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Partie 1. Les enquêtes de débarquements

I. Matériel et méthode des enquêtes de débarquements

I.5. Le matériel d’enquête

I.5.1. Echantillonnage des espèces de poissons à prendre en compte dans les enquêtes Sur les 242 espèces de poissons strictement dulçaquicoles connues aujourd’hui sur le bassin du Maroni (Le BaiL et al., 2012), 63 ont été sélectionnées à priori dès juin 2013. Le choix des espèces a été fait parmi celles mesurant au moins 10 cm en fonction de l’intérêt supposé des pêcheurs et des consommateurs des deux communautés pour ces espèces (intérêts culturels, gustatifs, la taille et le poids, etc).

Suite à ce choix, nous avons réalisé une clé de détermination simplifiée de ces espèces, adaptée au travail des enquêteurs (cf. annexe 2). Cette clé a été distribuée à chaque enquêteur pour pallier les hésitations d’identification entre deux espèces ressemblantes. De manière courante, les enquêteurs ont essentiellement travaillé avec quatre planches de photographies illustrant 61 espèces et sur lesquelles sont précisés, pour chacune, les noms vernaculaires aluku et wayana, ainsi que le nom scientifique (cf. annexe 1). Ces planches permettaient aux enquêteurs de ne pas se tromper sur le nom d’espèce à inscrire sur les fiches d’enquêtes, dans la langue qu’ils souhaitaient.

I.5.2. Les fiches d’enquêtes51

Les enquêteurs avaient trois fiches d’enquêtes à remplir.

 Une fiche d’enquête sociale et de matériel de pêche (cf. annexe 3).

Cette fiche constituait une fiche d’identité du pêcheur chef de famille et de son foyer. Elle ne devait être remplie qu’une seule fois en début d’étude et éventuellement complétée en cas de changement de situation.

L’objet de cette fiche était double :

1. Caractériser le foyer du pêcheur pour connaître le nombre de personnes dont le chef de famille avait la charge et celles qui participent potentiellement à ses activités.

2. Identifier les embarcations et les engins de pêche qu’il avait à disposition au moment de l’étude, afin de les reconnaître immédiatement à chaque débarquement.

Sur la fiche nous trouvons aussi comme information :

- la constitution de la famille nucléaire, la communauté d’appartenance et l’origine des ressources régulières connues de chacun des membres (salaires, aides sociales, etc). - La présence ou non et le type d’alimentation électrique du domicile.

- La possession de pirogues et de moteurs hors-bords, leur type. - Les différents engins de pêche, leur type, leur quantité.

Nous présentons en annexe 7 des photographies et la description de l’essentiel des engins de pêche apparus lors des enquêtes, les filets compris.

La plupart des fiches ont été remplies par mes soins au moment du premier contact avec les pêcheurs à l’occasion de leur accord de participation à l’enquête. Par la suite, pour les pêcheurs que je n’avais pas pu voir, elles ont été confiées aux enquêteurs.

La caractérisation du foyer a été plutôt bien réalisée chez les Amérindiens du HM, mais s’est révélée être une gageure chez les Aluku. Pour ces derniers où le foyer n’est pas toujours physiquement réuni, il devenait très difficile de faire le point sur des pères ou mères pouvant être plusieurs, des enfants parfois dispersés.

Le matériel des pêcheurs a été bien décrit en général, même si on pouvait espérer plus de précisions. Cependant cette fiche n’a pas permis de considérer la rotation du matériel. Il était difficile pour les enquêteurs de se renseigner sur les engins défectueux et abandonnés, sur les nouveaux acquis, afin d’actualiser la fiche. Par exemple, le filet tramail monofilament s’est révélé être un engin de type jetable, abandonné parfois plusieurs fois dans l’année pour en racheter un autre à chaque fois. De cette façon, le nombre total de filets restait constant.

 La fiche d’enquête de débarquement (cf. annexe 4).

Cette fiche cherche à caractériser chaque pêche au moment du débarquement du pêcheur. Les points essentiels renseignés sont :

- Le mode de déplacement jusqu’au lieu de pêche (pirogue ou à pieds). - La durée et la période de la sortie.

- Les activités annexes. - Les pêcheurs présents. - Le matériel embarqué. - Le lieu de pêche principal.

- Les captures, nom de l’espèce avec poids et taille individuels, débarqués ou non

L’enquêteur devait renseigner une fiche par sortie et par pêcheur chef de foyer. Si deux pêcheurs chefs de famille sortaient ensemble, il n’y avait qu’une seule fiche à remplir pour les deux, avec la distinction du matériel respectif de chacun. C’est pourquoi nous verrons dans le tableau 3 que le nombre de fois où des foyers de pêcheur ont été enquêtés est plus important que le nombre de fiches d’enquêtes produites.

Ces fiches ont été plutôt bien renseignées, sauf peut-être à Papaïchton, où l’enquêteur s’est parfois plaint des mauvaises conditions de traitement du débarquement, pressé par des clients impatients d’acheter les poissons dès le retour du pêcheur. Par ailleurs, la chute du nombre de fiches d’enquêtes produites à Antecume-Pata lors de la dernière campagne, laisse supposer que la couverture des débarquements n’a pas toujours été bien assurée (cf. tableau 3)52.

 La fiche de suivi des activités journalières (cf. annexe 5)

Cette fiche consistait à suivre les activités journalières de chaque pêcheur, en comparaison de l’activité de pêche.

L’enquêteur devait renseigner par jour pour chaque pêcheur :

- Si le pêcheur avait été à la pêche et si une fiche de débarquement avait été faite.

- Si la fiche d’enquête n’avait pu être faite, l’enquêteur devait en indiquer les raisons (arrivé trop tard au débarquement, poissons déjà cuisinés, etc).

- Si le pêcheur n’était pas allé à la pêche, l’enquêteur devait, autant que faire se peut, indiquer l’activité principale de la journée du pêcheur (chasse, artisanat, abattis, sorties en ville, absence du village, autre, etc).

Cette fiche, hormis les renseignements qu’elle nous fournissait sur les pêcheurs, permettait aussi d’estimer l’efficacité du travail des enquêteurs.

Nous constatons que cette fiche n’a pas toujours été bien remplie par les enquêteurs, parfois en dilettante, en particulier lors de la première campagne, où son fonctionnement n’avait pas été assez bien compris. Par conséquent, les résultats d’activités obtenus constituent un minimum et n’ont pas la prétention d’être exhaustifs. L’enquêteur de Papaïchton n’a jamais réussi à fournir de renseignements en dehors de la pêche sur cette fiche et les pêcheurs auto-enquêtés de Loca ne se sont pas astreints à ce travail. Il résulte que nous n’avons pas pu comparer les Amérindiens du HM et les Aluku sur ces points (cf. § Partie 1.II.1.1.).

I.5.3. Le matériel de mesure biométrique des captures débarquées

Pour les mesures biométriques des captures, les enquêteurs avaient en leur possession le matériel visible sur la figure 5 :

 Un peson de marque Pesola, poids maxi 2500 g, barre d’échelle de 20 et 50 g.  Un peson de marque Pesola, poids maxi 600 g, barre d’échelle de 5 et 10 g.  Un peson de marque DAM, poids maxi 22 kg, barre d’échelle de 250 g.  Une règle graduée de 50 cm.

 Un mètre de couturier de 150 cm.

52 Pour corriger ce biais, nous avons repris le nombre moyen des fiches produites par l’enquêteur d’Antecume-

Pata lors des trois premières campagnes afin de faire une extrapolation sur la dernière. Ceci se justifie d’autant plus que le nombre des fiches produites lors des trois premières campagnes est très stable (31, 33, 32). Nous n’avons toutefois procédé à cette extrapolation que sur le nombre de fiches et non sur les données. Ainsi cette correction n’intéressera que la fréquence des sorties (cf. § Partie 1.II.2.1.1.)

Figure 5. Matériel de mesure biométrique des enquêteurs

En ce qui concerne l’utilisation de ce matériel, nous pressentons parfois que les enquêteurs n’ont pas toujours été précis dans leurs mesures. Peut-être n’ont-ils pas toujours choisi le peson le plus approprié ? Peut-être ont-ils fait des confusions dans la lecture des barres d’échelle. Par exemple les mesures prises à Papaïchton sont régulièrement supérieures aux autres et souvent très arrondies au cm prêt.

- Au niveau des tailles, la longueur totale a été prise du bout du museau à la limite de la partie supérieure de la queue, selon la figure 6.

Figure 6. Prise de longueur totale du poisson (D’après Le Bail, 1996).

- Au niveau des poids, la majorité des poissons débarqués n’étant pas encore vidés au moment du débarquement, la consigne était de peser les poissons entiers. Seulement 7% des captures ont été pesées déjà vidées, à l’occasion de quelques débarquements particuliers où les pêcheurs avaient déjà éviscéré leurs prises sur le lieu de pêche. Dans ce cas et pour les besoins de notre analyse, le poids entier de ces poissons vidés a été rétrocalculé à partir de la courbe taille poids que j’ai effectué pour chaque espèce (cf. annexe 21). Par ailleurs, cette relation taille poids nous a aussi permis de repérer les points aberrants lié à une mauvaise prise de note des enquêteurs et de les corriger.

I.5.4. Les cartes de localisation des zones de pêche (annexe 6)

Les enquêteurs avaient à leur disposition un jeu de cartes topographiques carroyées du territoire (carreaux de 5 km de côtés et sous-carreaux de 2.5 km de côtés) qui leur permettait de coder le lieu de pêche principal, en plus de renseigner son nom local. La difficulté consistait à situer les toponymes encore non répertoriés par l’IGN53 sur le jeu de cartes. Il fallait que les enquêteurs connaissent bien leur territoire et les noms des lieux qui le composent. Toutefois, la surface et les distances relativement grandes représentées par un sous-carreau permettaient de positionner sans erreur la plupart des toponymes. Seuls les toponymes situés à l’intersection de deux carreaux pouvaient être sujet à caution, mais c’est arrivé très rarement et l’enquêteur faisait alors le choix de l’un des deux en fonction des dires des pêcheurs.

I.6. Le suivi des enquêtes et leur saisie dans une base de données (Microsoft Access)

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