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Chapitre 1 : Problématique

1.5 Problème de recherche

Malgré l’attention accordée au vécu des réfugiés, peu de chercheurs en éducation ont posé un regard sur le vécu et l'identité des jeunes réfugiés au Québec, bien qu’ils soient

souvent identifiés comme un groupe qui risque de se heurter à diverses situations d’adversité. Certes, de plus en plus d'études pertinentes et importantes pour comprendre le vécu de ces jeunes sont menées, surtout auprès des enfants, en voulant documenter notamment les répercussions de l'exil et du deuil sur leur santé mentale (Papazian-Zohrabian, 2013; Yohani, Poirier et Brar, 2013). En éducation, les études faites auprès des adolescents et jeunes adultes au Québec dans une intention de comprendre leur construction et reconstruction identitaire sont encore peu nombreuses. Au Canada comme au Québec, plusieurs recherches en éducation sont guidées par une préoccupation réelle en ce qui concerne le phénomène de l’immigration. En contrepartie, des voies inexplorées demeurent vis-à-vis les élèves issus de l’immigration dite humanitaire, surtout dans le contexte québécois (Yu, Ouellet, et Warmington, 2007). Pour documenter plus adéquatement la construction de l’identité sous l’angle de leurs parcours scolaire et migratoire de ces jeunes, nous avons créé un espace pour accueillir leurs voix. Il peut constituer un moteur de réflexion sur leur identité et de réappropriation de leur histoire. Cet espace d’échanges a permis d’aller à la rencontre de leurs voix et de souligner les défis qui pouvaient se présenter dans leurs parcours, tout en mettant en valeur leurs vécus, leurs accomplissements et leurs aspirations. Il s’agissait d’un angle de recherche qui a guidé tant les dimensions conceptuelles que les dimensions méthodologiques. Le but de ce projet de recherche est de mieux comprendre, avec les jeunes, la construction identitaire, en portant un intérêt à leurs vécus migratoire et scolaire. L’objectif général de la recherche se traduit comme suit :

 Explorer et documenter la construction et reconstruction identitaire sous l’angle des parcours migratoires et scolaires de jeunes réfugiés, et ce, dans un cadre participatif qui vise la voix de ces jeunes, par la création d’un récit numérique.

L’originalité de cette recherche exploratoire tient d’abord de son cadre participatif en accordant un espace au dialogue immédiat avec ces jeunes, pour explorer leurs manières d’exprimer leur identité, en s’intéressant à leurs parcours scolaire et migratoire. Ce projet de recherche est issu d’une volonté de contribuer à l’approfondissement du portrait de ces jeunes en les impliquant. Il était question ici de faire de la recherche avec les jeunes, et non sur les jeunes, encourageant l’émergence de nouvelles connaissances à propos de leur vécu. Certains

terrains de recherche exigent de s’intéresser à l’objet d’étude différemment ; les contextes migratoires sont complexes et nuancés, comme l’est aussi la réalité des jeunes ; leur participation dans la recherche offre un regard plus approprié. Les données pourront fournir de nouvelles perspectives de recherche et d'intervention. Partant du fait que les jeunes réfugiés demeurent encore des groupes dont la parole est peu souvent reconnue et entendue, le but est d’aménager un espace de création pour accueillir leurs points de vue et d'ancrage tout en leur donner accès à ceux des autres. De plus, viser une approche émancipatrice ne consiste pas uniquement à souligner les défis que confrontent les jeunes réfugiés, mais considérer ces jeunes comme des acteurs sociaux faisant partie de ce lieu réflexif, qu’est la recherche (Temple et Moran, 2006). Afin de tracer un portrait plus nuancé de ces jeunes, il s’avère nécessaire d’offrir des recherches qui présentent ce qu’ont à dire les jeunes face à leurs histoires pour qu’ils puissent nous témoigner de leur construction identitaire.

Relativement à l’utilisation de certains mots dans cette thèse, nous aimerions préciser des choix terminologiques. D’abord, le terme « enfant » est présenté comme une personne âgée de moins de 18 ans, selon la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) ; l’âge de référence dans la littérature pour le terme « jeune » est beaucoup plus nébuleux (UNICEF, 2008). Aux fins de cette recherche, même s’il est question de jeunes de moins de 18 ans, il ne s’agit pas de se restreindre à un âge fixe, mais plutôt à une période de la vie, celle qui se situe entre l’âge de l’enfance et l’âge adulte. Dans le cadre de notre recherche, le terme « jeune réfugié » sera utilisé pour désigner une personne ayant, ou ayant eu, le statut de réfugié. Puis, devant l’abondance des écrits et l’utilisation de termes tels que « cheminement », « trajectoire » et « parcours », nous optons principalement pour le terme « parcours ». Dans une définition plus large, il peut englober les notions de cheminement et de trajectoire. Le terme « parcours » fait appel, notamment, à la présence de transitions pertinentes pour comprendre la construction identitaire chez les jeunes réfugiés, qui ont vécu, à tout moment, des périodes de transition importantes. Le parcours est présenté comme une forme plus flexible et qui permet d’envisager les bifurcations ainsi que les différents facteurs contribuant au parcours de l’individu à travers le temps (Doray et al., 2009).

Nous avons posé la problématique nous amenant vers notre objectif général. Le chapitre suivant vise à présenter les concepts inhérents à notre recherche, suivis des objectifs et des questions spécifiques de la recherche.