3.6.2.2 En réduisant l’étendue de la question posée et en éliminant les variables hors-

Plutôt que d’embrasser d’un coup toute la question autour de la variable « Ressources (espèces et milieu) », nous avons généré des cartes autour de questions ou sujets plus précis. Les cartes cognitives collectives générées de cette façon sont dites cartes-assemblées-partielles. Elles présentent exhaustivement un réseau de sommets et d’arcs d’influences autour d’un voisinage de variables-choisies. L’automatisme de l’ordinateur pouvant avoir l’inconvénient de présenter parfois dans la carte ainsi générée des variables hors-contexte par rapport au sujet choisi, nous les avons

écartées « manuellement » pour gagner en pertinence et en lisibilité. Le résultat donne une carte cognitive collective dite carte-assemblée-partielle-ajustée.

Deux types de cartes-assemblées-partielles sont possibles.

 Les cartes-focalisées (ex figure 37a-b) : ces cartes cognitives se focalisent sur une variable- choisie-réceptrice ou un voisinage de variables-choisies-réceptrices et permettent de présenter les causes qui expliquent leurs variations, selon un degré de profondeur choisi. Dans la figure 37a, nous avons l’exemple d’une carte-focalisée sur la variable-réceptrice-choisie « Démographie du territoire ». Nous cherchons à savoir ce qui, d’après les pêcheurs, peut expliquer l’évolution de cette variable. Nous avons ici choisi une profondeur de 3.

- Le 1er niveau de profondeur est constitué des variables « Commerçants chinois », « Nombre d’orpailleurs clandestins », « Nombre d’habitants au village », « Nombre de natifs sur le territoire ».

- Le second niveau de profondeur est constitué de « Orpaillage » agissant sur « Commerçants chinois », «Nombre d’orpailleurs clandestins » et de « Orpaillage brésilien 2005 » agissant sur « commerçants chinois ».

- Le 3e niveau de profondeur est constitué de « Orpaillage brésilien 2005 » agissant sur « Orpaillage ». Ainsi « Orpaillage brésilien 2005 » est à la fois un second et un troisième niveau de profondeur, selon la variable-effet sur laquelle elle agit. Nous avons également en 3e niveau les variables « Corruption des chefs coutumiers », « Orpaillage aluku 1990- 2005 », « Militaires », « Appui logistique par les Tilios ».

La figure 37b est la carte-focalisée-ajustée de la figure 37a.

Pour gagner en lisibilité et ajuster la carte cognitive 41a nous avons écarté les quatre variables hors- contexte que sont « Corruption des chefs coutumiers », « Orpaillage aluku 1990-2005 », « Militaires », « Appui logistique par les Tilios », qui expliquent l’ « Orpaillage » et non pas la « Démographie du territoire ».

Figure 37. Exemple 1 de carte-assemblée-partielle : une carte-focalisée sur la « Démographie du territoire » de profondeur 3 (a) et une carte-focalisée-ajustée sur la « Démographie du territoire » de profondeur 3(b)

 Les cartes-dirigées (ex figure 38) : ces cartes cognitives présentent les conséquences d’une variable-choisie-émettrice ou d’un voisinage de variables-choisies-émettrices sur une variable-choisie-réceptrice ou un voisinage de variables-choisies-réceptrices, en représentant graphiquement un réseau exhaustif de sommets et d’arcs d’influences dirigés des premières vers les secondes.

Dans la figure 38a, nous avons l’exemple d’une carte-dirigée de seuil d’occurrence 2, entre la variable-choisie-émettrice principale « démographie du territoire » et la variable-choisie-réceptrice- principale « Ressource (espèces et milieu) ». La variable-choisie-émettrice principale « Démographie du territoire » comprend un voisinage de variables-choisies-émettrices. Ces variables ont été choisies au sein de l’ontologie en fonction de leur rapport à la « Démographie du territoire ». Comme spécifié en légende, il s’agit dans cet exemple de « Démographie du territoire », « Nombre de natifs sur le territoire », « Nombre d’habitants au village », « Emigration de natifs », « Jeunesse », « Proportion de jeunes natifs ». Comme nous pouvons le constater, cette liste se rapporte à l’ontologie et correspond à la variable de classe «Démographie du territoire », de son enfant « Nombre de natifs sur le territoire » et des descendants de cette dernière (cf. annexe 16). Nous avons volontairement écarté « Nombre d’orpailleurs clandestins » bien que cette variable se rapporte à la démographie ; mais nous voulions nous concentrer sur l’impact du solde naturel. Cet exemple montre bien que le choix des variables-choisies dépend entièrement de la subjectivité de l’interpréteur.

Pour la figure 38a, l’ordinateur a généré une carte cognitive collective qui prend en compte l’ensemble des variables-choisies. Comme nous pouvons le constater dans l’encart supérieur où se trouvent les variables-émettrices, toutes les variables-émettrices-choisies ne sont pas présentes. En effet, contrairement à notre hypothèse basée sur l’ontologie, les pêcheurs n’ont pas fait de relation directe ou indirecte entre « Démographie du territoire », « Emigration des natifs », « Jeunesse », et « Ressource (espèces et milieu)», mais seulement avec « Nombre de natifs sur le territoire », « Nombre d’habitants au village » et « proportion de jeunes natifs ». C’est pour cette raison que ce ne sont que ces trois dernières qui apparaissent dans les étiquettes.

La figure 38b est la carte-dirigée-ajustée de la figure 38a.

De la même manière que dans l’exemple de la figure 37a, l’ordinateur a généré automatiquement et exhaustivement tous les chemins d’influences. Certains peuvent apparaître comme non pertinents. C’est pourquoi, à partir de cette figure 38a, nous avons repris à la main la figure 38b. Dans la figure 38b, nous avons écarté les variables et les arcs d’influences non pertinents, soit qu’ils apparaissent comme hors-contexte, soit qu’ils peuvent exprimer des redites avec d’autres cartes cognitives analysées au cours de l’étude. En revanche, pour ne pas perdre de détails importants cachés en raison du seuil d’occurrence 2, nous avons rapporté des sommets et des arcs d’influences présents dans la même carte cognitive non seuillée (carte non présentée ici). C’est pourquoi nous voyons de nouvelles variables et quelques arcs uniques.

Figure 38. Exemple 2 de carte-assemblée-partielle : une carte-dirigée entre « Démographie du territoire » et « Ressource (espèce et milieu) » de seuil d’occurrence 2 (a) et une carte-dirigée-ajustée entre « Démographie du territoire » et « Ressource (espèce et milieu) » partant d’un seuil d’occurrence 2 (b)

Conclusion

En conclusion, cette partie méthodologique a fait appel à une mise en œuvre de terrain importante et à une forte mobilisation intellectuelle pour utiliser une approche non conventionnelle qui s’est déroulée en trois phases :

- les entretiens avec les 45 pêcheurs afin d’élaborer chacun sa carte-cognitive-originale. - l’élaboration d’une ontologie constituée de 203 variables-génériques à partir des 733

variables d’acteurs.

- la génération de 16 cartes-cognitives assemblées destinées à appréhender les perceptions des pêcheurs vis-à-vis de leur environnement présent, passé et à venir80. Suite à l’exposé détaillé de ces méthodes, nous pouvons maintenant, en complément des enquêtes de débarquements, poursuivre la comparaison des pêcheries amérindiennes du HM et aluku, par

80

Sans compter que l’élaboration en amont de l’entretien semi-directif par les encadrants du master s’est étalée entre 2014 et 2015, c’est 46 jours de mission de terrain (22 en 2014 et 24 en 2015) qui ont été dévolus à ce chapitre. Cela aura occasionné également 40 jours de travail pour les médiateurs culturels du PAG, ainsi que 15 jours pour un de mes encadrants venu m’assister sur le terrain. Soit en tout, 101 HJ dont 86 HJ pour le PAG. (cf. annexe 24). Enfin, la construction de l’ontologie et des cartes cognitives collectives s’est déroulée à Agrocampus-ouest (Rennes) entre le 30 mars et le 30 juin 2015, en collaboration avec un informaticien

l’analyse des diverses perceptions des pêcheurs, quant à leur environnement fluvial et l’évolution des ressources halieutiques du HM.