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Les regroupements de départements par bassins fluviaux dans La Première année de géographie de Pierre Foncin avant 1885

Le Rhône et ses

Carte 4 Les regroupements de départements par bassins fluviaux dans La Première année de géographie de Pierre Foncin avant 1885

Ce découpage n’est plus utilisé à partir de 1885. La carte régionale des départements du bassin de la Seine475 et celle des départements parcourus par les fleuves se dirigeant vers la Mer du Nord476 sont remplacées par une carte des départements du Nord et du Nord-Est477. Face à cette carte, le texte de la leçon distingue trois régions caractérisées par leur morphologie :1. Plaines du Nord, 2. Plaines de Paris et de Champagne, 3. Plateau Lorrain. Le chevelu du réseau hydrographique a été simplifié ; le Petit Morin, le Vesle ou l’Avre ne sont plus dessinés sur la carte comme en 1880. Le tracé des limites entre le bassin de la Seine et ses voisins (Somme, Touque…) disparaît aussi. Par contre, le nombre de villes figurées sur la carte augmente. Par exemple, Clermont dans l’Oise, Le Crotoy dans la Somme, Varennes et Domrémy apparaissent dans la catégorie « autres villes ». Le toponyme collines de l’Artois disparaît, et l’éditeur s’est expliqué préalablement de ceci en renonçant explicitement à la division par bassins et à ces « chenilles graphiques », collines plus ou moins imaginaires dessinées à leur périphérie.

« AVIS DES ÉDITEURS POUR CETTE NOUVELLE ÉDITION

Pourquoi la division de la France en bassins doit être proscrite de l’Enseignement.

Un certain nombre de maîtres nous demandent pourquoi dans la Nouvelle édition (1885) de la Première année de géographie. M. Foncin a substitué, pour l’étude de la France, la division par régions à la

division par bassins.

M. Foncin a dû adopter la division par régions pour rester fidèle à la vérité scientifique, et il y est tout à fait encouragé par une instruction ministérielle adressée tout récemment dans ce sens aux professeurs de l’enseignement secondaire478.

Voici la note raisonnée que M. Foncin a bien voulu nous remettre à ce sujet.

Il est temps d’en finir dans les classes avec la division de la France en bassins. Cette division ne tient compte d’aucun des éléments essentiels d’une classification géographique. Elle donne une idée fausse de la physionomie réelle du sol national.

A. – 1° Elle ne concorde pas avec les indications de la géologie. Le bassin dit de la Seine, tel qu’on l’enseigne aux enfants, n’a qu’un rapport éloigné avec le véritable bassin parisien, qui est cependant une des régions géologiques les mieux délimitées de notre pays, et qui comprend, outre le cours de la Seine et de ses affluents, tout le cours moyen de la Loire.

2° Elle est contradiction avec le relief du sol. Le massif central, par exemple, qui est aussi une région naturelle très nette, occupe une partie des bassins classiques de la Loire, de la Garonne et du Rhône. 3° Elle heurte les vraies notions de l’hydrographie. Toutes les eaux qui ruissellent d’un même massif ou d’un même groupe de terrains devraient en effet être classées et étudiées ensemble. C’est ainsi que la Bretagne ou les Pyrénées forment des régions hydrographiques d’une remarquable unité. Il n’est donc pas logique de couper en compartiments ou bassins séparés les divers cours d’eau bretons (bassin de la Rance, de l’Aulne, du Blavet et des affluents de droite de la basse Loire), ou les divers cours d’eau pyrénéens (bassins de l’Adour, de la Garonne, du Tech, de la Têt, de la Gly (sic), de l’Aude).

4° Elle est en désaccord avec la distribution des climats. Le climat rhodanien, avec ses brouillards et ses neiges, le climat méditerranéen sec et chaud, occupent chacun une partie du prétendu bassin du Rhône, dont l’unité est donc toute factice.

5° Elle n’est pas conforme à la répartition des régions agricoles. Avec la division routinière en bassins, comment apercevoir, dans son intégrité, la région méditerranéenne, caractérisée par l’olivier, qui se partage le bassin inférieur du Rhône et cinq ou six petits bassins côtiers ? Comment retrouver la région du Nord (pays à betteraves), scindée entre les bassins de l’Escaut, de la Somme, de la Seine ?

6° Elle ne correspond à aucune des données de la géographie politique. Dans quel bassin placer le département du Loiret, ou celui de la Saône-et-Loire, ou les provinces du Limousin, de Champagne, à cheval sur les bassins différents ?

475 Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p.66.

476 Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1880, p.70.

477 Pierre Foncin, op. cit. Édit. 1896, p.11.

478 N.B. Les programmes de 1874 pour l’enseignement secondaire classique inscrivent « Bassins, fleuves et rivières » dans le libellé du programme de la classe de Rhétorique. Ces mots ne sont plus repris dans le programme du 2 août 1880, ni dans les programmes du 28 juillet 1882 pour la troisième année de l’enseignement secondaire de jeunes filles ni dans ceux pour la troisième année de l’enseignement spécial.

B. – Ce qui est plus grave encore, c’est que cette division en bassins trompe les élèves. Elle empêche de bien voir la hauteur relative de nos montagnes, l’étendue réelle de nos plateaux et de nos plaines. Quand on va en chemin de fer de Dunkerque à Paris, de Paris à Orléans, de Bordeaux à Bayonne, de Toulouse à Cette, on n’aperçoit aucun changement appréciable d’altitude.

On traverse en effet la grande plaine du Nord, les champs absolument plans de la Beauce, le plateau très peu élevé des Landes, ou le seuil de Naurouze dans la plaine du Languedoc. Il a fallu cependant inventer, pour la séparation artificielle des bassins, des collines de convention qui figurent encore sur beaucoup de cartes, sous le nom de collines d’Artois479, de Picardie, de l’Orléanais, de collines landaises, etc. , tandis que beaucoup d’autres élévations du sol, singulièrement plus importantes, ne sont pas indiquées. Ces chenilles graphiques imaginaires constituent une véritable supercherie géographique. Au contraire, une division de la France en régions naturelles, bien que difficile à établir (nous sommes les premiers à le reconnaître), force les enfants à réfléchir, à comparer, à se former une idée sensiblement exacte des aspects très différents de notre pays et de l’harmonie de ses proportions.

La division en bassins est simple, il est vrai ; mais c’est une simplicité trompeuse et de pure convention. Voilà pourquoi nous supplions les maîtres de vouloir bien y renoncer. Nous osons espérer que nous aurons été assez heureux pour les persuader. »

(P. Foncin.)480

479 Entre autres sur son manuel de 1880 : cartes p. 61, 65 et texte p.62.

Carte 5 : Les départements regroupés par régions naturelles dans la Première année de

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