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Sauvegarde et développement, contradiction ou complémentation La constitution politique de l‟Équateur de 1998 concevait déjà le pays comme un État

VI. Fonds du patrimoine culturel immatériel

2.3.3 Sauvegarde et développement, contradiction ou complémentation La constitution politique de l‟Équateur de 1998 concevait déjà le pays comme un État

pluriculturel et multiethnique, sans discrimination, et avec l‟égalité des droits envers ses habitants46. Mais c‟est dans sa modification de 2008 qu‟il a donné véritablement une grande importance au patrimoine immatériel et aux sociétés minoritaires47. Dans cette nouvelle modification, on reconnaît aussi l‟Équateur en tant qu‟état pluriculturel et multiethnique mais

tradicionalmente teniendo en cuenta las fases de la luna, la buena luna, para que no entre polilla. Todo se transmite en los mitos y se representa a través de los espíritus que viven en los arboles. Hay que esperar para que el espíritu este presente y de esta manera el palo sea fuerte y resistente. El espíritu casi siempre baja de la luna‟. Extrait d‟un entretien réalisé auprès de Carlos Duche. Musée ethnographique de Puyo, le 10 août 2010

(Cf. Annexe F.5).

46 Articulo 1 de la Constitución de la Republica de Ecuador, 1998.

47 Constitución de la Republica del Ecuador, Titulo VII - Régimen del buen vivir, Capitulo Primero - Inclusión y

equidad, Sección quinta, Art. 379.- “Son parte del patrimonio cultural tangible e intangible relevante para la

memoria e identidad de las personas y colectivos, y objeto de salvaguarda del Estado, entre otros: 1. Las lenguas, formas de expresión, tradición oral y diversas manifestaciones y creaciones culturales, incluyendo las de carácter ritual, festivo y productivo”.

65 surtout interethnique, ce qui permet de lutter contre le racisme, la discrimination et l‟exclusion sociale. On reconnaît donc la valeur de la participation des associations indigènes et noires dans le dialogue interculturel et le processus du développement socioéconomique national. En effet, c‟est le projet de la loi « Organique des cultures et des arts de l‟Équateur », ratifiée dans l‟intérêt de l‟État et notamment de l‟actuel gouvernement, qui permettrait une mise en valeur plus nette et enrichie de la diversité culturelle du pays48.

Dans le projet, on réaffirme le droit aux sociétés minoritaires de la protection de leurs savoirs ancestraux ainsi que la sauvegarde de leurs traditions, leurs rituels et formes de vie49. En revanche, les sociétés concernées devront garantir l‟accessibilité de leur patrimoine au reste de la société. À cet égard, l‟État cherche donc à stimuler la participation du grand public principalement lors de la recréation du patrimoine immatériel national pendant des défilés, des fêtes et notamment des carnavals. Dans cette dynamique, en Équateur, on développe un processus d‟identification, de surveillance et de mise en valeur des pratiques socioculturelles et des traditions, permettant de connaître la place qu‟elles occupent à cet instant dans la société, ainsi que les conditions dans lesquelles elles se conservent, se transmettent et se recréent.

Ce processus se développe par le biais de l‟Institut National du Patrimoine Culturel de l‟Équateur, qui est l‟organisme d‟État chargé de la recherche, de l‟inventaire ainsi que de concevoir des méthodologies appropiées à la sauvegarde du patrimoine culturel. Bien que cet organisme ait été créé en 1978, ce n‟est qu‟après la ratification de la convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de l‟humanité, faite par l‟État en 2008, qu‟il s‟intéresse vraiment à ce type de patrimoine. L‟Institut National du Patrimoine Culturel développe un processus d‟identification, de classification et d‟inventaire des traditions, des arts du spectacle, des rituels, des festivités, des connaissances et des techniques traditionnelles. La définition, l‟étude et la protection du PCI dans chaque état se fait en lien avec la politique internationale mise en œuvre dans le cadre de l‟UNESCO (Hottin, 2008). C‟est pourquoi

48 Sur ce sujet, voir l‟exemple du parc national Yasunì. Il s‟agit d‟un espace amazonien qui maintient le record

mondial quant à la concentration de la biodiversité. Par ailleurs, le Yasuní accueille aussi les deux derniers peuples indigènes nomades non contactés. Le gouvernement équatorien promeut un projet révolutionnaire exposé à Copenhague lors du Sommet sur le changement climatique en 2009, connu sous le nom de l‟initiative ITT-Yasuní, qui laisserait définitivement enterré le plus grand gisement de pétrole dans le bloc ITT.

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Proyecto „Ley de Cultura‟, Titulo 2, Capitulo 1, Artículo 15.- SABERES ANCESTRALES, CELEBRACIONES Y RITUALES.- Las nacionalidades, pueblos y comunidades, y sus productores culturales populares, tienen derecho a la protección de sus saberes ancestrales, así como a la salvaguarda de sus costumbres, rituales, y modos de vida.

66 l‟Institut National du Patrimoine Culturel d‟Équateur a repris la division que l‟UNESCO a mise en place : les traditions et expressions orales ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales ; le groupe des connaissances et des pratiques concernant la nature et l‟univers ; et un dernier sur des savoir-faire liés à l‟artisanat traditionnel.

L‟institut a publié 13 revues qui s‟adressent au grand public pouvant être aussi accessibles en ligne. L‟une des revues traite du patrimoine immatériel. Elle a été éditée en juillet 2011. Dans cette revue, l‟Institut National du Patrimoine essaie de faire connaître au grand public l‟Institut lui-même ainsi que les actions qu‟il développe. Il essaie aussi de faire comprendre ce qu‟est le patrimoine culturel immatériel et de découvrir ses pratiques représentatives en Équateur. Nous trouvons l‟exemple de la fête du Corpus Christi. Dans la revue „Revista

Patrimonio Cultural Inmaterial de Ecuador‟ (2011), est expliqué comment cette pratique

traditionnelle religieuse qui se recrée toutes les années dans la province de Cotopaxi, a été importée d‟Europe lors de la conquête au XVIe siècle, et a été appropriée par les habitants qui, à la fois, ont su l‟enrichir avec le développement d‟activités artistiques et ludiques et notamment avec les foires gastronomiques. Cependant, si l‟implication de l‟État se vérifie dans l‟adoption des mesures qui permettent la découverte et l‟appropriation des pratiques socioculturelles, c‟est bien à partir des échanges académiques et des conférences et surtout par le biais du tourisme que ces actions pourraient avoir tendance à se concrétiser quand on parle du cas des sociétés indigènes et noires les plus petites, les moins accessibles, et les plus éloignées de la dynamique du développement socioéconomique du pays. D‟une part, les représentants des peuples indigènes sont souvent invités par les universités et les ONG à présenter la situation socioculturelle ancienne et contemporaine de leurs peuples, provoquant des discussions avec le public50. D‟autre part, certaines communautés indigènes sont visitées souvent par des touristes, ce qui permet aux locaux de faire découvrir leur culture et de la mettre en valeur face à la société nationale et internationale.

50 Nous ne voulons pas dire par cela que les organisations indigènes et l‟éducation bilingue soient de nouveaux

évènements en Équateur. Tout au contraire, l‟organisation indigène de l‟Équateur est l‟une des plus anciennes et une des mieux organisées en Amérique latine. En 1988, à travers le Décret 203 portant sur la réforme de la règlementation générale de la loi d‟éducation, les peuples indigènes de l‟Équateur ont réussi à faire que l‟État crée la Direction Nationale d‟Éducation Indigène Interculturelle Bilingue (DINEIB). L‟éducation bilingue s‟est établie en Équateur comme une politique et un droit national très en avance par rapport à d‟autres pays où la population indigène est aussi très importante. Les organisations indigènes ont ensuite créé l‟université interculturelle des peuples indigènes. À l‟heure actuelle, beaucoup des représentants des peuples indigènes travaillent dans les plus importantes organisations nationales et internationales.

Ce que nous voulons souligner, c‟est le fait que ce processus suivi par les peuples indigènes, notamment de l‟Amazonie, a été centré sur les droits à la terre et une autre manière de vivre, ainsi que la survie de leurs langages natifs, mais pas sur la mise en valeur de leur culture face à la société dominante. Bien que les pratiques socioculturelles des peuples indigènes de l‟Amazonie aient toujours existé, elles ont été niées ou marginalisées jusque récemment par la société dominante.

67 Au niveau local, le processus de sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel est perçu d‟une manière différente. Dans le cas spécifique du peuple Sápara, celui-ci a bien compris l‟importance de l‟organisation politique et de la scolarisation, l‟acquisition des outils pour continuer à exister en tant que peuple Indigène, des outils que dans la plupart de cas, ils ont créés eux-mêmes. Cependant, aujourd‟hui dans les écoles des communautés Sápara, les cours sont donnés en Kichwa et en Espagnol. Les professeurs natifs Sápara ne sont pas très nombreux et ils ne maitrisent pas vraiment la langue Sápara. En effet ce sont les jeunes Sáparas qui ont réussi les enseignements secondaires51 et qui souvent ne trouvent pas d‟autres opportunités hors de leur territoire, qui deviennent les nouveaux professeurs des écoles. Dans ce nouveau métier de professeur, ces jeunes personnes trouvent une solution économique en même temps qu‟ils se sentent valorisés par les autres habitants. En apprenant aux enfants les mathématiques, les sciences sociales, ainsi que la langue et la culture Sápara, ce sont eux- mêmes qui se les approprient, provoquant là une espèce de fierté et gagnant une certaine reconnaissance. Aujourd‟hui, ces professeurs participent à des ateliers où ils acquièrent des outils pour permettre aux enfants de réussir leur apprentissage scolaire. On peut d‟ores et déjà reconnaître l‟état d‟avancement du processus de sauvegarde lorsqu‟on concentre son regard sur les efforts qui ont été faits pour pouvoir transmettre et faire réapproprier une langue et une culture ancestrales à une société traditionnelle qui s‟ouvre au monde. Cependant la sauvegarde et la fonction de la langue Sápara posent une contradiction. En effet, il n‟est pas évident de savoir si elle répond véritablement aux attentes des habitants du territoire Sápara, tant ceux qui ont une ascendance Sápara que ceux qui ne l‟ont pas. Ils pensent dans certains cas à la diversification d‟aliments davantage qu‟à la sauvegarde d‟une langue en se posant la question suivante : à quoi cela sert-il de parler Sápara si nous n‟avons ni éducation ni santé ni sel ?

Face à cette situation les Sápara cherchent des moyens pour, d‟une certaine manière, diversifier leur système socioéconomique. Dans cette dynamique, ils travaillent en partenariat avec quelques organisations non-gouvernementales comme la „World Wildlife Foundation‟ (WWF), la „Wildlife Conservation Society‟ (WCS), la „Fundación para el Desarrollo de

Alternativas Comunitarias para la Conservación del Trópico‟ (ALTROPICO) 52 , et

51 Certains des jeunes Sápara, se sont inscrits à l‟université. L‟un d‟eux a d‟ailleurs présenté, pour l‟obtention de

Son diplôme, un mémoire sur le peuple Sápara.

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Cette Organisation non gouvernementale créée en 1992, développe des projets agricoles et de processus de formation technique pour améliorer la vie des communautés indigènes, noires et paysannes de la Colombie et de l‟Équateur. ALTROPICO aide les Sápara lors du processus de renforcement politique, la légalisation du territoire et le développement de projets productifs.

68 l‟association française de soutien aux peuples premiers ARUTAM53

. Le but de ces alliances est de s‟impliquer dans des projets de production et de commercialisation de produits de la forêt, comme les poissons, le miel d‟abeille et le cacao et, depuis 2008, de s‟impliquer dans des projets touristiques. Certains projets notamment ceux liés à la commercialisation des produits de la forêt, n‟ont pas eu de résultats durables car le transport de ces produits vers les lieux de commercialisation est encore difficile, voire prohibitif. D‟autres projets ont été réadaptés aux conditions locales, mais la commercialisation des produits de la forêt reste encore inenvisageable. Néanmoins, cela a signifié pour le peuple Sápara l‟occasion de vivre un processus d‟apprentissage et de renforcement social et institutionnel.

Pendant cette période de création et d‟exécution de projets, l‟organisation politique Sápara NASE et la population locale, ont appris à se confronter aux multinationales intéressées pour l‟exploitation des ressources de leur territoire, à gérer des budgets de projets de développement socioéconomique, à proposer des stratégies de conservation de l‟espace et de mise en valeur de leur culture. Désormais, ce sont eux qui proposent des solutions et cherchent leur propre financement. Aujourd‟hui, en tant que patrimoine culturel de l‟humanité mais sans l‟aide financière de l‟UNESCO, le peuple Sápara s‟engage dans des projets et des processus plus audacieux et durables. En 2009, le peuple Sápara s‟est joint au projet „Socio- Bosque‟54. C‟est un projet de l‟État équatorien qui vise la conservation de milieux fragiles à

haute biodiversité, dans la plupart des cas, habités, et qui rendent un service environnemental important, comme par exemple celui de la capture de carbone et la régulation des sources hydriques. Par ailleurs, avec ce projet, l‟État cherche à diminuer le taux de déforestation actuel du pays, qui atteint 200.000 hectares par an, le chiffre le plus élevé de l‟Amérique du Sud.

Le projet „Socio bosque‟, est un système de financement des initiatives locales du développement socioéconomique des groupes de paysans ou peuples indigènes, habitant un

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Association française de solidarité internationale loi 1901, créée en 1992 pour soutenir des peuples indigènes d‟Équateur, Mexique et Pérou dans le développement de projets ciblant la légalisation de leur médicine traditionnelle, la restitution et la préservation de leurs territoires ancestraux ainsi que la revitalisation de leur langue et de leur culture. Lors de conférences et de la participation aux foires liées au sujet, cette organisation non-gouvernementale mais notamment son créateur, Jean-Patrick Costa, promeut en Europe les traditions et la manière de vivre de ces peuples. Il organise aussi des échanges, invitation en Europe de leaders autochtones ; voyages et rencontres interethniques ; échanges entre artistes (peinture, dessin, montage vidéo), publications, expositions, interventions en milieu scolaire, programmes communautaires de valorisation culturelle et de cohésion ethnique.

54 Propuesta de fortalecimiento de la Nación Sápara: Legalización de territorio Sápara. Puyo, Ecuador, Julio de

69 espace naturel fragile. L‟État promeut l‟engagement des habitants dans la préservation durable de ces espaces. L‟État prévoit le transfert de fonds, 30 dollars américains par hectare conservé par an. Les Sápara ont signé un accord avec le gouvernement pour une période de 20 ans où ils recevront annuellement 75.000 dollars américains. Ils ont engagé tout l‟espace non- habité de leur territoire ancestral. Avec ce financement, ils cherchent à légaliser totalement leur territoire ancestral, réaliser l‟amélioration du système de communication, le développement du commerce de produits de la forêt vers le Pérou, disposer d‟un accès aux services de santé, favoriser l‟amélioration de la méthode d‟apprentissage de la langue et culture Sápara, et consolider administrativement leur organisation Sápara.

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Chapitre 3 : L’Amazonie : un équilibre dépassé

L‟image d‟une forêt fermée et impénétrable, mise en place et enrichie lors des premières narrations des conquérants, aventuriers et commerçants, a été détournée grâce aux traités ethnographiques que les missionnaires ont écrits entre 1600 et 1750. Selon Jean-Paul Deler (1981), les travaux des missionnaires ont permis de connaître d‟une meilleure manière l‟Amazonie, qu‟elle ne l‟a fait pendant toute la période d‟exploitation du caoutchouc. Cependant, sous une couverture forestière intacte, figée, immobile et organisée autour d‟un réseau fluvial, unique moyen de communication, l‟Amazonie fut seulement considérée comme une entité naturelle et elle est donc restée marginalisée jusqu‟à récemment.

La recherche du caoutchouc à la fin du XIXe siècle, a été la première forme de pénétration d‟une économie capitaliste en Amazonie. Des villes comme Manaus au Brésil et Iquitos au Pérou, ont été fondées pendant cette période et la région a eu une nouvelle image, celle de l‟Amazonie partagée entre neuf pays. Mais, on ne peut pas dire qu‟il s‟agissait d‟une vraie division politique, car les groupes autochtones, alors seule occupation humaine, étaient réduits, diffus et mobiles. En outre, si l‟on tient compte de la forme du continent, l‟Amazonie est au centre. Mais à prendre en compte la géométrie des relations à l‟échelle continentale, elle en constitue plutôt une périphérie, curieusement située au cœur du continent dont chacun des pays s‟occupait assez peu (Théry, 2010).

L‟Amazonie, en tant que pays et partages administratifs, est pour autant relativement nouvelle. Elle ne serait effectivement intégrée aux différentes nations que par les réseaux modernes d‟infrastructure de la deuxième moitié du XXème

siècle grâce à la découverte d‟hydrocarbures. L‟intégration spatiale s‟est faite par les réseaux terrestres, hydroélectriques et les télécommunications. Tous les États du bassin amazonien se sont mis à intégrer au premier plan le processus général d‟appropriation de terres, d‟exploitation des ressources et d‟installation de colons dans les zones forestières. L‟occupation humaine se fit le long de routes sur des lots agricoles et dans des villes pionnières. Dans les années 1960, l‟Amazonie est donc devenue un enjeu économique international et, en même temps, un espace menacé par l‟exploitation croissante des ressources et le développement de l‟élevage intensif et des cultures. Lors de la colonisation des années 1960-1970, une partie importante de l‟Amazonie est rapidement passée de l‟Amazonie des fleuves où se concentrent l‟habitat, la structure de la

71 vie sociale, la politique et l‟économie des divers peuples indigènes ou ceux arrivés plus récemment dans tout le bassin au niveau de l‟Amazonie de routes (Droulers, 1995). Les nouveaux habitants de l‟Amazonie, ceux qui s‟installent aux alentours des routes en créant le front pionnier, deviennent des colons (Serres et Castro, 2010). Les autres, explorateurs, commerçants, agents administratifs, ont quasiment tous aussi à un moment ou à un autre, exploité directement ou indirectement les ressources forestières naturelles. Une grande partie de ces habitants ne peuvent plus vivre sans les ressources qu‟offre la forêt car ils pratiquent l‟ « extrativisme », c‟est-à-dire, la surexploitation des ressources naturelles non ou peu transformées, destinées principalement à l‟exportation. En ce sens, la surexploitation comprend l‟extraction minière aussi bien que le pétrole, les monocultures de soja mais aussi les animaux (De Reynal et Muchagata, 2005).

L‟Amazonie devient donc un espace de cohabitation entre les peuples indigènes et les nouveaux habitants non-indigènes. Le territoire est désormais en partie forestier, en partie agricole, en partie industriel, en partie fluvial et en partie exondé, selon des proportions variables en fonction des habitants et des contraintes géographiques. Dans ce chapitre nous présentons l‟Amazonie tant comme un espace naturel que comme un espace économique et culturel où elle se révèle autant riche que fragile.

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3.1 Le diverse mais fragile milieu amazonien

L‟Amazonie est une de zones les plus humides du monde. Elle reçoit en moyenne 2.000 à 3.500 mm de précipitations chaque année. Dans certains lieux comme les versants orientaux des Andes, cela peut atteindre 6.000 mm. L‟Amazonie, en tant que forêt humide tropicale où la précipitation annuelle excède la quantité d‟eau perdue par évaporation et transpiration (Tho, 1991), totalise donc la plus grande masse liquide de la planète avec un débit moyen annuel de plus de 200.000 m3/seconde, c‟est-à-dire, le cinquième de la masse d‟eau que tous les fleuves de la terre lancent dans les mers. Selon l‟Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le fleuve Amazone apporte à l‟Océan Atlantique 17% des eaux douces continentales ainsi que de grands volumes de matières (8% du flux sédimentaire terrestre, 6% du flux global en éléments dissous). Elle est la plus grande réserve d‟eau douce avec près de 20% de l‟eau disponible sur la planète55

. Selon Martin Droulers (2004), près de la moitié des eaux de pluie repart directement par évaporation dans l‟atmosphère où elle se condense à nouveau et retombe un peu plus à l‟ouest. Il y a donc une rétro-alimentation de l‟humidité accentuée par la forêt. D‟après l‟auteur, entre 50 à 60% de l‟énergie solaire reçue est utilisée pour l‟évaporation de l‟eau à travers la transpiration des plantes. Si on retire la couverture végétale, la plus grande partie de cette énergie solaire (420 calories/cm²/jour) contribuera à

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