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Les premières formes d‟organisation politique Au milieu des années 1980, les communautés Sápara étaient regroupées en deux organisations

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

1. Bolivie 2 Brésil

4.1.1 Les premières formes d‟organisation politique Au milieu des années 1980, les communautés Sápara étaient regroupées en deux organisations

indigènes, celle de l‟ „Organización de los Pueblos Indígenas de Pastaza‟ (OPIP) et celle de l‟ „Asociación Indígena Evangélica del Pastaza para la Región Amazónica‟ (AIEPRA) (Cf. Annexe H). Créée en 1979, l‟OPIP est une organisation indigène née de l‟unification des communautés Kichwa de Pastaza autour de causes communes, notamment celles de légaliser leurs territoires ancestraux, protéger leur organisation traditionnelle, préserver leur culture et leur langue. L‟AIEPRA, créée en 1985, regroupait des communautés indigènes de la province de Pastaza où habitent des groupes évangéliques Shuar, Achuar et Sápara. Le but de l‟AIEPRA était le développement de ces communautés à partir de la transmission des bases de l‟église évangélique.

L‟AIEPRA a ses origines dans l‟arrivée de deux groupes d‟évangélisateurs protestants d‟origine américaine, l‟ „Instituto Lingüístico de Verano‟ (ILV)70

et „Alas de Socorro‟. Ils se sont installés dans la région amazonienne de l‟Équateur dans les années 1950 provoquant un fort impact sur la vie des habitants. La première envoyait des jeunes bénévoles étudier les langues des indigènes pour les transcrire et, ensuite, pouvoir traduire la Bible et initier les habitants aux pratiques religieuses. „Alas de Socorro‟, par contre, avait en charge de mettre en place un réseau de transport aérien qui assurait les déplacements des bénévoles. Les habitants de communautés souffrant d‟une maladie ou d‟une morsure de serpent pouvaient aussi profiter des vols d‟ „Alas de Socorro‟ (ALAI, 1978). L‟ILV et „Alas de Socorro‟ ont influencé non seulement la fondation des communautés mais aussi les relations des habitants avec l‟État et avec les compagnies pétrolières.

70 Cet institut fondé dans les années 1930 aux États-Unis d‟Amérique, ayant comme finalité de préparer des

jeunes chrétiens pour les envoyer chez les sociétés sans écriture et traduire au moins le nouveau testament dans leurs langues originales (ALAI, 1978). Dans les années 1950, l‟ILV est arrivé en Équateur et il est resté jusqu‟au début des années 1980. Pendant cette période l‟ILV a travaillé avec des communautés amazoniens des peuples Huaorani, Kichwa, Shuar et Sápara. En 1982, le président Jaime Roldós a décrété que l‟ILV devait quitter le pays ; une décision soutenue par les organisations indigènes. Les activités développées par l‟ILV en Équateur, ont encouragé les habitants des territoires ancestraux indigènes à s‟installer autour des pistes d‟atterrissage, provoquant certains changements culturels. Ils ont aussi influencé l‟image des peuples indigènes sur certains rituels ancestraux, tel que celui du chamanisme.

105 Les habitants des communautés Sápara regroupées dans l‟AIEPRA, avaient donc été dans les années 1950, touchés autant par les incursions des évangélisateurs que par celles des compagnies pétrolières. L‟OPIP, à son tour, regroupait des communautés Sápara dont les habitants, contrairement aux habitants des communautés de l‟AIEPRA et aux membres du peuple Kichwa, avaient réussi à s‟éloigner des évangélisateurs. Comme le montrent les trois récits suivants, les habitants de ces communautés Sápara pratiquaient encore à l‟époque des déplacements itinérants liés aux cycles de chasse et de cueillette, le long des fleuves Conambo et Pindo, qu‟ils considéraient depuis toujours comme une partie de leur territoire ancestral :

« Avant nous marchions tout le temps le long des rives des fleuves Conambo et Pindo. Nous laissions nos canoës partout sur ces deux fleuves. Nous allions d‟un lieu à l‟autre »71

.

« Avant, quand je n‟étais qu‟un gamin, je voyais mon père qui marchait loin, plus loin de Llanchamacocha, c‟est-à-dire depuis l‟extrémité de notre territoire traditionnel. Il allait jusqu‟à l‟autre extrême où le fleuve Conambo finit et puis il revenait. Il faisait ce parcours tous les ans. À l‟époque il n‟y avait ni école ni piste d‟atterrissage. Je crois que c‟est pour cela qu‟il marchait d‟un côté à l‟autre »72

.

« Il y avait une communauté plus loin, en descendant le fleuve Conambo, que l‟on appelait Papayo. Les Sápara résidaient là-bas, cependant, ils ne restaient pas longtemps sur place. Ils marchaient tout le temps le long du fleuve Conambo. Ils construisaient leurs petits tambos. Les derniers représentants Sápara sont les fils des gens de ce groupe. Ils parlant la langue Sápara et c‟est eux qui ont commencé à la restaurer, car, cette langue était presque éteinte. Ils ont créé une association Sápara pour n‟oublier ni leur langue ni leur culture »73.

On peut en effet conclure que jusqu‟aux années 1980, les Sápara ne se trouvaient pas seulement divisés au niveau politique mais ils se trouvaient aussi eux-mêmes d‟après leurs croyances divisés en deux groupes. Le premier de ces groupes rassemblait les Sápara qui s‟étaient appropriés des croyances importées et transmises par les missionnaires et qui étaient

71 „Antes no la pasábamos caminando por el rio Conambo y Pindoyaku, dejábamos las canoas por toda parte

para cruzar los ríos. Cuando nos cansábamos de estar en un lugar, nos íbamos a otro‟. Extrait d‟un entretien

réalisé auprès de Gloria Ushigua, 6 août 2010, Puyo Équateur (Cf. Annexe F.12).

72

„Antes, cuando yo era solo un niño, yo veía a mi padre que bajaba desde mas arriba de Llanchamacocha,

caminaba desde el punto mas alto de nuestro territorio hasta abajo del río y regresaba, todos los años, en ese tiempo no había escuela y no tenían pista, por esa razón creo que caminaban a cada lado‟. Extrait d‟un

entretien réalisé auprès d‟Arturo Santi, président de Jandiayaku, le 9 septembre 2010 (Cf. Annexe F.13).

73

„La comunidad Papayo, una comunidad Sápara, quedaba mas abajo, luego ellos vinieron así. Ahí vivían

Sáparas, pero decían que no permanecían ahí, se la pasaban subiendo el río, de un lado para otro, haciendo su tambito. No se la pasaban ahí. De ahí fue que quedaron los hijos, ellos hablan saparito y empezaron a hacer levantar su idioma que ya estaba terminando. Ellos crearon otra asociación Sápara para no olvidar ni su idioma ni su cultura‟. Extrait d‟un entretien réalisé auprès de „el amigo‟, un habitant de la communauté de

106 déjà physiquement bien métissés et en syncrétisme culturel. Le deuxième regroupait les Sápara qui ont refusé de s‟approprier les pratiques et croyances des missionnaires. Et toute cette situation pouvait se lire dans l‟espace car les Sápara du premier groupe se trouvaient habitant dans des communautés bien définies dont la fondation est directement influencée par les pratiques des missionnaires et les prospections pétrolières. Tandis que ceux du second groupe, se trouvaient encore confondus territorialement et culturellement avec les Kichwa (Figure n°7).

4.1.2 Les années 1990 : la décennie de l‟ONZAE

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