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Les nouveaux habitants de l‟Amazonie Du fait de la convergence des politiques publiques routes, colonisation, avantages

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

1. Bolivie 2 Brésil

3.1.3 Les nouveaux habitants de l‟Amazonie Du fait de la convergence des politiques publiques routes, colonisation, avantages

économiques-, qui a orienté les flux migratoires vers l‟Amazonie, la population régionale a

connu une forte croissance. En effet, l‟espace forestier se partage aujourd‟hui notamment entre indigènes et non-indigènes : employés des compagnies pétrolières, colons, employés de l‟État et militaires, qui s‟y sont installés notamment à partir des années 1970. En 1970, lorsque débute la colonisation, seule 36% de la population amazonienne vivaient dans les villes amazoniennes, plus de 68,2% en 2000. D‟après Marcel Bursztyn (2010, p. 9), ce phénomène s‟explique, parce que les populations, trouveraient des conditions de vie précaires dans les zones de peuplement rurales; des difficultés de commercialisation de la production sur le marché, de l‟exploitation de la terre extensive ou les grandes propriétés d‟élevage et de production agricole qui n‟emploient que peu de main d‟œuvre.

Quant aux indigènes, bien que la population en Amazonie reste notamment urbaine, la construction de routes, la fondation de villages et centres civiques militaires ont permis l‟avancement du front pionnier vers les zones où ils habitent. Les territoires des peuples indigènes, habitants ancestraux de l‟Amazonie, ont diminué car considérés improductifs. Les différents États ont encouragé l‟arrivée de producteurs agricoles et d‟élevage pour intégrer la région aux pays.

La zone centrale

Au Brésil, la population de l‟Amazonie est passée de 7,8% à 12,4% de la population totale en 30 ans. Si en 1970 le territoire qui formait l‟Amazonie avait un peu plus de 7 millions d‟habitants, en 2000, ce total avait triplé atteignant les 21 millions d‟individus et les 24 millions en 200556, soit près de 13% de la population totale du pays (Tableau n°4). Néanmoins, au Brésil, l‟Amazonie dispose encore d‟une densité cinq fois inférieure à la

83 moyenne du pays et la population se trouve majoritairement concentrée dans les zones urbaines.

L‟Amazonie regroupe 9 des 26 États Fédéraux du Brésil, dont Para, Maranhão, Amapa, au Nord-est du pays ; Amazonas, Mato Grosso, Acre, Rondônia, Roraima et Tocantins, au Nord. On peut observer la dynamique de l‟évolution de la population amazonienne du Brésil dans la figure n°6.

Tableau 4 : L‟évolution de la population en Amazonie brésilienne

États 1970 1991 2000 2005

Amazonie (A) 7'300.772 16'930.955 21'066.582 23'723.501

Brésil (B) 93‟139.037 146‟825.475 169‟779.570 185‟987.000

A/B % 7,8 11,5 12,4 12,75

Figure 6 : L'évolution de la population dans les États amazoniens au Brésil

Source : réalisation personnelle.

0 1000000 2000000 3000000 4000000 5000000 6000000 7000000 8000000 1970 1991 2000 2005 Hab itan ts Acre Amazonas Amapá Maranhão Mato Grosso Para Rondõnia Roraima Tocantis

84 Avec une surface de 1'253.154 km², soit 110.000 km² de plus que celle de la Colombie, le Pará est le deuxième État le plus grand du Brésil. Sa population est d‟environ 7 millions d‟habitants ; une densité de 5 habitants au km². Environ un tiers des habitants réside dans la région métropolitaine de Belém, sa capitale. La population rurale représente un second tiers. Le troisième tiers est une population en partie urbaine, en partie rurale qui habite dans les chefs-lieux des communes (Hébette, 2010). L‟État de Maranhão occupe une surface de 331 983 km². Sa population est de 6 103 327 habitants ; une densité de 17,04 hab/km². L‟État d‟Amapá occupe 142 816 km². Sa population est de 619 mille habitants ; une densité de 4,79 hab/km². L‟État d‟Amazonas, au Nord du pays, est le plus grand État du Brésil mais celui qui a la plus faible densité démographique. Il s‟étend sur une surface de 1 577 820 km² et regroupe une population de 3 341 096 habitants, soit 1,79 hab/km².

Le Mato Grosso, avec une superficie de 903 358 km², compte une population de 2 803 274 habitants et une densité de 3,1 hab/km². La Rondônia, avec une superficie de 237 576 km², compte 1 534 594 habitants et une densité de 6,46 hab/km². C‟est l‟État amazonien qui possède les meilleures routes. Il est par conséquent peuplé principalement par des colons. L‟État de Tocantins est relativement nouveau. Il a été fondé en 1988. Il possède une surface de 277 621 km², et compte une population de 1 305 728 habitants et une densité de 4,7 hab/km². L‟État d‟Acre, avec une superficie de 152 581 km², est localisé entre la Bolivie et l‟État d‟Amazones. Il compte 664 000 habitants et une densité de 4,39 hab/km². Cet État reste l‟un des principaux producteurs du caoutchouc. La Roraima, 225 116 km², compte une population de 381 896 habitants et une densité de 1,7 hab/km². 70% de l‟État est occupé par la forêt amazonienne.

Au Venezuela, avec la construction des grands axes routiers à partir des années 1980, l‟Amazonie a connu une forte croissance démographique en raison de migrations en provenance des États de Bolivar, d‟Amazonas, du centre du pays ainsi que de la Colombie. En Amazonie vénézuélienne, se sont également implantées diverses institutions gouvernementales, centres de recherche et d‟enseignement supérieur, ce qui a fait venir de nouveaux habitants. Des réserves naturelles ont aussi été créées comme celle de la biosphère Alto Orinoco Casiquiari, les parcs nationaux Duida-Marahuaca, Neblina-Tapirapecó et Yapacana, ainsi que divers sites naturels, tel que la Colline Morrocoy et le Tepuy Autana. En Amazonie vénézuélienne fut créé le ministère de l‟Environnement et des Ressources naturelles renouvelables, le premier de ce type en Amérique du Sud. En 2006, le Venezuela

85 comptait 29 millions d‟habitants, dont 1,8 millions répartis en Amazonie. La population indigène était de 178 mille individus, dont 107 mille habitaient en Amazonie57. De son côté, l‟Amazonie bolivienne avait en 2010, 1 million 560 mille habitants58

, dont, les autochtones qui représentaient 20% ont consolidé leurs territoires sur environ 2 millions d‟hectares.

La Haute Amazonie Andine

Le processus d‟occupation et de formation de noyaux urbains en Amazonie colombienne sont nouveaux, ils n‟ont débuté que dans la deuxième moitiée du XXème

siècle, lors de l‟apparition des premiers villages de colons dans les régions proches des versants andins (Lopez, 2010). Une nouvelle vague de colons arrive à partir de 1960 attirée par le commerce de peaux ainsi que par le développement de l‟industrie pétrolière. Cependant, l‟Amazonie colombienne est un cas spécial. Le panorama de colonisation basé sur une économie de production familiale, le commerce de produits ne s‟était pas vraiment développé, va tellement changer avec l‟arrivée de la culture de la cocaïne au début des années 1980 et, subséquemment, de la guérilla des FARC et des groupes paramilitaires qui se battent depuis pour le contrôle de sa production et de son trafic. En raison de cette situation, la ville frontalière de Leticia, un port franc à trois frontières, est devenu le cœur de l‟implantation de cartels liés au trafic de la cocaïne (Droulers, 2004).

En 1992, certains peuples indigènes ont bénéficié de la reconnaissance de l‟État concernant leurs territoires. Les réserves indigènes, connues localement comme des „resguardos‟, s‟étendent sur près de 18 millions d‟hectares. Cependant, la présence précaire de l‟État dans le milieu amazonien, ainsi que les conditions socioéconomiques, environnementales et géographiques ont permis à la culture de la coca de se développer tant chez les colons que chez les indigènes. Il s‟est mis en place alors une espèce d‟amalgame car les guérillas acceptent la production de coca et s‟engagent à protéger les terres et la fabrication de la drogue, en remplaçant l‟État dans ses fonctions de gardien de l‟ordre public. Par ailleurs, l‟isolement, les frontières avec le Brésil, l‟Équateur et le Pérou ainsi que les réseaux fluviaux, ont facilité les conditions du trafic de l‟alcaloïde. L‟établissement d‟aéroports et de laboratoires clandestins ont fait que la région prospère économiquement et attire une nouvelle vague de colonisation. À partir de la fin des années 1980, avec le développement des

57 Instituto Nacional de Estadística de Venezuela; Secciones Estadales en base a Censo Población y Vivienda

2001 y Censo Indígena 2001.

86 structures paramilitaires et le renforcement de la présence militaire de l‟État, le département de Putumayo, frontalier avec l‟Équateur, devient la scéne principale du conflit, lorsque ces groupes se battent pour maintenir le contrôle du territoire. Cette situation s‟est répandue ensuite dans toute la région en provoquant la naissance d‟un nouveau phénomène social, le déplacement forcé des habitants tant vers l‟intérieur du pays que vers l‟extérieur. Les habitants des zones frontialières, se déplacent vers les pays voisins. Ce phénomène prend alors des dimensions internationales (Lopez, 2010).

Quant à l‟Amazonie péruvienne, c‟est la deuxième région en taille et en population après celle du Brésil. Elle accueille 2 millions d‟habitants. L‟espace se partage entre autochtones et employés des compagnies pétrolières qu‟y sont installées. Le principal centre urbain est Iquitos. Cette ville, localisée à 1.800 km Lima, est la tête de pont de la colonisation agricole et un port franc. Actuellement, elle est aussi un centre de raffinerie du pétrole. D‟autres villes amazoniennes, où se développe notamment l‟industrie de l‟extraction de l‟or, restent encore pauvres et mal équipées.

Les trois Guyanes

Les trois Guyanes se présentent comme une zone multiculturelle : une juxtaposition des peuples, de langues et de cultures non-latines avec un retard dans le processus d‟émancipation politique, une économie et un peuplement plus proches de l‟ensemble caribéen insulaire que des voisins continentaux (Lézy, 2010). En Guyana, une ex-colonie Anglaise, la population regroupant des Indiens, des Noirs, des Blancs et des Indigènes, est estimée à 762 mille habitants ; au Suriname, une colonie Hollandaise jusqu‟à 1975, la population serait de 520 mille habitants, composée d‟Indiens, de Chinois, de Créoles, de Blancs et d‟Indigènes (Lézy, 2010).

En Guyane Française, la population serait de 236 mille habitants, composée de communautés noires riveraines, Marrons et Bonis le long du fleuve Maroni et des peuples Indigènes Wayana, Oyampi et Galibi, mais aussi de Créoles, Hmong et Blancs. En Guyane Française, l‟implantation du Centre Spatial a fait connaître le premier boom démographique au XXème

siècle après des décennies de stagnation dues à la fin de l‟activité pénitentiaire. Au recensement de 1961, la Guyane Française comptait 33.000 habitants, la population dépassait en 2008 les 221.000, soit le sextuple en moins de 50 ans (Granger, 2010). La population

87 étrangère qui représentait 11% de la population totale en 1961, représenterait plus de 30% aujourd‟hui, une grande partie, arrivés en tant que réfugiés du Suriname lors de la guerre civile de 1986-1992. Selon Granger (2010, p. 129), les Créoles, la population d‟origine avec les autochtones amérindiens, sont désormais moins de la moitié de la population totale. La majorité de leurs communes ne sont toujours accessibles que par les voies fluviales ou aériennes. Certaines n‟ont été reliées par la route aux principales villes que depuis Décembre 2003.

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3.2 Le monde indigène de l‟Amazonie équatorienne

Les peuples indigènes ou autochtones de l‟Amazonie, sont ceux qui liés par une continuité historique avec les sociétés antérieures à la conquête et avec les sociétés précoloniales qui se sont développées sur leurs territoires, se jugent distinctes des sociétés qui dominent actuellement en partie leurs territoires (Martinez, 1987). À cet égard, on a identifié trois critères qui permettent de définir les peuples indigènes ou autochtones : L‟histoire, ce sont des peuples qui ont occupé les territoires avant l‟arrivée des colons, et plus avant encore, avant l‟arrivée des conquérants. La situation actuelle, ce sont des peuples qui continuent de vivre selon un mode de vie différent de celui de la société dominante, souvent organisés à l‟image de ce qu‟ils pensent être l‟organisation du cosmos, c‟est dire d‟après leur cosmovision59

. Le

sentiment d‟appartenance à la communauté, l‟autochtone est une personne qui se sent

appartenir à un de ces peuples et est reconnu par les membres de ces peuples comme appartenant à une de leurs communautés. La communauté est comprise ici comme une communauté culturelle et, donc, chaque membre d‟une communauté reçoit un héritage perçu, d‟une certaine manière, comme un don gratuit dont il doit se faire le porteur conscient et attentif.

Un autre critère qui permet de définir les peuples indigènes est leur relation avec la terre qu‟ils considèrent comme leur Mère : celle qui nourrit ceux et celles qui y habitent. Dans cette dynamique, les peuples indigènes de l‟Amazonie équatorienne considèrent que la terre n‟appartient pas aux hommes. Au contraire, ce sont eux qui appartiennent au milieu naturel comme tout autre élément de ce système. Traditionnellement, pour les membres d‟un peuple indigène, un titre de propriété foncière personnelle n‟a en conséquence aucune signification particulière. Les indigènes appartiennent à la terre et la terre ne leur appartient pas individuellement. La terre représente un bien collectif dont il faut faire usage avec le plus grand respect. Cependant, cette relation avec la terre et plus précisément avec la nature, va encore plus loin. Comme le souligne Carlos Antonio Diegues (2008)60, cité par Julio César Suzuki dans son article « Território, modo de vida e patrimônio cultural em sociedades

59 Le concept de cosmovision correspond à ce que, plus couramment, on appelle vision du monde. Mais il s'agit

d'une vision plus élargie puisque la cosmovision a recours à la dimension du cosmos. Le cosmos considère l'univers dans son ensemble et, comme tel, inclut le monde connu et inconnu. Le cosmos, ainsi défini, comprend tous les corps célestes, incluant la terre, et tous les phénomènes naturels qui se produisent dans cet espace. La cosmovision est une vision particulière à l'intérieur de chaque culture.

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tradicionais brasileiras »61 publié dans la revue „Espaço & Geografia‟ en 2013, les cultures et sociétés traditionnelles telles que les peuples indigènes se caractérisent spécialement par la relation imbriquée qu‟ils maintiennent avec la nature. Dans cette logique, la production sociale d‟un groupe dépend des ressources naturelles qu‟il a à disposition. Selon Julio Suzuki (2013), bien qu‟une sorte de nature ne puisse pas définir une société comme telle, il se peut que les liens sensibles et expressifs établis entre une société et la nature soit l‟une de causes de la diversité culturelle des sociétés traditionnelles existantes. En effet il n‟y a pas une seule détermination de la nature mais des multiples où l‟histoire sociale du groupe interagit dans la définition de ses caractéristiques et de son mode de vie. Cependant, une telle situation nous permet de distinguer, dans le cas de l‟Amazonie équatorienne, tel ou tel peuple indigène et sa culture, comme identifier des caractéristiques communes entre tous les peuples indigènes habitant cette région. Par conséquent, ces caractéristiques communes, très diverses de celles des sociétés occidentales, nous permettent de les reconnaître en tant que premiers habitants de cet espace géographique.

À cet égard, on considère en premier lieu que si chaque nationalité indigène possède une langue originale, aucune n‟a développé l‟écriture. Les sociétés traditionnelles de l‟Amazonie équatorienne sont porteuses d‟une connaissance de la nature très importante. En effet, un grand nombre de plantes aux vertus thérapeutiques ont été découvertes par l‟observation des pratiques des indigènes d‟Amazonie. En revanche, ce savoir n‟est transmis de génération en génération que par voie orale. Le chamanisme est également un élément fondamental de l‟héritage amazonien qui a survécu au sein de plusieurs communautés indigènes. Dans la plupart de cas, les chamans sont les dépositaires de l‟histoire, des mythes et des légendes du groupe et leur rôle consiste, entre autres, à les transmettre à leurs successeurs. Dans certains peuples indigènes, de nombreux chamans font office de guérisseurs, pratiquent des rites et président les cérémonies funèbres et d‟initiation qui accompagnent le passage des jeunes dans le monde adulte. La communion avec les ancêtres et le monde surnaturel est en général le garant de la cohésion sociale et culturelle en Amazonie équatorienne. C‟est dans le domaine de la spiritualité et de la mythologie que le génie et la créativité des peuples indigènes selvatiques trouvent leur plus belle expression.

61 Suzuki, J. C., Território, modo de vida e patrimônio cultural em sociedades tradicionais brasileiras, Espaço &

90 Il n‟y a pas longtemps, les peuples indigènes se distinguaient également par une mobilité cyclique, structurée notamment d‟après les changements saisonniers ; il s‟agissait des peuples semi-nomades. Aujourd‟hui, face à l‟introduction de l‟école et la religion, avec l'influence des missionnaires et l‟arrivée de compagnies extractives de ressources, cette situation a rapidement changée. Il a fallu fonder et demeurer dans les communautés la plupart du temps pour réaffirmer leurs droits ancestraux sur l‟espace et sur les ressources qu‟elles renferment. Ils ont adapté leurs pratiques socioculturelles ancestrales itinérantes à un espace et un temps plus limités. Quoique la mobilité des peuples indigènes ait été aussi liée aux alliances matrimoniales, aux échanges traditionnels et commerciaux, de ce fait la mobilité existe encore. On les rencontre aujourd‟hui chez les Sápara qui vont vers le Pérou pour se procurer du „curare‟62. Parfois une communauté ou tout un peuple indigène développe plus d‟aptitudes à telle ou telle technique, cela peut être, par exemple, l‟élaboration de poterie, la fabrication d‟armes, d‟outils et d‟ustensiles, ce qui lui permet de pratiquer le commerce. Pour produire un échange, il faut qu‟il existe une pratique, un objet ou un savoir réputé. Mais l‟échange donne lieu à d‟autres choses, dont la recréation du patrimoine culturel immatériel lors de séances de boisson de chicha63, chamanisme, alliances matrimoniales…

Dans l‟ensemble des ethnies d‟Amazonie, l‟organisation sociale a pour base sociopolitique la famille étendue et se retrouvait autrefois généralement polygame. Les liens et les règles de parenté définissent les principes de l‟hérédité, les obligations matrimoniales et le lieu de résidence des jeunes époux. Les Achuar, par exemple, sont polygames et respectent, en tout cas lors du premier mariage, la loi endogamique, c‟est-à-dire l‟obligation de se marier dans leur propre peuple. Ils se marient entre cousins croisés (enfants des tantes paternelles et des oncles maternels) et pratiquent le lévirat, c‟est-à-dire, le frère du défunt épouse les veuves. La résidence des jeunes mariés est celle de l‟épouse. Cette organisation permet de resserrer et de perpétuer les liens de solidarité et les obligations d‟assistance mutuelle entre parents et proches, liens particulièrement précieux dans les vendettas auxquelles les Achuar se livraient jusqu‟à une époque récente. La vie en communauté est cependant à l‟heure actuelle la base de

62 Le curare est un poison fait à base de lianes Strychnos toxyfera ou chondodendron tomentosum que l‟on utilise

en Haute Amazonie pour empoisonner les flèches avec lesquelles, à l‟aide d‟une sarbacane, on tuera les animaux lors d‟une chasse.

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La chicha est une bière dont les peuples indigènes de l‟Amazonie équatorienne préparent à base de la coction, le mâchement et la fermentation du manioc. Lors des fêtes et rituels, elle est bue à plusieurs niveaux de fermentation ce qui la met à la place d‟un boisson à effets alcooliques. Tant sa préparation comme sa distribution est un rôle de femmes, cette dernière veillant à toujours donner à boire d‟abord aux personnes qui restent en haut de leur hiérarchie locale, nucléaire, familière, communautaire, ou autre, sans importer où ils se trouvent assis dans le groupe ni qui les entoure. Cette situation ne change que lors des fêtes ou d‟événements sociaux et politiques.

91 l‟organisation sociopolitique des peuples indigènes, étant donné que celle-là leur permet de maintenir les valeurs culturelles inhérentes, ainsi que des valeurs spirituelles, langues, techniques, pratiques thérapeutiques, calendriers agricoles. Les Shuar, par exemple, restent attachés à un mode de vie belliqueux et, en dépit des liens de parenté, les familles conservent un climat de méfiance. Cependant, la structure Shuar est basée sur la communauté qui peut regrouper jusqu‟à 30 familles avec juridiction sur un espace déterminé. Bien que l‟habitat soit dispersé, la piste d‟atterrissage, la radio de télécommunication et l‟école rassemblent les

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