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Partie 2. Les entretiens semi-directifs et les cartes cognitives

II. 3.4.2.2 L’offre en réponse à la demande en achat de poissons

II.5. Perceptions de l’impact des différentes pratiques de pêche sur la Ressource

II.5.4. Perceptions de l’impact de la pêche commerciale sur la Ressource

Après avoir analysé précédemment comment s’organisaient les échanges entre pêcheurs et consommateurs (cf. § Partie 2.II.3.4.2.2.), nous allons voir quelles perceptions les pêcheurs peuvent avoir des conséquences des différents types ou degrés de pêche commerciale.

Etudions la carte-figure 53. Au niveau des trois variables liées directement au commerce, nous observons ainsi que les pêcheurs ont souhaité marquer une graduation d’intensité de la pratique. Le plus bas niveau est la « Pêche commerciale épisodique », le second la « Pêche commerciale » en général et le troisième la « Pêche commerciale spécialisée régulière ». Etudions les dans cet ordre.

Seuls deux pêcheurs ont évoqué « Pêche commerciale épisodique » dans leur carte. Le pêcheur d’Antecume-Pata et le pêcheur aluku de Loca n’y voient tout simplement pas d’influence sur la « Ressource (espèces et milieu) » [0,0].

Six Amérindiens du HM et deux Aluku de Loca parlent plutôt de la « Pêche commerciale » en général et expriment une relation directe entre cette variable et la « Ressource (espèces et milieu) ». L’ensemble de ces pêcheurs y trouvent une influence négative de force moyenne [ ,-2].

Depuis la variable « Pêche commerciale spécialisée régulière », les cinq Amérindiens du HM y voient une forte influence négative [ ,-3] sur la « Ressource (espèces et milieu) », alors que les deux pêcheurs aluku de Loca et Papaïchton n’y voient toujours qu’une force négative moyenne [ ,-2]. Ainsi, nous remarquons que les Amérindiens du HM ont noté une différence d’impact entre cette « Pêche commerciale » en général et la « Pêche commerciale spécialisée régulière », à la différence des Aluku. Dans le même sens, un autre pêcheur aluku souligne que cette pratique de la « Pêche commerciale spécialisée régulière » augmente également d’une force moyenne la « Pression de pêche ».

Cette différence de perception entre les différents types de pêche commerciale se retrouve dans les quatre témoignages issus des entretiens que nous avons relevés sur la question de l’impact de la pêche commerciale. En voici deux émanant d’Aluku : « Aujourd’hui les jeunes d’ici pêchent principalement pour la vente, avant il n’y en avait pas trop. Ce n’est pas bien, mais si cela était grave, cela se serait remarqué depuis longtemps. Par contre, la pêche constante par des gens de l’extérieur peut être néfaste » (H, 63 ans, Loca). « La pêche commerciale excessive et régulière peut apporter un problème, mais ce n’est pas trop le cas ici. Les Amérindiens le font plus que nous » (H, 41 ans, Loca). Voici ce que répondent deux Amérindiens du HM : « Quand on a rien à manger, c’est bien de pouvoir acheter, mais une surexploitation commerciale serait dangereuse » (H, 55 ans, Twenké) ou « Les Tilios étaient un réel danger, mais maintenant depuis le PAG, on a commencé à discuter de vente illégale, ce qui les a ralentis » (H, 66 ans, Ant.p).

Pour terminer, la variable « Expéditions lointaines » se différencie des trois autres variables, car comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent (cf. § Partie 2.II.3.4.2.2.), les expéditions lointaines ne sont pas toujours associées à la pêche commerciale. Rappelons que seuls deux Amérindiens du HM ont fait une relation directe et négative entre cette variable « Expéditions lointaines » et la « Ressource (espèces et milieu) ». Ils n’y voient qu’une force négative faible, ce qui la place entre la « Pêche commerciale » et la « Pêche commerciale épisodique ». Cette valeur négative faible peut s’expliquer par d’autres relations exprimées par des pêcheurs de Twenké. Par exemple, l’un a dit que les « Expéditions lointaines » sous-entendaient un « Changement systématique de lieu » de pêche, ce qui, selon lui, est positif pour la « Ressource (espèces et milieu) ». Voici ce qu’il dit : «Pour moi la commercialisation n’a pas d’incidence sur la ressource, car on change d’endroit à chaque fois. Je ne vois pas vraiment de différence sur les poissons et les animaux dans les endroits où je vais en expédition » (H, 46 ans, Twenké). Un autre a également souligné que les « Expéditions lointaines » diminuaient avec une force moyenne la « Pression de

Figure 53. Carte-dirigée-ajustée entre la variable-émettrice-principale « Pêche commerciale» et la variable-réceptrice- principale « Ressource (espèces et milieu) ».

pêche locale » [ ,-2], ce qui a pour effet de protéger la « Ressource (espèces et milieu) ». Ces relations bénéfiques peuvent être contrecarrées par d’autres relations relevées aussi à Twenké. Comme vu plus haut, certains Amérindiens du HM ont précisé que les « Expéditions lointaines » imposaient des investissements numéraires et en temps importants qui demandaient à être compensés par un « Besoin de rentabilité » accru (à visée commerciale ou non) et donc une « Pression de pêche » sur zone plus importante, ce qui à terme, est négatif sur la « Ressource (espèces et milieu) ».

En conclusion, la pêche commerciale n’est vraiment stigmatisée et vue comme dangereuse, que lorsqu’elle est pratiquée de manière intensive et régulière, fait de personnes venues essentiellement de l’extérieur d’après les deux témoignages aluku et wayana. Même le pêcheur aluku de Loca, ne semble pas s’alarmer du fait que les pêcheurs amérindiens du HM pratiquent plus souvent la pêche commerciale que lui. Il reste que tous perçoivent à différents degrés qu’une pression de pêche trop importante ne serait pas pérenne et qu’elle peut être condamnable. L’intervention du PAG soulignée par le pêcheur d’Antecume-Pata est alors perçue comme positive pour réveiller les consciences et agir.

Dans ce paragraphe sur les perceptions de l’impact de la pêche commerciale, comme dans les paragraphes précédents sur l’influence des différentes techniques de pêche, nous percevons en filigrane, une conscience écologiste et une préoccupation de gérer les activités de pêche, c’est ce que nous allons voir plus précisément dans le paragraphe qui suit.

II.6. Perceptions de l’état de santé de la ressource par les pêcheurs et comment le

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