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Les domaines de la prise en charge des familles des victimes

Chapitre I : Introduction : l'importance de la protection sociale

3.2 Les domaines de la prise en charge des familles des victimes

Les domaines de protection fournie aux familles sont multiples, et varient selon les besoins de ces familles et les exigences de base pour vivre une vie décente. La plupart des

277 Tous les chiffres et les statistiques figurant dans le tableau ont été obtenus auprès du Département des

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études spécialisées dans ce domaine des services sociaux indiquent cinq domaines clés indispensables, pour les familles, à notre époque. Ce sont :

A/ la protection psychologique :

C’est l’un des besoins principaux des familles des victimes, en particulier au lendemain du décès, moment où la nouvelle a un fort impact sur la famille, en particulier sur l’épouse, les enfants et les parents qui sont très choqués par cet événement. Les études indiquent que la perte d'un membre de la famille à la suite d'un accident est l’une des crises les plus graves que peut rencontrer la famille. Ce drame peut entraîner de nombreux troubles psychiatriques dans la famille et conduire au suicide, au divorce, à l'abandon ou à une maladie mentale278.

Après la perte de leur proche, les membres de la famille sont submergés par la douleur et la tristesse. Ceci les rend vulnérables et ils ont alors besoin de consolation et d’aide pour guérir de leurs blessures psychiques. Les effets positifs de la prise en charge psychologique des familles des victimes sont donc multiples et quand le prince, ou son tuteur, dans la région, participe aux condoléances, ceci a également un effet positif. Cette participation officielle aux condoléances montre symboliquement combien l’État prend en compte le sacrifice de la victime et honore sa famille.

B / la protection sociale :

Les familles des victimes ont besoin d’une protection sociale bien distincte, afin d’être préparées à cette nouvelle vie qui suit la perte de leur proche. Il est nécessaire de leur fournir les moyens de vivre avec cette nouvelle situation, car la famille de la victime vit dans un état de peur et d’anxiété; elle appréhende l'avenir, elle est angoissée par l'ampleur des tâches et les surprises que lui réserve le lendemain. Les familles qui ont perdu un père ont le sentiment qu’elles ont aussi perdu les sources de la protection, la sécurité et l’orientation de leur existence. La femme devient la responsable de la cellule familiale. Dans de nombreuses situations, elle sera seule pour la prise en charge les enfants. La protection sociale est donc essentielle pour les familles. Elle leur transmet le sentiment qu’elles sont une part importante de la communauté en tant que proches de la victime, un homme qui a sacrifié sa vie pour défendre la patrie. Ceci peut donner à la famille de la victime le sentiment d’une protection sociale, et apporter une protection contre les risques de dispersion, de délinquance, enfin le sentiment de la perte de l’être cher. Ainsi, on consolide le sens de la communauté, sa légitimité, malgré le sacrifice, et

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on maintient le sentiment d’intégration dans cette communauté. La protection sociale, propre aux familles des victimes, implique aussi un souci de l'éducation des enfants de la victime. Cela renforce, chez les jeunes, le sentiment d’appartenance à la communauté et la volonté de se sacrifier pour elle. Ces enfants en retirent, comme leurs parents, un grand respect pour l’ensemble de la communauté et la fierté de lui appartenir. Comme le note Gaston Botol, 1983, : « Les vertus de la guerre, en particulier, considérées comme le droit de la communauté des soldats, les enfants les héritent des parents ; ces soldats et leur famille pratiquent très soigneusement la passion de l'honneur, de la chevalerie et de l'audace, et le comportement des enfants est basé sur l’idée qu'ils sont les dépositaires de ces vertus279 ». Il est important pour la cohésion sociale que les valeurs se transmettent d’une génération à l’autre, malgré la douleur engendrée par la disparition de l’époux et du père.

Ainsi, les fêtes religieuses, les événements nationaux et les festivals annuels seront des occasions pour fournir des services sociaux aux familles des victimes. Cela peut se concrétiser par des visites des responsables et des proches ; on peut les féliciter pour les fêtes, leur apporter des cadeaux et les inviter à assister à ces événements et aux festivités, car ils sont les parents, les femmes et les enfants des victimes qui font la fierté de la patrie.

C/ la protection économique :

Celle-ci est destinée à satisfaire les besoins de base des familles des victimes, y compris la nourriture, l'habillement, le logement et d'autres besoins vitaux. Cela se concrétise par l’achat ou la location de maisons pour les familles des victimes, et la fourniture d’un revenu mensuel fixe par l'intermédiaire des organismes officiels tels que le Ministère des Affaires sociales et de la sécurité sociale, les organismes de bienfaisance ; on apporte également de l'aide aux familles qui sont capables de travailler pour qu’elles puissent bénéficier des opportunités en rapport avec leurs qualifications et aptitudes professionnelles.

D / l’assurance maladie :

Les soins de santé sont devenus une des exigences principales de la vie, d'où l'importance de la sécurité sociale pour les familles des victimes. La sécurisation se fait pour deux raisons :

279 Botol, Gaston (1983) : Guerre et société : une analyse sociale des guerres, des conséquences sociales,

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La première concerne la victime qui s’est sacrifiée pour la sécurité du pays et celle de la communauté avec toutes ses institutions, y compris les institutions de santé, qu'elles soient gouvernementales ou privées. En retour, ces institutions qui accompagnent les familles des victimes offrent le meilleur de leurs services médicaux, gratuits ou payants (participation aux frais symboliques).

La deuxième raison est la suivante : les familles des victimes, après avoir perdu leur proche, ont besoin, pendant les premiers mois et peut-être les premières années, de soins, surtout dans le domaine de la psychiatrie. Souvent, suite à la perte de leur proche, les femmes de victimes et les enfants souffrent beaucoup : stress, anxiété, maladie physique et psychologique les envahissent. La raison en est l'absence de leur père ou époux, source d'amour, de compassion, de sécurité et protecteur de tous les membres de sa famille. Ces familles ont besoin de longues périodes de traitement et de suivi pour s’adapter psychologiquement et émotionnellement à cette nouvelle situation sociale.

E / la protection éducative :

Une des études de terrain concernant les familles des victimes280 traite, dans l'un de ses

chapitres, du niveau d'éducation des épouses, fils, filles, frères et sœurs des victimes. Cette étude indique que 9 % des enfants sont d’un âge préscolaire, 59 % sont à l'école primaire, 12 % sont à l’école intermédiaire, 25 % à l’école secondaire, 12 % sont au niveau d’un diplôme, 7 % sont à l'Université, tandis que 10 % sont analphabètes. Ces catégories de personnes ont besoin, surtout dans les trois premières étapes de l'éducation, d’une protection et d’un suivi, afin de bénéficier de conditions appropriées à leurs études, sans barrières physiques, morales ou sociales risquant d’affecter leur parcours éducatif. Cela met bien en valeur l'importance de la protection éducative et son caractère indispensable pour la préparation, la planification, le suivi et l'évaluation continue des enfants. Ce rôle est de la responsabilité de la société, pour que les enfants de la victime ne soient pas exposés à la fuite ou l'échec scolaire.

3.3 L'importance de la prise en charge des familles des victimes et ses

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