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Recommandations de la Commission nationale de la toponymie sur les exonymes sur les exonymes

PARTIE II TOPONYMIE APPLIQUÉE

Chapitre 3 : Les toponymes et le bon usage de la langue

3.4. Recommandations de la Commission nationale de la toponymie sur les exonymes sur les exonymes

Ce qui est important pour l'analyse de notre corpus, ce sont les recommandations concernant le traitement des toponymes étrangers dans la langue française publiées par la Commission nationale de la toponymie. Nous allons les citer :

103 Toponymic Guidelines of Poland for Map Editors and Other Users, 2010 (consulté le 22 octobre 2014), http://ksng.gugik.gov.pl/english/tgp.php

« Recommandations en matière de traitement en français des toponymes et des noms d’habitants des pays étrangers adoptées le 30 novembre 2000104

(...) 1)

i) De dresser une liste des principaux toponymes mondiaux (noms d’États, noms des capitales nationales, etc.) en indiquant pour chaque nom : la forme dans la ou les langues officielles (translittérée* si l’alphabet n’est pas latin), la prononciation dans la langue officielle (en A.P.I.*), la forme française recommandée, la prononciation française recommandée (en A.P.I.*). On complétera cette liste par le nom français donné aux habitants du pays et de la capitale. Cette mission relève des compétences de la Commission nationale de toponymie.

ii) De conserver pour toutes ces catégories de noms les formes françaises existantes.

iii) En l’absence d’exonyme français attesté, d’utiliser la ou les formes locales actuellement en usage, avec leurs signes diacritiques pour les noms écrits en alphabet latin, les autres noms étant translittérés ou transcrits* selon des principes définis.

iv) De créer, pour les noms d’habitants d’États ou de capitales n’ayant pas d’équivalent français usuel, un nom formé soit sur une périphrase (« les habitants de... »), soit sur le nom originel muni d’un suffixe ethnique français. Il convient d’éviter tout néologisme pouvant prêter à confusion ou incompréhension.

v) D’utiliser les signes diacritiques* français pour les seules formes françaises existantes.

2)

i) De considérer ladite liste comme texte de référence pour tout organisme officiel.

ii) D’inviter les organismes officiels à utiliser les noms portés sur ladite liste, à usage tant interne qu’externe.

iii) De les inviter à privilégier les formes françaises y figurant.

iv) D’inviter les organismes officiels producteurs de cartes géographiques à utiliser, pour tout nom étranger, la forme dans la langue officielle et la forme française, avec deux typographies différentes.

3)

i) De faire connaître auprès de tout public (média et autres) l’existence de la dite liste, de publier et de la diffuser largement.

ii) De faire prendre conscience au public de la coexistence langagière de deux systèmes linguistiques différents pour désigner des nations, des ressortissants, des capitales, des

104 Texte entier (consulté le 24 mars 2013) :

http://archives.cnig.gouv.fr/Front/docs/cms/cntetrangererecom2000_126960236827382500.pdf

habitants étrangers, contribuant ainsi à une meilleure connaissance des autres populations ».

La Commission a publié des listes de toponymes étrangers dans la langue française, disponibles à tout le public et téléchargeables sur le site de la commission105. Les publications listent des noms français des objets étrangers, comme la publication Pays et capitales du monde qui est mise à jour annuellement et qui comprend les dénominations des pays ou états indépendants reconnus par la communauté internationale, et de leurs capitales. On y trouvera aussi la translittération en caractères latins des noms dans les langues officielles du pays.

La deuxième publication est une liste des entités secondaires, c’est-à-dire des unités territoriales non souveraines dotées d’une certaine importance géopolitique, et la troisième est une mise en forme en français d’une nomenclature des espaces maritimes, constituée à partir d’un projet de l’Organisation Hydrographique Internationale (OHI). Il s’agit de la seule et unique référence en matière de toponymie étrangère dans la langue française.

La question de la normalisation est bien controversée, puisque les noms géographiques, ou les toponymes, ont un statut différent selon les disciplines et les approches. Dans ces publications, l’ONU évite une prise de position sur le statut juridique des pays. Par le mot « pays » on doit comprendre aussi les territoires, villes ou zones.

D'après la 4e résolution de la première Conférence des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques qui a eu lieu en 1967 on a reconnu « que la normalisation nationale des noms géographiques présente pour les diverses nations des avantages économiques et pratiques, » et que « la normalisation nationale des noms géographiques par toutes les nations est la condition préliminaire de toute normalisation internationale »106. Par conséquent, dans chaque pays un organisme

105 http://archives.cnig.gouv.fr/Front/index.php?RID=21 (consulté le 24 mars 2013)

106 « À titre de première mesure en vue de la normalisation internationale des noms géographiques, chaque pays devrait se doter d’un organisme national des noms géographiques :

a) Consistant en un organe permanent ou en un groupe coordonné d’organes ayant des attributions et des instructions nettement définies en ce qui concerne la normalisation des noms géographiques et l’établissement des principes applicables à la normalisation des noms à l’intérieur du pays ;

b) Ayant un statut, une composition, des fonctions et des méthodes qui : i) Soient compatibles avec la structure des pouvoirs publics du pays,

national chargé des noms géographiques a été créé. Ainsi, le GENUNG prône d’abord la normalisation au niveau national, et ensuite, la normalisation internationale.

L'influence sur la normalisation internationale vient aussi de l'Union européenne.

La directive INSPIRE (2007/2/CE) adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne, le 14 mars 2007 recommande d'établir une infrastructure d'information géographique dans la Communauté européenne appelée INSPIRE. Selon cette directive, les institutions responsables de l'information géographique ont créé des infrastructures à usage public permettant l'accès à des services de recherche et de visualisation de données géographiques. Ces projets ont pour but de donner accès aux données géographiques de référence de l'ensemble des territoires des pays de l'UE. Ils sont mis en œuvre par des établissements publics, à la différence de l'application commerciale de Google, qui est le Google Maps.

Ainsi, en Pologne Główny Urząd Geodezji i Kartografii (GUGiK) (l'Office général de géodésie et de cartographie) a créé l'infrastructure geoportal disponible à l'adresse : http://geoportal.gov.pl/aplikacje/geoportal-inspire et l'Institut Géographique National, le géoportail : http://www.geoportail.gouv.fr/accueil . Ces services peuvent servir de références fiables pour ce qui est des toponymes et des données géographiques et cartographiques.

ii) Offrent les plus grandes chances de succès au programme national de normalisation des noms géographiques,

iii) Lui permettent de créer, selon ce qui conviendra, des comités régionaux ou locaux chargés d’une zone ou d’une langue,

iv) L’amènent à se préoccuper des effets de ses décisions sur les services de l’État, les organisations privées et autres groupes et à concilier dans toute la mesure possible les intérêts de ces éléments avec l’intérêt durable de l’ensemble du pays,

v) Lui fassent tirer pleinement parti des services de topographes, cartographes, géographes, linguistes et tous autres experts qui peuvent l’aider à s’acquitter de ses tâches avec efficacité,

vi) Lui permettent d’employer des méthodes d’enregistrement et de publication facilitant la diffusion rapide et étendue, à l’échelle nationale aussi bien qu’internationale, de renseignements sur les noms qu’il aura normalisés.

« Il est recommandé que les pays qui n’ont pas encore commencé à normaliser leurs noms géographiques à l’échelle nationale exercent dès maintenant cette prérogative.

« Il est recommandé en outre que chaque organisme national des noms géographiques informe le service approprié de l’Organisation des Nations unies de sa composition et de ses fonctions, ainsi que de l’adresse de son secrétaire. » voir : http://unstats.un.org/unsd/geoinfo/UNGEGN/docs/1st-uncsgn-docs/e_conf_53_3_fr.pdf

Pour d'autres résolutions qui ont été adoptées par l'ONU voir la liste des publications des conférences : GENUNG http://unstats.un.org/unsd/geoinfo/UNGEGN/conferences.html

Le GENUNG reste une organisation englobant tout ce qui concerne les noms géographiques. Il est divisé en Groupes de travail dont l’objectif est de traiter des questions importantes pour le projet de normalisation et pour les experts.

Lors de la dixième conférence de 2012 à laquelle nous avons assisté, le président du groupe de travail sur les exonymes dont nous faisons partie, a présenté un rapport examinant la division entre l'endonyme et l'exonyme en fonction des aspects

« linguistique, sociologique, culturel, géographique, juridique et politique, et soulignant le rôle joué par la communauté locale dans la désignation des noms de lieux et ses liens avec des accidents géographiques comme critères essentiels dans la fracture endonyme/exonyme » (voir Jordan P., 2012, E/CONF.101/73/Add.1). Il a été noté que la fracture endonyme/exonyme ne s’est pas toujours limitée à des communautés utilisant différents langages, ce qui était la raison pour laquelle la communauté avait dû remplacer le langage comme critère de définition de la fracture. De nouvelles définitions d’endonyme et d’exonyme ont donc été proposées. » Nous les commenterons dans la suite.

Chapitre 4 : Défis de la normalisation internationale des noms