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PRESENTATION DU CONTEXTE DE LA RECHERCHE

I.1.4. Répercussions de la démocratisation sur le mode de

fonctionnement de l’université

L’université, du fait de la volonté politique de la rendre accessible au plus grand nombre d’individus et de la massification de ses effectifs, est une institution en constante mutation qui a connu, particulièrement des années 1950 à nos jours, de grandes évolutions. Les différents gouvernements ont au fil des décennies successivement initié lois, plans et autres réformes destinés à faire face à un public étudiant de plus en plus hétérogène, cela autant d’un point de vue social que scolaire. Citons à ce titre la loi Faure qui en 1968, faisant suite aux contestations contre la réforme Fouchet, tente de répondre aux revendications des mouvements étudiants ayant eu lieu en mai de la même année : l’autonomie des universités est renforcée, les facultés sont supprimées au profit de la mise en place des UER7, le Conseil Universitaire est fondé, la pluridisciplinarité est encouragée et le statut d’enseignant-chercheur est créé. On peut en quelque sorte considérer que l’avènement de cette loi constitue un tournant pour l’université puisqu’elle instaure des principes de fonctionnement qui perdurent encore aujourd’hui. S’en suivront d’autres transformations durant les années 1970 : le décret du 27 février 1973, à l’initiative de Fontanet, instaure le Diplôme d’Etudes Universitaires Générales (DEUG). La licence et la maîtrise sont introduites en 1976. D’autres changements continuent d’intervenir dans les années 1980. Ainsi, en 1984 la loi Savary, relative à l’ensemble de l’enseignement

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supérieur, fixe les missions de ce dernier : la formation initiale et continue des individus, la recherche scientifique et technologique ainsi que la valorisation de ses résultats, la diffusion de la culture et l'information scientifique et technique, mais aussi la coopération internationale8. Cette loi confirme de surcroît l’existence de trois cycles universitaires. Concernant les premiers cycles, est introduite la volonté de mieux informer et d’être plus attentif à l’orientation des étudiants, ainsi que de proposer une formation pluridisciplinaire plus large.

En 1988, le plan « Université 2000 » prévoit quant à lui, pour parer à la forte croissance des effectifs, la rénovation des bâtiments, l’élargissement des sites universitaires et l’ouverture d’antennes. Dans cette même perspective, le plan U3M (Université du troisième Millénaire) prévoit la réhabilitation des locaux existant. En 1997, la réforme Bayrou conduit à une semestrialisation des études, à la mise en place d’un semestre d'orientation en première année, ainsi qu’à la création d’universités de professionnalisation technologique. En 1999 sont par ailleurs créées les licences professionnelles, favorisant ainsi l’entrée à l’université des détenteurs d’un brevet de technicien supérieur (BTS) ou d’un diplôme universitaire de technologie (DUT). Ces réformes témoignent de la volonté politique d’adapter le système universitaire à cette nouvelle masse étudiante. Cependant, si jusque là, la démocratisation de l’université demeurait au cœur des priorités, les universités sont soumises depuis la fin des années 1990 « à une politique éducative qui répond largement à des influences internationales » (Vasconcellos, 2006). Devant la concurrence économique internationale, la qualité de la main d’œuvre devient un avantage important. La formation ne peut alors plus « être l’affaire des états nations mais doit relever d’une

structuration des établissements en réseaux internationaux» (Vasconcellos, 2006). C’est en ce sens que la France signe en 1999 la déclaration de Bologne visant à créer un espace européen de l’enseignement supérieur. S’en suit le processus de Bologne, dont les buts sont principalement de faciliter la mobilité des étudiants entre pays, « d’augmenter l’attractivité de l’enseignement supérieur

européen », mais aussi de « doter l’Europe d’une assise solide de connaissances de pointe de grande qualité » (Thomas-Bion, 2010). Les conséquences sur le fonctionnement des universités françaises apparaissent dès 2002, année durant laquelle est adoptée la réforme Licence – Master – Doctorat (LMD), organisant les études universitaires en trois cycles et prévoyant des enseignements en semestres et unités d’enseignement, ainsi que la mise en œuvre des crédits européens. C’est dans cette même optique de compétitivité que les universités peuvent également à partir de 2006 être intégrées à des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), ceux-ci permettant aux universités, grandes écoles et organismes de recherche, de

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mettre en cohérence leurs différents dispositifs, ainsi que de mutualiser leurs activités et leurs moyens (MEN, 2012b), cela afin de « renforcer l’efficacité, la visibilité et l’attractivité du système d’enseignement supérieur et de recherche français » (Thomas-Bion, 2010). Ces PRES sont d’ailleurs transformés, suite à la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche du 22 juillet 2013, en Communautés d’Universités et d’Etablissements (COMUE).

Citons également la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), qui en 2007 se donne pour ambition de réformer et de moderniser les universités. C’est en ce sens qu’elle accroît l’autonomie des universités du point de vue de leur budget et de la gestion de leurs ressources humaines. Elle vise en outre à favoriser la réussite et l’insertion professionnelle des jeunes, en dotant les universités d’une nouvelle mission d’orientation et d’insertion professionnelle, en instaurant des bureaux d’aide à l’insertion professionnelle, en contraignant les universités à publier les statistiques sur la réussite des étudiants aux examens et leur insertion et enfin en mettant en œuvre un dispositif de préinscription (Thomas-Bion, 2010). Cette même année, Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, initie le PRL, Plan Réussite en Licence, mis en place un an plus tard et destiné à diviser par deux le taux d’échec en première année de licence en cinq ans et à faire atteindre 50% d’une classe d’âge au niveau licence9. Enfin, pour terminer cette présentation non exhaustive des principaux textes ayant contribué à réformer la structure universitaire et l’organisation des cursus, la loi relative à l’Enseignement Supérieur et la Recherche, dite loi Fioraso, adoptée en 2013, prévoit concernant les universités la spécialisation progressive en licence pour favoriser la réorientation sans redoublement, la simplification des intitulés de Licence et Master, ou bien encore l’entrée de l’université dans «l’ère numérique ».

Ce bref aperçu des transformations de l’université au cours de ces cinquante dernières années montre que celle-ci n’a de cesse de s’adapter aux bouleversements qui s’imposent à elle, en raison de sa démocratisation et plus récemment de la volonté d’en faire un atout de compétitivité à l’échelle internationale. En définitive, l’objectif ultime des différentes politiques mises en œuvre est la réussite du plus grand nombre d’étudiants. Or, se pose encore à l’heure actuelle le problème de l’échec, cela particulièrement durant la première année de licence.

9Nous reviendrons ultérieurement sur les détails de la mise en œuvre de ce plan et ses conséquences sur la scolarité des étudiants.

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