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Chapitre 2 : Cadre conceptuel

2.1 Construction identitaire

2.1.2 Identité dans la pratique : le cadre conceptuel de Holland et al

(Wenger, 2005, p. 169) Suivant les traces du courant théorique socio-historico-culturel et dans le prolongement des travaux de Vygotsky, de Bourdieu (1977) et de Bakhtin (1984), cités par les auteurs Holland, Lachicotte, Skinner et Cain (1998), qui ont développé une théorie du développement s’élevant contre l’idée d’une progression égocentrique et passive chez l’individu. La conceptualisation de l’identité de Holland et al. (1998) suppose que l’individu est un agent socialement et culturellement constitué au travers de multiples interactions. Suite à une telle conceptualisation de l’individu, et suivant la théorie de pratique de Bourdieu (1977), les auteurs parlent de l’« identité en pratique » (traduction de identity-in-practice). Partant du principe que les structures socioculturelles et politico-économiques existent dans des pratiques quotidiennes et les activités de l’individu, les deux assurent aussi la structure de la pratique générée (Holland et Lave, 2001, p. 4). Cette pratique n’est pas immuable, mais elle constitue une structure émergente qui médiatise, renforce et produit des identités. « La pratique est un processus permanent, social et interactionnel, et l’introduction de nouveaux venus en est simplement une autre version » (Wenger, 2005, p. 112). L’identité est complexe parce qu’elle est en contact constant avec d’autres identités reliées à la pratique. Fondamentalement, la construction identitaire est vue comme un mouvement perpétuel dans lequel l’identité se construit et se reconstruit dans la pratique. Plutôt que de comprendre le concept d’identité comme « objet » et décontextualisé, l’identité est envisagée comme un processus qui se façonne dans la pratique ; l’identité émerge en pratique (Abrams, Rowsell, et National Society for the Study of Education, 2011). La pratique donne un sens à l’identité, qui se construit et se reconstruit continuellement en dialectique avec la pratique. L’individu est activement engagé dans son environnement et l’identité est liée à sa position dans l’environnement (Holland et al., 1998).

Pour reprendre les termes des auteurs (Holland et al., 1998 ; Vadeboncoeur, Vellos, et Goessling, 2011), nos constructions identitaires sont improvisées dans le « flow » d’activités.

« L’identité est une réalisation de l’activité de la personne, mais en contexte d’interactions sociales, elle est un assemblage de produits sociaux tirés de

l’histoire sociale, activement intériorisée et représentée comme une expression au travers de nouvelles situations et activités [...] Elle se complexifie en interaction avec de continuelles négociations personnelles et interpersonnelles sur les significations et les effets [...] » (traduction libre dans Holland et Lachicotte, 2007, p. 16).

Comme relaté dans la citation ci-haut, l’identité se réalise et évolue dans l’action. Par le dialogue et l’interaction avec d’autres acteurs, par la résistance, la participation comme la non- participation, l’identité se façonne. « Subjectivities and their more objectified components,

identities are formed in practice through the often collective work of evoking, improvising, appropriating, and refusing participation in practices that position self and other » (Holland

et Lave, 2001, p. 29).

La pratique est un élément clé pour comprendre la construction identitaire dans laquelle l’identité est formée ; la pratique et l’identité forment une relation dialectique. Comme rapporté par Rowell et Pahl (2007) :

« [...] we identify that different identities are enacted within different contexts of

activity. [...] Hull and Greeno looked at the participation of children in out-of- school learning to argue that identities are made and constructed in different communities of practice and “figured worlds”. We also draw on the work of Gee (1999) on socioculturally situated identities connecting identities with lived worlds, to argue for an account of identities that is connected to texts, practices, and habitus. » (p. 393).

L’individu n’est pas une entité isolée, sa construction identitaire non plus ; il fait partie d’un contexte socioculturel, de symboles culturels, de discours historiquement ancrés, d’institutions, d’activités inscrites dans le quotidien, etc., de pratiques. Au cœur de la construction identitaire, il y a une négociation à travers les interactions entre comment nous nous percevons, comment les autres nous perçoivent et nos réactions à l’égard des multiples discours socialement émis. Le « [...] développement de l’identité est en partie lié à des expériences et des perceptions accumulées dans plusieurs contextes et émergeant de processus sociaux et culturels qui traversent les existences individuelles » (Rahm, Boulanger, Hebert, Journet, et Lachaîne-L., 2015, p. 3). Néanmoins, plus qu’une addition de produits socioculturels, il y a un travail de négociation continue dans la pratique, parce que l’identité se définit dans la participation et la réification (Wenger, 2005), à travers les produits de multiples identités (Rowsell et Pahl, 2007).

Contribution importante de l’identité, l’histoire, tout comme notre projection dans l’avenir, joue un rôle dans le façonnement de l’identité. Holland et al. (1998) font valoir le fait que l’identité, multidimensionnelle, est une accumulation de multiples couches de l’« histoire en personne » (traduction de history-in-person) ; un héritage flexible des sédiments d’histoire. L’histoire fait allusion à des structures et des pratiques d’identifications qui se sont articulées et transformées à travers diverses luttes sociales (Holland et Lave 2001, p. 6). En toile de fond, à travers l’histoire, les ressources et les dispositions matérielles, comme symboliques, sont réparties disproportionnellement, comme l’indiquent Holland et Lave (2001), ciblant certains groupes et instituant ainsi des catégories sociales qui participent aux identités en pratique (p. 3). Plusieurs exemples de conflits historiques ont infligé et continuent d’infliger des luttes locales et quotidiennes qui prennent part au processus de construction identitaire. Ces luttes, à différents niveaux, subsistent dans le quotidien comme dans le long terme, donnant accès à certaines possibilités ou limitant l’accès à des activités dans différents domaines sociaux, que ce soit sur le plan académique ou professionnel. Les structures historiques, par les ressources distribuées, laissent des traces dans l’expérience de l’individu et donc, de sa construction identitaire. Dans cette expérience, il y a une relation entre les luttes historiques institutionnelles et les luttes de « history-in-person » (Holland et Lave, 2001). Cette relation, pas simplement symétrique, existe dans le temps et évolue dans les contextes sociaux, historiques et culturels.

Tel que mentionné, nous sommes historiquement et socialement positionnés, mais la construction identitaire est un travail de l’acteur à travers l’expérience (Dubet, 1994). Il y a une partie importante attribuée au monde social et de soi, sans que l’on puisse les dissocier. Les gens agissent sur eux-mêmes et sur les autres aussi. Sans être régis par des prédispositions précises, nous sommes socialement et historiquement positionnés et façonnés par nos subjectivités dans la pratique, qui est cadrée par un assemblage structurel (Holland et al., 1998). Pour paraphraser Holland et al. (1998), dans la pratique, l’identité est une manière de nommer notre façon de concevoir les choses, notre position dans le monde social et toutes les interrelations possibles entre les lieux intimes et publics (Holland et al. 1998, p. 270). « Holland and colleagues tell us that identity is a concept that works to connect the intimate

2.1.3 Trois dimensions de l’identité dans la pratique : mondes figurés,

positionnement et construction de soi

Trois dimensions sous-tendent le cadre conceptuel qui donnent une couleur particulière à l’individu : les mondes figurés, le positionnement et la « construction de soi » (traduction libre de self-authoring). Cette théorisation de l’identité expose la complexité de l’identité comme étant un concept qui conjugue à la fois le caractère intime de l’individu aux aspects social, historique et culturel des relations. Illustrées plus loin dans la Figure 2 (p. 64), les trois dimensions sont toujours interreliées et en relation dialectique entre elles, ancrées dans la pratique. Ces trois dimensions définissent qui nous étions, qui nous sommes et qui nous pourrions devenir. Nous présenterons les fondements du cadre conceptuel de l’identité à travers l’implication de ces trois dimensions. Chaque dimension sera examinée séparément pour une lecture plus simple des notions, elles ne sont toutefois pas conceptualisées de manière isolée.

2.1.3.1 Mondes figurés

Les « mondes figurés » font partie du cadre conceptuel de l’identité développé par Holland et al. (Holland et al., 1998). Parfois appelés mondes imaginaires, virtuels ou culturels, les mondes figurés sont dynamiques (Holland, 2010 ; Holland et al., 1998). Ils sont des cadres de l’imaginaire, qui se meuvent continuellement, dans lesquels les interprétations de nos actions sont négociées (Holland et al., 1998, p. 271). Ils représentent nos manières de signifier et de concevoir les différentes sphères et les personnages qui nous entourent ; ils constituent en quelque sorte des points de repère. Les mondes figurés permettent de conceptualiser nos systèmes de signification et de comprendre la manière dont les éléments prennent sens et prennent une certaine cohérence dans des contextes particuliers. « By figured worlds, then we

mean a socially and culturally constructed realm of interpretation in which particular characters and actors are recognized, significance is assigned to certain acts, and particular outcomes are valued over others » (Holland et al, 1998, p. 52).

Autrement dit, les mondes figurés sont des espaces de l’imaginaire, des schèmes de référence socialement et culturellement construits et refaçonnés au travers des contextes socioculturels disponibles et accessibles. Ils évoluent dans l’action et nous aident à comprendre notre réalité et à nous l’approprier (Chang, 2013 ; Holland et al., 1998 ; Rubin, 2007). Ils donnent du sens à nos pensées et à nos perceptions de soi. Ces mondes guident nos appréhensions envers les acteurs qui nous entourent et la valeur accordée aux actions de notre environnement. Ces mondes ne sont jamais statufiés dans une forme précise, mais constamment réajustés. Ainsi, en nous intéressant au concept de mondes figurés, nous voulons faire valoir le mouvement de la représentation de la réalité que se fait chaque jeune réfugié, entre sa phase prémigratoire et sa phase postmigratoire. Nous nous intéressons à l’idée que le jeune se fait de son parcours en considérant les contextes pré et post migratoire ; aux repères culturels, relations, façons de s’engager, réalisations à travers ses parcours scolaire et migratoire.

Les « mondes figurés » sont définis essentiellement par quatre caractéristiques (Chang, 2013 ; Holland et al., 1998 ; Urrieta, 2007) :

1) Ils sont des phénomènes historiques et culturels par lesquels les gens sont introduits et qui se déploient à travers le travail de leurs acteurs ;

2) Ils sont comme des contextes de signification où les rencontres sociales ont un sens et des enjeux de position entre les individus. Ils sont situés dans le temps et l’espace ; 3) Ils sont socialement structurés et reproduits. Les individus sont « catégorisés » et

apprennent à se rapporter les uns aux autres de différentes façons ; 4) Ils « catégorisent » les gens en les reliant à des perspectives d’actions.

« In figured worlds people learn to recognize each other as a particular sort of actor, sometimes with strong emotional attachments, value certain outcomes over others, and recognize and attach significance to some acts and not others. Whether people are drawn into or recruited into them, or by some other means enter particular figured worlds, depends on who they are and their personal social history (history-in-person). » (Urrieta, 2007, p. 108)

En reprenant les caractéristiques susmentionnées, les mondes figurés, balisés par l’histoire et la culture, ont leurs propres codes, mesures de valeurs sociales et symboliques et sont à leur tour réorganisés à travers les ressources culturelles (Holland et al., 1998, p. 129). Ils donnent

accès à des façons de donner du sens à notre environnement, d’être et de faire (Urrieta, 2007). Tout de même, la signification de ces mondes figurés n’est pas immuable, elle se reconfigure à travers les actions et les relations. Ce sont des zones d’interprétation et de performances dans lesquelles les gens sont reconnus. Ces mondes figurés sont reliés à nos affiliations, nos oppositions ; par ce qui nous distance ou nous rapproche des autres.

Les mondes figurés prennent forme et sens dans les interactions sociales diverses où le jeune, par sa participation, donc comme acteur social, se positionne. Dans l’optique qu’il s’agit d’un concept inscrit dans l’activité et l’agentivité, le regard est porté sur les différents niveaux d’interprétation et la signification que le jeune porte envers ces mondes (Vågan, 2011). En d’autres mots, l’identité se construit dans la pratique et fait partie des mécanismes qui entrent en jeu dans la capacité d’action de l’individu comme acteur social dans ses différentes sphères de vie au quotidien.

Les mondes figurés nous éclairent sur les sens que donnent les jeunes à leurs expériences ; passées et leurs projets. Ils font partie du jeune et de son environnement à la fois, ils nous donnent donc accès à leur vécu, sur différents aspects et de façon très unique. Nous convenons qu’il s’agit d’un regard délimité dans un temps et un espace, celui de l’atelier participatif, bien que les mondes figurés soient modelables et ajustables au fil des positionnements et de la construction de soi en pratique, et ce, en vue de son histoire et des perspectives de l’avenir propres à l’individu. Les multiples références temporelles peuvent préciser ou conférer un sens à la construction identitaire.

2.1.3.2 Positionnement

L’identité, dans la pratique, n’est pas socialement neutre. L’identité est colorée par la façon dont nous sommes positionnés comme individu dans la société, à l’intérieur des différentes relations et structures sociales. Le positionnement émerge et prend sens dans les relations de pouvoirs, des catégorisations sociales et des titres ou des affiliations attribués, assignés, affirmés à travers notre rapport avec l’Autre. Il est lié au pouvoir, au statut et au rang social, et il est foncièrement lié au regard de l’Autre sur soi. Au fil du temps et des activités quotidiennes, par les interactions sociales et les structures relationnelles de la société, la

personne est positionnée (Holland et al., 1998). Le positionnement est imposé ou non, accepté ou rejeté, et détermine nos actions. Il s’inscrit successivement et quotidiennement, mis en relief par les relations de pouvoir, le statut social, les classes socioéconomiques, les affiliations comme les exclusions, à travers les institutions et organisations sociales.

Ce positionnement peut se définir par l’appartenance culturelle ou ethnique, le genre, l’âge, le statut socioéconomique, etc., mais qui n’est pas forcément statique ou instrumentalisé de la même manière à travers le temps et les espaces. Il peut être clairement manifeste et durable, comme plus implicite (Holland et al., 1998). Le positionnement a à voir avec les relations au jour le jour et l’appréhension que l’individu a de sa position sociale dans son monde, qui a une forte résonance sur son identité (Holland et al., 1998, p. 127). Autrement dit, comme Chang (2013) le formule : « [...] depending on the contextual circumstances including, but not limited

to, other people present, access to spaces and activities and authoritative voices, or any voice at all » (p. 32).

Ce positionnement est constitué dans le discours, les actes quotidiens, les dispositifs sociaux d’inclusion ou d’exclusion, et peut orienter notre participation et notre aisance ainsi que notre maîtrise à naviguer entre les contextes sociaux (Holland et al., 1998). Au sein des sociétés, plusieurs étiquettes sociales sont apposées pour catégoriser les individus, ou un groupe en particulier, selon diverses caractéristiques. Ces étiquettes qui deviennent des expressions courantes et véhiculées, telles que « jeunes en difficulté » ou « personnes dans le besoin », deviennent des identités imposées d’une certaine façon par le système (Holland et Leander, 2004). Les catégories émises par les structures peuvent être approuvées, tolérées ou refusées par la personne et elle peut, en partie, agir en conséquence de la façon dont elle est positionnée.

Au regard de son parcours, le jeune réfugié est mené à repenser son positionnement, notamment en tant que jeune, qu’apprenant et que réfugié. L’intérêt est de comprendre le positionnement dans le contexte des différents mondes figurés articulés à travers le parcours scolaire et les phases migratoires : avant comme après le départ. Dans le cas d’un jeune de statut réfugié, les artefacts culturels ou les repères de positionnement sont d’abord très variés, en raison des possibilités en contexte migratoire et des espaces côtoyés. Certains chercheurs

indiquent par exemple que le lieu peut s’avérer un marqueur important dans la construction identitaire pour le réfugié (Burnett, 2013).

2.1.3.3 Construction de soi (self-authoring)

Précédemment, nous avons présenté deux dimensions du modèle, celle des mondes figurés, qui offre un univers de sens à ce que l’on vit, et celle du positionnement, régi par diverses structures, qui impliquent des statuts et des catégories sociales ; la reproduction socio- historico-culturelle. Puis, la « construction de soi » (traduction libre de « self-authoring »), constitue une autre dimension importante du modèle. Ce processus, qui se réalise continuellement, implique l’agencéité, la création et la représentation de l’individu sur ses mondes figurés et son positionnement. À cet égard, nous posons un regard sur la manière dont l’individu — le jeune réfugié — se voit, considérant ses mondes figurés et son positionnement. La construction identitaire ne s’interrompt jamais et prend forme selon et à travers les outils et les ressources disponibles. La construction de soi permet d’envisager l’identité comme un travail actif d’interprétation et de participation entre ce qui est offert et ce qui ne l’est pas, dans les différents contextes sociaux.

La construction identitaire est traitée comme un construit social et un « travail », dans le sens où l’individu se façonne à travers les diverses formes culturelles qui sont à la fois symboliques, réelles et circonscrites, qui peuvent être internalisées, négociées et résistées par l’individu (Holland et al., 1998). L’accent est mis sur la création de soi ; la construction des jeunes eux-mêmes, la manière dont ils se reconstruisent à la lumière des positions disponibles, la façon dont ils ramassent, mobilisent, rejettent ou traitent des ressources à leur disposition (Nasir, 2010 ; Nasir et Cooks, 2009), dans leurs parcours migratoire et scolaire. Le travail identitaire est constitué par des mondes figurés de l’exil, de la jeunesse et de l’école, ce qui met en relation certaines ressources disponibles, certains positionnements assignés, un héritage socioculturel et historique aussi. En s’intéressant à la construction identitaire, une attention est portée à comprendre et à explorer l’interprétation que fait l’individu de soi, des autres, de sa condition sociale et de ses repères culturellement et historiquement acceptés ou rejetés (Holland et Lave, 2001).

Dans un contexte migratoire singulier comme l’exil, les situations exigeant une forme de négociation peuvent apparaître plus fréquemment, ce qui peut complexifier de différentes façons la construction ou la reconstruction identitaire. Notamment, pour ces jeunes, le rapport au pays d’accueil, comme au pays d’origine, peut être régi par un sentiment de confusion : à l’égard de son pays d’origine puisqu’il en est exclu, mais qu’il fait partie de lui en même temps, puis, à l’égard du pays d’accueil suivant les procédures d’immigration inégales selon le statut (Burnett, 2013). De plus, les jeunes réfugiés peuvent « [...] ethnically describe

themselves differently than the host country, and ‘concepts generally thought of as relatively fixed, like ethnic identity, have a capacity for fluidity […] » (Burnett, 2013, p. 4). Cependant,

nous convenons que l’appréhension de l’identité de ces jeunes ne doit pas être traitée sous l’angle d’une scission entre la culture d’origine et celle d’accueil.

En somme, ce cadre conceptuel expose la complexité de l’identité comme étant un concept qui conjugue à la fois le caractère intime de l’individu à l’aspect sociohistorique des relations culturelles et sociales, par la reconnaissance des dimensions mentionnées précédemment (Holland et al., 1998). Dans cette perspective, ces trois dimensions sont envisagées pour mieux comprendre l’identité et comment elle est située socialement et intimement, et menée globalement.

Le cadre conceptuel de Holland offre un portrait sur l’ensemble de la construction identitaire, continuellement en reconstruction dans la pratique, en s’intéressant à la fois au passé, au présent comme aux aspirations futures. Cela autorise l’étude de la construction identitaire de jeunes réfugiés en allant au-delà de l’analyse de la phase postmigratoire ou pré migratoire, en s’attardant donc au parcours dans son ensemble. Comme relaté dans l’extrait ci-dessous, il s’avère tout aussi important de pousser l’appréhension du vécu de ces jeunes, en prenant compte du passé, du présent et du futur.

« Dans le temps, parce que l’identité se construit tout au long d’une vie ; dans l’espace, parce que les représentations identitaires font aussi partie du bagage culturel que les individus transportent avec eux dans le processus migratoire.