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De l‟approche trompeur au vrai approche culturel Il y a toujours des manières pour s‟approcher du quotidien d‟un peuple indigène Si l‟on a

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

1. Bolivie 2 Brésil

5.2 Problématique et hypothèses

5.3.1 De l‟approche trompeur au vrai approche culturel Il y a toujours des manières pour s‟approcher du quotidien d‟un peuple indigène Si l‟on a

suffisamment d‟argent et de temps, on peut toujours se déplacer sur le terrain et essayer de prendre contact avec les dirigeants des organisations politiques ou directement avec les habitants des communautés que l‟on veut visiter quand ils sont éventuellement quelques jours

125 Le puntero est l‟adjoint du motoriste. Il est la personne qui guide le motoriste pour éviter les troncs d‟arbres,

les cailloux et les dunes de sable qui ne sont pas visibles depuis l‟arrière de la petite embarcation. En effet, il se met tout au bout de la pirogue et devient les yeux du motoriste.

126 Seconde ou adjoint du motoriste, le puntero est la personne qui guide au motoriste pour éviter les troncs

d‟arbres, les cayeux et les tunes qui ne sont pas visibles depuis l‟arrière de la petite embarcation. En effet, il se met tout au bout de la pirogue et fait les fois des yeux du motoriste.

127 « Ese es el problema que tenemos aquí, todo es carísimo » (à propos du prix de vols). Extrait d‟un entretien

169 en ville. Exposer notre projet et éclaircir les bénéfices, notamment économiques, qu‟ils pourront percevoir grâce aux résultats de notre travail. Ces bénéfices, qui ne sont autres que la production d‟information scientifique, n‟ont pas souvent de valeur aux yeux de locaux. Pour eux le travail scientifique ne leur rend aucun service direct, sauf de la visibilité de leur territoire et de leur situation socioculturelle auxquelles, le plus souvent, ils ne s‟en intéressent pas. Par contre, cette visibilité peut éventuellement intéresser les institutions de l‟État, les ONG, voire les tour-opérateurs ou agences de voyage.

Dans cette dynamique, réduire la distance qui existe entre locaux et chercheur se fait souvent à l‟aide de cadeaux : des machettes, des outils scolaires ou de la papeterie, des vêtements, des bottes de caoutchouc, des appareils photo, voire des ordinateurs, ou de tout ce dont pense que les habitants des communautés ou leur organisation politique peuvent avoir besoin ou juste désirer. On peut également essayer d‟établir une relation d‟ « amitié » à partir de l‟offre de boissons alcoolisées dans les bars des villes amazoniennes que les membres des peuples indigènes fréquentent. La question de l‟accessibilité culturelle d‟un peuple indigène tel que le peuple Sápara représente toujours un problème quand les moyens économiques et le temps dont on dispose pour s‟y rendre sont réduits. On a peu d‟opportunités pour tirer le plus de bénéfice au niveau scientifique.

Un territoire traditionnel n‟est pas un espace ouvert au public étranger. Il est contrôlé d‟une manière indépendante, c'est-à-dire, bien qu‟il reste dans le territoire national il est géré par des lois inhérentes qui répondent à la façon d‟y habiter. Pour y accéder, il faut se procurer un permis d‟entrée. Puis, pour se mobiliser une fois sur place, il faut se faire accompagner si ce n‟est par un native, par une autre personne qui connaisse bien le territoire et la façon comment on peut le parcourir. Cependant cette personne doit être reconnue, voire appréciée, dans les communautés. En ce qui me concerne, en 2008, lors de ma première année de doctorat, j‟ai essayé de me mettre en contact directement avec les Sápara. Je savais que Bartolo Ushigua habitait à Barcelone. J‟ai aussi regardé sur l‟internet que sa sœur, Gloria Ushigua, présidente de l‟organisation de femmes Sápara, avait apparemment une agence de voyage siégée à Puyo. Avant de prendre directement contact avec le siège de l‟organisation politique Sápara, je voulais établir (au préalable) une communication avec les frères Ushigua car ils étaient les principaux acteurs politiques Sápara. Cependant je n‟ai jamais réussi à établir un contact avec eux ni par téléphone ni par courriel. Par conséquent je me suis mis à contacter les organisations non gouvernementales qui développaient des projets chez les Sápara. Cela m‟a

170 amené à rencontrer Jean-Patrick Costa, créateur et directeur de l‟organisation non gouvernementale Arutam128.

Lors de notre première rencontre à Paris en 2009, Jean-Patrick Costa m‟a proposé

d‟accompagner pendant 12 jours un groupe de touristes français dans les territoires ancestraux Sápara et Shiwiar d‟Équateur, planifiée pour octobre 2010. Par contre mon intention première était d‟approcher les Sápara sans être reconnu davantage comme un touriste. Comme Henry Peretz (2004) le recommande, je me suis inscrit en tant que bénévole d‟Arutam au développement d‟un diagnostic sur les résultats du projet „Eco-guardianes‟. Il s‟agissait d‟un programme qui cherchait à « instruire » les habitants des communautés Sápara et Shiwiar dans le management des ressources de la forêt. Arutam développait ce projet depuis 2009 et il fallait quelqu‟un pour mesurer ses résultats et ses impacts.

Selon Peretz, l‟observation participante, la méthode dont je me suis servi lors de mon travail sur le terrain, consiste à « se trouver présent et mêlé à une situation sociale pour l‟enregistrer

et l‟interpréter en s‟efforçant de ne pas la modifier » (2004, p. 5). D‟après l‟auteur, la

situation sociale est toujours le produit entre les participants eux-mêmes, -entre les Sápara eux-mêmes : dirigeants et habitants, dans un premier moment ; et, dans un deuxième moment, entre eux et les touristes : organisateurs, accompagnants et les touristes eux-mêmes -, et, d‟une façon ou d‟une autre, entre les participants et l‟observateur, qui adoptera, à ce moment- là, un des comportements habituels dans ce milieu en évitant de détourner l‟action de son déroulement ordinaire. La situation sociale prend alors la forme d‟événements composés de séquences successives avec un début et une fin. Peretz (2004, p. 5) conseille également de se rendre, au préalable, au moins une fois sur les lieux, ce qui permet d‟affiner le point de vue physique choisi : celui d‟adopter des positions différentes afin de voir la diversité des situations (Schatzman et Strauss, 1973), et pouvoir observer mieux pour la suite.

128 Pharmacien spécialisé en pharmacocinétique, c‟est à dire dans l‟étude des processus d‟absorption et

d‟élimination des médicaments, Jean-Patrick Costa crée, à la suite de sa mission en Amazonie Equatorienne auprès des Indiens Shuar et Achuar au sein de Pharmaciens Sans Frontières entre 1992 et 1995, l‟association Arutam. Avec la création de cette organisation non gouvernementale, il cherche à soutenir des communautés indigènes d‟Équateur, du Pérou et du Mexique dans le développement de projets ciblant la légalisation de leur médicine traditionnelle, la restitution et la préservation de leurs territoires ancestraux ainsi que la revitalisation de leur langue et de leur culture. Lors de conférences et de participation aux foires liées au sujet, il promeut en Europe les traditions et la manière de vivre de ces peuples. Il organise aussi des échanges : Invitation en Europe de leaders autochtones, voyages et rencontres interethniques, échanges entre artistes (peinture, dessin, montage vidéo), publications, expositions, interventions en milieu scolaire, programmes communautaires de valorisation culturelle et de cohésion ethnique.

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Le fait de m‟engager dans cette mission au sein d‟Arutam me permettrait, d‟une part, de rester

proche des dirigeants politiques Sápara et, d‟autre part, par le biais des échanges avec eux, d‟accéder au territoire traditionnel Sápara pour observer leur quotidien sans être regardé comme un touriste. Puis je pourrais y accéder de nouveau avec le groupe de touristes d‟Arutam. Par ailleurs bien que la bourse UNESCO/Keizo Obouchi obtenue en 2009, me permette de me rendre sur le terrain, ma situation demeurait limitée au niveau économique. Je n‟avais donc que 4 mois (juillet-octobre 2010) pour rester sur le terrain. Le bénévolat au sein d‟Arutam se présentait donc non seulement comme la meilleure occasion d‟approcher les Sápara mais comme la seule. Je décidai de ce fait de me servir de l‟expérience que j‟avais acquise auparavant pendant mes anciennes années de travail au sein des peuples indigènes de la région.

5.3.2 Savoir s‟en servir du chemin parcouru

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