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Les exercices de géographie dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson ; la difficulté d’échapper au questionnaire et au calcul

Les nouveaux paradigmes de la géographie scolaire

1. La méthode intuitive et la géographie

1.2. Les exercices de géographie dans les Dictionnaires de Ferdinand Buisson ; la difficulté d’échapper au questionnaire et au calcul

Des exemples d’applications pédagogiques accompagnent les premières monographies géographiques publiées à la lettre A du Dictionnaire, d’Afrique à Australie. Ainsi, l’article

Allemagne est suivi par un « questionnaire géographique » sur le mode catéchistique (mais

sans les réponses), puis d’une série de « problèmes géographiques ». Ces deux rubriques correspondent à des approches fort contrastées. Les « questions géographiques » renvoient à des inventaires, des énumérations, à une connaissance factuelle, tandis que les « problèmes géographiques » se situent, au moins implicitement, dans le cadre d’une géographie problématisée, appliquée à la confrontation entre la France et l’Allemagne. L’objectif implicite apparaît néanmoins de façon transparente, le problème géographique consistant à suggérer des réponses qui visent à aider la France à combler ses retards sur l’Allemagne, sur le plan démographique, sur celui de ses infrastructures de transports et des échanges.

Allemagne […]

Questions géographiques. — 1. Sur la géographie physique. — De quel côté l’empire

d’Allemagne a-t-il des frontières naturelles ? — Énumérer en partant du nord-ouest les États qui l’entourent. — Est-il plus ou moins peuplé, plus grand ou plus petit que la France ? — Climat. En combien de versants se partagent les eaux de l'Allemagne ? — Quels sont les principaux bassins de chaque versant ? — Quelles sont les principales villes d’Allemagne situées sur : le Rhin ? — l'Elbe, etc. ? – Quels sont les principaux affluents coulant en Allemagne du Rhin, de l’Elbe ?

Quels sont les principaux ports de l’Allemagne ?

2. — Sur la géographie agricole et industrielle. — Quels sont les principaux produits de l’agriculture ? — Les eaux minérales les plus fréquentées ?

Quels sont les principaux centres manufacturiers ? — Qu’y fabrique-t-on ?

3. — Sur l’ethnographie. — Quelles sont les diverses races formant la population de l’Allemagne ? — Dans quelles contrées étrangères la langue allemande est-elle parlée ?

4. — Sur la géographie politique. — Quelles sont les religions suivies en Allemagne ? — Les attributions du gouvernement impérial ? — Les principales universités allemandes ? — De quels États se compose l’empire.

Les « questions géographiques » sont telles que les réponses ne peuvent être que des listes de mots, des informations factuelles. Aucune argumentation n’est attendue. Ce qui ne signifie pas que ces listes n’aient pas de sens. On voit bien ici qu’elles convergent vers une prise de conscience de la puissance de l’Allemagne. Il en est de même pour les « problèmes géographiques » qui suivent. L’objectif de connaissance est implicitement la comparaison de la France et de l’Allemagne. La technique consiste en une série de calculs. Est-ce une affirmation du caractère polyvalent de l’enseignement à l’école primaire, est-ce l’occasion aussi de souligner son caractère pratique ?

Problèmes géographiques. — La population et la superficie de la France sont de 36 900 000

habitants et de 528 800 kilom. carrés ; celles de l’empire d’Allemagne, de 42 700 000 habitants et de 540 000 kilom. carrés.

1° Quelle serait la population de la France, prise dans ses limites actuelles, si elle était aussi dense que celle de l’Allemagne ? (Rép. : 41 760 000.) — Quelle serait la population de la France, si elle était aussi étendue que l'Allemagne, sans que la densité de sa population eût augmenté ? (Rép. : 37 800 000.)

2° Il y a en Allemagne 29 150 kilom. de chemin de fer en exploitation, et en France 22 670. Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer par 10 000 kilom. carrés de superficie en Allemagne ?- en France ? (Rép. : 540 en Allemagne ; 429 en France.)

Combien y a-t-il de kilom. de chemin de fer pour 10 000 habitants en Allemagne ? – en France ? (Rép. 6k,8 en Allemagne ; 6k,1 en France.)

Combien la France devrait-elle construire de kilom. de chemins de fer pour en avoir autant que l’Allemagne ? 1° Relativement à sa superficie ? Relativement à sa population ? (Rép. 1° 5 680 kilom. ; 2° 2 495 kilom.)

3° Il y a en Allemagne 8 366 bureaux de postes distribuant 596 000 000 de lettres et en France 5 117 bureaux distribuant 350 000 000 de lettres. Combien de kilom. carrés de superficie et combien d'habitants un bureau de poste doit-il desservir en Allemagne ? en France ? — (Rép. :63 kilom. carrés en Allemagne ; 102 kilom. carrés en France.)

Combien s’expédie-t-il de lettres par tête en Allemagne ? en France ? (Rép. — 13,9 en Allemagne ; 9,5 en France.)

Quelques pages plus loin, l’article Afrique propose, après la signature de Gaston Meissas, des conseils pédagogiques beaucoup plus complets, se souciant de la compréhension de l’élève, conseillant l’usage du tableau noir, des cartes et des croquis (renvoi est fait à l’article Exercices cartographiques). Les « questions géographiques » ne sont pas une simple liste de questions, comme dans l’article Allemagne. Elles sont accompagnées de réponses pédagogiquement commentées. Elles n’abordent pas seulement la géographie physique ou administrative, mais aussi les questions économiques à travers des études de cas imaginaires de voyages de navires de commerce.

Les questions les plus catéchistiques portent sur l’hydrographie : « En combien de versants

se partagent les eaux de l’Afrique et lesquels ?… ». D'autres questions portent sur des

transports imaginaires de marchandises ou des comparaisons de distance, elles relèvent certainement d’une volonté d’innovation et de « concrétisation », mais semblent bien difficiles : « On charge un vaisseau à Marseille, un autre à Liverpool, un troisième à Brême

pour aller faire échange de marchandises sur différents points de la côte d’Afrique. Qu’emporteront-ils et que rapporteront-ils ? ».

Afrique. […]

MODELES D'EXERCICES GÉOGRAPHIQUES

Dessin de la carte au tableau noir. — Voir. Cartographie dans la Ire PARTIE, et Cartes dans la IIe.

Questions géographiques. – 1° Sur la configuration. — On met sous les yeux des élèves une

carte d'Afrique (murale ou dessinée au tableau noir, ou dans l'atlas), et on leur demande à quoi elle ressemble. — Faire un accueil encourageant à des réponses diverses qui prouvent que l’enfant a saisi par lui-même une ressemblance même grossière. Les uns parleront de poire, d’autres de cerf-volant, pour plus de précision le maître peut envelopper les contours de l'Afrique sur la carte par un triangle à l’envers ayant pour sommet le cap des Aiguilles et pour base la Méditerranée ; il atteindra plus d'exactitude en traçant un heptagone dont le côté S.-E., partant du cap des Aiguilles, s'étend le long de la mer des Indes jusqu’au cap Gardafui ; le côté suivant va du cap Gardafui au détroit de Bab el Mandeb ; le troisième borde la mer Rouge jusqu'au canal de Suez ; le quatrième va du canal de Suez à Gibraltar ; les cotés de l’ouest vont respectivement de Gibraltar au cap Vert ; du cap Vert au fond du golfe de Guinée, et le dernier du fond de ce golfe au Cap des Aiguilles. 2° Sur la position. — Fixer les idées des élèves par des questions qui les obligent à regarder et à réfléchir : L’Afrique est-elle dans l'hémisphère boréal ou dans l'hémisphère austral ? — Dans lequel des deux est la majeure partie de sa superficie ? — L’équateur la traverse dans l'endroit où elle atteint sa plus grande largeur de l'est à l’ouest ? — Quels sont les grands lacs et les fleuves principaux qu'il coupe ? — Sous quel degré de latitude. l'Afrique atteint-elle sa plus grande largeur de 1’est à l'ouest (sous le 11e degré de latitude N.) ? — Est-ce le tropique du Cancer ou celui du Capricorne qui traverse l'Afrique dans sa plus grande étendue ? — Quels sont les deux déserts situés précisément sous les deux tropiques ? — Lequel est le plus grand ?

3° Sur les côtes. — Faire faire aux élèves, d'abord avec la carte, plus tard sans la carte, un voyage de circumnavigation de l'Afrique, en indiquant l’embouchure des fleuves qu’on rencontre, les caps, les principaux établissements européens.

4° Sur l’hydrographie et l’orographie. — En combien de versants se partagent les eaux de l’Afrique et lesquels ? Quels sont les plus grands bassins fluviaux ? — Quelles sont les parties les plus basses, quels sont les points élevés de toute l'Afrique ?

5° Sur les produits. — On charge un vaisseau à Marseille, un autre à Liverpool, un troisième à Brême pour aller faire échange de marchandises sur différents points de la côte d'Afrique. Qu’emporteront-ils et que rapporteront-ils ?

Réponse. — Le premier portera de Marseille, en Algérie des machines, des fers à construction, du sucre raffiné, des toiles, des meubles, et rapportera au retour des fruits, des primeurs, du bétail, des grains, du minerai de fer, des marbres, des peaux. Il ira porter à la côte de Guinée des cotonnades, des verroteries, des perles, de petits miroirs, des couteaux, de la quincaillerie, des armes de rebut, des liqueurs pour les Nègres, des costumes de parade pour flatter l'amour-propre des chefs, et il en rapportera des arachides et de l'huile de palme pour approvisionner les savonneries de Marseille, de la poudre d'or qui se vend partout. Au Cap il chargera du vin. À la Réunion, il pourra porter des articles de modes françaises, des meubles, des machines et charger des sacs de sucre et de café. À Zanzibar, il prendra de l'ivoire ; en Egypte, du coton, du sucre, des grains.

Le navire anglais de Liverpool aura sur les autres navires l'avantage de pouvoir emporter la cotonnade de Manchester, qui est la moins chère de toutes, et qui aura partout son écoulement, comme les liqueurs, les armes et la poudre. Au Maroc, il prendra des peaux, à la côte de Guinée des arachides, de l'huile de palme ; au Cap, des laines ; à Maurice, du sucre ; à Zanzibar, de l'ivoire ; à Socotora, de l'aloès ; en Algérie, de l'alfa, des minerais ; à Madère et aux Açores, des oranges.

Le navire allemand emportera des cotonnades, de la bimbeloterie à bon marché, et ira chercher des graines oléagineuses, du riz, de l’indigo, à la côte de Guinée et au Gabon ; des laines, au Cap, etc. 6° Sur les distances comparées. — La ville du Cap est-elle plus loin de Calcutta que de Liverpool ? — (R. : De Liverpool).

En partant du cap de Bonne-Espérance et allant toujours à l'ouest, en restant à peu près à la même latitude, où irait-on ? — A Buenos-Ayres. — Et à l'est ? — A Adélaïde, dans l'Australie méridionale, et à Melbourne.

De deux navires suivant ces deux routes, lequel arrivera le premier ? — Celui de Buenos-Ayres. L’île de Sainte-Hélène est à 1 750 kilom. de la côte d'Afrique. Indiquez une distance équivalente dans la mer Méditerranée. — (R. : De Gibraltar à Messine, ou de Messine à la côte de Syrie, au fond de la Méditerranée).

Les « problèmes géographiques » proposés ensuite présentent deux traits marquants. Ils systématisent le procédé de la comparaison entre l’Afrique et la France, entre l’Afrique et l’Europe. Ils font de la géographie la matière d’exercices de calcul. Nous sommes toujours ici dans la logique d’un enseignement primaire fait par des maîtres polyvalents. La géographie, discipline scolaire, voit son rôle propre conforté par la matière qu’elle offre à un savoir primordial : le calcul. Pourtant la géographie n’est pas une discipline auxiliaire des mathématiques, une simple matière à exercice de calcul pratique.

Néanmoins, l’exercice reste formel et on le qualifierait abusivement de « concret ». « Le Nil

a environ 6500 kilom. de longueur. Combien de fois est-il plus long que la Seine, qui a 77600 mètres ? ». Une telle comparaison ne semble guère avoir d’intérêt pratique, il ne

s’agit que d’un procédé didactique qui reste en fait très artificiel. Mais les calculs induisant une comparaison de la durée du voyage par le cap de Bonne Espérance et par le canal de Suez, outre qu’ils peuvent alimenter les rêves des jeunes lecteurs de Jules Vernes soulignent aussi l’efficacité de la technique.

Problèmes géographiques. — La France a une superficie de 529 000 kilom. carrés, l’Afrique de

30 200 000. Combien de fois la France est-elle tenue dans la superficie de l'Afrique ? — (R. : 56 fois).

L'Europe a une superficie de cent mille myriamètres carrés. Combien de fois est-elle plus petite ? L’Europe, pour une superficie de 10 000 000 kilom. carrés, nourrit 325 700 000 habitants. Si la population de l’Afrique avait la même densité, combien entretiendrait-elle d’habitants ? – (R . : 983 614 000 hab.) — Elle n'en a que 207 000 000 environ. — Quelle est la densité moyenne de la population par kilom. carré. — (R : 6,9)

Les cinq parties du monde comptent ensemble 1 439 000 000 d'habitants environ, quelle part occupe l'Afrique dans cette population totale ? ( R : 14 p. 100, ou environ le septième).

Le Nil a environ 6 500 kilom. de longueur. Combien de fois est-il plus long que la Seine, qui a 77600 mètres ? — (R. : plus de 8 fois) ?

Pour aller de Gibraltar à Calcutta en faisant le tour de l'Afrique, un vaisseau faisant 500 kilom. par jour mettait 42 jours ; par le canal de Suez, le même vaisseau n'a que 12 000 kil. de route ; en combien de temps le fait-il ? — (R. : 24 jours). — Si la dépense moyenne de combustible est de 2 500 fr. par jour de vingt-quatre heures, quelle sera l’économie réalisée ? (R. : 45 000 fr.)

On évalue la population de Madagascar à 4 000 000 d'habitants, et sa superficie à 592 000 kilom. carrés. Si cette île était relativement aussi peuplée, que l'Angleterre, qui renferme 150 habitants au kilom. carré (sans compter l’Ecosse et l'Irlande), quelle serait sa population ? — (R : 88 800 000 hab.)

Le cap de Bonne-espérance étant sous le 37° degré de lat. sud et le cap Horn sous le 57°, quelle est la distance de l’un et de l'autre au pôle sud ? (R. : 5 830 kilom. pour le cap de Bonne-Espérance et 3 630 pour le cap Horn, le degré valant environ 110 kilom.)

Ce double souci de proposer au lecteur des exemples de l’intérêt pratique de la géographie et de la possibilité de l’associer à l’enseignement d’autres contenus, en particulier les mathématiques, apparaît d’évidence dans un dictionnaire pédagogique ayant une partie « pratique ». Pourtant le renoncement à faire suivre les monographies géographiques par des propositions d’exercice est précoce. Les suggestions pédagogiques ne dépassent pas la lettre A de la 2e partie du Dictionnaire. Elles concernent l'article Australie, mais s'arrêtent dès septembre 1878, avant l’article Autriche. La volonté de réduire un projet éditorial, qui prenait de plus en plus d’ampleur, explique probablement la suppression de ces suggestions pédagogiques venant comme des post-scriptum après les monographies géographiques.

Ces exercices confortent l’image d’une géographie moderne et pratique. Les questions d’inventaire rappellent les questionnaires d’enquête que Pierre Foncin élaborait à la même époque pour les capitaines de navire dans le cadre de ses travaux de géographie commerciale. Dans l’ensemble de ces exercices, les connaissances sur l’agriculture et l’économie occupent la plus grande place. C’est aussi ce qui apparaît dans les programmes scolaires des autres pays tels qu’ils sont repris après l’article Géographie (DP1) : (programmes de Belgique, du pays de Vaud, de l’école de Saint-Louis du Missouri 5e et 6e année). L’accent y est mis sur le commerce et les échanges. Cette géographie est ouverte sur le monde et, à l’instar de Levasseur, elle est clairement libre-échangiste :

[…] En général, les taxes sont rares à l'exportation ; elles sont aujourd'hui à peu près nulles en France. Elles sont diversement réparties à l'importation, suivant que la législation douanière s'inspire du système restrictif, qui, impose des prohibitions et des droits protecteurs, ou du système de la liberté commerciale, qui n'admet que les droits fiscaux. Le premier système, se préoccupant moins de l’intérêt du Trésor et de la consommation que de l’intérêt particulier de certaines industries nationales, oppose aux produits analogues de l'industrie étrangère une défense absolue, d'entrer ou des droits assez élevés pour en restreindre la vente en les faisant renchérir, afin de réserver ainsi l'avantage à ces industries nationales sur le marché intérieur. Le second système, se préoccupant surtout de l’intérêt général des consommateurs, sans toutefois abandonner l’intérêt du Trésor public, met sur les marchandises importées des droits légers, afin qu'elles puissent entrer en grande quantité, fournir largement le marché, stimuler par la concurrence les manufactures nationales à faire mieux que l'étranger et rémunérer le Trésor par la perception d'un très grand nombre de petites taxes.

[…] La liberté commerciale profite non seulement au commerce, qu'elle développe, mais à l'industrie nationale prise dans son ensemble, à laquelle elle fournit des débouchés plus larges par l'accroissement de l'exportation, en même temps que la consommation qu'elle approvisionne plus copieusement. Envisagée au point de vue des droits du producteur, elle signifie liberté du travail et égalité ; au point de vue des résultats généraux de l'échange, elle signifie facilité des débouchés et extension du marché.

(E. Levasseur.)496 Grâce au commerce, Levasseur présente comme intimement liés le développement des

échanges et l’enrichissement ; l’augmentation de la division du travail et l’accroissement de l’activité laborieuse des hommes ; la colonisation, la connaissance mutuelle entre les peuples et la meilleure connaissance de la Terre.

[..] On peut résumer de la façon suivante les principaux avantages que le commerce procure aux hommes et à la civilisation :

1° En apportant chaque chose à l'endroit précis où elle est le plus recherchée, il accroît par ce seul fait la somme des utilités partout où il agit ;

2° Il est la condition nécessaire de la division du travail, qui est elle-même la condition nécessaire d'une production abondante ; le commerce extérieur donne même naissance à de nombreuses industries qui n'existeraient pas sans lui, faute de matière première, telle que la fabrication des cotonnades en Europe ;

3° Il tend à augmenter l'activité laborieuse des hommes, non-seulement par les industries dont il provoque l'établissement, mais par les jouissances nouvelles qu'il offre et qui ne peuvent être obtenues qu'au prix du travail ;

4° En établissant des relations fréquentes entre diverses contrées, il apprend aux peuples à se connaître, et il contribue à les éclairer les uns par les autres ;

5° En stimulant les découvertes maritimes, il a enseigné à 1'homme à mieux connaître la terre, son domaine ;

6° En lui faisant connaître la terre, il l'invite à en prendre possession par la colonisation. C'est ainsi que les États-Unis et une partie de l'Australie sont devenus des centres importants de population et des foyers nouveaux de civilisation dans le monde ;

7° Le commerce lui-même ne peut se développer qu’à l'aide de moyens de communication faciles, rapides et économiques. C'est le génie du commerce qui a suscité la navigation à vapeur et les chemins de fer.

(E. Levasseur.)497 La géographie est la matière scolaire qui va diffuser auprès des jeunes cette conception du monde498 ; ne serait-ce que parce que les principaux acteurs de la politique scolaire et les principaux auteurs de géographie scolaire partagent cette vision du monde ; ainsi Foncin qui, rappelons le, participe à la fondation de l’Alliance française en 1883 et en devient par la suite son président.

L’importance des échanges commerciaux apparaît aussi dans de nombreux autres programmes, celui des écoles du canton de Vaud ou celui des cinquième et sixième années de l’école de Saint-Louis du Missouri499. Idéologie globale, cette géographie économique se décline à l’école primaire au travers d’exercices très pratiques ; tels ceux apprenant au jeune écolier à se déplacer avec les moyens modernes de transport : « Exercer les élèves à se saisir

du Guide officiel des voyageurs sur les chemins de fer de Belgique. »500 invite le programme de géographie de Belgique.

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