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Dans son ouvrage consacré entièrement à la chrématonymie polonaise, française et italienne, Gałkowski (2011 : 43) constate que l’onomastique française ne prête presque aucune attention à l’étude des chrématonymes. Nous ne pouvons pas être entièrement d’accord avec l’auteur9. Citons Curat :

« Les noms propres se classent par le type de référent qu'ils nomment : toponymes (Londres, la France, Oberon), anthroponymes (Pierre, Rougeon), gentilices (les Nambikwara), hydronymes (la Seine, le Pacifique). Mais au-delà de ces types, des êtres variés ont des noms propres : Bucéphale (cheval), Aldébran (étoile), Thor (dieu), Durandal (épée), Enola Gay (avion), etc. ». (Curat 1999 : 255)

Ainsi, les différents types de noms propres sont étudiés dans la langue française sans être soumis à une terminologie. Ce qui peut être trompeur, c’est le fait que le terme chrématonyme n’apparaît pas dans les publications françaises. On le rencontre pourtant dans le dictionnaire spécialisé de Dorion, Poirier (1975) qui est un dictionnaire du lexique québecois, et où l’on trouve ce terme en tant que nom commercial.

9 Nous sommes d’accord avec Gałkowski uniquement dans la mesure où il constate que les linguistes francophones étudient les types de noms propres qui ne sont ni des toponymes ni des anthroponymes, comme les titres des œuvres artistiques, etc. Il s’agit par exemple de Humbley (2000) ou Bosredon (1997).

Ajoutons encore Humbley (2006), Cislaru (2005) qui étudie les noms des institutions et les noms de pays, en les mettant en parallèle, les deux ayant des propriétés linguistiques très proches ; l’ouvrage remarquable de Vaxelaire (2005) sur les noms propres en général est une analyse dans une approche lexicologique.

De plus, les noms propres que généralement les linguistes slaves appellent les chrématonymes, selon la terminologie mentionnée ci-dessus, sont appelés par les linguistes français ergonymes (du grec ergon, qui signifie « travail, force »). Ce fait peut donc mener à des incompréhensions. Nous renvoyons les lecteurs aux publications de Maurel et Tran (2005) ou de Daille et al. (2000) sur la description des termes des noms propres dans la langue française10.

Nous observons une autre incompatibilité dans le terme de microtoponyme.

Comme le dit Camproux (1982) : « Quand on ne précise pas, on emploie généralement le terme de toponymie pour désigner l'ensemble des lieux habités d'un pays : dans cet emploi, toponymie s'oppose alors à microtoponymie ». La tradition française onomastique comprend par le terme « microtoponymes » les noms de lieux non-habités, tandis que la tradition onomastique polonaise (et slave) utilise aussi pour ce type de noms le terme « anoïkonymes ». Le terme ayant un sens opposé, oïkonyme, largement utilisé pas les toponymistes slaves, n'est pas populaire parmi les toponymistes francophones ni anglophones. Par conséquent, il a été proposé de le supprimer du glossaire de GENUNG, lors de la dernière session du groupe de travail sur la terminologie11, en faveur du terme « nom d'un lieu habité » ou « nom d'habitat », pour garder une terminologie conforme avec le glossaire de ICOS. Ce terme a son équivalent dans la langue polonaise en tant que « miejscowość ». Dans les publications scientifiques de l'onomastique slave on utilise uniquement le terme d'oïkonyme et rarement « nazwa miejscowa », et par conséquent nous allons le garder ici.

Il existe des incompatibilités dans l’étendue du terme d’ « oronymie ». Ce terme est utilisé par les onomasticiens slaves dans un sens assez restreint. Il concerne uniquement les élévations du territoire au-dessus du niveau de la mer. Dans ce sens-là les oronymes sont uniquement les noms des montagnes et des formes du relief qui s’élèvent au-dessus de la surface des mers et des océans. Tandis que les noms de montagnes formées au fond des océans ne sont pas des oronymes. Cette question a fait partie du débat au sein de la commission polonaise de la toponymie Komisja

10 La publication en question contient une classification du nom propre pour des besoins du traitement informatique : Béatrice Daille, Nordine Fourour & Emmanuel Morin « Catégorisation des noms propres : une étude en corpus » dans : Cahiers de Grammaire 25 (2000), « Sémantique et Corpus », pp. 115-129.

11 Session des groupes de travail GENUNG sur les exonymes et la terminologie, Corfou, 23-25 mai 2013.

Standaryzacji Nazw Geograficznych poza Granicami Rzeczypospolitej Polskiej - KSNGN) et du groupe de travail de GENUNG sur la terminologie.

Le terme français oronyme inclut par contre les montagnes sous-marines. Puisque nous allons travailler sur les noms géographiques de la Pologne, nous allons suivre la nomenclature des organes toponymiques de la Pologne.

Pragmonyme (praxonyme) un terme français pour les noms propres d’événements (fêtes, mais aussi catastrophes naturelles) a dans la terminologie slave plusieurs équivalents : anemonyme (grec anemos – le vent), le nom propre des vents, ouragans, orages et tempetes ; chrononyme, le nom propre d'époques, de fêtes et festivités ; aktionyme, le nom propre d'événements historiques.

Il existe encore dans la terminologie française le terme de polémonyme12, le nom propre de bataille, que nous n’avons pas rencontré en étudiant la terminologie slave.

Ensuite, choronyme – qui, selon la caractéristique slave, est un nom de pays et de région dans la nomenclature franco-canadienne est caractérisé ainsi : « Une branche de la toponymie, baptisée « choronymie » étudie les noms de lieux sous l’angle du contact des langues et elle s’est développée au sein des recherches canadiennes sur le bilinguisme »13.

La dernière rectification que nous sommes obligée de faire concerne l'orthographe du terme odonyme, qu'on peut rencontrer en tant qu'hodonyme. Ceci vient d'une confusion dans la translittération de l'alphabet grec ὁδός – hodós. Les tendances actuelles montrent que la deuxième version n'est plus utilisée dans la langue française.

On peut la rencontrer dans les anciennes publications toponymiques polonaises.

12 Terme cité d’après Marie-Anne Paveau (2008), (2009).

13 Terme trouvé chez Val Juliàn (2011), qui évoque le travail de Henri Dorion, Place Names and Language Contact, Québec, Presses de l’université Laval, 1972.