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PRESENTATION DU CONTEXTE DE LA RECHERCHE

I.3. Les déterminants de la réussite en première année universitaire universitaire

I.3.1. Certaines variables peu influentes sur la réussite

I.3.2.2. Le métier d’étudiant

Le métier d’étudiant est constitué selon Michaut (2000) d’un nombre important de variables. Si l’on s’intéresse d’abord aux activités pratiquées durant les loisirs, Gruel (2002) indique qu’il n’existe aucun lien significatif entre la réussite et le fait de sortir en discothèque ou, à l’opposé, en concert de musique classique. Il constate cependant que les étudiants regardant la télévision tous les jours ont des chances de réussir inférieures de 7% à ceux qui la regardent moins fréquemment. A l’heure où les technologies numériques se développent, il serait toutefois intéressant de connaître l’effet du temps passé devant un écran (téléphone, ordinateur, tablette, télévision) sur la réussite.

La fréquence des rencontres avec l’enseignant, autre dimension du métier d’étudiant mentionnée par Michaut, joue elle aussi un rôle : Duru-Bellat et al. (1994) montrent que plus ces rencontres sont répétées, meilleures sont les notes obtenues par les étudiants inscrits en première année de droit.

De même, la confiance en soi augmente les chances de réussite (Romainville, 2000). Il est de surcroît important pour l’étudiant de savoir que les enseignants et ses pairs croient en lui et en ses possibilités (De Ketele, 1990)

PARTIE 1 : Chapitre 1. Eléments de cadrage sur l’université …

D’autres variables ont fait l’objet d’un plus grand nombre de recherches. Il en est ainsi le cas du choix d’orientation de l’étudiant et de son projet personnel. Ainsi, pour réussir sa première année universitaire, il est important que l’étudiant ait pris lui-même la décision d’intégrer telle ou telle filière. En effet, pour De Ketele (1990) « les réussites sont d’autant plus nombreuses que le choix d’entrer dans une filière d’études est le fruit d’un véritable choix personnel et non l’effet de pressions ». Il relève également l’importance de «l’intérêt pour les études poursuivies » : si l’étudiant veut optimiser ses chances de réussite, il doit s’inscrire dans une filière pour laquelle il a beaucoup d’estime et doit être convaincu de l’adéquation entre les programmes et les finalités de la filière, sous peine de se démotiver. Par ailleurs, d’après Lemaire (2000), le fait de ne pas être dans la filière de son choix baisse de plus de 19% la probabilité pour un étudiant d’obtenir son DEUG en deux ans. Les résultats des autres chercheurs vont également dans ce sens : pour Gury (2007), le choix d’une filière par défaut entraîne trop souvent des sorties sans diplôme de l’université. Duru-Bellat (1995), elle, note la forte valeur prédictive de l’intérêt pour les études et de la décision personnelle du choix des études : le fait que le cursus suivi par l’étudiant de première année de droit (à Dijon en 1990) fasse l’objet de son premier choix et non pas d’une solution de repli augmente de presque 10 points sa note d’admissibilité en juin. Cependant, elle déplore que ces variables soient trop rarement prises en compte dans l’étude des déterminants de la réussite. Plus récemment, Lambert-Le Mener (2012) a observé l’influence sur les notes du premier et second semestre du projet personnel de l’étudiant, traduit à travers trois variables que sont la raison du choix de la filière, le fait d’avoir postulé ou non dans d’autres formations et le fait d’avoir choisi l’université en raison d’un refus de la part d’un autre établissement. Elle constate concernant les résultats obtenus au premier semestre que ceux ayant un projet professionnel et ayant choisi la filière par intérêt pour la discipline ont de plus grandes chances de réussir. En revanche, au second semestre, seul l’intérêt pour la discipline enseignée demeure un facteur significatif, associé à un coefficient positif. Finalement, si l’influence des variables liées au métier d’étudier n’est pas de même ampleur que celles relatives au passé scolaire, les travaux produits sur le sujet tendent tout de même à considérer que leur prise en compte reste nécessaire pour une meilleure appréhension des mécanismes à l’œuvre dans la compréhension de l’échec.

En conclusion, l’université, bien que sa création remonte au Moyen-âge, est une institution en constante mutation. Celle-ci a connu, particulièrement depuis la fin des années 1950, de grands bouleversements. Son accès s’est largement démocratisé, conduisant à plusieurs vagues de massification, terme employé par les chercheurs pour décrire le « boom » du nombre

PARTIE 1 : Chapitre 1. Eléments de cadrage sur l’université …

d’inscriptions à l’université. Cette démocratisation est cependant largement remise en question par nombre de chercheurs, certains estimant que les inégalités n’ont été que déplacées (Merle, 2000). Pour attirer un nombre toujours plus important d’étudiants et faire face à cet engouement pour les études universitaires, les différents gouvernements qui se sont succédés depuis les années 1960 ont contribué à la mise en œuvre de nombre de réformes destinées à améliorer la qualité du système universitaire dans son ensemble et à le rendre plus compétitif d’un point de vue international. Pour autant, l’université reste confrontée depuis plusieurs décennies à un problème de grande ampleur : celui de l’échec en première année universitaire. En effet, bien que la définition de l’échec à proprement parlé demande à être précisée, plus d’un étudiant sur deux est considéré par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en 2007 comme étant en situation d’échec à l’issue de la première année passée à l’université. Or, cette situation a des conséquences considérables en termes de coûts, économiques et humains, à la fois sur les individus et leurs familles, mais aussi sur l’Etat et les collectivités qui constituent les plus importants financeurs de la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur. Devant l’ampleur que prend ce problème, les politiques ont tenté de trouver des solutions. C’est en ce sens qu’a été institué le Plan Réussite en Licence mis en place en 2008. Doté d’objectifs ambitieux, ce plan pluriannuel n’a cependant pas, cinq années après sa mise en œuvre, rempli toutes ses promesses. La communauté scientifique s’est elle aussi penchée sur ce problème de l’échec en première année universitaire, en tentant de mettre au jour depuis maintenant plusieurs décennies les facteurs expliquant la réussite des étudiants. Certaines variables influent peu sur la réussite, comme il en est le cas des caractéristiques sociodémographiques, des conditions de vie et des capacités cognitives des étudiants. A contrario, le passé scolaire de l’individu ainsi que sa façon d’exercer son «métier d’étudiant » tiennent un rôle important dans l’explication de la réussite. D’autres variables faisant partie du

« métier d’étudiant» n’ont pas encore été évoquées: il s’agit de la motivation et des manières d’étudier des jeunes arrivants à l’université. Elles feront l’objet d’un focus dans le chapitre suivant.

PARTIE 1 : Chapitre II. Focus sur deux facteurs de réussite en première année …

CHAPITRE II

FOCUS SUR DEUXFACTEURS DE REUSSITE

EN PREMIEREANNEE : LA MOTIVATION ET

LES MANIERESD’ETUDIER DES ETUDIANTS

La motivation et les manières d’étudier des jeunes entrant à l’université constituent deux concepts multidimensionnels qui contribuent à expliquer les différences de réussite entre étudiants. Aussi ce chapitre vise-t-il à développer ce que recouvrent réellement ces deux dimensions, ainsi que la nature de leurs enjeux pour la réussite des étudiants.

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