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La responsabilité de la prise en charge des familles des victimes

Chapitre I : Introduction : l'importance de la protection sociale

3.4 La responsabilité de la prise en charge des familles des victimes

La responsabilité de la prise en charge des familles des victimes est confiée aux trois composantes de la société : les individus, les institutions gouvernementales et les institutions de la société civile, à savoir :

A / Les membres de la communauté :

Les individus sont l'un des éléments clés de la communauté285, qui est basée sur leurs

relations et leur sentiment d'appartenance à celle-ci, ainsi que sur la reconnaissance mutuelle

284 Khatab, Yusuf Kamel (2010) : Les soins communautaires pour les familles des victimes et leur application dans

le Royaume d'Arabie Saoudite, recherches scientifique arbitrées, présentées pour la Conférence des victimes du devoir national et le devoir de la société, Riyad, Université islamique d’Al Imam Muhammad bin Saoud. p. 729- 730.

285 Les sociologues soulignent que toute société se compose de quatre composants : 1. Les personnes, 2. Les liens

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de l'importance de la coopération et de la solidarité entre eux. Toute société ayant atteint un certain niveau de civilisation est caractérisée par la cohérence, la stabilité et la continuité ; il est très difficile de séparer l’individu des préoccupations ou de la joie d’être ensemble et de vivre parmi les autres membres du groupe ; il est difficile aussi de séparer les membres de la société des valeurs, des ambitions et des objectifs qui la caractérisent. La sociologie a bien montré que les membres d’une communauté soudée participent volontairement à des activités collectives : c’est une preuve que cette société se caractérise par une exigence éthique élevée, non seulement au niveau communautaire, mais aussi au niveau des individus eux-mêmes.

Dans la plupart des sociétés modernes, il existe des groupes sociaux auxquels revient le devoir de protection des familles des victimes, en vertu de leur statut social et de leurs capacités financières et morales, et en vertu de leur niveau d’éducation et de leur expérience pratique. En voici quelques exemples :

A – Le roi ou les présidents, les membres des familles royales, et les hauts fonctionnaires de l'État, comme les ministres, sont directement concernés. Ces autorités doivent prendre en charge l’aide morale et physique aux familles des victimes, car c’est la marque d’une considération importante à l’égard de ces familles et des victimes. Cette prise en charge crée aussi une confiance entre les familles et les dirigeants qui ne les ont pas abandonnées ; ce sont des familles qui ont perdu leur soutien, ainsi que la stabilité psychologique et sociale qu’il apportait.

B- Le devoir des commerçants des entrepreneurs, des personnes fortunées est de fournir la couverture économique et de payer les frais de soins de santé et d’éducation. C’est une contribution de leur part, dans le cadre de la responsabilité sociale, en raison de leur capacité financière. Les familles des victimes constituent en revanche l'une des catégories les plus vulnérables de la société ; elles ont perdu la sécurité et la stabilité, qui sont des éléments essentiels pour poursuivre leur travail et leur entreprise. Les victimes ont sacrifié leur vie pour sauvegarder la sécurité de la société. En retour, la société doit protéger et sauver les familles des victimes.

C- Les scientifiques, les intellectuels, les écrivains et les journalistes ont la capacité d'influencer les sentiments et les pensées des gens, de faire passer, à travers les médias, des messages qui prônent une attitude humanitaire à l’égard des familles des victimes, et d'écrire

appliquer les règles aux individus et assurer leur engagement. Voir : El Masri, Mohammed Amin (1980), La communauté musulmane, le Koweït, Dar al-Arqam, 1re éd. p. 9-14.

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des ouvrages qui soulagent l'angoisse et la douleur des familles, en évoquant le souvenir des victimes et leur sacrifice, ce qui nous invite à être fiers d’eux.

D- Les psychologues et les sociologues, à travers des programmes et des séances thérapeutiques, soignent les effets négatifs des traumatismes et des chocs psychologiques, afin de limiter les conséquences néfastes sur les familles.

E- Les enseignants et les éducateurs passent beaucoup de temps avec les enfants des victimes dans les écoles, et sont les plus influents dans la formation des convictions intellectuelles et comportementales des enfants, en particulier pendant l'enseignement primaire. En invitant les individus à participer au devoir envers les familles des victimes, il s’agit de ne pas séparer l’individuel de la communauté, mais plutôt de favoriser la participation de l’individu à l'action collective. En effet, mener ces actions d’une façon collective permet qu’elles atteignent leur but et d’assurer leur continuité et leur efficacité.

B / Les institutions gouvernementales :

Ce sont les institutions établies par l'État pour fournir des services aux citoyens et aux résidents. Par l’intermédiaire de ces institutions, l’État met en œuvre ses actions et ses plans de développements futurs. Mais tout membre de la communauté a la possibilité de revenir à ces institutions pour compléter une démarche personnelle. Ces institutions doivent, comme c’est noté dans les constitutions et les lois, en vigueur dans les États, faciliter à tous les citoyens l'accès aux services fournis par l’État. Cependant, certains cas, de type humanitaire, demandent une appréciation particulière, et possèdent un caractère prioritaire, compte tenu des circonstances et des situations particulières dont ils relèvent. Toutes les institutions de l'État doivent traiter les exigences des familles des victimes, qui se trouvent en première ligne des cas particuliers, avec une attention spéciale. Elles doivent également s’efforcer de transmettre à ces familles l’attention et la reconnaissance de l'État, représenté par ces institutions. Ces services à l’égard de ces familles peuvent être considérés comme relevant d’un devoir national.

En examinant plus profondément le rôle des institutions gouvernementales, deux constats importants, concernant la protection de ces familles, s’imposent :

Premièrement, la responsabilité des institutions gouvernementales varie d'un établissement à l'autre, selon les différents besoins des familles, et en fonction des compétences de ces institutions et de la nature des services qu’elles offrent.

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Deuxièmement, ces institutions publiques doivent assumer leur devoir de protection et de soin à l’égard de ces familles même dans le cas où d’autres personnes, ou des institutions civiles offrent également leurs services à ces familles. En effet, il est du devoir des institutions de l'État de remplir leur rôle dans la prise en charge de ces familles : c’est une obligation légale en vertu des règles institutionnelles et des règlements internes de ces institutions.

C / Organisations de la société civile : les ONG

Les sociétés modernes et contemporaines sont en plein essor dans le domaine du travail institutionnel. Elles suivent ici le rythme des développements que connaît le monde depuis le début de la révolution de l'information et de la communication. Le progrès est devenu un objectif majeur de toute activité exercée par l'homme dans le domaine du commerce, de l'industrie, de l'agriculture ou dans d'autres domaines, y compris en ce qui concerne le travail caritatif et humanitaire organisé pars des associations reconnues par les autorités officielles et par les institutions de l'État. Ces ONG font donc partie du tissu social et sont affectées par les événements qui se déroulent dans la société : elles participent donc à la prise en charge des familles des victimes et à la mise en pratique de leur responsabilité sociale et morale envers la communauté.

Dans les chapitres suivants, le rôle de ces trois composantes, de la société saoudienne : membres de la communauté, institutions gouvernementales et ONG, dans la prise en charge des familles des victimes sera développé. La prise en charge a d'abord souffert d’un manque de planification et d'organisation, a été réalisée d’une façon émotionnelle et intermittente, sans suite sur le long terme. Cette prise en charge n'a pas été complète et n’a pas pris pas en compte toutes les personnes qui en avaient besoin. De plus, certains membres de la société civile et des institutions privées également, sont convaincus que cette prise en charge des familles des victimes est une affaire purement gouvernementale. Mais, au fil du temps, grâce aux différents messages à ce sujet, dans les médias et ailleurs, la prise de conscience de l'importance de la participation de la société civile et son impact positif, ont permis l’augmentation du nombre de personnes prenant en charge des familles, à titre individuel ou dans le cadre des institutions civiles. Dans le même temps, les institutions gouvernementales ont amélioré leurs méthodes afin de présenter les services fournis aux familles des victimes d’une meilleure façon, en mettant en place des plans d’actions spécifiques. Ceci a enrichi l’expérience de ces institutions saoudiennes, qui sont devenues leader dans ce domaine, nationalement et internationalement.

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Chapitre II : Les différents acteurs sociaux de la prise en

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