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G RANDES CATEGORIES D ’ ESPACES U SAGE PRINCIPAL DU BIEN SUPPORT

Usage récréatif Usage résidentiel Espace de consommation

Usage d’élimination des déchets Production agricole

Production forestière Espace de production de biens

Production industrielle Circulation routière

Transport d’énergie et télécommunication Espace de circulation et de production de services

Production de services touristiques Espace de nature (milieux naturels) Non-usage (usage de nature)

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Les services environnementaux concernant les biens visibles faiblement artificialisés correspondent à quatre principales catégories, classées selon le degré de transformation de l’état du bien-support : l’entretien, l’intégration, la restauration et l’aménagement.

Dans le cas des activités d’entretien du bien-support, ses caractéristiques paysagères sont maintenues en l’état. Il peut s’agir de maintenir un potentiel (productif ou non productif) ou, selon une conception plus conservatrice, d’entretenir des formes héritées du passé, sans les relier nécessairement à un usage.

L’intégration paysagère désigne une opération sur un bien-support existant, dans le

but principal d’en améliorer l’aspect visible sans en modifier les caractéristiques fonctionnelles (Hertig, 1999). Elle vise généralement à rapprocher les formes et les couleurs du bien-support de celles du paysage environnant. Sur le plan pratique, l’intégration paysagère peut concerner par exemple l’enfouissement de réseau ou encore l’amélioration esthétique de bâtiments agricoles.

Empruntées au domaine architectural, les activités de restauration ont pour but le retour à un état antérieur pour un bien-support dont les caractéristiques visibles se sont dégradées au cours du temps, sans que son usage initial ait nécessairement perduré. Ces restaurations concernent en particulier le petit patrimoine vernaculaire, qui comprend principalement les ouvrages en pierres sèches, les fours à pain, les lavoirs, les fontaines, les puits, les glacières ainsi que les fours à chaux (Châtelain, 1998). Parfois, la restauration du bien-support peut être menée en regard d’une représentation idéalisée du passé, sans référence à son usage fonctionnel. Si l’usage initial d’un bien-support n’a pas été maintenu, et s’il n’est pas l’objet de nouveaux usages, on peut douter de la permanence de son entretien régulier. C’est le cas de nombreux lavoirs ou d’anciens fours à pain. Dans d’autres cas, ces biens- supports restaurés sont l’objet de nouveaux usages, liés à leur valorisation économique au travers de services touristiques. Il peut s’agir également de services tournés vers la population locale. Le changement de composition de la population des campagnes peut expliquer la patrimonialisation de certains biens-supports, voire de l’espace rural dans son ensemble 33 (Chevallier et al., 2000).

Enfin, l’aménagement, dans le sens que nous lui donnons ici, désigne le fait de modifier les caractéristiques paysagères d’un bien-support en rapport avec un nouvel usage, sans limiter l’usage antérieur. Cette conception de l’aménagement renvoie à la définition que Larcher et Gelgon (2000) en donnent : il s’agit de « l’ensemble des mesures permettant le développement harmonieux d’un site, d’une région ou d’un espace ».

Si les trois précédentes opérations peuvent aisément être rattachées à la production d’un service au sens de Hill (1977), la notion d’aménagement correspond plutôt à une catégorie hybride entre la production d’un service et celle d’un nouveau bien ou équipement.

Chaque degré de transformation du bien-support oriente l’analyse vers des domaines d’activités correspondants, renvoyant aux catégories de prestataires de services environnementaux qui seront détaillées du point de vue empirique dans le chapitre IV consacré à l’offre de services environnementaux.

33. Certains auteurs mettent cependant en garde contre le risque d’aboutir à valoriser un ensemble de « pratiques réifiées dont la seule efficacité réside dans les images qu’elles peuvent donner au regard extérieur, celui du touriste » (Alphandéry, Pinton, 1998).

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Dans cette sous-section, nous abordons tout d’abord les finalités générales des services environnementaux, au nombre de deux. À partir de ces grandes finalités, nous mettons en évidences les principales caractéristiques des usagers que prestataires et commanditaires cherchent à satisfaire à travers les services. Ensuite, nous pouvons en déduire les familles de services environnementaux élémentaires qui correspondent à ces deux grandes finalités et les opérations techniques nécessaires.

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Les services environnementaux que nous étudions sont délimités selon leur finalité. Dans notre esprie, la finalité d’un service environnemental correspond à l’usage du bien- support que l’on cherche à améliorer ou à faire émerger lors de la fourniture du service. Deux catégories d’usages peuvent être distinguées analytiquement : les activités de pleine nature, et l’amélioration du cadre de vie. Dans la réalité, ces deux catégories se recoupent en grande partie. Elles permettent, sur le plan théorique, de préciser la nature des services environnementaux étudiés.

a. Cadre de vie résidentiel

Cette finalité des services environnementaux correspond à l’amélioration du cadre, plus ou moins agréable, dans lequel se déploient les activités humaines. L’usage mis en avant à travers la notion de cadre de vie correspond à l’usage résidentiel, dont nous avons souligné au premier chapitre le développement dans les espaces ruraux. L’échelle de perception du cadre de vie correspond à l’espace de la vie quotidienne (Luginbühl, 1999). L’emprunt à l’art pictural du terme de « cadre » permet d’insister sur la dimension visible quotidiennement du cadre de vie, en cohérence avec la délimitation de notre objet de recherche. Seguin (2001, p. 4) insiste par exemple sur le rapport à « ces lieux, plus ou moins gracieux, où nous vivons et nous déplaçons au quotidien ».

b. Cadre des activités de pleine nature

Cette finalité des services environnementaux correspond à l’amélioration du cadre dans lequel se pratiquent les loisirs ou les sports de pleine nature, tels que le ski de fond, la randonnée pédestre ou équestre, l’escalade ou encore le vélo tout terrain. La plupart des services environnementaux relevant des activités de pleine nature visent à favoriser les conditions de l’accès aux espaces faiblement artificialisés (biens-supports naturels) que les sports et loisirs de pleine nature, par exemple, nécessitent. La pratique du sport au contact de la nature et du « grand air » fait partie de la fonction d’objectif du sportif, à la différence des sports et loisirs en intérieur. Pinguet (2000) définit ainsi les activités physiques de pleine nature, à partir de trois éléments qualifiants : d’abord la pleine nature, au sens d’activité d’extérieure, ensuite le recours à un site non aménagé ou faiblement aménagé, enfin l’idée d’une « aventure » (avec un danger objectif) ou tout au moins d’un certain aléa lors de la pratique sportive.

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Quatre remarques importantes peuvent être formulées concernant l’usager.

Tout d’abord, les usagers peuvent être distingués selon leur origine locale ou

extérieure au territoire local. Cette distinction est importante car elle traduit des demandes

différentes de services environnementaux. Les usagers d’origine extérieure (touristes et résidents secondaires) sont plus sensibles aux services environnementaux liés aux services touristiques. En revanche, les usagers d’origine locale recherchent en priorité une amélioration de la qualité de leur cadre de vie. Les services environnementaux concernant les activités de pleine nature peuvent concerner aussi bien des usagers d’origine locale qu’extérieure.

Ensuite, les usagers des services environnementaux peuvent être principalement d’origine extérieure (cas des touristes) alors que, dans le cas général, les usagers d’un service collectif sont souvent d’origine locale. Ainsi, il se manifeste une divergence entre la localisation du service environnemental et son aire d’usage qui est extérieure au territoire local (Beuret, Saika, 1999). Cette caractéristique n’est pas sans conséquence sur les rapports entre territoires. En effet, pour les touristes, une substitution peut s’exercer entre des services environnementaux équivalents mais dont la localisation est différente, créant ainsi les conditions d’une concurrence entre différents territoires cherchant à attirer les touristes.

Puis, l’usager peut jouir des effets bénéfiques du service environnemental au-delà du temps de la prestation, parce que ceux-ci demeurent incorporés dans le bien-support (comme dans de nombreux autres cas de services). Le service environnemental étudié étant un service collectif, il ne nécessite pas d’être produit à chaque nouvelle demande d’un usager.

Enfin, la participation de l’usager à la production du service reste parfois symbolique dans le cas du service environnemental ou se limite à des recommandations. La coproduction, au sens de l’économie des services, est finalement assez peu présente entre le prestataire et l’usager final. En revanche, rappelons qu’elle existe entre prestataire et commanditaire.

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a. Diversité des familles élémentaires de services environnementaux

Tableau 5 – Familles de services environnementaux élémentaires