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Plans à tiroirs et tableaux spécifiques. Descriptions monographiques du Dictionnaire

1. Parcours descriptifs et logiques explicatives des articles monographiques du

1.3. Du général au particulier ; les articles France et Belgique

Ces deux articles, publiés à huit années d’intervalle, ont en commun d’utiliser à de nombreuses reprises une démarche déductive : l’affirmation d’un caractère général du pays est suivie d’illustrations de celui-ci. L’explication fine et multicausale des localisations industrielles est un autre trait commun de ces deux articles.

L’article France surprend tout d’abord par son importance en volume ; 23 pages qui succèdent à l’article Française (Langue) de Ch. Marty-Laveaux et qui précèdent l’article France (histoire), volet historique, qui lui n’occupe que 6 pages. La géographie de la France aurait-elle plus d’importance que l’histoire de la France, ou bien serait-elle plus facile à écrire en 1879 de façon relativement consensuelle ?

Cet article France présente aussi quelques différences avec le plan d’étude de la France proposé à la suite de l’article Géographie (tableau 9). Ainsi G. Meissas introduit une partie significative sur le climat de la France (3 colonnes), alors que le plan d’enseignement de la géographie de la France du

Dictionnaire ne l’envisageait pas. Ce qui peut expliquer que Foncin dans son article Géographie ne

propose pas de renvois vers l’article Climat de Marié-Davy. La présentation du climat par Gaston Meissas ne se situe d’ailleurs pas en amont de la partie « Hydrographie », mais après l’étude des frontières, en préambule de la Géographie agricole (tableau 5).

405 Allemagne, ibidem, p. 90.

Tableau 5. Le plan descriptif de l’article France

France: Géographie Nombre de

mots % de mots au sein de la monographie géographique 1. Généralités 441 1,6% 2. Orographie 2137 7,8% 3. Hydrographie 6962 25,5%

4. Étude des frontières (maritimes et terrestres) 3233 11,8%

5. Climat 1702 6,2% 7. Géographie agricole 3992 14,6% 8. Géographie industrielle 5199 19,0% (9.) Géographie commerciale 2602 9,5% (10.) Population 317 1,2% (11.) Corse 727 2,7% Total de l’article 27312 100,0%

La part de la partie « hydrographie » est particulièrement importante, près du quart du total ; l’étude successive de tous les bassins fluviaux sert de moyen de localisation des villes. C’est une tradition que l’on retrouve chez Malte-Brun ou plus tardivement dans le volume Élisée Reclus sur la France407. L’étude du relief tient moins de place (7,8 % de l’article), il est vrai qu’il est fait renvoi à l’article Alpes et qu’il faut y ajouter l’étude linéaire des frontières maritimes et terrestres (11,8 %). La présentation des climats (6,2 %) précède la géographie agricole. L’inventaire des activités économiques tient une place majeure (43,1 % du total) dans le domaine de la géographie commerciale ; ici Gaston Meissas renvoie à son article canaux. La géographie industrielle est une préoccupation plus importante (19 % du texte) que la géographie agricole (14,6 %), ce qui mérite d’être souligné. Par contre, on remarquera le faible développement de l’étude démographique et l’étude séparée de la Corse ; son retard sur le continent est nettement mis en évidence :

Climat et productions […] L'agriculture est très arriérée. On pourrait cultiver avec profit la canne à sucre et le coton, surtout quand des plantations d'eucalyptus auront rendu la côte orientale habitable, en la mettant à l'abri de l'influence paludéenne des lagunes qui la couvrent en grande partie. [...] Une grande partie de l'île est couverte par des maquis, fourrés impénétrables qui ne donnent pas de bon produit forestier et fournissent un asile aux malfaiteurs.[…]

Industrie. – L’industrie est presque nulle en Corse ; le sol renferme de beau marbre analogue à celui de Carrare, des granits et des porphyres propres aux constructions, des mines de fer et de plomb, à peine exploitées

(G. Meissas.)408

Cet article n’est pas illustré par une seule carte, en effet depuis la lettre B du Dictionnaire, des choix éditoriaux ont privé les monographies géographiques d’illustrations cartographiques. Les raisons sont probablement économiques409 , mais s’accordent aussi avec le mode narratif de Gaston Meissas, qui nous fait suivre de façon imaginaire la descente des cours d’eau. La longue nomenclature des fleuves et de leurs affluents est la principale modalité d’inventaire et de localisation des villes. Ou ne serait-ce pas l’inverse : un style narratif conditionné par l’absence de carte ?

Les descriptions des parcours de la Moselle et de la Meuse sont probablement les plus caractéristiques de ce mode descriptif « au fil de l’eau » :

407 MALTE-BRUN, K., 1810-1829, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau.

RECLUS, É., 1878, Nouvelle géographie universelle, t. III Europe centrale, Hachette, 982p.

408 DP2 p. 823.

409 DUBOIS, P., 1994, Le Dictionnaire de l’instruction primaire de Ferdinand Buisson. Unité et disparités d’une pédagogie pour l’école primaire (1876-1911), thèse en Sciences de l’éducation, université Lyon II, 2 tomes.

LE RHIN. - Le Rhin ne coule plus en France depuis la perte de l'Alsace-Lorraine ; mais notre pays lui envoie la Moselle, le plus important de ses affluents.

La Moselle naît sur le versant nord du Ballon d'Alsace, descend au nord-ouest par Remiremont et Epinal. Entre ces deux villes, la Vologne lui apporte le tribut des lacs de Longemer et de Gérardmer. A Epinal arrivera bientôt le nouveau canal de l'Est, joignant la Saône par le Coney avec la Moselle et la Meuse. D'Epinal, la Moselle descend au nord, puis, tourne à l'ouest, reçoit à gauche le Madon, qui vient de Mirecourt, passe à Toul, retourne au nord-est jusqu'à Frouard, où elle reçoit la Meurthe. De Frouard, la Moselle descend par Pont-à-Mousson vers Metz, où elle reçoit par la droite la Seille, qui, dans une partie de son cours forme frontière entre la France et l'Allemagne. La Moselle, après avoir traversé Metz, Thionville et Trêves, se réunit au Rhin, à Coblentz.

La Meurthe naît sur la frontière des Vosges et de l’Alsace, descend au nord, puis au nord-ouest par Saint-Dié, Baccarat, Lunéville, où arrive la Vezouse, qui met en mouvement les usines de Cirey. La Meurthe, que suit dès lors le canal de la Marne-au-Rhin, tourne à l'ouest et passe par Nancy avant de se réunir à la

droite de la Moselle.

(G. Meissas.)410

Ici le rappel douloureux de la perte de l’Alsace-Lorraine est quasiment inévitable, déchirure qui apparaît de façon récurrente tout au long de l’article France comme de l’article Allemagne. Ainsi, la description du cours de la Meuse est l’occasion d’évoquer Sedan de triste mémoire :

(Le fleuve Meuse) passe à Neufchâteau, Domrémy, Vaucouleurs, célèbres dans l’histoire nationale, à Pagny, où il se sépare du nouveau canal de l’Est et traverse celui de la Marne-au-Rhin à Commercy, Verdun, où le lit commence à devenir naturellement navigable, à Bazeilles, en amont duquel il reçoit, par la droite, le Chiers qui vient des plateaux boisés du Luxembourg ; à Sedan, de triste mémoire, et Givet, où

il entre en Belgique.

(G. Meissas.)411

En effet, depuis à peine plus de 10 ans, les Vosges sont devenues une frontière obsédante. Gaston Meissas nous fait suivre sa description linéaire sur le même mode, « au fil de l’eau », que les cours d’eau :

Les Vosges et la frontière du nord-est. – La limite entre la France et l'Alsace, depuis 1871, suit la crête des Vosges jusqu'au mont Donon sur une longueur de 150 kilomètres, puis tourne au nord-ouest entre la Sarre et la Vesouze, affluent droit de la Meurthe. Elle traverse, à Avricourt, le chemin de fer de Paris à Strasbourg, gagne la Seille, passe sur la rive gauche de la Moselle, tourne au nord, entre Metz et Briey, et atteint le territoire du Luxembourg, près de la source de l'Alzette. Il y a 225 kilomètres entre le mont Donon et la frontière du Luxembourg. La France ne touche le grand-Duché que sur 13 kilomètres.

(G. Meissas.)412

L’étude de la géographie agricole fournit l’occasion d’associer l’Alsace aux autres provinces françaises. Ainsi Meissas trouve l’opportunité de parler en 1879 des provinces perdues dans le cadre de la géographie de la France :

Le maïs. — Le maïs mûrit en Touraine et même en Alsace ; en Franche-Comté, il forme une des bases importantes de l’alimentation. Le plateau central est naturellement trop froid pour cette culture.413 […] Les substances tinctoriales. - Avant les progrès réalisés par la chimie industrielle, qui tire maintenant toutes les couleurs des résidus de la fabrication du gaz d'éclairage, on cultivait en grande quantité la garance, dont on tire un rouge très beau et très solide, dans le Comtat Venaissin et l'Alsace. 414

(G. Meissas.) 410 Gaston Meissas, DP2 p. 808. 411 Ibidem, p. 804. 412 Ibidem, p. 811. 413 Ibidem, p. 813 414 Ibidem, p. 812.

Dix ans après la défaite, c’est dans le domaine industriel que les pertes sont les plus soulignées. La géographie est celle d’une France diminuée dont on rappelle les amputations :

Bassin houillers […] Ronchamp, au pied sud-ouest du Ballon d’Alsace, donne 250 000 tonnes de houille. C’est la seule houillère de la région du nord-est, depuis la perte du riche bassin de la Sarre en 1871.415

[…]

Le fer. […] Les principaux gîtes de minerai de fer en France sont en premier lieu dans le département de Meurthe-et-Moselle, autour de Nancy, malgré les pertes territoriales de la France.416 […]

Le sel et les produits chimiques. […] la France (avant la guerre de 1871) employait moins de sel provenant de cette source (600 000 tonnes) [sel de mer] que de sel gemme extrait des mines (800 000 tonnes). Nancy est le grand centre de celle-ci. Une partie a été cédée à la Prusse (Dieuze notamment), mais nous conservons Saint-Nicolas et Rosières entre Nancy et Lunéville.417[…]

Le coton. — Mulhouse, en Alsace, était avant 1870 le principal centre des filatures et de l'industrie du coton en France. Une grande partie des industriels de cette région ont transporté leurs établissements sur le versant français des Vosges, à Giromagny, à Remiremont, Épinal. Ils fabriquent du fil à coudre, des calicots, des jaconas, des étoffes fines.

Rouen, au contraire, qui est le centre le plus considérable pour l'industrie du coton en France, depuis la perte de Mulhouse, a la spécialité des étoffes grossières à bon marché, les rouenneries et les Guinées destinées à l'exportation en Afrique. 418

(G. Meissas.) Bien sûr, cette perte de L’Alsace et de la Moselle se concrétise sur le plan démographique. Gaston Meissas s’efforce néanmoins de souligner le redressement en cours de la France :

La population de la France, qui était de 19 609 000 habitants en 1700, de 27 445 000 en 1800, de 38 000 000 en 1866 avant la perte de l'Alsace et de la Lorraine, est descendue 36 100 000 en 1872, pour remonter à 36 905 788 au recensement de 1876 et à 37 672 048 à celui de 1881.

(G. Meissas.)419

Si la présentation de la géographie de la France est nécessairement marquée par la perte de l’Alsace-Lorraine, l’article France permet aussi de constater que l’écriture géographique de Gaston Meissas ne se réduit pas à une simple description linéaire et topologique comme lorsqu’il suit le cours de la Moselle ou le tracé de la frontière (voir ci-dessus). Son tableau du cours aval de la Durance nous montre l’auteur mettant clairement en relation le cours d’eau, sa vallée et ses environs :

À Mirabeau, la Durance débouche des montagnes. Roulant sur des pentes rapides où entre les cailloux, la Durance s'étale dès qu’elle est libre, sur un vaste lit de galets qui a jusqu’à 2 kilomètres de largeur. Recouvrant d’une épaisse couche de graviers les champs qu'elle envahit dans ses crues, elle les rend stériles, mais fertilise, par contre, les terres où les canaux de dérivation conduisent ses eaux chargées d’alluvions. Sur sa droite, la plaine de Cavaillon forme un jardin admirable. À gauche, elle alimente les canaux de Craponne et des Alpilles, qui vont irriguer les Bouches-du-Rhône et ramener un peu de verdure sur la Crau, vaste plaine de cailloux que la Durance a charriés. De ce côté aussi, la Durance alimente le canal de Marseille, qui fournit d'eau cette ville et les campagnes voisines.

(G. Meissas.)420

En règle générale, Gaston Meissas s’intéresse beaucoup plus aux activités économiques qu’aux évocations historiques. Il se rapproche des centres d’intérêt de Levasseur. Quand il a fait des rappels historiques, comme dans le cas de Fréjus, ils servent surtout à expliquer la position actuelle de la 415 Ibidem, p. 816. 416 Ibidem, p. 816. 417 Ibidem, p. 817. 418 Ibidem, p. 819. 419 Ibidem, p. 822. 420 Ibidem, p. 808.

ville et son propos revient vite à la présentation des activités contemporaines, y compris le tourisme. Les activités présentes importent plus que les rappels historiques :

Au pied des montagnes des Maures, le petit golfe de Saint-Tropez est fréquenté par les pêcheurs de corail, de thon et d'anchois. À l'embouchure de l'Argens, le golfe de Fréjus était la station principale de la flotte romaine sur les côtes de la Gaule. Aujourd'hui la ville est à 3 kilom. dans l’intérieur des terres. C'est plus loin, autour de Nice que la foule se porte de nos jours pour trouver un séjour d'hiver favorisé par un doux climat, un ciel serein, des paysages riants et embaumés par une végétation luxuriante.

(G. Meissas.)421

Cet intérêt pour l’économie entraîne Gaston Meissas à dresser quelques rares prospectives économiques. Elles témoignent rétrospectivement d’une certaine clairvoyance ou plutôt d’une intuition en ce qui concerne les réserves de houille de la Chine :

Les pays du monde les plus riches en houille sont au premier rang l'Angleterre, puis les États-Unis et l'Allemagne, qui seront peut-être tous dépassés un jour par la Chine, si on se met à exploiter sérieusement ses immenses dépôts de combustibles minéraux.

(G. Meissas.)422

Sa géographie économique n’est pas un simple inventaire descriptif, elle est déjà explicative. Ainsi, Gaston Meissas indique-t-il de façon détaillée les différents facteurs de localisation de l’industrie, de la métallurgie ou de l’industrie papetière :

Le fer est travaillé dans les forges pour donner des lames ou du fil de fer ; les ateliers de construction le découpent et assemblent les pièces qui constituent les machines ou la charpente des constructions. Ces diverses sortes d'ateliers, consommant beaucoup de combustible, se groupent naturellement autour des puits de mines, ou bien dans les régions forestières, quand ils emploient du charbon de bois. […] Les besoins des grandes villes ont fait établir aussi des forges dans leur voisinage.423 […]

Les papiers se fabriquent généralement dans les pays de montagnes, où l'on trouve à la fois des eaux très pures et des forces motrices économiques. 424

(G. Meissas.) On note aussi que son inventaire des nouvelles stations de bains de mer renvoie à une explication spatiale implicite : l’espace des Parisiens. Derrière l’évocation un peu désuète des premières stations balnéaires se profile une géographie du tourisme :

Les bains salés, pris près des mines de sel ou dans la mer sur toutes nos côtes, sont d'un usage de plus en plus répandu. Le Tréport, Dieppe, Saint-Valéry, Fécamp, Etretat, dans la Seine-Inférieure ; Trouville, Villers, Cabourg, Arromanches, dans le Calvados, Dinard vis-à-vis de Saint-Malo, sont fréquentés par les Parisiens.

(G. Meissas.)425 Ce qui pour d’autres pourrait être une conclusion est, chez Gaston Meissas, dans la logique d’une démarche déductive, affirmée dès la première phrase de la géographie industrielle. Pourtant on ne sait à la lecture de ces deux phrases ce qui est la cause et ce qui est l’effet, à moins que Gaston Meissas soit à l’occasion un dialecticien ignoré :

421 Ibidem, p. 810. 422 Ibidem, p. 816. 423 Ibidem, p. 817. 424 Ibidem, p. 820. 425 Ibidem, p. 818.

La houille est le pain de l'industrie depuis l'invention des machines à vapeur. Aussi la richesse d'un pays en houillères correspond-elle généralement à sa puissance commerciale et au développement de ses manufactures et de ses diverses autres industries.

(G. Meissas.)426

Gaston Meissas procède ainsi généralement suivant cette manière déductive : d’abord affirmation d’une règle générale, éventuellement à valeur explicative, ensuite inventaire des cas particuliers. Le constat général sert de préambule à la description de l’orographie, il n’arrive pas de façon conclusive à l’inventaire des montagnes :

C'est au pourtour du territoire français que se trouvent les massifs de montagnes les plus considérables, avec les cimes les plus élevées, les Alpes et les Pyrénées.

(G. Meissas.) 427

De même, il propose des généralités en introduction à la présentation de l’hydrographie :

Le Rhône, la Loire et la Garonne ont chacun un bassin nettement circonscrit. On n'en pourrait dire autant de la Seine, qui a été facilement reliée aux fleuves voisins.

(G. Meissas.)428

Cette volonté d’introduire l’étude par la géographie générale s’appuie parfois sur des savoirs, aujourd’hui vieillis, mais cette démarche d’ensemble reste remarquable. Elle va du général vers le particulier, de la « régularité » aux « circonstances locales » :

Située à égale distance du pôle et de l’équateur, la France est soumise à la double influence des vents échauffés dans la région équatoriale et des vents glacés du pôle. Les premiers, s’élevant à cause de leur température, tendent à être remplacés par les vents froids que leur plus grande densité rapproche de la terre. Mais en s'éloignant vers le nord, les vents du sud conservent la vitesse de rotation du globe à l’équateur dans le sens de l'ouest à l’est, plus rapide que celle des parallèles plus septentrionaux. Ils s'inclinent donc vers l'est. Par contre les vents polaires s’inclinent à l’ouest. Notre pays est donc normalement soumis à un double courant de vents chauds venant du sud-ouest et vents froids venant du nord-est. Mais cette régularité est singulièrement troublée par une foule de circonstances locales, les obstacles qu’opposent les montagnes au passage des vents, et les différentes modifications qu’apportent à la température d’un lieu et à la circulation de l’air, l’altitude, l’exposition, le voisinage de la mer, ou des montagnes chargées de glaciers.

(G. Meissas.)429

La démarche connaît ses limites quand les catégories spatiales sont largement arbitraires, à l’instar, des treize régions de recensement agricole :

Pour les concours agricoles, la France est partagée en treize régions, où les départements sont groupés d'après leur voisinage, leur climat, la nature de leurs cultures principales.

(G. Meissas.)430 À côté des longues listes d’inventaire qui marquent le caractère ancien de cette géographie, présentée sans carte, l’article France témoigne du fort intérêt de ces géographes pour l’économie. Les principes explicatifs ou descriptifs précèdent la présentation des cas particuliers et des listes 426 Ibidem, p. 816. 427 Ibidem, p. 801. 428 Ibidem, p. 803 429 Ibidem, p. 811. 430 Ibidem, p. 812

d’inventaire. Quelques années plus tard on retrouve les mêmes principes d’écriture dans la présentation de la Belgique.

L’article Belgique, annoncé en 1879 dans l’article princeps Géographie de Foncin, aurait été soit oublié, soit décidé ultérieurement à la publication de la lettre « B », ce qui expliquerait sa publication dans le Supplément en 1887. Le poids de la géographie économique est aussi remarquable dans cet article (tableau 6), elle représente la plus grande partie de la description du pays (57 % du texte).

Tableau 6. Le plan descriptif de l’article Belgique

Belgique: Géographie Nombre de

mots % de mots au sein de la monographie géographique Préambule 34 1,2% 1. Géographie physique 577 20,2%

2. Géographie agricole et industrielle 1642 57,5%

3. Géographie politique 603 21,1%

Total de l’article 2856 100,0%

Ici, comme dans les articles précédents Gaston Meissas développe des analyses en allant du général au particulier. Ainsi il présente les régions agricoles avant leurs productions :

Régions agricoles. Ardennes . […] Région limoneuse. […] Région sablonneuse. […] Polders. - Au nord du pays de Waes s'étend la région des polders. Ce sont des terres basses et unies, sur lesquelles chaque marée refoulait les eaux de l'Escaut. Fertilisées par les dépôts du fleuve, elles sont devenues d'excellents pâturages, quand elles ont été mises à l'abri des inondations de l'eau salée à l'aide de digues.

Productions agricoles. - La Belgique est fort bien cultivée. Les bois n'y occupent que la sixième partie du territoire, les bruyères la dixième, les terres en jachères la treizième. Les Flandres, le Brabant, le Hainaut sont les provinces les plus fertiles. Elles produisent surtout des céréales, du chanvre, du lin, du colza, des betteraves, des pommes de terre et du houblon. Cependant la Belgique ne récolte pas assez de blé pour

nourrir sa nombreuse population. […]

(G. Meissas.)431

Cette démarche peut aussi recouvrir un primat du spatial sur l’économique ; car les dimensions proprement spatiales sont fortement présentes dans ces descriptions qui sont loin d’être de simples inventaires. Gaston Meissas explique les localisations industrielles :

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