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UN PRODUIT INTÉRIEUR EN PROGRESSION

I REGARD TRANSVERSAL : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’ÉCONOMIE VIETNAMIENNE

B. UN PRODUIT INTÉRIEUR EN PROGRESSION

Au cours des années 1990, l’économie se développe rapidement. Le produit intérieur brut était de 150 dollars américains par habitant en 1990. Il est de 352 dollars américains par habitant en 1998107. Le taux de croissance est élevé tout au

long de la décennie bien qu’il commence à baisser dès la deuxième moitié de celle-ci (tableau 1). La politique de “ rénovation ” a permis d’accroître le nombre d’unités économiques, ce qui a joué positivement sur le produit intérieur brut. Le Vietnam s’enorgueillit de pouvoir ajouter honorablement sa pierre à ce qu’il est convenu d’appeler le “ miracle économique asiatique ”.

Mais la deuxième étape, celle de la transition vers une phase d’amélioration massive des capacités des entreprises, est plus difficile à traverser. L’ensemble de

l’environnement économique pèse : le matériel acquis, les locaux occupés, les capitaux mobilisables, les moyens énergétiques et de communication, les connaissances du personnel, la motivation des agents économiques, les coûts financiers à assumer, le cadre légal à respecter, les démarches à effectuer auprès de l’administration sans oublier les marchés d’approvisionnement ou de vente et les réseaux de distribution accessibles sont autant d’éléments qui posent problème.

Les entreprises franchissent diversement l’étape. La croissance du secteur étatique est en moyenne la plus stable et la plus élevée (tableau 1). La baisse du taux d’accroissement du PIB enregistrée à la fin de la décennie tient plus à cette difficulté de fond qu’à la crise économique asiatique de 1997. En effet, le Vietnam n’est pas touché tout de suite et directement par la crise asiatique. Le contrôle étatique de l’économie et l’absence de bourse ont mis le Vietnam à l’écart de la tourmente. Les effets sur l’économie vietnamienne sont plus indirects : les investisseurs étrangers regroupent leurs investissements sur les zones déjà éprouvées, les marchés extérieurs se rétrécissent.

Du fait de l’environnement économique particulier à chaque branche, le développement se produit différemment dans les divers secteurs économiques. Le secteur industriel connaît un taux de croissance élevé qui baisse lui aussi en fin de décennie après une forte envolée (tableau 1). La part de la production industrielle reste pourtant mineure comparée au produit intérieur brut total (tableau 2). Car l’industrie est embryonnaire au Vietnam. En 1995, elle représente entre 20 et 30 % du produit intérieur brut selon les sources108. Ce secteur est dominé par l’industrie

légère, à savoir l’agro-alimentaire, le textile, la maroquinerie et la mécanique. Les efforts entrepris pour développer l’industrie lourde sous les précédents plans de développement n’ont pas réussi à en faire le moteur économique développant les autres secteurs par effet de levier. De plus, l’industrie lourde n’est plus une priorité à court terme. Depuis le Ðôi Mới, la stratégie de développement est orientée sur les productions destinées à l’exportation et sur les productions destinées à la

107 QUAN XUAN Dinh, 1999, “ The State and the Social Sector in Vietnam. Reforms and Challenges for Vietnam ”, Asean Economic Bulletin, vol. 16, n° 3, décembre, (pp. 373- 393), p. 375. 108 Voir Banque mondiale, 1999, Vietnam : Preparing for Take-off ?, How Vietnam can Participate Fully in the East Asian Recovery, An informal Economic Report from the World Bank for the

consommation populaire. Cela favorise provisoirement l’industrie légère, avant une éventuelle “ remontée de filière ”109. L’industrie lourde n’en compte pas moins pour

environ un quart du total de la production industrielle.

Contrairement au secteur industriel auquel il a fallu un temps de latence après le VIe congrès du Parti communiste, les services s’envolent dès l’annonce de la réforme. Les restaurants et les commerces se multiplient très vite, suivis par les diverses agences de location, de communication, de tourisme, de transport, les centres de formation, les cliniques, les banques et les assurances. Une fois en place, la répartition entre ces catégories n’évolue pour ainsi dire plus (voir annexes). Le commerce est le principal contributeur au produit intérieur issu des services avec un tiers du total. La location et le tourisme suivent avec environ 28 % du total. Viennent ensuite les services médicaux, l’éducation et l’administration, aux alentours des 20 % avec une légère baisse en fin de décennie. Le transport et les agences de communication représentent, eux, 9 % du total. Enfin, les banques et assurances progressent de 3 à 4% du total du produit tertiaire. Si la répartition n’évolue plus, le produit de chaque branche (et du total) est en revanche multiplié par dix au cours de la décennie 1990. Le secteur des services connaît la baisse du taux de croissance la plus sérieuse en fin de décennie (tableau 1). L’effet de saturation n’est pas étranger à cette perte de vitesse. En outre, le contexte extérieur n’est pas favorable ; le tourisme s’essouffle, les investisseurs étrangers révisent leurs projets à la baisse à la suite de la crise asiatique de 1997 mais aussi par désillusion sur le potentiel d’accueil du Vietnam par rapport aux pays voisins. La concurrence devient donc plus rude pour survivre et emporter les parts de marché des concurrents. Tous ces changements ont affectés l’emploi au Vietnam. Mais il reste pourtant essentiellement agricole et familial.

Tableau 1 : Taux de croissance du P.I.B. entre 1990 et 1998, par type de propriété et par secteur (en prix constants de 1989 et 1994)

l’investissement, 1997, Guide de l’investissement direct étranger au Vietnam, Hanoï, Nha xuat ban

xay dung, p. 29.

109 Les manufactures représentent 80 % du produit industriel. La production agro-alimentaire est la principale production avec un petit tiers du total. Le textile, l’assemblage (couture), le cuir et la teinture forment un gros dixième du total, la mécanique un petit dixième. La métallurgie ne représente

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998

Taux de croissance du PIB

5,1 6,0 8,6 8,1 8,8 9,5 9,3 8,2 5,8

- Secteur d’État 2,5 11,5 11,7 11,9 13,5 9,4 11,4 9,7 5,5

- Sect. non étatique 6,4 3,3 7,1 6,0 6,2 17,3 7,9 7,1 6,0

Industrie 2,5 9,9 14,6 12,1 12,9 13,2 14,2 13,8 12,1

- Secteur d’État 4,7 11,8 19,1 14,7 13,8 - - - -

- Sect. non étatique -1,6 6,1 5,4 6,2 10,9 - - - -

Services 10,8 8,3 7,0 9,2 10,2 10,2 8,8 7,1 4,9

- Secteur d’État 2,1 9,8 5,8 9,5 11,2

- Sect. non étatique 19,4 7,0 8,0 9,0 9,3

Source : Banque mondiale, 1999, Vietnam : Preparing for Take-off ? op. Cit..

Tableau 2 : Croissance du PIB en valeur entre 1990 et 1998, par type de propriété et par secteur (en milliards de đồngs)

Secteurs 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Total 41955 76707 110535 136571 170258 228892 272036 313623 361468 étatique 13811 26137 40012 55740 70267 91977 108634 126970 144841 non étatique 28144 50570 70523 80831 99991 136915 163402 186653 216627 Industrie 7959 15193 23956 29371 37535 50028 63111 80072 97042 étatique 5025 10477 17053 20943 27618 - - - - non étatique 2934 4716 6903 8428 9917 - - - - Services 15276 27397 42887 56303 70912 100853 115645 132202 150597 étatique 7275 12979 18756 27983 34499 - - - - non étatique 8001 14418 24131 28320 36413 - - - -

Source : Banque mondiale, 1999, Vietnam : Preparing for Take-off ? op. Cit..

C. UN EMPLOI ESSENTIELLEMENT AGRICOLE ET

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