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Chapitre 2 : Cadre conceptuel

2.2 Explorer la construction identitaire à travers la narration

2.2.3 Exemples de projets réalisés avec des jeunes réfugiés

Dans la sous-section suivante, nous ressortirons deux exemples de projets centrés sur la voix des jeunes dans une perspective narrative. Dans l’esprit d’engager des jeunes dans le partage de leurs histoires, ces projets ont ciblé les préoccupations particulières de jeunes réfugiés dans différents lieux au Canada.

2.2.3.1 Cartographie des souvenirs et Histoires de vie de Montréal

Le projet « Cartographie des souvenirs » est un projet collaboratif entrepris par un groupe d’éducateurs, de cinéastes, d’étudiants, d’experts en multimédia et de jeunes Montréalais, issu d’un projet de recherche-création participative de l’Université Concordia (Miller, Luchs, et Jalea Dyer, 2012). Un principe important du projet était notamment l’engagement de la communauté dans la conception et l’élaboration du projet. Conçu pour impliquer des jeunes ayant vécu l’expérience de réfugié, le projet était constitué d’une diversité d’outils médiatiques dans le but de faire part de l’expérience des jeunes réfugiés comme de leurs forces au public (Miller et al., 2012). Le volet de la diffusion des projets a d’ailleurs été très accentué et réparti sur plusieurs années. À l’intérieur même du projet de recherche, plusieurs projets ont été élaborés, utilisant la voix des jeunes par des moyens différents, dont l’objectif est aussi d’avoir un impact sur la communauté, sur les domaines de la politique et de l’éducation, ainsi que sur les jeunes directement impliqués dans le projet. Des projets, comme créer un message radio ou vidéo d’intérêt public pour le sensibiliser aux délais énormes que subissent les demandeurs d’asile dans le traitement de leur demande, ou des ateliers sur l’élaboration de reportages photos pour créer une histoire ont été mis en place. À travers les projets, les jeunes étaient sollicités à déployer leur créativité, leur esprit critique face aux conditions des immigrants de toutes catégories et aux droits de la personne, puis à se

soutenir les uns les autres au cours des rencontres. Invités à raconter leurs histoires et leurs points de vue à propos de leur vécu migratoire éprouvant, certains jeunes ont développé des récits numériques à l’intérieur d’un groupe de six jeunes femmes et d’un jeune homme. Le groupe se rencontrait une fois par semaine durant un trimestre dans un centre affecté à cet effet à l’Université de Concordia. Par la suite, avec leur consentement, les jeunes ont été invités à partager leurs histoires à travers divers événements publics et à l’occasion d’un tour d’écoles secondaires à Montréal, afin d’échanger avec les élèves. À cet égard, le projet participatif a développé une approche qui s’est intéressée tant au produit qu’au processus, et dans l’optique de celui qui participe comme de celui qui regarde les récits numériques et donc, intervient aussi dans le projet.

2.2.3.2 CCR : la voix des jeunes réfugiés et demandeurs d’asile à travers le Youth

PhotoVoice et le Youth Digital Storytelling Project

Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) a mis sur pied, depuis 2006, un réseau « jeunes ». Ce volet du CCR a permis de développer divers projets et des stratégies, majoritairement menés par de jeunes réfugiés et immigrants, pour promouvoir la voix des jeunes. Un programme centré entièrement sur la production inspirée du mouvement

PhotoVoice a d’ailleurs été lancé. Plus concrètement, une équipe du volet jeunesse du CCR a

mis à la disposition des jeunes et des intervenants travaillant auprès des jeunes issus de l’immigration, surtout de catégorie humanitaire, un guide en ligne pour faciliter la création et la gestion de projets PhotoVoice. Les projets autour de la technique PhotoVoice, qui combine la photographie à l’action sociale, favorisaient surtout le regard réflexif de sa communauté par la mise en scène photographique. Les jeunes sont sollicités à travailler en groupe pour représenter et transformer ces photos en histoire. Pour chaque photo, les jeunes sont incités à décrire, en quelques mots ou phrases, le récit qu’illustre l’image. De plus, les groupes participants sont encouragés à mettre en lumière leur projet photographique par l’entremise d’une plate-forme web créée par le CCR. Les histoires de chacun sont ainsi compilées sur un site Internet qui accueille à la fois ces projets et d’autres projets PhotoVoice de Youth network

groups. Cela permet le partage facilité par le CCR des projets photo et la reconnaissance

Autre projet aussi associé au Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), le Youth Digital

Storytelling Project a été mis sur pied en 2015 par le London Cross Cultural Learners Centre

(CCLC) de la province ontarienne. Ce centre offre plusieurs services d’aide au rétablissement et de soutien à l’apprentissage aux familles réfugiées19. Chaque semaine, trois jeunes bénévoles aidaient à l’établissement de l’atelier. Ce projet visait l’échange d’histoires, entre nouveaux arrivants et jeunes réfugiés, sur divers sujets, dont celui de l’expérience migratoire et l’identité. Il s’agissait d’un atelier où les jeunes pouvaient se rencontrer et apprendre différentes techniques menant à la réalisation d’un récit numérique. La construction des histoires derrière les récits numériques pouvait se faire en groupe ou individuellement.

« Chaque jeune pouvait ensuite créer sa propre histoire numérique pour partager son expérience, suivie ensuite par une mise au point collective d’un film comprenant une collection d’histoires représentant la vidéo collective du groupe. Cette vidéo a pour objectif d’être utilisée en tant que ressource pour d’autres jeunes nouveaux arrivants, afin qu’ils puissent la visionner en arrivant au Canada. »20