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Le rôle de l’autorité gouvernementale saoudienne

Chapitre II : Les différents acteurs sociaux de la prise en charge des familles des victimes dans la société saoudienne

II- I Différentes personnalités de la société saoudienne intervenant dans la prise en charge des familles des victimes :

1. Le rôle de l’autorité gouvernementale saoudienne

Les dirigeants du Royaume essaient de faire en sorte que la prise en charge des familles des victimes soit complète. Ils ne se limitent donc pas uniquement à l'aspect financier. Ils cherchent ainsi à atténuer les effets psychologiques causés par le traumatisme de la mort des victimes sur leur famille. Souvent, ces familles ont des sentiments à la fois de tristesse, liés à la séparation d’avec leur proche, et d'anxiété au sujet de l'avenir de leurs enfants, en l'absence du chef de la famille. Ceci explique l'importance de la prise en charge psychologique de ces familles, de la sympathie qui leur est témoignée et de leur prise en charge sociale, qui a pour objectif de les rassurer sur l'avenir de leurs enfants.

L'impact positif de cette prise en charge augmente quand elle est recommandée par les chefs du gouvernement : le roi et ses deux adjoints. En voici quelques exemples :

A- Le roi et ses deux adjoints rendent visite à certaines familles de victimes, dans leurs foyers, pour présenter leurs condoléances directement après le décès, ou bien ils demandent à un délégué (représentant des gouverneurs

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régionaux et des hauts fonctionnaires de l'État) de les remplacer dans cette mission286. Les médias diffusent des images en direct de ces visites et du

temps passé en conversations amicales entre les dirigeants et les familles, pour confirmer que l’État soutient ces familles et s’efforce d’atténuer leurs peines287.

B- Le roi et ses adjoints sont désireux de recevoir les enfants des victimes pendant les occasions religieuses (fêtes), les événements nationaux (festivals) ou sportifs, ainsi que lors de leur visite dans diverses parties du Royaume : c’est comme une confirmation de l’attention que porte l’État aux enfants des victimes et de la prise en charge de ces derniers, et comme une reconnaissance du sacrifice des parents.

C- Les chefs du gouvernement font en sorte que les enfants soient fiers de leur père, de leur courage et de leur héroïsme. Ils mettent l'accent sur le statut particulier de leur père près des dirigeants et de tous les membres de la communauté. Ces pères sont une source de fierté et d'orgueil pour tout le monde ; en effet, les chefs du gouvernement déclarent, à chaque occasion, que c’est grâce au sacrifice des militaires qu’est maintenue la sécurité de la patrie et des citoyens, en mettant l'accent sur la responsabilité personnelle de chacun, pour les enfants de ces victimes et leurs familles.

D- Les responsables du gouvernement font en sorte que les victimes soient toujours présentes dans la conscience et la mémoire de la communauté, pour qu’elle ne les oublie pas avec la fin des événements et pour qu’elle n’oublie pas leurs familles. À cette fin, le roi Abdullah bin Abdul Aziz a ordonné qu’on donne à un certain nombre de rues principales du Royaume le nom des victimes288, et qu’on appelle un quartier de la ville de Riyad le quartier de

286 Ces visites des dirigeants ont eu des effets très importants sur les familles des victimes. Dans un entretien avec

le journal Al-Watan, 1er Juin 2005, le père de la victime (caporal / Hamad ben Hamid al-Sharif) a bien expliqué que les visites des dirigeants dans sa modeste maison, pour présenter les condoléances, ont eu un impact positif sur lui-même et l’ont rendu fier d'être le père de ce victime. Le journal Al-Watan 1er Juin, 2005, numéro (1706).

287 Pour plus d’informations sur les visites des dirigeants et des chefs de gouvernements aux familles des victimes

pour présenter leurs condoléances, voir les annexes 3.

288 Le roi Abdallah bin Abdul Aziz a émis l'ordre n ° 3065 / M.B daté du 30/11/1425h (10 Janvier, 2005), il a

ordonné au ministre des Affaires municipales et rurales de nommer un certain nombre de rues principales dans le Royaume par le nom des victimes tués dans des affrontements contre les terroristes. Le panneau du nom de chaque rue commence par « martyr de la religion et de la patrie », et indique le nom des villes ou des régions d’où sont venus ces victimes militaires.

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(chuhada)289 ; les rues internes de ce quartier portent en effet les noms de

victimes.

E- Un soutien financier important est apporté par le roi et ses deux adjoints aux familles des victimes, soit directement, soit par l'appui des comités et des fonds spéciaux créés pour la protection des familles des victimes dans les différentes régions du Royaume.

2. Le rôle des princes, des commerçants et des hommes d'affaires

Cette catégorie de la société a parrainé les familles des victimes en suivant les deux pistes suivantes :

La première est la prise en charge des familles des victimes par les organisations privées par des soutiens financiers à des comités spéciaux qui prennent en charge ces familles, ce dont il sera discuté dans la quatrième partie de ce chapitre, en présentant le rôle des ONG dans la protection des familles des victimes.

La deuxième est le soutien personnel direct, matériel et moral, aux familles des victimes, qui fait l'objet de la présente section.

Des personnes fortunées et généreuses interviennent dans la prise en charge des familles des victimes, répondant ainsi à un modèle d’action humanitaire. Beaucoup considèrent que c’est un devoir religieux, recommandé par l'islam, qui impose aux riches d’apporter leur aide financière à ceux qui sont dans le besoin, comme c’est le cas des familles des victimes. Deuxièmement, cette action peut être considérée comme un devoir social : il s’agit alors de renforcer les liens entre les différentes couches de la société humaine. Troisièmement, il peut s’agir de remplir un devoir national envers les victimes qui ont sacrifié leur vie pour la religion et la patrie. Pour ces différentes raisons, une présence active et influente de cette catégorie fortunée de la communauté est remarquée dans des domaines variés visant la prise en charge des familles. Beaucoup de personnes riches ont pris l'initiative de fournir un soutien matériel et moral aux familles. En voici quelques exemples :

289 Ce quartier est situé à l'est de la ville de Riyad, et était autrefois appelé district (Western Granada) ; il a connu

des violences et un attentat dans un des complexes résidentiels, le 12 mai 2003, qui a causé un nombre important de victimes civiles et militaires. En application de l’ordre du roi Abdullah bin Abdul Aziz, le gouverneur de Riyad, le prince Salman bin Abdul Aziz, a accordé la dénomination (Chuhada) à ce quartier, et la désignation de 55 rues dans ce quartier par le nom de 55 soldats victimes. Voir les annexes 3 pour voir des photos des rues du quartier (Chuhada) à Riyad, honoré par les noms des victimes.

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- Les contributions financières et matérielles apportées par les princes et les hommes d'affaires au Fonds de soutien aux militaires touchés par les terrorismes, dans la région d’Asir. Le prince Khalid al-Faisal, qui est à l’origine de l’idée de ce fonds, a fait un don important. Le gouverneur adjoint de la région d’Asir, le prince Faisal bin Khalid ben Abdul Aziz, lui aussi, a fait un don du même montant. Un certain nombre d'hommes d'affaires dans la région ont donné un total de deux millions huit cent mille riyals. L’homme d'affaires Zaid ben Mohammed Al Sharif Hussein a contribué avec un don également généraux290.

- Des contributions financières et matérielles ont été apportées par des princes et des hommes d'affaires pour le Comité féminin pour la protection des familles des victimes dans la région d’Al-Qassim. Le prince Sultan bin Abdulaziz a fait un don annuel de deux cent mille riyals. Le prince Faisal bin Bandar ben Abdulaziz, gouverneur d’Al- Qassim, a également fait un don annuel du même montant. La princesse Séta, fille d’Abdulaziz a fait un don de dix mille riyals par an à chaque famille. La princesse Nofe, fille de Sultan bin Abdulaziz, a fait un très grand don. Un certain nombre d'hommes d'affaires a donné aussi sa contribution. Il faut ajouter à ces dons les contributions en nature : les hommes d'affaires et les entrepreneurs adressent des invitations aux enfants des victimes, des réductions sur les achats, des abonnements gratuits dans nombre de cliniques privées et des bourses dans un certain nombre d'écoles privées291.

- Le prince Miteb ben Abdullah bin Abdul Aziz, ministre de la Garde nationale, président du Comité suprême du Festival national du patrimoine et de la culture, a fait un don de 500 mille riyals pour l’Office de protection des familles des victimes et blessés, grâce à leur effort et leur participation active à ce festival national du patrimoine et de la culture292.

- Les princesses saoudiennes ont assuré une prise en charge physique et morale des mères des victimes, de leurs femmes et de leurs filles, en leur présentant des condoléances en personne ou par téléphone, ou par des initiatives visant à les féliciter et à leur offrir des cadeaux pendant les fêtes religieuses. Les princesses les plus connues dans le domaine de la prise en charge des familles sont :

290 Ibid.

291 Ils sont pour le pays et nous sommes pour leurs enfants après le Dieu, archives de la célébration : la nation

honore la victime, le Comité féminin pour la protection des familles des victimes de la région d'Al-Qassim, deuxième édition (2008).

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- La princesse Rima, fille du Sultan bin Abdulaziz, la femme du ministre de l'Intérieur, qui, depuis le début des affrontements a tenu à suivre, par téléphone, la situation des familles des victimes en répondant à leurs besoins, et a continué chaque année à envoyer de l’argent à chaque famille, avec un message de félicitations pendant les fêtes.

- La princesse Nora, fille de Mohammed Al Saud, Président du Comité des femmes pour la prise en charge des familles des victimes, qui, depuis le début des événements, a tenu à visiter les familles et à présenter ses condoléances ; elle a aussi donné un montant de dix mille riyals comme cadeau personnalisé pour les femmes des victimes, pour leurs besoins personnels, le temps que l’aide financière de l’État soit mise en route.

3. Le rôle des intellectuels, des experts et des spécialistes

Les intellectuels occupent une place importante dans la société saoudienne. Leurs propos sont écoutés de tous. Ils sont le fer de lance des orientations prise par la collectivité ; c’est vers eux que se dirigent les individus pour soulager leur inquiétude et surmonter les difficultés que leur pose la vie. Ceux qui connaissent la société saoudienne, savent très bien quel rôle les savants et les Cheikhs peuvent jouer dans l’aide apportée aux familles victimes du terrorisme, en particulier dans le domaine des soins spirituels et psychologiques. Leurs conversations, sermons, conférences et écrits, diffusés par les médias au grand public, sont un baume sur les plaies de ces familles et une source productrice de sécurité, de tranquillité du cœur. Ils les encouragent à vaincre leur tristesse et à comprendre cette vérité supérieure selon laquelle Dieu leur a fait don d’une grâce particulière. En effet leurs victimes sont mortes en soutenant le droit de l'Islam et de la doctrine, et pour vaincre ce qui corrompt la religion et la nation. D'autre part, ces élites intellectuelles encouragent la communauté, ses individus et ses institutions, à prendre soin des familles des victimes, et à leur fournir une assistance dans tous les domaines et par tous les moyens, en considérant les actions des victimes comme une obéissance à Dieu, qui recommande de protéger et de prendre en charge ces familles.

Les spécialistes en psychologie et sciences sociales jouent un rôle dans la prise en charge des familles des victimes en orientant la communauté vers ce qu'elle doit faire pour leur protection, via des séminaires, des conférences organisés par les universités saoudiennes293, les

293 Nous allons parler des séminaires et des conférences tenus dans les universités et les centres de recherche, dans

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centres de recherche et les organismes de bienfaisance. Les familles ne doivent pas être exposées à un traumatisme psychologique et à l’isolement social, suite à la perte d’un proche. Les psychologues ont expliqué les effets négatifs de la perte d'un père, d’un frère ou d’un mari sur la famille, et les troubles psychologiques consécutifs à cette perte, surtout chez les femmes et les enfants. Ils ont exposé les méthodologies scientifiques à utiliser avec ces familles, et l'importance de faire preuve de solidarité et de coopération avec elles. Ils ont recommandé la création de centres spécialisés, psychologiques et sociaux, pour offrir des programmes appropriés aux familles des victimes afin qu’elles puissent, en toute sécurité, dépasser ces problèmes psychologiques. De leur côté, les sociologues ont montré qu’il relève de la responsabilité de la société dans son ensemble - et en particulier des institutions de la société civile – envers les familles des victimes, de jouer un rôle plus actif dans la solidarité sociale. Ces tâches sont devenues plus malaisées en raison de la complexité de la vie moderne. Par conséquent ce sont désormais les institutions caritatives, sociales, religieuses, familiales et communautaires, nombreuses en Arabie Saoudite qui prennent en charge ces tâches. Elles n’ont alors besoin que de coordonner les efforts des uns et des autres en vue d'assurer la protection et les soins des famille des victimes.

4. Le rôle des autres membres de la société saoudienne

Une intense passion à faire le bien, une grande générosité dans le domaine de l'aide humanitaire animent les membres de la société saoudienne. Preuve s’il en est, la forte participation des citoyens saoudiens aux campagnes de dons préconisées par le gouvernement du Royaume pour soutenir la communauté musulmane affectée et affligée dans d’autres pays musulmans à l’étranger. Les dons des Saoudiens sont doublés et leur générosité augmente quand ils savent que ces dons seront utilisés pour soutenir les familles de victimes. C’est le cas, par exemple, des campagnes de dons en faveur des enfants de victimes du peuple palestinien ; cet acte humanitaire se double pour eux d’une notion de devoir. Les citoyens saoudiens sont donc très généreux avec les autres enfants du monde. On peut aussi supposer qu’une telle générosité, lorsque l’aide ou le soutien concernent une partie de la communauté saoudienne elle même, et, de plus, ceux qui ont sacrifié leur vie pour la sécurité de la patrie sera décuplée. Les saoudiens éprouvent beaucoup de compassion envers les enfants des familles des victimes de toute l’Arabie. Ils cherchent à leur apporter leur coopération et leur soutien de toutes les façons

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possibles. IL a déjà été mentionné le soutien financier et moral offert par les dirigeants, les princes, les commerçants et les hommes d'affaires aux familles des victimes. Mais c’est aussi la société toute entière qui apporte un soutien moral fort, soutien encore plus important et plus précieux, pour les familles des victimes, que le soutien financier.

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II-II Les institutions gouvernementales saoudiennes intervenant dans la

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