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U SAGER LOCAL U SAGER NON LOCAL I NDETERMINE T OTALUSAGER DU SERVICE

ENVIRONNEMENTAL NB % NB % NB % NB %

Zone agricole 96 56 51 30 24 14 171 100

Zone périurbaine 75 52 62 43 7 5 144 100 Zone touristique 39 35 71 65 0 0 110 100

Service non zoné 0 0 4 100 0 0 4 100

Total 210 49 188 44 31 7 429 100

Le tableau 29 montre une certaine différenciation territoriale des services environnementaux. Dans la zone agricole, ce sont les usagers locaux des services environnementaux qui sont privilégiés. Cependant, les services environnementaux à destination des usagers non locaux représentent environ le tiers des prestations. Il semble que dans cette zone, une tentative de développement économique basée sur l’accueil de touristes et de pratiquants de loisirs et sports de pleine nature se développe, même si elle reste largement moins marquée que dans la zone touristique. Dans la zone agricole, sont privilégiés les services environnementaux de très faible importance économique à destination des usagers non locaux, alors que ceux dont l’importance économique est plus élevée y sont limités aux usagers locaux.

Dans la zone périurbaine, les services environnementaux concernent pour moitié les usagers locaux et pour l’autre moitié les usagers d’origine non locale. Ce résultat traduit le caractère hybride de cette zone soumise à une forte pression résidentielle, mais accueillant aussi les usagers de services environnementaux originaires de l’agglomération clermontoise. Ainsi, on trouve un nombre important de services environnementaux à destination des usagers d’origine extérieure dans la zone périurbaine. Il semble que dans cette zone, les acteurs locaux ont cherché à canaliser les demandes de loisirs de pleine nature. De plus cette zone est tournée en partie vers le tourisme, notamment à Aydat. Cette orientation explique le nombre élevé de services environnementaux tournés vers les usagers d’origine extérieure. Dans la zone périurbaine, sont privilégiés des services environnementaux d’importance économique moyenne, à destination des usagers locaux, mais aussi des usagers extérieurs. Elle présente un statut intermédiaire entre les deux autres zones.

Logiquement, dans la zone touristique, les usagers des services environnementaux sont pour les deux tiers originaires de l’extérieur. Dans cette zone, les agents cherchent ainsi à produire des services environnementaux capables de satisfaire la population touristique, durant l’hiver – par exemple l’entretien des pistes de ski de fond – ou durant l’été, tels le balisage et l’entretien de sentiers pour la randonnée pédestre. Dans la zone touristique, sont mis en œuvre de façon prioritaire des services environnementaux à destination des usagers extérieurs. Le montant unitaire de ces services est relativement important et ils servent principalement à satisfaire les touristes en villégiature.

g. Biens-supports

Tableau 30 – Types d’usage du bien-support selon la zone d’étude

ZONE AGRICOLE ZONE PERIURBAINE ZONE TOURISTIQUE SERVICES NON ZONES ENSEMBLE DES TROIS ZONES USAGE DU BIEN-SUPPORT

NB % NB % NB % NB % NB % Production 50 29 32 22 26 24 0 0 108 25 Voies de circulation 37 22 27 19 22 20 4 100 90 21 Usage résidentiel 31 18 28 19 18 16 0 0 77 18 Sports et loisirs 13 8 25 17 21 19 0 0 59 14 Patrimoine culturel 15 9 14 10 12 11 0 0 41 10

Non usage (nature) 13 8 10 7 7 6 0 0 30 7

Réseau électrique ou

téléphonique 12 7 8 6 4 4 0 0 24 6 Total 171 100 144 100 110 100 4 100 429 100

D’après le tableau 30, seules deux catégories de biens-supports se distinguent dans les trois zones. D’une part, il s’agit des espaces de sports et de loisirs. Ils sont l’objet de services environnementaux en plus grand nombre dans les zones périurbaine et touristique que dans la zone agricole. Cela paraît cohérent avec la logique de « consommation d’espace » (Bontron, Morel-Brochet, 2002) qui gouverne ces zones-là.

D’autre part, les espaces de production sont plus concernés par des services environnementaux dans la zone agricole que dans les autres zones. Ce résultat corrobore les hypothèses formulées dans le chapitre III quant à la liaison stricte des services environnementaux concernant les espaces agricoles avec les agriculteurs et les institutions de l’agriculture (nous détaillons un service environnemental de ce type dans la section 3 du chapitre V). On aurait pu penser trouver plus de services environnementaux liés à l’agriculture dans la zone périurbaine et dans la zone touristique, en liaison avec un plus grand nombre d’usagers (touristes et résidents) appréciant un cadre de vie de qualité. Mais ce n’est pas le cas. À l’échelle des zones étudiées, les services environnementaux liés à l’appareil agricole sont corrélés au nombre d’agriculteurs et non au nombre d’usagers éventuels de ces services.

h. Subventions

Nous étudions ici l’origine des subventions publiques pour les services environnementaux en fonction des trois zones d’étude.

Un premier constat se dégage du tableau 31 : presque la moitié des services environnementaux (45 %) ne bénéficient pas de subventions publiques externes au territoire local. Ces services environnementaux reposent alors sur les ressources des agents et des institutions localisés sur place, principalement les communes.

Tableau 31 – Niveau des subventions publiques selon les zones

ZONE AGRICOLE ZONE PERIURBAINE ZONE TOURISTIQUE SERVICES NON ZONES ENSEMBLE DES TROIS ZONES NIVEAU DE LA SUBVENTION PRINCIPALE NB % NB % NB % NB % NB % Pas de subvention publique 74 43 55 38 60 55 2 50 191 45 Europe 8 5 13 9 24 22 2 50 47 11 France 67 39 46 32 8 7 0 0 121 28 Région 9 5 18 13 6 5 0 0 33 8 Département 13 8 12 8 12 11 0 0 37 9 Total 171 100 144 100 110 100 4 100 429 100

Ensuite, il apparaît une différenciation de l’origine des subventions publiques selon les

zones. On observe que la zone agricole, en relatif déclin économique, reçoit la majorité des

subventions d’origine nationale (67 services environnementaux concernés, soit 55 % des services environnementaux financés par l’État). Ce fait peut s’interpréter comme le résultat d’une volonté politique nationale d’aménagement du territoire et de redéploiement des crédits publics nationaux en faveur des zones fragiles, par souci d’équité territoriale (logique redistributive).

Les agents économiques localisés dans la zone touristique et, dans une moindre mesure, dans la zone périurbaine recourent plus volontiers à des financements d’origines européenne, régionale et départementale. Cela peut traduire une capacité d’organisation plus développée dans ces deux zones que dans la première, notamment à travers la diversité des organisations institutionnelles (syndicats intercommunaux, communautés de communes) localisées dans cette zone.

Nous étudions en détail les politiques publiques portées par différents secteurs institutionnels dans la section 1 du chapitre suivant.

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21&/86,21



Nous insistons sur les résultats principaux se dégageant de l’inventaire des services environnementaux à l’échelle des trois zones d’étude : au-delà de leur importance factuelle, ces résultats nous permettent de mettre en évidence les points que nous allons détailler dans le chapitre V.

Le premier résultat important de l’inventaire des services environnementaux est de nature méthodologique. À partir d’allers et retours entre observations et réflexion théorique, nous avons constitué une nomenclature précise des services environnementaux à dimension publique. Celle-ci, basée sur la description des caractéristiques des services environnementaux, représente un résultat en tant que tel. Elle pourra être confrontée à d’autres travaux empiriques dans le futur.

Le second résultat concerne la diversité des services environnementaux, diversité qui s’exprime selon différentes dimensions. On observe une forte variabilité concernant l’importance économique des services, mais aussi les types de prestataires, les types de commanditaires et de biens supports concernés. Afin de mieux comprendre l’origine de cette diversité, nous effectuons dans le chapitre V (section 1) une lecture selon les secteurs institutionnels concernés. Au-delà du constat de la diversité, nous observons une relative

segmentation des tâches dans le domaine des services environnementaux. Les compétences en

matière de services environnementaux s’organisent selon deux pôles : d’un côté, on trouve des emplois qualifiés, pour des services environnementaux techniques ; de l’autre, ce sont des services environnementaux très faiblement qualifiés et assurés par des chômeurs en insertion, ou des bénévoles. Cette structure « en sablier » des emplois dans l’environnement, soulignée par plusieurs auteurs (Lipietz, 1998 ; Mouriaux, 1997 ; Roch, 1996), est particulièrement visible dans le domaine des services environnementaux. Nous revenons sur cet aspect dans la section 4 du chapitre V consacrée à une structure d’insertion.

Troisième résultat important, la place des collectivités locales et du secteur institutionnel du développement local. Nous ne revenons pas en détail sur les résultats, mais nous mettons en avant trois points principaux. Tout d’abord, les communes jouent un rôle essentiel dans les services environnementaux an agissant dans le prolongement direct de leurs interventions traditionnelles. Les services qu’elles produisent, bien que peu spectaculaires, sont présents en nombre important et produits dans une logique d’entretien du cadre de vie. Ensuite, les autres niveaux territoriaux s’impliquent également de façon importante, sans venir se substituer aux communes. Les EPCI développent des services environnementaux relativement innovants, comme ceux favorisant la randonnée pédestre ou l’entretien des berges de rivière traversant l’espace intercommunal. Les biens supports concernés ont une taille qui correspond bien au périmètre d’action des EPCI. Enfin, les EPCI mobilisent des subventions publiques externes au territoire et conçoivent un nombre important de services environnementaux à destination des touristes. Dans ce cas-là, on assiste à un rééquilibrage relatif de l’aire d’usage des services environnementaux et de leur aire de financement. Si l’on perçoit bien le rôle du secteur institutionnel du développement local dans ces services, on ne comprend pas encore les logiques qui sous-tendent son intervention. C’est pourquoi nous allons approfondir cette question dans le chapitre V.

Le quatrième résultat concerne les agriculteurs. Ceux-ci n’occupent pas une place aussi importante qu’on aurait pu s’y attendre dans la production de services environnementaux. Notre approche a permis de mettre en évidence que les agriculteurs s’impliquent dans certaines catégories de services environnementaux, pour lesquels ils sont les seuls à pouvoir le faire en l’état. Les services environnementaux qu’ils produisent sont quasi-exclusivement délivrés au sein même de l’exploitation agricole (parcelles agricoles, bâtiments de production). Un point clé de l’intervention des agriculteurs dans les services environnementaux a trait à la question de l’intentionnalité. Nous allons compléter notre analyse du rôle des agriculteurs dans les services en mettant l’accent sur cette question de l’intentionnalité.

Le dernier résultat concerne la diffusion des services environnementaux sur de

nouveaux biens-supports entre le début et la fin de la décennie 1990. La production de

services environnementaux concerne progressivement les différents biens-supports que l’on peut trouver dans les espaces ruraux (espaces productifs, espaces de circulation, espaces résidentiels, espaces de nature) sans se limiter aux espaces publics. Dans le chapitre V, nous allons revenir sur cette évolution des services environnementaux en mettant l’accent sur le rôle des collectivités locales.



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