• Aucun résultat trouvé

La mise en valeur des organisations indigènes En Équateur, les peuples indigènes se trouvent organisés aux niveaux politique, territorial et

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

1. Bolivie 2 Brésil

3.2.3 La mise en valeur des organisations indigènes En Équateur, les peuples indigènes se trouvent organisés aux niveaux politique, territorial et

culturel en nationalités indigènes. Celles-ci sont des entités ethniques historico-politiques qui constituent l‟État Equatorien, et qui possèdent une identité ainsi qu‟une histoire, langue, culture, territoire, des institutions et des formes d‟organisation sociale, économique, politique et autorité légale, propres. A l‟heure actuelle, on trouve dans l‟Amazonie équatorienne dix

95 nationalités indigènes, dont Cofán, Siona, Secoya, localisées au Nord, notamment dans la province de Sucumbíos ; Huaorani, Sápara, Shiwiar et Andoa, localisées dans les provinces d‟Orellana et de Pastaza ; et Shuar et Achuar, localisées notamment dans la province de Morona Santiago ; et Kichwa, localisée partout en Amazonie équatorienne. Chaque nationalité habite un espace bien identifié, délimité et approprié, qu‟on connaît comme un territoire ancestral. Autrefois, les territoires ancestraux n‟étaient pas découpés et, donc, ils n‟étaient pas délimités par les frontières politico administratives des États. Aujourd‟hui, on trouve des représentants de même nationalité indigène en Équateur et dans les pays voisins. Ainsi, on trouve des représentants des nationalités Cofán et Shiona dans l‟Amazonie colombienne ; des représentants des nationalités Secoya, Shuar, Achuar, Kichwa, Huaorani et Sápara habitant au Pérou (Tableau n°5).

Certains évangélisés, d‟autres scolarisés et d‟autres encore révoltés, les membres des nationalités indigènes ont commencé à mener une vie sédentaire en communautés, à partir des années 1950 avec l‟arrivée d‟une nouvelle vague d‟évangélisation et notamment dans les années 1970, lors du développement de l‟industrie pétrolière, ce qui a affecté leurs formes d‟organisation sociale et spatiale ayant des effets définitifs dans la vie des nationalités indigènes. Aujourd‟hui, la plupart des représentants des nationalités indigènes de l‟Amazonie équatorienne, sauf les Kichwa et la plupart des Sápara, sont trilingues. En plus de leur langue maternelle, ils parlent le Kichwa, car il a été la langue de leur évangélisation ; et l‟espagnol qu‟ils ont commencé à apprendre lors de l‟arrivée de l‟industrie pétrolière mais qu‟aujourd‟hui ils apprennent à l‟école. Depuis 1986, les nationalités indigènes se sont regroupées dans la „Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador‟ (CONAIE)65

.

65 Il s‟agit de l‟organisme équatorien qui cherche à consolider au niveau politique les peuples et nationalités

indigènes de ce pays. La CONAIE cherche aussi la récupération et l‟égalisation des territoires, l‟éducation bilingue, la lutte contre l‟entrée des multinationales ou la néo-colonisation, la promotion des droits des indigènes et la maintenance des relations internationales. La CONAIE a réussi en 1989 la création du système d‟éducation bilingue, en 1998 l‟incorporation des droits collectifs des peuples indigènes dans la constitution de la république, la création de la CODENPE, la création de la direction nationale de la santé des peuples indigènes DNSPI et le fonds de développement des peuples indigènes FODEPI. La CONAIE cherche également à fortifier et à développer les connaissances ancestrales, ainsi que le respect des droits humains. En se procurant une place sur la scène politique nationale et internationale, elle cherche à mettre en place un projet politique particulier vers la construction d‟un État pluriculturel qui promeut l‟unité dans la diversité, l‟équité et l‟égalité sociale.

96

Tableau 5 : Distribution géographique des peuples indigènes de l‟Amazonie équatorienne

Nationalité Langue

Famille

linguistique Présence

Territoire traditionnel

(miles d‟hectares) Habitants

Organisation politique

Compagnies pétrolières

présentes

Cofán A'ingae Langue isolée

Province de Sucumbíos,

Colombie 145 800 FEINCE

OECP City Ramrd Kerr-McGee

Siona Pai coca Tucano

Occidental Province de Sucumbíos, Colombie et Pérou.

80 800

ONISE Kerr-McGee City Ramrd OECP Secoya Pai coca

OISE

Huaorani Huao Langue isolée

Provinces de Napo, Orellana et

Pastaza 716 3.000 ONHAE Elf Kerr-McGee Perez Companc Repsol-YPF Vitage Sápara Zápara*

Zaparoana Province de Pastaza, Pérou 1.000 NASE

Andoa Andoa Shimigae* Province de Pastaza, Pérou 95 800 NAPE

Shiwiar Shiwiar chicham

Jivaro

Province de Pastaza, Pérou 189 700 NASHIE

Achuar Achuar chicham

Provinces de Pastaza et

Morona-Santiago, Pérou 681 6.000 FINAE

Arco Burlington

Shuar Shuar chicham

Provinces de Sucumbíos, Orellana, Pastaza, Morona- Santiago et Samora-Chinchipe,

Pérou 1.000 110.000

FICSH FIPSE

Kichwa Kichwa del oriente Quechua

Province de Sucumbíos, Napo,

Orellana et Pastaza, Pérou 1.100 80.000

FOKISE, FONAKIN, OPIP, FEINE, AIEPRA, FOCIN Arco CGC Tripetrol  Langues considérées éteintes ou en voie d‟extinction

97

La nationalité Cofán

Les Cofán habitent à cheval entre la Colombie et l‟Équateur. En Équateur, le territoire ancestral Cofán, avec 145 mille hectares dont seulement 33 mille légalisés, se localise dans la province de Sucumbíos et inclut la ville de Nueva Loja, actuelle capitale de la Province, ainsi que ses alentours. Par contre, il n‟y a pas de continuité spatiale chez les Cofán. Confrontés à un processus de segmentation à cause de la déforestation lors de la construction des routes terrestres et l‟installation des colons, lors de l‟arrivée et le développement de l‟industrie pétrolière à la fin des années 1960, les Cofán ont dû aussi se confronter à la création des aires protégées et des parcs nationaux comme la réserve faunistique du Cuyabeno. En Équateur, ils sont 800 représentants et si leur culture a été difficile à entretenir à cause du découpage territorial, les Cofán maintiennent leur langue originelle qui est l‟ „A‟ingae‟. Cette langue n‟a jamais pu être incluse dans une famille linguistique. Les Cofán se trouvent regroupés dans la „Federación Indígena de la Nacionalidad Cofán del Ecuador‟ (FEINCE).

Les nationalités Siona et Secoya

A l‟origine, les Siona et les Secoya étaient deux groupes distincts mais, au début du XXème

siècle, ils se sont réunis lorsque leur nombre s‟est réduit très sévèrement ; à partir de ce moment-là, ils ont établi des alliances matrimoniales. À l‟heure actuelle, ils sont moins de 800 personnes et, d‟après Péter Varga (2007, p. 68), la distinction culturelle inhérente à chaque peuple n‟est plus claire. Les Siona et Secoya partageant des coutumes similaires, notamment la langue „Pai coca‟ qui appartient à la famille linguistique Tucano Occidentale. Ils habitent entre l‟Équateur, la Colombie et le Pérou. Leur territoire ancestral comprenait autrefois plus de 90 mille hectares mais il est aujourd‟hui limité à environ 80 mille hectares dont seulement 49 mille ont été légalisés.

En Équateur, ils habitent la province de Sucumbíos où, comme les Cofán, ils sont confrontés aux aux problèmes que posent le développement de l‟industrie pétrolière, l‟avancement de la frange de colonisation, l‟urbanisation et le classement de leur territoire comme des aires protégées ou des parcs naturels. Les blocs 15 qui sont exploité par la compagnie Occidental Exploration and Production (OECP) depuis 1985, 27 par City Ramrd et 21 par la compagnie de Kerr-McGee, se situent dans leur territoire. Les Siona-Secoya se trouvent regroupés au niveau sociopolitique dans la „Organización de la Nacionalidad Indígena Shiona del

98

La nationalité Huaorani

Les Huaorani sont la nationalité indigène d‟Équateur qui a résisté le plus en contact avec l‟extérieur. Leur territoire ancestral s‟étendait autrefois de la rive droite du fleuve Napo à la rive gauche du fleuve Curaray et comprenait une superficie d‟environ 200 mille hectares. Après la rencontre avec les missions évangéliques à la fin des années 1950, les Huaorani ont été rassemblés dans une zone de protection de 1065 km². Cela s‟est poursuivi jusqu‟au début des années 1970 car, entre 1980 et 1984, le gouvernement leur a adjugé 716 mille hectares, réparti sur trois provinces : Orellana, Pastaza et Napo. En revanche, une partie de ces hectares se trouvent dans le Parc National de Yasuní. Toutefois, on considère que les gisements pétroliers les plus importants de l‟Amazonie équatorienne se trouvent dans le territoire ancestral Huaorani. Sur ce territoire, on dénombre le bloc 14 exploité par la compagnie Vitage, 1e 16 par Repsol-YPF, le 21 par Kerr MacGee et le 31 par la compagnie Pérez. On compte 3 000 représentants parlant tous la même langue, le „Huao‟, regroupés au niveau sociopolitique depuis les années 1990, dans l‟ „Organización de la Nacionalidad Huaorani de

la Amazonia Ecuatoriana‟ (ONHAE).

Aujourd‟hui, on peut dénombrer quatre manières propres aux Huaorani de vivre sur un territoire : un groupe de représentants du peuple Huaorani qui vit sous l‟influence évangélique ; un autre groupe qui s‟est incorporé à la société nationale et entretient des relations avec les compagnies pétrolières et les entreprises agroindustrielles, devenant réellement dépendants de ces industries ; un troisième groupe qui essaie de continuer à vivre dans la tradition et pratique la chasse, la pêche et la cueillette ; et enfin un dernier groupe confronté aux bandes nomades des Tagaeri et Taromenani, qui continuent à vivre sans avoir aucun contact avec le monde extérieur.

Les nationalités Andoa et Sápara

Les Andoa et Sápara partagent quelques similitudes. Par exemple, leurs langues originales : La langue „Andoa‟ qui se considère éteinte, et la langue „Zápara‟ dont il ne reste que 5 parlants appartiennent à la même famille linguistique „Zaparoana‟. Ceci les rapproche dans une histoire commune car les peuples Andoa et Sápara sont considérés comme deux des premiers occupants de la région amazonienne. À l‟époque de la conquête, on estime que le vaste territoire dominé par la famille linguistique „Zaparoana‟ s‟étendait du piémont des Andes Équatoriennes à la frontière péruvienne. On considère qu‟à la fin du XVIIe siècle, ils étaient au nombre de plus de cent mille personnes. Un siècle plus tard, au début de la « fièvre

99

du caoutchouc » il n‟était plus que vingt mille. À la fin du XX siècle, ils ont été considérés

culturellement éteints car on pensait qu‟ils avaient été assimilés par les Kichwa lors du regroupement des membres de différents peuples indigènes de l‟Amazonie équatorienne dans une zone commune, depuis le début de la colonisation espagnole, où ils ont acquis principalement la langue et les empreintes culturelles. Aujourd‟hui, ils sont à peine plus de 1.800 personnes, dont seulement 15% non-métissées, répartis sur environ 400 mille hectares, dont 240 légalisés, dans le centre sud et ouest de la province de Pastaza. Ils sont regroupés au niveau sociopolitique dans les organisations „Nacionalidad Andoa de Pastaza del Ecuador‟ (NAPE) et „Nacionalidad Sápara del Ecuador‟ (NASE).

Les jivarones : Shiwiar, Achuar et Shuar

Les Shiwiar, Achuar et Shuar, partagent des caractéristiques linguistiques et culturelles similaires mais pas identiques. Autrefois, ils pratiquaient fortement la polygamie et le lévirat et ils étaient dispersés dans la forêt à travers des familles élargies. Il n‟existait pas de dirigeants mais des chamans qui assuraient l‟organisation socioculturelle du groupe. Aujourd‟hui, grâce aux contacts avec les missionnaires, ils habitent en communautés, pratiquent le mariage monogamique et exogamique à cause des relations interethniques qui se sont établies depuis lors.

Leur langue est le „Chicham‟, avec de variantes pour chaque groupe ethnique. Les Shiwiar sont une population d‟environ 700 personnes sur une surface de 189 mille hectares, localisée au Sud-est de la province de Pastaza. Les Shiwiar sont regroupés au niveau sociopolitique dans l‟ „Organización de la Nacionalidad Shiwiar del Ecuador‟ (NASHIE). Quant aux Achuar, on estime qu‟il existe environ 6.000 représentants situés dans la province de Pastaza et dans la province de Morona-Santiago. Leur territoire ancestral a une surface de 681 hectares. Ils se sont regroupés au niveau socioéconomique dans la „Federación

Interprovincial de la Nacionalidad Achuar del Ecuador‟ (FINAE), ce qui leur a permis en

outre, de stopper les pratiques de prospection développées par la compagnie Burlington dans les blocs 22, 24 et 25, situés dans leur territoire. Les Shuar de leur côté, habitent principalement dans les provinces de Morona-Santiago, de Pastaza et de Zamora-Chinchipe et, en quantité réduite, on les trouve aussi dans les provinces de Sucumbìos et d‟Orellana. On considère qu‟il existe environ 110 mille représentants du peuple Shuar sur un territoire d‟environ 1 million d‟hectares. Une partie du territoire Shuar, celle du bloc 24, est mise en exploitation pétrolière par la compagnie américaine Burlington. En outre, une partie du

100 territoire Shuar a été déboisé car certains Shuar se sont mis à l‟élevage bovin depuis les années 1970. Les communautés Shuar se trouvent organisées au niveau sociopolitique notamment en deux fédérations : la „Federación Interprovincial de Centros Shuar‟ (FICSH), et la „Federación Independiente del Pueblo Shuar del Ecuador‟ (FIPSE).

Les Shiwiar, Achuar et Shuar ont été reconnus au niveau historique pour être des grands guerriers cependant il y a quelques caractères culturels qui permettent de bien les différencier notamment dans le cas des deux derniers. Les représentants du peuple Shuar étaient autrefois connus comme les „jivaros‟, un nom péjoratif qui signifie « sauvages », donné par les conquérants espagnols à cause de leur pratique qui consistait à réduire la tête de leurs adversaires. Les Achuar, de leur côté, boivent traditionnellement tous les matins du thé de Wuayusa, une infusion qui, selon la cosmovision Achuar, leur permet d‟éliminer de leur corps les impuretés physiques et spirituelles. Ces caractères culturels ont été mis en valeur lors de la promotion touristique de leurs territoires. Les Shiwiar de côté pensent que le tourisme peut aider à développer le commerce de produits artisanaux évitant la migration des jeunes vers les principales villes du pays à la recherche des opportunités d‟emploi. C‟est pourquoi dans leur programme de scolarisation, ils ont inclu la formation à l‟accueil et le service touristique. La nationalité Achuar développe également un projet d‟écotourisme en partenariat avec l‟agence de tourisme nationale Canodros. Il s‟agit de Kapawi, le premier centre natif d‟écotourisme d‟Équateur et, au niveau mondial, l‟un des plus grands centres touristiques établis en milieux naturels.

La nationalité Kichwa de l‟Amazonie

On estime qu‟environ 80 mille individus forment la nationalité Kichwa et qu‟ils se trouvent divisés en environ 450 communautés. Une partie des hommes de la nationalité Kichwa travaillent pour les compagnies pétrolières et, d‟autres, pratiquent l‟élevage. En outre, plusieurs communautés, surtout celles qui se situent aux alentours des villes amazoniens, accueillent des touristes. Les Kichwa se trouvent pratiquement partout dans la forêt mais principalement dans les provinces de Napo, où on trouve les Quijos-Kichwa, et dans la province de Pastaza où habitent les Canelos-Kichwa. La quantité importante des représentants du peuple Kichwa s‟explique, selon Patricio Trujillo Montalvo (2001, p. 27), par la capacité du peuple à fusionner d‟autres peuples indigènes d‟un nombre plus réduit dans son système de pratiques socioculturelles traditionnelles. Selon l‟auteur, une grande quantité de groupes indigènes ont disparu à cause de l‟expansion de ce peuple. Les Kichwa pratiquent les

101 alliances matrimoniales exogames notamment avec les Shuar et les Achuar et en général avec toutes les autres nationalités.

Les Kichwa se sont organisés rapidement au niveau sociopolitique à partir des années 1940 pour lutter pour leur autonomie territoriale et culturelle et pour contrer l‟incursion des compagnies pétrolières. En 1992 le gouvernement a reconnu et légalisé plus d‟un million d‟hectares au nom de la nationalité Kichwa mais on croit qu‟il y a encore environ un million et demi d‟hectares à légaliser. Ils sont regroupés en plusieurs organisations indigènes par rapport à leur distribution spatiale, aux pratiques religieuses et aux relations qu‟ils maintiennent avec les autres nationalités ou les colons. On trouve notamment la „Federación

de Organizaciones Kichwa de Sucumbíos‟ (FOKISE), la „Federación de Organizaciones de la Nacionalidad Kichwa del Napo‟ (FONAKIN), l‟ „Organización de Pueblos Indígenas de Pastaza‟ (OPIP)66, la „Federación Ecuatoriana de Indígenas Evangélicos‟ (FEINE), l‟

„Asociación de Indígenas Evangélicos de Pastaza - Región Amazónica‟ (AIEPRA)67

, la „Federación de Organizaciones Campesinas Indígenas de Napo‟ (FOCIN).

66 Fondée en 1979 et ayant toujours son siège à Puyo, l‟OPIP regroupe les communautés Kichwa de Pastaza

autour des causes communes, notamment celles de légaliser leurs territoires ancestraux, protéger leur organisation traditionnelle, préserver leur culture et leur langue. Les communautés Sápara de Llanchamacocha, Jandiayaku et Masaramu ont fait partie de l‟OPIP jusqu‟à la création de l‟ONZAE (ex-ANAZPPA) (Cf. Annexe H). L‟OPIP a organisé en 1992, lors de la célébration des 500 ans de la découverte de l‟Amérique par Christophe

Colomb, une mobilisation indigène jusqu‟à la ville de Quito pour demander au gouvernement national la

reconnaissance des droits sur leurs territoires ancestraux. Le résultat de cet événement, fut la reconnaissance et la légalisation d‟environ 1 million de hectares, 60% du total des territoires demandés, aux peuples indigènes organisés politiquement dans la Province de Pastaza, dont Sápara, Shiwiar, Kichwa, Andoa et Achuar.

67 Il s‟agit d‟une association indigène à caractère politique rassemblant communautés des peuples Achuar,

Kichwa et Sápara. L‟AIEPRA a favorisé les activités de prospection et de perforation exploratoire dans la province de Pastaza, puits Moretecocha, maintenant, pour cela, des disputes avec l‟OPIP et, notamment, le peuple Kichwa de Sarayaku.

102

Chapitre 4 : Les Sápara, une culture en recréation

Les habitants du territoire ancestral Sápara de l‟Équateur ont été reconnus officiellement comme membres du peuple Sápara depuis que, en 2009, leurs anciennes organisations politiques se sont unifiées pour former la „Nacionalidad Sápara del Ecuador‟ (NASE) (Cf. Annexe H). Grâce à cela, ils sont devenus une nation indigène indépendante territorialement et politiquement, reconnus comme telle par le „Consejo de Desarrollo de las Nacionalidades

y Pueblos del Ecuador‟ (CODENPE)68, l‟organisme de l‟État qui assure la participation des

peuples indigènes aux processus du développement social, politique, économique et culturel du pays. Cependant le fait d‟être une „Nacionalidad‟ indigène n‟évoque pas chez les Sápara l‟existence d‟une homogénéité culturelle car ses membres sont issus de divers groupes ethniques. Bien que les membres de la „Nacionalidad‟ Sápara partagent un même espace géographique et communiquent dans une même langue, certains maintiennent encore une sympathie forte vers ces „Nacionalidades‟ indigènes d‟origine, dont ils se reconnaissent encore ethniquement et culturellement. Cela ne pose pas de problème au niveau socioculturel car, comme le souligne Martinez (1988, p. 1483), il est très difficile de dire qu‟il existe une uniformité culturelle totale des membres d‟une „Nacionalidad‟.

La culture, selon la définition mise en place par l‟UNESCO lors de la conférence mondiale sur les politiques culturelles, tenue à Mexico D.F. en 1982, est « l‟ensemble des traits

distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l‟être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ».

Cependant, comme l‟a annoncé Lourdez Arispe69

, lors du premier forum de chercheurs sur ce type de patrimoine : « nous devons regarder la culture comme un processus et non comme un

produit fini. [Car] Les cultures ne sont plus les contenants fixes, clos, cristallisés que l‟on croyait. Ce sont des créations transfrontières qui s‟échangent dans le monde ». Cela

correspond bien au cas qui nous occupe car est-ce qu‟on peut considérer le peuple Sápara comme une « culture » en formation, voire en recréation ?

68

Conseil pour le Développement des Nationalités et des Peuples de l‟Équateur (CODENPE), est un organisme de l‟État qui assure la participation des peuples indigènes dans le processus du développement social, politique, économique et culturel du pays. Le CODENPE rassemble les représentants des 34 peuples et nationalité indigènes de l‟Équateur.

69

Président du comité technique de la commission nationale mexicaine sur le patrimoine culturel immatériel, le 3 juin 2012 à la Maison des cultures du monde à Paris,

103 La diversité ethnique chez les Sápara pose, par contre, un problème au niveau sociopolitique. Selon Martinez (1988, p. 1483), pour être une „Nacionalidad‟, les membres doivent non seulement maintenir une sympathie et un sentiment de coopération par rapport à un certain nombre d‟institutions basiques comme la morale, la langue, l‟organisation familiale, les activités de loisir, mais surtout, par rapport à un projet politique qui assure la cohésion sociale. À ce sujet, on peut constater que la réglementation générale des Sápara „Reglamento

para la administración jurisdiccional del territorio y de los recursos naturales de las

Outline

Documents relatifs