des gens qui doivent accomplir des affaires administratives. D‟autres habitants, qui ne sortent pas, envoient souvent des colis contenant généralement de la nourriture ou des produits artisanaux pour que leurs parents les vendent en ville. Envoyer des colis en ville, c‟est une manière d‟aider leurs proches à subsister quelques jours hors du territoire ancestral. Lors de notre arrivée à Masaramu, l‟un des habitants de cette communauté voulait envoyer de la viande de tapir (tapirus terrestris) fumée et emballée dans un panier traditionnel. La viande de tapir est l‟une des plus appréciées en forêt où elle est de moins en moins consommée à cause de la difficulté à chasser cet animal. Le pilote du petit avion n‟a pas voulu prendre en charge le colis car aujourd‟hui, la douane du pays contrôle le trafic d‟espèces exotiques et applique de fortes punitions. Les habitants des communautés reçoivent aussi des colis. Il s‟agit souvent de sel et de savon.

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Figure 14 : Le territoire Sápara

180 Après les premiers échanges avec les habitants de Masaramu, nous avons transformé l‟école en hébergement. En effet, quand il n‟existe pas de maison communautaire ou d‟autre infrastructure pour accueillir les visiteurs lors du déroulement des activités des ONG ou de discussions sociopolitiques ou manifestations socioculturelles, c‟est souvent l‟école qui devient le logement et le lieu de rassemblement et de rencontre. C‟est pourquoi, au niveau spatial, l‟école est considérée comme le centre de la communauté et le point de référence, une sorte de repère, car toutes les distances se calculent à partir de l‟école. Cependant, entre lundi et vendredi pendant la période scolaire, les visiteurs doivent répéter tous les matins la même opération. Ils doivent reprendre toutes leurs affaires : hamacs, moustiquaires, tentes, lampes- torches et sacs-à-dos, avant l‟arrivée des élèves pour ne pas intervenir dans la vie des habitants. En Haute Amazonie, il fait nuit tôt, vers 17h30 et la nuit en forêt est généralement calme. Les techniciens des organisations non-gouvernementales qui ont l‟habitude de demeurer en forêt plusieurs jours apportent des jeux de société pour éviter l‟ennui, ils passent le temps à jouer jusqu‟à ce que le sommeil arrive. Au niveau des familles Sápara, comme nous avons pu le constater en rendant visite aux habitants dans leurs foyers, si les hommes de la communauté ne font pas la pêche nocturne ou la chasse de caïmans, les gens restent chez eux autour du feu un bon moment et se couchent vers 22 heures.

Selon les techniciens de l‟organisation ALTROPICO, nous n‟avions rien à faire à Masaramu. Les communautés à visiter selon ce qui a été planifié, se trouvaient en amont du fleuve Conambo ; la première à 45 minutes de navigation en pirogue à moteur hors-bord, et la deuxième, une demi-heure plus loin. C‟est le vice-président de la NASE qui a décidé que l‟atterrissage devait être à Masaramu. En effet son choix d‟arriver et de rester dans cette communauté lors de la première partie du trajet, répondait à trois situations : premièrement, les habitants des communautés de Llanchamacocha, Jandiayaku et Masaramu ne disposaient que d‟un seul moteur hors-bord qu‟ils se partageaient et, à ce moment-là, le moteur se trouvait à Masaramu. Deuxièmement, à Masaramu habitaient un motoriste et un „puntero‟. Le motoriste et le puntero étaient reconnus comme des hommes aguerris dans la navigation sur le Haut Conambo qui, comme j‟ai pu le constater lors de notre circuit, n‟est pas simple. En effet, en forêt les vieux arbres tombent tout seuls et leurs troncs restent souvent entre les deux rives des fleuves. Ils sont facilement repérables sous la lumière du soleil, alors le motoriste dépasse ces gros troncs sans utiliser le moteur, c‟est une technique qu‟ils connaissent très bien. S‟il n‟arrive pas à la faire, on les coupe à l‟aide d‟une tronçonneuse à chaîne ou à la machette. Parfois il subsiste quelque espace entre le tronc et la surface du fleuve, il faut alors décharger

181 la pirogue pour la glisser par-dessus l‟obstacle au risque de la submerger. Troisièmement, à Jandiayaku on peut aussi trouver des motoristes et punteros expérimentés. Cependant les habitants de cette communauté avaient planifié de développer une „minga‟. Or, nous pourrions les rencontrer tous réunis au même endroit, mais aucun d‟eux n‟accepterait de quitter sa communauté pendant les trois prochains jours. Par conséquent, nous sommes restés à Masaramu pour disposer des déplacements fluviaux.

On est allé contacter le motoriste et on a regardé les pirogues disponibles. On a choisi une petite pirogue pour remonter le fleuve vers les communautés de Jandiayaku et Ripano, et une autre plus grande pour descendre vers la communauté de Conambo avec tout notre équipage.

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