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Dans son livre Metodyka konkretu. O wybranych problemach zawodowego kształcenia nauczycieli polonistów (La méthode spécifique. Questions sur le déve- loppement professionnel des enseignants de polonais)53, Maria Kwiatkowska- Ratajczak propose une approche didactique très intéressante. S’il est envi- sageable que l’enseignant utilise un document pédagogique afin de mettre en évidence les attitudes et réactions des élèves face au processus didactique, aux théories des experts, aux textes littéraires, Kwiatkowska – Ratajczak présente et défend explicitement la position suivante : « le rôle de l’enseignant ainsi que les procédés et méthodes pédagogiques utilisés devraient être déterminés par l’élève en se fondant sur l’observation et l’analyse de situations particulières »54. Le maté- riel expérimental est fourni par quelques romans contemporains traitant du vécu scolaire : ces bases permettent la reconstruction de l’image stéréotypée de l’école et de l’enseignant. Grâce à l’analyse de l’œuvre littéraire, on stimule la réflexion des élèves sur le fonctionnement des institutions scolaires, les problèmes issus de l’étendue des responsabilités de l’enseignant et l’authenticité de son propre comportement.

« L’aspect post-moderniste » du livre est également digne d’intérêt : son objectif est de préparer les élèves aux points de vue ambigus, relatifs, instables et souvent contradictoires qu’ils peuvent rencontrer à l’école dans les dialogues et conversations sur le monde actuel et les valeurs contemporaines. L’auteur fait de nombreux renvois aux analyses sociologiques des attitudes des jeunes de nos jours. Elle insiste sur la pertinence d’une didactique empirique dont elle souligne la grande valeur dans le processus éducatif. Déjà dans « son parcours de formation d’enseignant », le professionnel construit ses activités pédagogiques sur la base du développement des aptitudes communicationnelles, se familiarise

52. Podreczniki do jezyka polskiego : To lubie. KsiaZka ucznia (niveau 4) ; Z. A. Kłakówna, B. Dyduch, M Jedrychowska, ( niveaux 5 et 6, école primaire) et 1er niveau du collège ; M. Jedrychowska, A. Kłakówna, Cwiczenia jezykowe (niveaux 4, 5 et 6) ; H. Mrazek, I Steczko, 1er niveau du collège.

53. M. Kwiatkowska – Ratajczak, Metodyka konkretu. O wybranych problemach

zawodowego kształcenia nauczycieli polonistów, Poznan 2002.

54. Z. Uryga, Miedzy teoria a dydaktyczna empiria, dans ‘ Polonistyka’ , n° 3, 2004.

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avec diverses méthodes d’enseignement, les principes de leur sélection selon les objectifs de l’activité et de la leçon. Les élèves constituent l’élément unificateur : leur implication dans l’activité ; leurs réponses et opinions ; leur vécu pédagogique et leur imagination. L’auteur souligne le rôle significatif de l’expérience scolaire des élèves dans les tentatives de comprendre leurs réactions, leur comportement et leurs attitudes. Elle insiste sur l’importance de la compétence psychologique dans le processus éducatif, en ce qui concerne aussi bien la perception du monde, que les problèmes de la communication inter personnelle. Plus important encore, elle reconnait le rôle significatif, dans l’enseignement de la langue polonaise, de la littérature, du développement de la capacité à la lire et à partager ses réflexions avec d’autres.

Cette interprétation des phénomènes didactiques nous renvoie à la question de la réception de la littérature et nous ouvre la voie vers un nouveau modèle d’éducation humaniste pour la Pologne : l’enseignement centré sur l’apprenant.

6. LE BACCALAURÉAT POLONAIS (MATURA) RÉVISÉ

La réforme majeure du système éducatif polonais a abouti, cette année, à la révision du baccalauréat polonais (Matura). Cette réforme est encore très contro- versée et engendre des interrogations et des doutes. Le Ministère propose : 1) « la standardisation des tâches et des critères d’évaluation pour l’ensemble du pays, la compatibilité des résultats et l’évaluation objective » ainsi que le contrôle de la qualité de l’enseignement (Informator maturalny od 2005 roku, p. 9) ; 2) « de déplacer l’essentiel du programme vers les aptitudes maîtrisées par l’appre- nant pendant tout le processus éducatif »55 ; 3) la recommandation de rendre le « Matura » obligatoire. Un examen externe à l’école et obligatoire devrait être passé dans trois disciplines : le polonais, une langue vivante étrangère et une autre matière au choix. Pour l’équivalent de l’examen de fin d’études, il suffit de réussir les examens de base dans trois disciplines. Les mathématiques ne sont plus obli- gatoires, ce qui est très controversé ; selon les auteurs de l’article Reforma egza- minu maturalnego – oceny and rekomendacje56, « les résultats internationaux du PISA (de l’OCDE), les nécessités du marché de l’emploi, les besoins d’une société de l’information […] obligent à juger irrationnelle cette décision ».

La division entre un certificat de fin d’études, qui n’ouvre pas les portes de l’université, et un baccalauréat, qui permet d’accéder aux études universitaires, constitue une grande nouveauté. Malheureusement, on a renoncé au projet de faire passer au moins une discipline au niveau avancé à tout le monde ; les textes en vigueur (datant de 2002) précisent toujours « vous devez être très performant dans une matière et vous spécialiser dans un aspect particulier de la culture ». Ces mêmes textes autorisent un élève, qui n’est titulaire que du certificat de fin d’études, à postuler à une place universitaire ce qui, de fait, baisse le niveau des candidats à l’enseignement supérieur. Ajoutons que le système scolaire polonais

55. B. Chrzastowska, Trudne poczatki, dans ‘Polonistyka’, Annexe 1, septembre 2004,

p. 3.

56. R. Dolata, É. Putkiewicz, A. Wilkomirska, Reform egzaminu maturalnego-oceny i reko-

mendacje, dans ‘Polonistyka’, 6/2004, p. 11.

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permet aux élèves sortant du lycée de s’incrire dans un des multiples instituts d’enseignement supérieur privés (peu importe leurs résultats à condition qu’ils soient positifs) pourvu qu’ils paient. Ainsi, les instituts privés prennent souvent les candidats faibles qui n’ont pas réussi l’examen d’entrée aux universités de l’état. Dans la situation actuelle, où de bons résultats au baccalauréat donnent à l’étu- diant l’accès aux études universitaires, les universités renoncent progressivement aux examens d’entrée et se contentent d’un entretien.

L’examen actuel, avec ses deux niveaux, basique et avancé, est supervisé par le Comité National des Éxamens et par les Commissions Régionales d’Examen.

Afin d’obtenir son certificat, l’élève doit, d’une part, rédiger un essai d’au moins 250 mots ; les deux sujets (au choix) proposés cette année étaient : « Quelle image des Polonais du XVIIe siècle est donnée par Le déluge de Henryk Sienkiewicz ? Fondez votre interprétation sur l’analyse de divers fragments du roman. Étudiez le rapport entre ces extraits et l’ensemble du roman. » ou « En analysant les visions des protagonistes romantiques, comparez l’attitude de Kordian à celle de Man. Dans votre interprétation et les références que vous ferez, utilisez votre connaissance des œuvres dont sont issus les extraits fournis. » D’autre part, il doit accomplir une tâche de compréhension écrite (cette année le texte support était tiré de l’hebdomadaire Polityka (mai 2002) et traitait de la recherche conduite sur des animaux par des psychologues). Le temps alloué est de 170 minutes. Le maximum de points est de 70 pour ces tâches. Les critères d’évaluation sont : le développement du sujet, la gestion de l’argumentation, le style, la richesse linguis- tique, l’orthographe et le mérite exceptionnel.

Au niveau avancé (Matura) l’élève analyse et interprète un ou plusieurs textes, par exemple, l’analyse comparative de poèmes. Le sujet de cette année : « Dans l’analyse de Ocalony de Tadeusz RóZewicz et de Mam dwadziescia piec lat de Józef Baran, comparez la création poétique du vécu des générations et de l’ex- périence existentielle. » ou « Analysez et interprétez la nouvelle Zabawa klucz de Ida Fink en vous concentrant sur l’approche de la question de l’Holocauste juif pendant la seconde guerre mondiale. » Les critères d’évaluation comportent : le développement du sujet, la définition du sujet lyrique, la gestion de l’argumenta- tion, la vision du monde, la recherche du sens de la vie, la maitrise et la bonne utilisation de la terminologie littéraire. Le temps alloué et de 130 minutes.

L’innovation, cette année, a été l’introduction d’un examen oral interne à l’école. Il s’agit d’une présentation d’une durée de 20 minutes d’un sujet préparé à l’avance suivie d’un entretien de 10 minutes portant sur un sujet en rapport avec la littérature, le monde littéraire ou la langue. Quelques exemples : « Le thème du voyage dans les œuvres littéraires. Étudiez différentes approches. » ; « La pein- ture, la sculpture et l’architecture en tant que sources d’inspiration littéraire. » ; « Polémiques, disputes et provocations : le choc des générations littéraires. » ; « Le langage de mes pairs ».

Tout au long de cette année, les publications didactiques ont consacré beau- coup de place à la préparation de l’élève à ce type d’examen. Cette épreuve exige de l’élève qu’il soit particulièrement indépendant, inventif et créatif et qu’il sache préparer un plan bien construit. Pour l’élève, l’acte même de sélectionner des textes appropriés ou de créer une bibliographie constitue un défi sérieux. En ce qui concerne la préparation des élèves à ces épreuves, les auteurs des publi-

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cations didactiques, qu’ils soient professeurs ou théoriciens, se penchent plus particulièrement sur l’introduction et la conclusion. Ainsi ils enseignent que l’in- troduction peut dépendre de la structure et du sujet de l’exposé, peut en révéler l’objectif, attirer l’attention par l’utilisation de la surprise, d’une anecdote, d’une citation, d’éléments visuels, ou d’une référence à la vie contemporaine ; tandis que la conclusion se doit de remplir sa fonction de base, à savoir, résumer, passer en revue l’ensemble des éléments tout en tirant des inférences et conclusions claires assorties d’une visualisation ou d’une recommandation finale sous forme d’anecdote, de métaphore ou de citation. Krzysztof Koehler, auteur de l’article, Jak przygotowac udana wypowiedz, souligne des aspects bien connus de tous, sauf des élèves de lycée : afin de faire bonne impression sur les examinateurs, il faut trouver une « idée ingénieuse pour l’approche du sujet », faire un plan clair, exposer sa thèse ou son hypothèse sur la question en tant qu’axe central de sa présentation et réfléchir à la gestion de l’argumentation.57.

Il faut garder à l’esprit que la connaissance du sujet ne constitue que 30 % (6) des points attribués pour la présentation ; 10 % (2) sont attribués pour la gestion de l’argumentaire ; 20 % (4) pour la défense de son point de vue et 40 % (8) pour la richesse de la langue employée. Notons l’importance considérable accordée aux aptitudes langagières58.

CONCLUSION

Les aspects de l’enseignement du polonais que nous avons évoqués amènent les apprenants, les enseignants et même les étudiants en philologie polonaise à explorer de nombreux domaines. L’école polonaise a subi de multi- ples changements et le système éducatif réformé est dominé par les éléments suivants : la compétence culturelle ; la prévalence de la littérature et de la culture contemporaines ; le renouvellement des listes de lecture ; la lecture d’extraits litté- raires associée à la compréhension écrite ; l’importance d’un enseignement centré sur l’apprenant et le nouveau système d’évaluation culminant avec l’introduction du nouveau baccalauréat polonais. Cette transformation est axée sur le travail autonome de l’apprenant, la liberté de choix, le développement de l’aptitude à mener un projet à terme de façon indépendante, la présentation des projets sous diverses formes, la lecture et la compréhension de la littérature et de la culture dans différents contextes qui renvoient souvent l’élève au monde contemporain.

Il se pourrait que, en ces temps de transformations majeures, culturelles et politiques, en Pologne, ce nouveau système éducatif puisse aider les apprenants des divers niveaux d’éducation à définir leur identité.59

57. K. Koehler, Jak przygotowac udana wypowiedz, dans ‘Polonistyka’, Annexe 1, septembre 2004, p. 8-9.

58. B. Chrzastowska, op. cit. p. 3.

59. A. LegeZynska, Universitas Nova dans ‘Polonistyka’, février 2005, p. 9.

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LE THÉATRE ET L’ART DRAMATIQUE

DANS L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN ÉCOSSE :

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