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PARTIE II TOPONYMIE APPLIQUÉE

Chapitre 3 : Les toponymes et le bon usage de la langue

3.3. Normalisation au niveau international – le GENUNG

Photo 5 Photo 6

Photo 4 représente un toponyme polonais et kachoube, photo 5 un toponyme polonais et biélorusse et photo 6 un toponyme polonais et allemand (auteur : Maciej Zych KSNG).

3.3. Normalisation au niveau international – le GENUNG

La normalisation des noms géographiques au niveau international a été créée en réponse à la mondialisation, mais les facteurs qui font que la globalisation et la mondialisation se développent aussi rapidement sont les mêmes que ceux qui sont mis à contribution pour servir au projet de normalisation, c’est-à-dire les médias et aujourd’hui surtout, Internet.

Pour le besoin de la normalisation des noms géographiques, l’Organisation des Nations Unies a créé le Groupe d’experts des Nations Unies sur les noms géographiques.

Ce groupe comprend des experts de la toponymie, des cartographes, des géographes, des historiens, des linguistes, des spécialistes de l’aménagement du territoire et des géomètres. Selon les experts du GENUNG « l'usage uniforme de noms exacts de lieux (est un) élément essentiel d’une bonne communication dans le monde entier, concourt au développement économique et social et aide à protéger les sites et les infrastructures nationales ». Les membres de GENUNG sont aussi rattachés aux institutions nationales cartographiques, géographiques, hydrographiques, etc., ainsi qu’internationales, comme ICOS, OHI, ISO - l'Organisation internationale de normalisation qui a attribué les codes aux noms géographiques, aux unités administratives, et même à toutes les lettres des alphabets et signes d'écriture.

Même si ce projet peut paraître novateur, Helen Kerfoot, l’ex-présidente de GENUNG, place le début des travaux sur la normalisation toponymique internationale même avant les années ’40 quand le Conseil économique et social de l’ONU a pris la tutelle des services cartographiques98. La discussion autour de la normalisation au niveau international a eu lieu dans les années ’50 et a donné comme résultat la convocation en 1960 d'un groupe de six personnes, experts de la normalisation99. Les premiers travaux sur normalisation concernaient une normalisation au niveau national et la transposition des noms géographiques au niveau international.

Depuis, les Conférences de l'ONU sur la normalisation des noms géographiques ont lieu tous les cinq ans et elles sont accompagnées des sessions du GENUNG qui ont lieu tous les deux ans. Jusqu’à aujourd’hui, il y a eu dix Conférences de l’ONU sur la normalisation des noms géographiques. La dernière, à laquelle nous avons assisté, s’est déroulée à New York du 31 juin au 10 août 2012.

GENUNG publie une documentation destinée aux sessions sur les noms géographiques et aux Conférences des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques. Ce sont des rapports techniques sur des questions spécifiques préparés par les experts des pays membres, ainsi que des groupes de travail100 ». Le GENUNG a

98 GENUNG Manuel de normalisation nationale des noms géographiques (2007) avant-propos de Helen Kerfoot, p. iii

99 Selon certains experts, la question de la normalisation a pu être soulevée bien plus tôt, mais ce n’est que lors du cinquième Congrès géographique international, tenu à Berne (Suisse) en 1891, que le géographe allemand Albrecht Penck a proposé d’appliquer le concept sur une base mondiale. Il a lancé l’idée d’une carte mondiale sur l’échelle 1:1 000 000, non seulement avec des projections, des symboles et des représentations graphiques mais aussi des propositions tendant à normaliser l’écriture des noms géographiques (Henseler, 1992, par. 4 et 5 dans : GENUNG 2007).

100 Désormais, les documents sont mis à la disposition d’un public plus large sous forme de fichiers PDF sur le site Web du Groupe d’experts.

publié également plusieurs manuels et glossaires servant à la normalisation internationale des noms géographiques, appelée en anglais standardization et en polonais standaryzacja. Les publications du GENUNG sont parues en six langues officielles de l'ONU parmi lesquelles le polonais ne compte pas. La commission polonaise a donc élaboré les équivalents des publications du GENUNG en polonais101.

La Commission de Standardisation des Noms Géographiques hors du Territoire de la Pologne (Komisja Standaryzacji Nazw Geograficznych poza Granicami Rzeczypospolitej Polskiej – KSNG) a une fonction représentative auprès le GENUNG et informatives en six langues officielles de l’ONU. Le Glossaire de termes pour la normalisation des noms géographiques élaboré par le Groupe d’experts par l’entremise du Groupe de travail sur la terminologie toponymique, dont les activités sont coordonnées par Naftali Kadmon Manuel de normalisation des noms géographiques, et Technical reference manual for the standardization of geographical names, publiés par l’Organisation des Nations Unies en 2007.

Les groupes de travail publient des recueils d'articles présentés lors de leurs sessions. Suite à notre participations aux sessions du groupe de travail sur les exonymes, nous avons publié l'article concernant les exonymes français pour des noms de lieux en Pologne dans The Great Toponymic Divide (Woodman : 2012).

101 Par exemple : Słownik terminów używanych przy standaryzacji nazw geograficznych (Glossary of Terminology used in the Standardization of Geographical Names), Komisja Standaryzacji Nazw Geograficznych poza Granicami Polski przy Ministerstwie Edukacji Narodowej, wyd. Główny Urząd Geodezji i Kartografii, Warszawa 1998.

102 En 2007 la Commission de Standardisation des Noms Géographiques hors de Territoire de la Pologne, avec le vice-président Andrzej Markowski, a publié une liste des Nazwy państw świata, ich stolic i mieszkańcow (Noms de pays, leurs capitales et leurs habitants).

En 2011 la Commission a publié une liste officielle des pays intitulée Liste des noms de pays et territoires non autonomes : Urzędowy wykaz nazw państw i terytoriów niesamodzielnych, Komisja Standaryzacji Nazw Geograficznych poza Granicami Rzeczypospolitej Polskiej przy Głównym Geodecie Kraju, Główny Urząd Geodezji i Kartografii, Warszawa, 2011.

Actuellement, la Commission de Standardisation des noms géographiques hors du territoire de la Pologne prépare de nouvelles publications, qui constituent un travail inverse par rapport aux publications précédentes. Il s’agit de la normalisation des noms géographiques du territoire de la Pologne actuelle à l’étranger. Les publications seront écrites dans les langues étrangères et en polonais. Il y aura un volume par langue. Jusqu’à présent les travaux ont été menés en langue russe. On prévoit prochainement la publication pour la langue anglaise, allemande française et espagnole.

Montréal en 1987, les pays sont censés publier des guides toponymiques concernant leur propre nomenclature toponymique. Le but de ces publications est de rendre la toponymie d'un pays donné visible et lisible sur les cartes, ainsi que de faciliter aux cartographes étrangers la compréhension des règles de la nomenclature géographique.

En 1993 la commission polonaise a publié The Polish toponymic guidelines, dont la version la plus récente date de l'année 2010103. On y trouve toutes les informations sur des noms géographiques polonais concernant la langue elle-même, l'histoire de la normalisation, ainsi qu'une liste exhaustive des publications de la commission. C’est à cette publication que les locuteurs des langues étrangères devraient se référer en employant les toponymes polonais.

La Commission de Toponymie du CNIG représente la France auprès du GENUNG. Elle mène une très étroite collaboration avec la Commission de Toponymie du Québec en préparant ensemble des documents techniques en tant que division francophone de GENUNG. L’institution la plus impliquée dans la normalisation des noms géographiques est notamment l’IGN puisqu’elle publie des cartes officielles, pas uniquement de la France, mais aussi du monde en deux versions linguistiques : française et internationale.

Dans la première version, on utilise les toponymes français, même pour les noms étrangers (donc des exonymes français) et dans la deuxième on utilise les formes locales (endonymes) et des systèmes de translittération, en respectant les signes annexes (comme les diacritiques).

3.4. Recommandations de la Commission nationale de la toponymie