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Résumé : Le présent article souligne la place importante de la littérature dans l’enseignement de la langue roumaine Après une rapide présentation de la structure

de l’enseignement roumain, il compare la situation actuelle à celle d’avant 1989. Il

montre ainsi une évolution : de la pratique exclusive du littéraire, principalement

orientée vers l’écriture, au développement, ressenti comme nécessaire, des écrits

« fonctionnels » et de l’oral. Sont ensuite donnés des exemples de contenus

d’apprentissage et de types d’activités proposés en classe de langue qui soulignent

le rôle cependant encore déterminant de la littérature dans l’enseignement de la

langue roumaine.

1. QUELQUES REMARQUES POUR COMMENCER

1.1. Structure de l’enseignement roumain pré-universitaire

Nous commençons notre présentation par un bref raccourci permettant de familiariser le lecteur avec le système d’enseignement roumain.

La division en différents cycles n’a pas changé depuis la période d’entre les deux guerres, signe d’un certain conservatisme mais aussi d’une longue tradition qui a montré ses résultats. La structure de l’enseignement roumain pré-universi- taire est tout à fait symétrique, partagée par tranches de quatre ans, à partir de la maternelle jusqu’à la terminale.

On distinguera : la maternelle : de 3 à 6 ans ; la « la classe préparatoire » à l’entrée à l’école, de 6 à 7 ans ; les classes primaires : de 7 à 11 ans ; le collège : de 11 à 14 ans. A la fin de ce cycle, les élèves passent « l’examen de capacité », examen national, avec des épreuves écrites pour les matières suivantes : langue et littérature roumaine (une seule épreuve de trois heures), mathématiques et histoire ou géographie, au choix du candidat. L’examen se déploie sur trois jours ; en fonction des résultats, les élèves peuvent choisir les profils qu’ils souhaitent, dans un lycée plus ou moins prestigieux. L’enseignement est obligatoire jusqu’à ce niveau. Le parcours de l’élève peut s’arrêter au collège, qu’il ait obtenu ou non le diplôme de capacité.

Le lycée concerne des élèves de 14 à 18 ans (âge de la majorité), au terme duquel se passe le baccalauréat.

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REPÈRES N° 32/2005 C. ALEXANDRU

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1.2. Un seul objet d’étude : langue et littérature

Pendant les classes primaires et le collège, l’étude de la langue et de la litté- rature roumaine se fait à partir d’un manuel unique. Récemment, depuis la libéra- lisation du marché des manuels, certains auteurs proposent en alternance soit la dénomination « Limba româna » (langue roumaine), soit la dénomination « limba si literatura româna » (langue et littérature roumaine). L’objet d’étude se situe dans l’aire curriculaire « langue et communication », où l’on retrouve les sous-disci- plines : apprentissage de la lecture, communication, lectures littéraires. Pendant le lycée, la grammaire est étudiée uniquement dans des classes d’orientation humaniste.

Au niveau universitaire, nous signalons une différence importante par rapport à d’autres pays comme, par exemple,la France : l’étude de la langue et celle de la littérature se trouvent réunies en une formation unique, celle des philologues, futurs professeurs de roumain pour la plupart d’entre eux. Conséquence normale de ce parcours, le concours national pour accéder à un poste d’enseignant de roumain propose une épreuve unique comprenant trois sujets qui doivent tous être traités : littérature roumaine, langue roumaine et didactique.

Ce traitement des deux unités en un seul module, y compris pour la formation des professeurs, en dit beaucoup sur la conception des programmes scolaires en Roumanie et sur le rôle très important accordé à la littérature dans l’acquisition et la pratique des structures de la langue.

1.3. Regard (subjectif)

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sur la période avant 1989

Cette manière d’envisager l’étude du roumain s’inscrit dans une histoire et une tradition dont nous nous devons de souligner les mérites aussi bien que les limites.

1.3.1. Quelle littérature enseigner ?

Plus que toute autre matière, la littérature représentait un des meilleurs moyens de propagande « communiste ». Cette observation n’est pas en dehors du propos du présent article, parce que la « littérature communiste » avait sa place dans les programmes scolaires dès la maternelle… Nous n’articulions pas encore très bien les mots, mais nous exprimions déjà notre reconnaissance et notre adoration envers le Parti, le Père et la Mère de toute la nation…

D’une manière générale, quel que soit le caractère des textes, la langue, dans sa dimension grammaticale, mais aussi dans tous ses aspects stylistiques et communicationnels, a été enseignée au travers des textes littéraires et le fait reste une constante de l’enseignement roumain.

On trouvait donc, tout d’abord, dans les manuels de langue et littérature roumaines, des textes de propagande, aussi bien en prose qu’en vers ; parfois

1. Nous assumons le subjectivisme et la relativité de ces informations ; nous retrouvant à l’étranger, il nous a été impossible de nous procurer des livres de roumain appartenant à la période d’avant 1989. Les informations de l’article se basent sur notre vécu.

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Le rôle de la littérature dans l’enseignement de la langue roumaine à l’école primaire

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il s’agissait d’adaptations de textes littéraires, parfois des textes créés par les auteurs du manuel. Bien représentés, aussi, étaient les textes à caractère histo- rique. Les héros du peuple défilaient ainsi dans la célèbre collection « Légendes historiques », non sans succès, car les super-héros – quel que soit leur habillage – ont toujours plu aux enfants. Les fables, les récits animaliers, les contes tradi- tionnels, même s’ils ne figuraient pas en abondance dans le manuel proprement dit, étaient néanmoins très présents pendant les heures de classe intitulées « lecture ». On les trouve encore aujourd’hui dans les programmes scolaires dans le but d’éveiller le goût pour la lecture et de former des attitudes critiques.

1.3.2. La prédominance de l’expression écrite

Les activités proposées à partir des fragments littéraires étaient, normale- ment, en tout premier lieu, des exercices de vérification de la compréhension du texte. Ensuite, quasiment pour tous les textes littéraires, venait ce qu’on pour- rait appeler une approche stylistique directement axée sur l’écriture : retenir « les belles expressions », pour ensuite les employer dans les compositions person- nelles ; former des phrases avec les mots qui rendent les plus belles images... Lire et écrire : on pourrait résumer de cette manière les activités dominantes d’une classe de langue.

Un autre constat : le texte était travaillé en quelque sorte de l’extérieur. L’avis des élèves sur les personnages, leur comportement était rarement sollicité et, d’une façon générale, la pratique de l’expression orale était chose rare, a fortiori la pratique des échanges argumentatifs.

Les séquences de grammaire étaient travaillées plutôt dans des textes construits spécialement pour ce faire. Mais, à partir du collège, petit à petit, le texte à analyser grammaticalement était prélevé dans le domaine littéraire, si bien que la syntaxe, au niveau de la 8e classe, était étudiée sur des fragments d’œuvres d’auteurs roumains des plus difficiles. À l’examen de fin de 8e, l’analyse morpho- logique et syntaxique d’un fragment de Creanga ou de Sadoveanu, – des auteurs « proustiens » dans la gestion de la syntaxe – était un passage quasi obligé.

Pour conclure, nous dirons que la langue était enseignée à partir des textes littéraires, textes de fiction ou textes utilisés comme moyens de propagande, mais éloignés de la réalité communicationnelle, en vue de développer la compréhen- sion et l’expression écrite, mais sans recours aux échanges oraux (à l’époque, savoir parler pouvait être très dangereux !).

2. LE RÔLE DE LA LITTERATURE

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